Séquence pédagogique : La Grande Guerre en classe de Première :
Le témoignage de Hans Rodewald
Ce jeune fantassin allemand (23 ans) est dans la deuxième armée allemande qui se dirige sur Charleroi. Il raconte les premières semaines de guerre :
13 août 1914 : « nous nous mîmes en route après avoir pris un repos de trois heures. Dans la chaleur torride de midi, nous empruntâmes une chaussée en pente, toujours montante. Doucement. La sueur jaillit. Bientôt le lourd blaireau [havresac], dont nous n'avions pas l'habitude, nous pesa. [...] Enfin, après deux heures de marche, la première halte. Accablé, tout le monde s'effondra. Voilà un beau début ! Après quatre autres haltes, nous arrivâmes, totalement épuisés »
23 août 1914 : départ de Charleroi : « les maisons brûlaient encore des deux côtés de la rue, et une épaisse fumée nous coupait le souffle. Là – oh quelle horreur ! – se présenta à nos yeux, sur les marches de pierre d'une maison brûlée, le corps calciné d'un civil, défiguré à tel point qu'il n'était plus identifiable. Plus bas, dans le jardin, au milieu d'un parterre de fleurs, gisait une jeune fille, presque dévêtue et à moitié calcinée, portant la blessure d'un coup de lance dans sa poitrine découverte. Je ne pourrai jamais oublier cette image. »
25 août 1914 : « Journée entière de marche. Vers 7 heures et demie du soir, nous franchîmes sous les hourras la frontière française. »
29 août 1914 : « A 8 heures, nous nous mîmes en route, de nouveau avec nos blaireaux sur le dos. Maintenant, le soleil commençait à nous griller sans merci. [... ]
Ô pauvre carcasse !
La route me semblait sans fin. A peine éveillés, à moitié endormis, nous longeâmes la chaussée terriblement longue. Nous étions accablés de fatigue, au bout de nos forces. Tous les membres étaient engourdis, les jambes ne travaillaient que mécaniquement. [...] Enfin, à 1 heure du matin, nous arrivâmes à Saint-Simon, meurtris dans l'âme et le corps. »
4 septembre 1914 : La marche continue depuis plusieurs jours : « nous reprîmes la route et arrivâmes peu après à un carrefour dont le poteau indiquait « Metz 225 km – Paris 100 km » »
6 septembre 1914 (début de la bataille de la Marne) : « Depuis le petit matin déjà, nous entendions le grondement très fort de l'artillerie. La marche était longue et se faisait dans une chaleur d'étuve. [...]
Le grondement du canon devenait encore plus fort. Ils avancent et assistent à la progression d'une compagnie au loin : « Tout d'un coup, des rafales de balles les accablèrent. Terrifiés, nous regardions, fixement et frémissant, le champ où ils tombaient les uns après les autres. »
Les Allemands sont repoussés et Hans Rodewald, blessé par balles, est laissé aux mains des Français. Il passera le reste de la guerre en captivité.
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1914-1918 Identités troubléesi