Collectif
de Recherche
International
et de Débat
sur la guerre
de 1914-1918
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La bataille de l'Aisne (avril - juin 1917) :
La 41e division d'infanterie |
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Commandant : |
Mignot jusqu’en juin 1917 / Remiremont |
Rattachement : |
13 février : 7e CA 5e armée
14 mai-3 juin : hors CA 5e armée
3 juin : hors CA 4e armée
14 juin : 12e CA 4e armée |
Composition avril-juin 1917 : |
23e RI (Bourg)
133e RI (Belley)
229e RI
363e RI
Selon Pedroncini, les deux premiers
sont dispersés ailleurs, compagnie par compagnie, à la
suite des mutineries. Selon AFGG, seul le 133e RI est remplacé
par le 42e RI en juin 1917 (voir 14e DI),
le 23e RI reste dans la division jusqu’en novembre 1918, le 363e
jusqu’en septembre 1917 et le 229e jusqu’à sa
dissolution en novembre 1917.
Selon Pedroncini (p. 82), au moment des mutineries du début juin
le 362e RI fait partie de la 41e DI (il se serait mutiné le 1er
juin à Poilly, à la veille de remonter en ligne) mais
d’après AFGG ce régiment est dissout depuis janvier
1917…
Élements du 4e RAC
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Sources : |
Delvert (1917), Buat (1922)
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Historique général :
Quand Mignot prend le commandement en septembre 1916,
la division sort de la Somme, et au lieu du repos promis, elle est
envoyée dans l’Argonne : « incident » qui
pèse sur l’état d’esprit en avril-juin 1917
selon Mignot (Pedroncini, p. 138).
- 29 janvier-12 mai :
secteur Sapigneul-Cavaliers de Courcy, réduit à gauche le
21 février jusqu’à la ferme de Luxembourg et
à droite le 13 mars jusqu’au sud de Loivre (AFGG).
- 16 avril :
attaque sur Loivre en franchissant le canal pour contourner Brimont par
l’Ouest. Prise de Loivre à 14h, franchissement du canal,
mais bloquée au niveau de la voie ferrée en raison de la
faible progression de la 37e DI (AFGG, V-1, 645).
Description de l’ambulance divisionnaire à Trigny
(récit du manipulateur radio Henry Meyer dans R. Boutefeu, Camarades,
1966) : cohue considérable, gare de Gueux (au sud) par où
devaient être évacués les blessés est en
partie détruite.
- 17 avril (à gauche de la brigade russe) : subit une violente contre-attaque sur le canal vers 18h (AFGG).
- 18 avril :
nettoyage de tout le terrain entre le canal et la voie ferrée,
à l’est de l’écluse de Noue-Gouzaine (AFGG).
- 20 avril : opération de détail par 2 compagnies à l’est de Loivre permet de ramener 250 prisonniers (AFGG).
- 1er mai :
d’après le général Mignot (cité in
Rolland, 112), l’arrêt des opérations le 29 avril
sur Brimont a « beaucoup influé » sur
l’état d’esprit des soldats « alors que tous
étaient assurés d’aller au succès
»… (CITATION TRÈS ORIENTÉE À PROPOS
DE LA POLÉMIQUE SUR L’ARRÊT DE L’OFFENSIVE PAR
PAINLEVÉ ALORS QU’ELLE ALLAIT RÉUSSIR…).
- 4 mai : à
la gauche du 7e CA. Atteint la voie ferrée au niveau de la route
de Berméricourt où des fractions pénètrent,
mais finalement reflux sur les tranchées de départ.
Fortes pertes en officiers (AFGG).
- Combat jusqu’au 12 mai, notamment au Mont Spin (échec cette fois-ci, Pedroncini, p. 139).
- Pertes considérables, surtout en officiers, selon Pedroncini (73).
- 12 mai : retrait du front vers Damery, puis au camp de Ville-en-Tardenois à partir du 24 mai (AFGG).
- 1er-2 juin : mutinerie à Ville-en-Tardenois (voir infra, 82e brigade)
- 3-18 juin : transport vers Chalons sur Marne, repos et instruction (AFGG).
- Mutineries (entre Vitry-le-François et Sainte-Menehould)
à Vernancourt, à Vanault-les-Dames et à Bassu le 7 juin.
Des hommes de la 41e DI essayent d’entraîner deux du 117e
RI (8e DI) à Vitry-la-Ville (Sud-Est de Chalons) le 10 juin.
13 cas de mutineries au total selon Pedroncini (62). Une des 3
divisions les plus touchées. Le général Mignot est
déplacé à la suite des mutineries (Rolland, 118).
- 18 juin : prend en secteur en Champagne (4e armée).
- Une exécution capitale le 9 août
(soldat Billoir) condamné le 7 juillet par le conseil de guerre
pour triple abandon de poste les 15 avril, 20 avril et 4 mai (Rolland,
118).
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Régiments et bataillons :
82e brigade : 23e et 133e RI
(général Bulot selon Pedroncini, p. 138)
[2
régiments formant la 82e brigade, élément stable
de la 41e DI dont la composition de l’autre brigade change
souvent pendant la guerre, JNC]
- Prise de Loivre par les deux régiments le 16 avril (Guide Michelin).
- Attaque des 23e et 133e RI du 16 au 20 avril
(succès locaux pendant que les divisions voisines
échouent), relève demandée le 21, mais
refusée jusqu’au 12 mai (Pedroncini, p. 138)
- Mutinerie des 1er et 2 juin
(Pedroncini, pp. 135-142) : commence vers 13 heures à
Ville-en-Tardenois (ouest de Reims) dans les baraquements du 23e et
gagne vite ceux du 133e à Chambrecy (id). Selon Pedroncini,
l’origine est un bruit qu’après un promesse de repos
de 41 jours (les deux régiments viennent d’obtenir la
fourragère pour les combats de Loivre et le bruit court dans
l’armée que cela donne droit à un repos particulier
= Rolland, 112), on remonterait après seulement 21 jours. Vers
15 heures, formation d’une colonne (Internationale et drapeau
rouge) un temps calmée par le général Bulot.
Reprise de l’agitation en soirée (rumeurs de massacres par
les « noirs » et les « annamites », de
révolution à Paris), et là, Bulot est physiquement
pris à partie (accusé d’être un «
buveur de sang » selon Pedroncini, p. 82) : environ 2000 mutins,
le rassemblement le plus important. Selon Mignot (rapport du 2 juin),
les plus excités sont des soldats récupérés
âgés venus de l’intérieur et des jeunes de la
classe 17. Retour au calme, mais une centaine qui va vers Romigny pour
entraîner les 120e et 229e (sans succès, sauf pour un
petit groupe du 120e RI, Rolland, 114). Nouvelle manifestation (encore
2000 hommes) le lendemain 2 juin. 2 régiments emmenés en
camion le 3. Agitation sporadique encore jusqu’au 7 juin. Selon
Pedroncini, Micheler (commandant la 5e armée) décide la
dispersion des régiments, compagnie par compagnie, dans
d’autres divisions. 9 condamnations (y compris des peines de mort
sans doute exécutées, mais archives judiciaires de cette
division perdues) au 133e et 70 au 23e.
Ailleurs (p. 82), Pedroncini dit que la mutinerie du 23e RI à
Ville-en-Tardenois (où le régiment vient d’arriver)
date du 5 juin…
Précisions Rolland (112-119) : au début de la
manifestation du 1er juin, les manifestants vont libérer le
soldat Hartmann qui était à la section spéciale de
discipline et qui devient le chef de la révolte. Manifestation
du 2 juin de 18h à 22h. Pour faire cesser le mouvement, le
commandement décide de transférer la division vers
Marson-Dampierre sur Moivre et de dispersion les hommes des deux
régiments dans les autres unités de la 41e DI. Cris
séditieux et Internationale pendant le transport du 3 juin.
Nouveaux désordres dans la nuit du 4 au 5 : soldats en
délégation pour être exemptés de
l’exercice du lendemain. Les soldats du dépôt
divisionnaire de La Bassée refusent de se rendre à
l’exercice : manifestation de 150 soldats chantant
l’Internationale. 96 arrestations au 23e RI, 71 au 133e et 62 au
dépôt divisionnaire, incarcérés à
Châlons-sur-Marne. Pour les condamnations, voir aux
régiments. Le général Bulot commandant la brigade
est déplacé. Diverses contestations par la suite du mode
de désignation des coupables.
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23e RI
(colonel Brindel, Pedroncini, p. 137).
[voir aussi, ci-dessus, 82e brigade]
- 16 avril (Delvert, Quelques héros)
: à gauche du 133e RI, doit dépasser le canal puis se
rabattre à droite vers Loivre. Le canal est franchi à
7h10 et le 1er bataillon est prêt à poursuivre vers la
droite pendant que les deux autres nettoient le terrain conquis.
- Pertes lors des attaques des 16-20 avril : 630 hommes (sur 2371) et 20% des officiers (Pedroncini, p. 137).
- Relevé dans la nuit du 24 au 25 avril à l’est de Loivre par le 62e BCA (historique 62e BCA)
- Régiment dispersé début juin,
compagnie par compagnie, dans d’autres régiments à
la suite de la mutinerie de Ville-en-Tardenois selon Pedroncini, p.
141, qui cite un rapport de Micheler du 3 juin.
- 18 juin : conseil de guerre à la suite de la mutinerie des 1er-2 juin
: sur 96 arrestations, 1 peine de mort (Hatron), 8 peines de travaux
publics ou prison. Demande de grâce de Hatron transmise à
Poincaré qui la refuse : fusillé à Lépine
le 26 juin (Rolland, 117). Colonel Brindel déplacé.
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133e RI
[voir aussi, ci-dessus, 82e brigade]
(Oyonnax, lt-cl Baudrand selon Buat)
Capitaine Libaud, à la tête du 3e bataillon du 133e
(Pedroncini, p. 140), mais le 16 avril c'était le commandant
Pichon (Buat).
Sources :
Delvert (1917), Buat (1922).
- En position sur la route 44 depuis fin janvier (auparavant l'Argonne). Subit attaques allemandes les 10 et 21 mars
- 16 avril :
(Buat).Disposition (Buat) : 3e
bataillon devant le bastion du Luxembourg, et les 2 autres dans les
tranchées de Chauffours qui devaient initialement être
occupés par les Russes mais dont on se méfiait.
Récit de Delvert
: prise de la première ligne allemande 1/2h après
l’heure H (6h). Avion allemand qui survole le régiment
juste avant l’attaque, abattu par un appareil français
avant d’avoir pu donner l’alerte. Bataillons de droite et
du centre attaquent directement sur le canal pendant que le 3e
bataillon à gauche se dirige vers Loivre, atteint vers 8h.
Bloqué devant le cimetière fortifié. Recul
temporaire pour permettre la reprise du bombardement des 75 puis prise
du village (500 hommes du 3e bataillon qui font 825 prisonniers).
Exactement le même récit mais en plus
détaillé par Buat (horaires : bastion du Luxembourg
enlevé à 6h06, conversion à droite devant le canal
à 6h18, blocage au cimetière vers 8h, et jonction avec le
23e RI à la verrerie et au château de Loivre vers 11h).
- 20 avril (Delvert
: héroïsme du soldat Vuillaume) : attaque d’un petit
bois au SE de Loivre entre canal et vie ferrée par la 7e
compagnie appuyée par des grenadiers de la 6e. Heure « H
» à 6h, mitrailleuses allemandes après 100m, duel
de grenade dans les trous d’obus, prise du bois après
l’arrivée de renforts français : 265 prisonniers,
200 cadavres allemands.
- Pertes lors des attaques des 16-20 avril
: 526 (sur 2434) et 39% des officiers (Pedroncini, p. 137). Pertes du
3e bataillon d'après Buat : 21 tués, 74 blessés,
39 disparus = 1/4 de l'effectif.
- Relevé dans la nuit du 24 au 25 avril (Buat).
- 1er-2 juin : grande mutinerie à Ville-en-Tardenois (voir supra, 82e brigade).
- Régiment dispersé début juin,
compagnie par compagnie, dans d’autres régiments à
la suite de la mutinerie de Ville-en-Tardenois selon Pedroncini, p.
141, qui cite un rapport de Micheler du 3 juin.
- 12 juin : conseil
de guerre après la mutinerie : sur 71 arrestations, 4
condamnations à mort (Jeannot, Fraissé, Aubry, Hartmann),
5 autres à des peines de travaux publics ou prison.
Pétain use de droit de ne pas transmettre les demandes de
grâce au Président de la République mais il accorde
la grâce de Jeannot. Aubry, Fraissé et Hartmann sont
fusillés le 19 juin
à Chalons (Rolland, 115-117). Désigné comme le
principal responsable de la mutinerie, le lt-cl Baudrant est
relevé de son commandement et envoyé en Algérie
(Rolland, 118).
Remplacé au sein de la 14e DI par le 42e RI (14e DI) en juin selon AFGG.
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2e brigade de la 41e DI (général Olleris selon Pedroncini, p. 142) : 229e et 363e RI
363e RI
Source :
O. Clauson in Cazals, Marquié et Piniès (ed.), Années cruelles (1983)
- Pedroncini (p. 39) dit qu’il appartient à la 41e DI en
1916 (2 actes d’indiscipline relatés dans le rapport de la
Section de Renseignement aux Armées pour le 27 oct.-2 nov 1916).
- 4 mai (Delvert, Quelques héros
: héroïsme du capitaine Martin) : attaque d’une
tranchée allemande au NO de Reims. Heure H à 6h50, 2e
vague (avec Martin) 20 minutes après. Prise de la
tranchée et défense avec succès face à la
contre attaque allemande à 7h30 alors que le commandant du
bataillon est blessé.
- Octave Clauson, jeune mobilisé, arrive dans le secteur de
Brimont début avril et il évoque les deux attaques du 16
avril et du 4 mai. « Au dépôt divisionnaire,
j’ai vu redescendre les survivants : blancs de la craie de
Champagne, hagards, à demi morts de fatigue ; huit jours
après, ils n’étaient pas redevenus normaux ».
Il évoque aussi les mutineries de sa division, intervenues
pendant qu’il était en permission. Selon lui, dans sa
division, « il n’y a pas eu préméditation :
malgré les espoirs de repos qu’on avit fait naître,
une semaine après l’affaire de Brimont l’ordre
arrivait de monter au Chemin des Dames. Les hommes refusèrent de
partir » (Années cruelles, p. 101).
- 36% de pertes chez les officiers du 363e lors de l’offensive du Chemin des Dames selon Pedroncini, p. 142.
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229e RI
(colonel Galbruner, selon Bataille et Paul p. 127)
Futur colonel François Bugeau, alors chef de section à la
14e compagnie (lettre citée dans Bataille et Paul p. 127)
Historique en ligne
- Episode du guetteur qui découvre le 21 février 1917
un message des Allemands (« nous savons que vous allez nous
attaquer bientôt…) raconté par RGN, p. 109.
- 33% de pertes chez les officiers lors de l’offensive du Chemin des Dames selon Pedroncini, p. 142.
Récit de François Bugeau (Bataille et Paul, 127-129) : sa compagnie qui cantonne du 5 au 20 mai,
près du camp de Ville en Tardenois. Vers le 20 mai
(semble-t-il), « état d’esprit très
fâcheux » et propos contestant la remontée en ligne.
Ordre ramené par un discours du colonel. Apprennent le soir
qu’ils ne remonteront pas en ligne. Emmenés en camion au
repos entre Chalons sur Marne et Suippes (deux
délégations qui doivent assister à
l’exécution d’émeutiers condamnés par
le conseil de guerre). Puis quittent la 4e armée pour Verdun.
- En cantonnement au même moment (1er juin)
à Romigny que la 4e DI (même secteur le 16 avril) que les
mutins de la 41e DI cherchent aussi à entraîner
(Pedroncini, p. 136).
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