Collectif
de Recherche
International
et de Débat
sur la guerre
de 1914-1918
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La mémoire de la Grande Guerre à travers un concours
paru dans L'almanach du Combattant (1925) |
Dans les années
qui suivent la Grande Guerre, sa mémoire
prend de nombreuses formes. A côté des commémorations
officielles et des mémoires individuelles, il existe toute
une série d'initiatives et d'institutions qui opèrent
une mise en forme et une mise en récit du conflit. Les
documents ici présentés sont extraits de L'almanach
du Combattant de 1925. L’almanach
du Combattant est une publication
annuelle créée en 1922, conservatrice et très
soucieuse de promouvoir les droits des AC. Elle est dirigée
par le très nationaliste Jacques Péricard mais accueille
dans ses colonnes différentes tendances du monde combattant.
Le concours
lancé dans le numéro de 1925 témoigne de plusieurs
aspects complémentaires de la mémoire du conflit: le
souci de la maintenir vivante et la culpabilité liée
à toutes les formes d'oubli; la dimension collective du travail
mémoriel, médiatisé notamment par les associations
d'Anciens Combattants (la plus importante d'entre elles, l'U.N.C.,
Union Nationale des Combattants, est citée ici); la
nécessité de faire un tri dans les souvenirs et de
maintenir un équilibre entre les aspects positifs et négatifs d'une expérience si intense qu'elle ne peut être entièrement rejetée.
Ces documents peuvent faire l'objet d'une exploitation
pédagogique portant à la fois sur la mémoire de la
guerre, et sur les réalités de celle-ci auxquelles il est
fait allusion. Pour cela on peut copier les trois documents
iconographiques ci-dessous (clic droit sur les images puis "enregistrer
l'image sous"). |
Voici d'abord l'annonce du concours parue en 1925 dans L'almanach du Combattant.
Le
choix des souvenirs s'appuie donc sur de petites vignettes
illustrées et numérotées. Ces vignettes des "bons"
et des "mauvais" souvenirs occupent une double page, qui s'ouvre par
les bons souvenirs :
Les
numéros ne renvoient pas à un ordre de préférence.
Sur le sens des différents termes évoqués comme
"Cagna", "Relève", "Repos", "Permission", "Croix de guerre",
voir le Lexique
du CRID 14-18.
La page des mauvais souvenirs se situe en regard, avec ses termes également spécifiques :
On peut
dès lors se demander quels souvenirs viennent en premier lieu
dans la correspondance reçue par la publication, et donc quelle
image de la guerre se dessine pour ses lecteurs en 1925. Les
résultats publiés en 1926 sont les suivants:
Bons souvenirs:
1) La permission
2) La lettre de la femme
3) L'évacuation
4) La relève
5) L'amitié du bon copain
6) Le jus et le pinard
7) Le repos à l'arrière
8) La croix de guerre
9) La bonne cagna
10) La pipe
Mauvais souvenirs:
1) L'attaque
2) La mort du camarade
3) Le bombardement
4) Les gaz
5) Le petit poste
6) La boue
7) La corvée
8) Les totos et les rats
9) L'hopital
10) L'exercice au repos
On se gardera de donner une signification
trop importante à cette hiérarchie, dans l'incertitude
du nombre de participants et de leur statut durant le conflit ; on
retrouve toutefois parmi les plus mauvais souvenirs les éléments
traumatisants qui reviennent dans les témoignages
des contemporains, et parmi les bons souvenirs il faut noter l'importance
de la "bonne
blessure" (qui permet l'évacuation, au troisième
rang). |
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