Séquence pédagogique : La Grande Guerre en classe de Première :
Le témoignage de Henri Bénard
Ce commandant dans l'infanterie a déjà un âge avancé au moment de l'entrée en guerre. Il témoigne de la fixation des fronts et de l'impossibilité de percer les lignes ennemies.
20 septembre 1914, à Maurice : « Cette guerre est terriblement dure, triste, sévère. C'est une série de duels gigantesques d'artillerie et l'infanterie terrée dans les tranchées reçoit des coups et ne peut en rendre. Nous menons une existence de termites [...] Il faut patienter et user l'ennemi. »
25 septembre 1914 : « Deux fois nous avons voulu enlever la position qui nous barre la route, deux fois nous avons reculé avec des pertes énormes. [...] Cette guerre est horriblement triste et monotone. C'est bien allemand. Pas de vie, pas d'enthousiasme. Des duels d'artillerie continuels dans lesquels nous restons spectateurs terrés sous les rafales, voilà tout ce que nous voyons. Des pertes sans combat, quand un obus tombe sur nous, de la puanteur de cadavres de chevaux, des cris de blessés qui, toute la nuit, appellent au secours, de la mort, de la boue, du sang. Voilà nos visions de chaque heure. Ce n'est pas ce que j'avais rêvé. Enfin, nous aurons le dernier mot. »
9 octobre 1914 : « nous vivons dans les tranchées, sans vie, attendant l'obus malencontreux qui s'échouera sur nous. » « Nous sommes de part et d'autres enfouis sous la terre, nous mettant comme nous pouvons à l'abri des obus. La vie dans ces tranchées est souvent terrifiante. Il ne faut pas compter en sortir dans le jour. Immédiatement une rafale vous coucherait à terre. Alors, nous devons vivre avec des morts, des blessés, manger à côté d'eux, faire nos besoins. C'est une horreur. Il faut soutenir le moral des hommes, leur faire sentir qu'il s'agit de lutte d'usure, que le succès appartiendra au plus tenace. »
21 décembre 1914 : H. Bénard sort d'une attaque terrible : « pris de front et de flanc par des tranchées qui nous criblaient de balles, nous n'avons pas réussi. Nous avons eu de grosses pertes et j'ai vu la mort de bien près. Le feu des mitrailleuses était si intense que j'ai dû me faire un rempart de deux cadavres. Chacun cherchait un abri et les balles pleuvaient dru. Il était dix heures du soir quand nous avons pu rentrer dans nos tranchées. Et quelle nuit ! De la boue jusqu'à mi-jambe, des morts sur lesquels on marchait, des blessés qui râlaient. [...] En revanche, l'artillerie a fait du bon ouvrage. Elle a fait sauter des Boches, dont on voyait des corps, des bras, des têtes voler en l'air. [...] Combien, dans ces moments terribles, on regrette le doux temps de la paix et combien on maudit la guerre ! »
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1914-1918 Identités troubléesi