logoCollectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

Recension: Hors-Série de la RHCF

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Prisons et prisonniers militaires, par Valériane Milloz


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       Dans une nouvelle livraison Hors-Série (n°8), la Revue d’histoire des Chemins de fer publie les souvenirs de deux hauts dirigeants de la SNCF, Frédéric Surleau (1884-1972), qui en sera directeur général adjoint et Robert Lévi (1895-1981), directeur des installations fixes, tous deux proches et ayant travaillé avec Raoul Dautry. Les deux hommes ont été soldats pendant la Grande Guerre et les textes ici publiés évoquent cet épisode de leur existence. Les souvenirs de Surleau sur le combat même sont assez brefs car il est vite fait prisonnier mais il livre un certain nombre de remarques non dénuées d’intérêt, notamment sur les généraux et les doctrines militaires au début du conflit. Il est malheureusement extrêmement elliptique sur sa captivité, notant cependant que « les militaires allemands de l’époque de Guillaume II ne déshonoraient pas l’espèce humaine, alors que cela a été trop souvent le cas à l’époque hitlérienne ». Nouveau rappel de la nécessité de contextualiser, sans vouloir bâtir des continuités fallacieuses a posteriori.
       Les mémoires de Robert Lévi sont beaucoup plus riches sur la Grande Guerre qu’il a faite comme artilleur, traversant différents secteurs, participant aux combats de Champagne en 15, de Verdun et du Chemin des Dames. D’emblée Lévi note ceci sur ses sentiments de guerre : « j’y trouve (...) une grande variété d’impressions plus ou moins contradictoires (...) l’ambiance (...) rend difficile d’y trouver des lignes directrices ». L’auteur donne d’utiles informations sur l’état d’esprit en 14 ou sur celui des combattants, notant ainsi que ses belles actions n’étaient pas motivées par la « gloriole » mais « parce que je ne voyais pas d’alternative ». Le témoignage intéressera pour l’expérience d’artilleur mais aussi pour ce qu’il dit de la relation avec les fantassins. L’épisode qui a le plus bouleversé Lévi et qui se déroula à Verdun à l’été 1916 touche à ces relations, et à des tirs de l’artillerie française sur ses propres lignes : « L’affaire tourna au drame. Parce qu’il y avait eu des pertes sérieuses parmi nos fantassins, ceux-ci exigèrent la présence chez eux d’un officier d’artillerie, lequel, même sous l’appellation d’officier de liaison, ne pouvait jouer qu’un rôle, celui d’un otage ». Lévi l’accomplit et se fait menacer par les poilus et leurs officiers. Il intitule le chapitre ainsi : « Pourquoi je n’ai pas voulu revoir Verdun »...


Nicolas Offenstadt

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