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Recension : DUCASSE André, MEYER Jacques, PERREUX Gabriel, Vie et Mort des Français

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DUCASSE André, MEYER Jacques, PERREUX Gabriel, Vie et mort des Français, 1914-1918, Paris, Hachette, 1959, 512 p.


Dans Penser la Grande Guerre (Seuil, 2004, p. 31-32), Antoine Prost et Jay Winter estiment que la parution de ce livre marque une date dans l’historiographie, celle d’un retournement vers « une histoire des hommes en guerre ». On y raconte des faits connus mais en faisant une place aux hommes et aux femmes qui les ont vécus et à leurs témoignages. Toutefois, les auteurs ne seraient que des « amateurs », et leur livre qu’un « ouvrage de seconde main ». Prost et Winter admettent cependant que ces « historiens du dimanche » ont profondément renouvelé l’histoire de la guerre, ce qui « invite les historiens professionnels à la modestie ».

On peut ajouter que les trois auteurs étaient quand même des normaliens, agrégés, ayant quelque connaissance du travail intellectuel et que, s’ils n’avaient pas l’expérience universitaire, ils avaient eu celle de combattants de 14-18. André Ducasse avait publié en 1932 une « Anthologie des écrivains du front », sous le titre La guerre racontée par les combattants (Flammarion, 2 vol., 296 et 250 p.). Il écrira ensuite un livre sur les Balkans en 14-18. Meyer avait publié ses souvenirs du front (La Biffe, 1928). Meyer et Perreux allaient être les auteurs des volumes de la collection « La vie quotidienne » sur les soldats et sur les civils en 14-18. D’autre part, on peut difficilement imaginer qu’une synthèse sur la Première Guerre mondiale, même seulement du côté français, puisse être de première main. Jean-Baptiste Duroselle dit de ce livre qu’il est « le plus remarquable sur l’ensemble du sujet » (La Grande Guerre des Français, Perrin, 1994, p. 478). Certes il date de 1959 et la science historique a progressé depuis : ce serait malheureux s’il en était autrement.

Le plan du livre, sans surprise, est chronologique. Le contenu est illustré de citations des acteurs, de photos, cartes et documents divers. Il met à leur juste place baïonnette et mitrailleuse, hommes des lignes et de l’Etat Major, fantassins et artilleurs. Il insiste sur les pensées des combattants face aux chefs, au bourrage de crânes, aux « patriotes avec la peau des autres »… Il n’ignore ni les atrocités allemandes de 1914 (p. 31), ni la dureté de l’occupation des régions du Nord (p. 242) ; ni les ententes tacites entre les deux infanteries ennemies (p. 92), ni les mutineries (p. 315).

C’est un ouvrage de vulgarisation de très haut niveau et une prise de position nette contre les légendes véhiculées par l’histoire officielle. Une lecture indispensable. Le livre contient en outre une préface et une postface de Maurice Genevoix.

Rémy Cazals.

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