logoCollectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

Colloque "Obéir/Désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective", 9-10 novembre 2007

Articles récents :

Prisons et prisonniers militaires, par Valériane Milloz


RSS Actualités :

Colloque 2007:

Accueil

Informations pratiques

Programme

RSS Dernières recensions:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    Appel à communications 

N.B. L'appel à communications est clos depuis le 10 avril 2007.

L'appel à communications pour le colloque "Obéir/désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective" se trouve ci-dessous; on peut aussi le télécharger:
    pdfau format .pdf 
    wrdau format .doc

Comité d'organisation: André Bach (Vice-président du CRID 14-18), Rémy Cazals (Université Toulouse-II), André Loez (Lycée Georges Braque, Argenteuil ; Université Montpellier-III), Nicolas Mariot (CNRS), Julien Mary (Université Montpellier-III), Nicolas Offenstadt (Université Paris-I), Denis Rolland (Président de la Société Historique de Soissons), Frédéric Rousseau (Université Montpellier-III, Président du CRID 14-18). Secrétariat: Marie Cordenier.

            Le colloque est organisé par le Collectif de Recherche International et de Débat sur la guerre de 1914-1918. Pour toute information, merci de prendre contact avec le CRID 14-18 à l’adresse suivante : colloquecrid@club-internet.fr.

             Thème général du colloque :

            La question de l’obéissance est au centre des interrogations sur le premier conflit mondial. Comment expliquer l’obéissance d’une majorité de contemporains durant l’essentiel du conflit, et, inversement, quel sens donner aux désobéissances collectives lorsqu’elles surviennent ?
            Rompant avec les lectures simplistes, les explications monocausales et la fausse alternative de la « contrainte et du consentement », nous souhaitons mettre au centre de ce colloque la complexité des phénomènes d’obéissance et de désobéissance, et du rapport dialectique qui les relie. Pour cela, on envisage une nouvelle lecture des mutineries de 1917 comme des autres désobéissances collectives survenues durant la Grande Guerre, appuyée sur une réflexion épistémologique et méthodologique de fond.
            Ainsi, porter un regard neuf sur l’obéissance et la désobéissance suppose de restituer toute leur place aux pratiques et aux interactions par lesquelles elles sont construites, dans le temps long de l’avant-guerre comme dans le temps court de l’événement. Cela suppose aussi de prendre en compte les outils des sciences sociales et les perspectives de comparaison qu’offrent d’autres objets et d’autres périodes. Afin de distinguer cet effort réflexif de toutes les appropriations et instrumentalisations dont les désobéissances ont pu faire l’objet, on souhaite consacrer une attention spécifique aux enjeux mémoriels des mutineries de 1917. Loin de toute démarche militante ou commémorative, elle doit permettre de comprendre leur place spécifique et changeante dans l’espace public.
            Le colloque est ouvert à tous les chercheurs intéressés par ces questions, suivant les modalités décrites ci-dessous. Les axes scientifiques se déclineront en quatre demi-journées thématiques (cliquer sur les titres) :

  1. Thème n°1 : Obéir et désobéir en 1914-1918, pratiques et expériences
  2. Thème n°2 : Obéir et désobéir en guerre, regards croisés et approches théoriques
  3. Thème n°3 : Les mutineries de 1917, acteurs et pratiques
  4. Thème n°4 : Les mutineries de 1917, mémoires et enjeux 

            Chacun des ces thèmes a fait l’objet d’un texte de présentation fixant les grandes orientations dans lesquelles doivent s’inscrire les communications. 

Demi-journée n°1 : Obéir et désobéir en 1914-1918, pratiques et expériences (vendredi 9 novembre 2007)

             Pour approcher la vaste question de l’obéissance en 1914-1918, on privilégiera ici deux types de démarches.
            D’abord, afin d’envisager résolument l’obéissance comme une construction sociale, il apparaît nécessaire de partir d’études de cas empiriques qui permettent d’en faire ressortir les déterminants, pour un temps et un lieu donnés. L’obéissance des civils et des militaires, de l’entrée en guerre et de la fin du conflit, des officiers et des simple soldats, demande ainsi à être étudiée de près. Qu’est-ce que donner un ordre, et qu’y obéir en 1914-1918 ? Quels rôles jouent les appareils institutionnels et les discours dominants dans la construction de l’obéissance ? Quelle est la part de l’adhésion, de la résignation, de la ténacité individuelles, et du conformisme de groupe ou des interactions sociales contraignantes ? Peut-on différencier le rapport à l’obéissance de différents groupes sociaux durant la Grande Guerre ? Par quelles évolutions et adaptations l’obéissance est-elle maintenue au cours du conflit ?
            Ensuite, on s’intéressera aux désobéissances collectives, sous toutes leurs formes, et à leurs conditions de possibilité. Leur étude est complémentaire de l’analyse des pratiques individuelles d’évitement, de désertion ou de désobéissance qui ne seront ici qu’incidemment prises en compte. On adopte une acception large de la désobéissance collective, au front comme à l’arrière. Pour en cerner les contours et en prendre la mesure, prenant en compte l’ensemble des belligérants et des fronts, on cherchera à étudier tous les phénomènes (grèves, émeutes, révoltes, mutineries, manifestations, désertions collectives…) qui voient un groupe social ou un ensemble d’individus rompre avec les comportements d’obéissance et de conformisme attendus d’eux par les sociétés en guerre. Quelles sont les pratiques et les formes des désobéissances en 1914-1918, et quels répertoires d’action y sont-ils déployés ? On cherchera ensuite à étudier le sens  de ces désobéissances pour leurs acteurs, et les modes de légitimation qu’ils mettent en œuvre, dans la spécificité du temps du conflit : en quoi la désobéissance est-elle pensée, portée, assumée comme une transgression de l’ordre social, une rupture de l’effort de guerre, ou au contraire comme un rétablissement d’une normalité bouleversée par le conflit ? Dans quels termes peut-elle s’opérer et se justifier ?     Enfin, qui désobéit en temps de guerre ? Comment les enjeux du genre et de l’origine (coloniale, par exemple) se croisent-ils avec ceux de l’obéissance ? Comment les traditions locales, professionnelles ou militantes se retrouvent-elles dans les désobéissances ? Désobéir, est-ce être déjà marginal ou le devenir ?

 
Demi-journée n°2 : Obéir et désobéir en guerre, regards croisés et approches théoriques (vendredi 9 novembre 2007)

 
            Comment les autres sciences sociales (sociologie, anthropologie ?) pensent-elles l’obéissance et la désobéissance collectives ? Disposent-elles d’outils ou de concepts spécifiques ? On souhaite ici faire un tour d’horizon de leurs acquis et de leurs débats, et ouvrir des pistes de comparaison entre la Grande Guerre et d’autres terrains d’enquête.
            Ainsi, sans exclusive, peut-on étendre les questions de l’obéissance et de la désobéissance à la révolution française ou à la Seconde guerre mondiale, à celles d’Algérie et du Vietnam, ou aux conflits contemporains, du Rwanda au Moyen-Orient. Qu’est-ce qui amène des soldats à désobéir dans ces contextes divers, et sous quelles formes ? Derrière la multiplicité des expériences, quelles spécificités du temps de guerre peut-on dégager ? Quels sont les enjeux spécifiques de la désobéissance face aux massacres et meurtres de masse ?
            Pour répondre à ces questions, il faudra revenir sur des enjeux conceptuels : les notions de « répertoire d’action collective », « groupes primaire », ou d’« économie morale » sont-elles opératoires, et dans quelles limites ? Qu’est-ce que le conformisme social en temps de guerre ? Comment interpréter les pistes ouvertes par les expérimentations psycho-sociales ?

Demi-journée n°3 : Les mutineries de 1917, acteurs et pratiques (samedi 10 novembre 2007)

             Depuis une dizaine d’années, l’historiographie des mutineries de 1917 est en profond renouvellement. Après avoir été partiellement occultés dans l’entre-deux-guerres, les événements de mai-juin-juillet 1917 ont été étudiés de près dans les années 1960 non sans être parfois l’objet d’une lecture « pathologique » qui voyait dans les mutineries un « mal » et des mutins des soldats ivres ou « égarés ». Par ailleurs, les mutineries ont souvent été prises dans des lectures englobantes qui en ont déformé le sens, et mises au service d’interprétations discutables qui font des mutins « les plus patriotes » des soldats.
            Seul moment de contestation ouverte et de grande ampleur de la guerre par les combattants français, il nous semble au contraire que les mutineries demandent à être prises au sérieux et étudiées pour elles-mêmes. A l’écart de toute logique de « réhabilitation » comme de la lecture pathologique et des raccourcis simplificateurs, on appelle à une prise en compte de la nuance, de la diversité et de la complexité des événements.
            On cherchera donc à scruter de près les acteurs des mutineries – participants mais aussi officiers qui leur font face – pour interroger leurs origines, et retrouver les logiques qui les animent et les discours qu’ils utilisent. On s’interrogera sur les pratiques : celles, protestataires, variées, parfois violentes, des mutins ; celles aussi de l’institution militaire avec ses multiples manières de maintenir l’ordre et de sanctionner l’indiscipline. Il faudra prêter une attention particulière aux liens – réels, imaginés, médiatisés par rumeurs  et discours – entre les mutineries et le contexte exceptionnel de l’année 1917. Enfin, il faudra tenter de comprendre le retour à l’obéissance des mutins comme l’obéissance maintenue de nombreux combattants. Quelles raisons sous-tendent ces attitudes multiples ?
            Ce regard rendu plus proche sur l’événement garde donc pour but de dégager des connaissances de portée générale sur les déterminants de l’obéissance et de la désobéissance.

 

Demi-journée n°4 : Les mutineries de 1917, mémoires et enjeux (samedi 10 novembre 2007)
 

            Les mutineries de 1917 sont un objet mémoriel de première importance. Elles font partie des événements de 1914-1918 les plus connus par un large public. Plus profondément, elles ont indéniablement une très forte charge symbolique pour un très grand nombre d’acteurs tout au long du xxe siècle, des Anciens Combattants à l’extrême-gauche, de Pétain au P.C.F. Aujourd’hui elles sont souvent désignées comme un « tabou » de l’histoire et alimentent à l’occasion la polémique.
            Pourtant, derrière cette impression de familiarité, elles restent un objet mémoriel paradoxal. On pourrait parler à leur propos de « mythe silencieux » tant ces événements et leurs acteurs ne trouvent que très difficilement une place et une forme dans la mémoire collective. La figure du mutin est, ainsi, loin d’être aussi célèbre que celle du fusillé, et on serait bien en peine de citer un film qui les mettrait en scène sans détour.
            On souhaite ici interroger les ressorts de la présence et de l’absence des mutineries dans l’espace public et la mémoire collective ainsi que l’évolution de leur place. Pour ce faire, on ouvre l’enquête dans des directions très diverses. Comment la littérature, le cinéma, le théâtre, les médias représentent-ils les mutins ? Quel usage fait-on des mutineries dans le champ politique et quels groupes portent leur mémoire ? Existe-t-il une mémoire locale, en particulier dans l’Aisne, des mutineries, et sous quelle forme ? De quelles manières l’écriture et l’enseignement de l’histoire ou la mémoire combattante ont-elles façonné l’image des mutineries ? Quelles sont les temporalités de leur occultation, de leur mise en avant ou de leur instrumentalisation ? Enfin, comment ces événements ont-ils été connus, regardés et utilisés dans d’autres contextes, celui de l’URSS ou de l’Allemagne nazie par exemple ?

Imprimer Version imprimable