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Autour des socialistes majoritaires en guerre. Un débat critique.

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Vincent CHAMBARLHAC, Romain DUCOULOMBIER (dir.), Les socialistes français et la Grande Guerre. Ministres, militants et combattants de la majorité (1914-1918), Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2008, 200 pages.

Liste des contributions :
Vincent Chambarlhac, « Logiques d’un portrait (une brève historiographie des majoritaires de guerre) », pp. 17-24.
Romain Ducoulombier, « Dans la “tranchée gouvernementale” : idées, personnels et pratiques des majoritaires de guerre socialistes français », pp. 25-41.
Florent Lazarovici, « Itinéraire d’un majoritaire : Albert Thomas », pp. 43-52.
Vincent Chambarlhac, « L’Avenir, revue du socialisme de l’heure ? », pp. 53-63.
Jehan-Philippe Contesse, « Les socialistes majoritaires et la vie littéraire dans L’Humanité (1914-1918) : une culture politique de guerre », pp. 65-81.
Thierry Hohl, « Jaurès mort, la construction d’un patrimoine », pp. 83-92.

Recension par François Bouloc

Le devenir du socialisme suite à l’éclatement de la Première Guerre mondiale est une question profonde, délicate, et de grande envergure. Le problème historique posé par l’assimilation ample et immédiate des membres de la IIe Internationale aux procès de mobilisation est en effet de ceux qui s’avèrent difficiles à circonscrire aisément. Comment, ainsi, ceux qui professaient dans l’immédiat avant-guerre la résistance à la guerre, par la grève générale, l’internationalisme et la solidarité des peuples contre les menées de leurs gouvernants, peuvent-ils se laisser enrégimenter presque sans frictions le jour de la conflagration arrivé ? D’autant que certain(e)s ne suivent pas le mouvement, et demeurent fidèles aux principes maintes fois énoncés, martelés même : Liebknecht et Luxemburg, pour l’empire allemand, Lénine et les bolcheviks aussi, en sont les figures emblématiques.
La question n’est certes pas neuve, mais comme elle n’est par ailleurs pas résolue, il faut saluer la parution d’un ouvrage touchant au sujet, surtout lorsqu’il est riche et solidement construit. Les socialistes français et la Grande Guerre est articulé en deux grandes parties. La première regroupe six contributions de cinq auteurs différents, qui mêlent historiographie de la question, dimension gouvernementale du positionnement majoritaire et approches complémentaires des écrits de cette tendance. Une étude, dans ce cadre, de la mémoire de Jaurès vient clore à propos ce premier volet de l’ouvrage. Le second vient prolonger ces études en donnant à lire une centaine de pages de textes d’époque assortis de présentations conséquentes. L’ensemble est donc très complet, on pourrait juste souhaiter la présence d’éléments prosopographiques, ou d’une cartographie des réseaux – ceci dit bien sûr sans connaître les contraintes éditoriales de l’entreprise, et sans vouloir en diminuer les mérites.

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Après la forme, le fond : comme le livre, la présente recension est conçue en deux temps, un certain nombre de points de discussion succédant à une présentation d’ensemble des apports de l’ouvrage.
En France, donc, un courant dit minoritaire se structure assez rapidement au cours du conflit, visant notamment à une reprise des relations internationales entre socialistes des pays belligérants, puis militant notamment pour une paix blanche mettant le plus vite possible fin à un conflit insatiable dévoreur d’hommes. Par contrecoup, apparaissent les “majoritaires”, objet du présent ouvrage collectif, qui se définissent a minima par leur acceptation active de la guerre en cours. Cette implication revendiquée, le livre la creuse dans plusieurs directions. Le parcours historiographique proposé souligne d’emblée la place encore prépondérante tenue par les lignes de force de l’analyse produite dans les années 1970-1980 par Jean-Jacques Becker. Celui-ci « pose l’Union sacrée comme une pratique, liée à la catégorie du sentiment national comme idéologie construite sur la négation des différences politiques et sociales » (p. 18). De là, on voit tout de suite poindre les écarts aux éléments fondamentaux de la doctrine socialiste d’avant 1914, écarts à l’origine de nombreux déchirements et ruptures. Mais, et la précision est d’importance, cette inscription dans les tenants et aboutissants officiels du conflit est généralement pensée comme provisoire, vouée à disparaître avec la paix victorieuse. C’est là notamment l’idée guesdiste de la guerre comme parenthèse inéluctable. Est ensuite soulignée, entre autres, la forte contribution de Jean-Louis Robert, fondée notamment sur l’étude de la 20e section parisienne de la SFIO. A bon escient, le même chapitre pointe aussi le moindre intérêt suscité par ces problématiques au sein de l’histoire culturelle de la Grande Guerre. Il est vrai que le champ politique est un objet demeuré plutôt en marge de ceux, foisonnants pourtant, dont cette tendance historiographique plus récente s’est emparée. Enfin, il semble que l’oeuvre d’Annie Kriegel ait installé un paradigme au sein duquel les majoritaires restent dans l’ombre, indirectement sollicités pour nourrir la problématique principale, soit l’acclimatation du bolchevisme au mouvement ouvrier français.
Reprendre le terme « majoritaire », c’est d’abord, en effet, se demander d’où il vient. Romain Ducoulombier répond à la question avec précision en remarquant que le terme apparaît en 1915, avec les mises en causes (manifeste de la fédération de la Haute-Vienne, réunion de Zimmerwald) qui émergent alors. Le socialisme de défense nationale prend alors sa dénomination, et il n’est pas anodin de relever qu’il ne l’a pas lui-même forgée : des contestataires, minoritaires, la lui ont fourni de fait. Les majoritaires vont se trouver placés sur la brèche, implicitement aiguillonnés par leurs opposants comme par leur mémoire militante propre, pour produire une argumentation inédite. Ces idées majoritaires, R. Ducoulombier les dégage avec netteté. Il y a d’abord un antigermanisme réel, englobant l’Empire allemand et les accointances de la social-démocratie avec celui-ci. Mais il faut aussi compter avec l’intégration des ouvriers à la nation française pour mener une guerre de libération. A terme, l’objectif proclamé demeure bien sûr d’obtenir de nombreux changements sociaux et économiques. Ceci a l’avantage précieux, dans le champ intra-SFIO, de raccrocher vaille que vaille au socialisme un discours à des degrés divers belliciste et nationaliste. Ces positions sont étayées ici d’un maillage thématique efficace, ainsi que d’un travail empirique conséquent.
Évidemment, les axes de la pensée majoritaire suscitent des clivages, ressentis par de nombreux militants : l’opposition à l’Allemagne forme ainsi une ligne de partage des eaux entre ceux qui y souscrivent et les autres. Les tendances diverses, antinomiques parfois, qui traversaient le mouvement ouvrier sont cristallisées par la guerre. Ainsi, « l’héritage jacobin, de toute sa profondeur historique, heurte de front l’argumentaire pacifique antimilitariste élaboré dans les années qui précèdent la guerre » (p. 31). La figure d’Albert Thomas (1878-1932), qui fait l’objet d’une étude particulière, entre en résonance avec ce grand écart entre horizons d’attentes passé et présent. Le texte sur le socialiste du ministère de l’Armement offre une vue panoramique, discutable parfois, du parcours d’un personnage à l’image flétrie chez les siens dès le temps de guerre. Tenant d’une ligne réformiste depuis ses débuts en politique, désireux depuis longtemps de s’impliquer dans la gestion des affaires publiques, Thomas rate une carrière politique nationale du fait de son rôle dans l’industrie de guerre, et de sa mort prématurée. Florent Lazarovici offre une intéressante présentation des réseaux d’Albert Thomas, dont on retrouve les membres à ses côtés aux responsabilités (les normaliens Simiand et Roques, ou bien l’économiste Arthur Fontaine par exemple). La contribution suivante met elle aussi en lumière les réseaux de majoritaires, à travers la liste des personnes impliquées dans la revue L’Avenir (p. 55) : Hubert Bourgin, l’archétype du socialiste de défense nationale, y côtoie Marius Moutet, Paul Ramadier, Compère-Morel, Marcel Mauss, Marcel Sembat, Emile Durkheim, Albert Thomas ou Léon Blum. L’influence du cercle Albert Thomas pèse lourd sur les orientations de la publication fondée par Jean-Baptiste Séverac, pour laquelle il faut « tirer les leçons socialistes du moment pour la paix à venir » (p. 57). L’analyse de la revue s’appuie sur sa rubrique « Propos du mois », soit les éditoriaux. L’association de personnalités qui préside à cette publication tiendra le coup jusqu’à l’heure fatidique du retrait des socialistes du gouvernement fin 1917. Au fond, la revue entend maintenir un cap difficile, et concilier les diverses fractions, tout du moins maintenir une indispensable unité partisane. Vincent Chambarlhac montre bien comment ce corpus d’éditoriaux peut être appréhendé en intellectuel collectif engagé, non sans risques, dans l’événement.
L’étude des chroniques littéraires de L’Humanité offre plusieurs éclairages complémentaires tout à fait intéressants. Car une répercussion directe de la guerre au sein du grand quotidien socialiste est l’exclusion formelle des minoritaires de ses colonnes. Les socialistes dissidents de l’esprit d’Union sacrée n’ont pas voix au chapitre jusqu’à la fin de 1917, et Renaudel ne quitte la direction du journal que le 15 octobre 1918. L’étude de cette publication est à ce titre pleinement justifiée pour qui veut disposer d’un bon point d’observation sur les majoritaires. Ce qui y transparaît, par suite, c’est la reprise inlassable des assises du discours de défense nationale déjà mentionnées. Des curiosités, ou des arguments plus retors peut-être aussi, comme ces assertions favorables à Karl Liebknecht considéré évidemment comme un allié objectif de la France plutôt que comme un exemple à imiter. La culture allemande est cependant défendue contre les outrances droitières et chauvines en France, rabaissant Beethoven ou Wagner du seul fait de la guerre (1 ). Le thème de la République contre la monarchie d’outre-Rhin permet aussi de se répandre à loisir en convoquant les grands hommes des Lumières à la rescousse de la nation qui fut la leur : Rousseau, Voltaire ou Diderot sont aussi des énergies que la patrie peut mobiliser… Les chroniques font parfois de la place à un certain pacifisme moral résiduel, ne venant toutefois jamais interférer avec le bien-fondé de la lutte en cours. L’Humanité prend aussi la peine de se positionner contre une partie envahissante de la production éditoriale, soit la littérature de guerre gonflée d’emphase patriotique : « on ne se moquera jamais assez de ceux qui font de l’héroïsme avec la peau des autres » (5 octobre 1915). Sans comparer avec les exigences critiques de Jean Norton-Cru, on note que certaines remarques préfigurent Témoins, la grande somme critique à venir : par exemple, ce texte dont il est dit que « c’est un récit vivant, un récit comme seul peut en faire un témoin, un vrai témoin qui a vu et agi » (14 septembre 1915). Au final, L’Humanité offre un panel de points de vue et de réflexions non dépourvus de subtilités et de nuances, malgré l’effet chape de plomb formé a priori par la mainmise éditoriale des majoritaires.
Enfin, un dernier, et lourd, enjeu est celui de la captation à usage exclusif de la figure de Jaurès, tentée sans trop de succès par les majoritaires à travers la mise sur pied de la Société des Amis de Jean Jaurès. Son premier dessein est de conserver le travail de Jaurès, d’assurer une édition de haute qualité de ses œuvres. Mais une autre ambition coexiste, celle de se munir du socialiste de référence pour lutter contre les autres tendances du parti : « le second objectif est clairement politique, peser dans le débat à partir de Jaurès sans le reproduire à l’identique dans une litanie » (p. 85). Tirer à soi la couverture Jaurès, soit la synthèse disparue, est une tentation bien compréhensible surtout dans l’état latent d’incertitude idéologique qui est nécessairement, comme on a dit, celui des majoritaires. La mémoire de Jaurès est alors mise en œuvre à travers des photographies dans la presse, des images que les lecteurs peuvent commander pour installer chez eux… Ici, on aurait vraiment souhaité que le texte soit davantage étoffé, et accompagné d’images, car en l’état la question est bien davantage effleurée que réellement traitée.
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Le sujet traité ici appelle évidemment des efforts d’interprétation. Or, s’il est méritoire de rouvrir en 2008 le dossier du socialisme majoritaire, en ayant en outre l’heureuse initiative de coupler cent pages de documents bien présentés aux textes des auteurs, il est regrettable que ce soit pour apporter si peu d’éléments conceptuels neufs au bout du compte. Pour l’essentiel, en effet, les contributions proposées restent circonscrites au cadre interprétatif déjà posé dans les décennies précédentes par Jean-Jacques Becker notamment. Il se résume en quelques mots à ramener discours et pratiques de guerre du mouvement ouvrier à un socialisme mêlé de patriotisme, valeur tout compte fait bien mieux enracinée que l’internationalisme tellement proclamé. Bien sûr, cette vision des événements n’est pas globalement erronée : elle est même pour partie complètement justifiée, mais pour partie seulement. V. Chambarlhac et R. Ducoulombier notent ainsi qu’en août 1914, « le Parti socialiste SFIO est, à l’instar de la société française, sans prise sur l’événement. L’ordre de mobilisation désorganise considérablement les structures partisanes, déboussolant les sections vidées d’une grande partie de leurs militants affectés au front. Dans ce désordre militant, dans cette rupture des repères de l’internationalisme d’avant-guerre, le parti socialiste doit construire le sens de son action depuis la mort de Jaurès et l’entrée en guerre. La construction n’est pas aisée ». Les deux historiens appuient alors leur analyse sur l’énonciation du « patriotisme de la classe ouvrière », fondations d’une nouvelle façon d’appréhender la société française en réaction à une situation « inédite » et « impensée » (p. 95-96). A mon sens, il faut poser les choses différemment, car cette approche conduit inévitablement à épouser de très près, de trop près, l’argumentation majoritaire et, par suite, à en peindre un récit savant au fil de la guerre, des personnalités et des publications, plutôt qu’à en rendre une compréhension distanciée.
Il faut revenir en amont et se demander pour commencer si, patriotes ou pas, les socialistes censés tout faire le jour venu pour empêcher que la guerre éclate, s’étaient effectivement dotés des formes organisationnelles pour atteindre de tels objectifs. Quels moyens, quelles réflexions, ont été consacrés durant la Belle Époque à préparer des actes de sabotage de la mobilisation ? La question paraît presque saugrenue, c’est tout dire. Pourtant, comme le montre un article de Gustave Hervé cité dans la partie « Documents » de l’ouvrage, elle mérite qu’on s’y arrête : « La crise actuelle aura eu au moins l’avantage de dissiper l’atroce et imbécile calomnie qui paralysait dans notre pays la croissance de notre Parti socialiste et de notre CGT. Finie la légende monstrueuse et inepte qui nous représentait comme les saboteurs de la défense nationale ! » (2 ). De tels propos font écho à ceux tenus avant-guerre par Albert Thomas, pour qui il fallait « que notre parti, ce parti “d’anarchistes”, de “saboteurs”, “d’antipatriotes”, “d’unifiés” pour tout dire, se révèle aux yeux de tous ce qu’il est réellement : un parti capable, en réalisant la révolution socialiste, de faire plus qu’aucun autre la prospérité et la grandeur du pays (…) l’heure vient où il devra être reconnu comme le vrai parti national » (3 ). Cette quête de légitimité et de respectabilité suivant les codes de l’ordre en place et non l’éthique et la raison des dominés, de la part d’un groupement censément subversif, est certainement un point nodal de compréhension du positionnement de la fraction majoritaire, bien plus que les références à Valmy ou le souci d’abattre les Hohenzollern – sujet à caution quand les Romanov sont des alliés précieux… Il y a la matière à une sociologie politique (fonctionnaliste ?) pleines de promesses à mon avis, d’autant que le phénomène ne se cantonne pas à la France. Ebert, à Berlin, fera montre fin 1918 des mêmes prévenances envers l’ancien ordre impérial, pourtant théoriquement honni, et croulant dans les faits (4 ). Là aussi, le pli pris de longue date d’une soumission à la forme puis en partie au fond du pouvoir en place est un problème historique qui peut être remis sur le métier.
Autre question, adjacente d’ailleurs, celle de la trahison. Elle est un peu facilement éludée par les auteurs de l’ouvrage. A plusieurs reprises au sein de cet ouvrage, les auteurs pointent ainsi les limites d’une approche stigmatisante des socialistes patriotes se cantonnant à les vouer aux gémonies de l’opportunisme et de la traîtrise. Ils rappellent qu’une telle appréhension de la question renvoie aux appréciations portées par divers milieux d’extrême-gauche, ainsi que par la IIIe Internationale. Soucieux d’objectivité et de pondération, les auteurs n’ont pas voulu se confronter à l’objet d’histoire qui existe pourtant, et c’est assez dommage. L’objet existe en effet, la preuve en en est que les contemporains en ont parlé, qu’un certain récit militant de la Grande Guerre s’en fait encore aujourd’hui l’écho. Peut-être l’historien doit-il le disqualifier, je ne sais, mais dans ce cas, l’argument d’autorité fondé sur le refus des analyses polémiques ne suffit pas. N’est-il pas d’ailleurs également tendancieux, dans cet ordre d’idées, de qualifier la tendance d’Albert Thomas de « socialisme moderne et réformateur » (p. 55), formulation qui paraît puisée directement dans la doxa sociale-libérale contemporaine ? Ce genre d’oppositions est bien sûr sans limites, et sans grand intérêt heuristique. Le caractère glissant de l’objet-majoritaire n’est pourtant pas sans intérêt, à condition de dépasser les conformismes de tout bord.
Délimiter un nouveau cadre peut passer, il me semble, par le rappel de certains aspects de la configuration du champ socialiste de la période. De fait, entre 1914 et 1918, si les majoritaires n’ont pas choisi leur nom, ils ne choisissent pas non plus leur terrain d’exercice, soit les allées du pouvoir de la République, configurées pour les républicains de diverses tendances, pas pour faire aboutir des idées socialistes. A l’inverse, et un peu schématiquement, les minoritaires ont la partie facile, n’ayant qu’à reprendre en les actualisant les thèmes usuels de la pensée du mouvement ouvrier. Raccrochons à cela la question du ministérialisme, de son refus avant 1914, et de l’empressement de certains à y souscrire du fait de la guerre : plus que sa vision politique et sociale, n’est-ce pas une forme assez simplement intelligible de carriérisme qui guide et soutient l’action d’Albert Thomas par exemple ? Un politicien satisfait de l’être, comme Marcel Sembat l’est d’après ses Cahiers noirs, peut-il faire des objections sérieuses à un maroquin ? La “guerre comme parenthèse” de Jules Guesde, d’une si faible valeur théorique, doit-elle être creusée pour elle-même, ou pour son caractère fonctionnel ? Les majoritaires feraient ainsi figure de matériau idéal pour quelque chose comme une anthropologie du politicien, appréhendé dans ses pratiques et ses stratégies, plus que dans ses références historiques ou philosophiques prises pour elles-mêmes. Ainsi, j’incline à penser que les majoritaires font la guerre parce qu’elle est pour eux l’occasion – tant attendue ? – de faire montre de leur sérieux et de leur sens des responsabilités, de leur carrure politique (5 ). Le Parti socialiste, dans toute sa diversité, est avant 1914 une machine électorale, un bel outil de propagande, mais certainement pas un comité insurrectionnel en sommeil. Cet état de fait résulte de priorités dans les pratiques et les objectifs, et pas d’une quelconque fatalité : il est hautement significatif de ce que l’intégration au système représentatif républicain a en 1914 depuis longtemps pris le pas sur les visées révolutionnaires tangibles (6 ). Partant, il n’y a rien d’étonnant à ce que la guerre laisse les socialistes pour partie désemparés : leurs compétences parlementaires affûtées ne sont au vu de leur positionnement marginal dans le champ politique (politicien) d’aucune utilité dans le déraillement diplomatique de juillet-août 1914.
Enfin, il y va dans ces questions de la responsabilité de l’historien envers la cité et le présent, charge dont il n’est pas permis de se démettre. Si comme il est dit dans le livre, Albert Thomas est en disgrâce au sein de son parti à la fin de la guerre, et s’il se trouve en semi-exil au B.I.T. à Genève, il vaut peut-être la peine de se demander vraiment pourquoi, et de ne pas s’arrêter en chemin, c’est-à-dire à sa vision politique et sociale personnelle. Que Karl Liebknecht ait in fine payé de sa vie son refus de voter les crédits de guerre et son intransigeance quant aux principes d’avant 1914 montre que ceux-ci n’étaient pas des abstractions en apesanteur dans le ciel des idées. Il était possible de se battre pour elles, certains l’ont fait, beaucoup d’autres non : pourquoi ? Au-delà de l’explication incontournable par l’intense hétérogénéité intrinsèque de la IIe Internationale, la question reste presque intouchée au terme de cet ouvrage.
La renonciation objective, quasi mesurable, des majoritaires à des préceptes précédemment débattus et votés, en même temps que le fait qu’ils continuent néanmoins à se réclamer du socialisme, doit être prise à bras-le-corps, et pas avec des précautions superflues. Car le fond de la question demeure, et ouvre sur de nécessaires innovations conceptuelles. En Allemagne, les sociaux-démocrates noient dans le sang la révolution au sortir de la guerre… En France, le tabou de la participation ministérielle est brisé, pour la production d’armements et les profits des industriels. Des travaux solides montrent que du fait de la guerre et sous le ministère Thomas, le patronat parvient enfin à casser les résistances syndicales au taylorisme, etc (7 ). Le positionnement de principe vis-à-vis du capitalisme est encore aujourd’hui, semble-t-il, un enjeu vivace au sein du P.S. : il n’est pas anodin de creuser son acceptation de fait par les majoritaires entre 1914 et 1918… Au pied du mur pour la première fois, la social-démocratie européenne baisse pavillon et rentre avec armes et bagages dans le giron de l’ordre établi : assurément, les conséquences du choix majoritaire de 1914 ne sont pas minces dans l’histoire de la gauche au XXe siècle, et ensuite.
Un dernier mot, pour dire avec insistance que cet ensemble de critiques ne doit pas être conçu comme une attaque en règle, mais bien plutôt comme une invitation à un débat intellectuel tonique et profitable à tous. Les diverses qualités du livre, ses apports, ont été soulignés. Mais, puisque le D de CRID signifie Débat, il aurait été regrettable de laisser en pointillés les champs ouverts à la discussion. L’occasion était là d’entamer, sur la base d’un ouvrage solide, un échange enrichissant. La publication simultanée de cette recension et de la réponse des auteurs de l’ouvrage, option éditoriale choisie par le CRID, constitue, je l’espère une preuve manifeste de la sincérité de cette intention.

François Bouloc

Réponse des auteurs

Le CRID nous offre la possibilité de discuter la lecture que donne François Bouloc de notre travail sur les majoritaires de guerre. La démarche est peu commune : nous souhaitons tout d’abord l’en remercier.
La mésentente repose à nos yeux sur le procès du socialisme français qu’instruit François Bouloc, au nom de « la responsabilité de l’historien envers la cité et le présent, charge dont il n’est pas permis de se démettre ». Il n’a jamais été question de nous démettre d’aucune charge, à l’exception de l’héritage encombrant de l’accusation de trahison cent fois répétée qui disqualifiait par avance un objet d’histoire majeur et méconnu du premier conflit mondial. Notre livre, aussi parcellaire soit-il, est le premier qui, à notre connaissance, tente de ressaisir l’expérience des majoritaires de guerre sur toute la durée du conflit, à l’encontre de l’histoire sainte de la révolution mais aussi d’une histoire culturelle qui l’a négligée ou figée dans les postures du consentement à la guerre. Loin de nous résoudre à n’y voir qu’une forme de « patriotisme socialiste », nous nous sommes au contraire efforcés d’en restituer les pratiques et les contradictions. Nous avons essayé de montrer comment la majorité s’est trouvée mise en difficulté par le fait même qu’elle avait adhéré en 1914 à la politique d’union sacrée – et comment, de ce fait, elle a éclaté.
Selon François Bouloc, la guerre aurait agi comme un révélateur du socialisme français tournant le dos aux préceptes votés avant-guerre. La participation serait l’occasion d’entamer une carrière qu’une lecture dans les termes d’une nouvelle anthropologie du politicien devrait permettre d’explorer à propos, notamment, d’Albert Thomas. Soit. La raison pour laquelle le ressentiment anti-majoritaire persistant s’est concentré contre Thomas et non contre le « politicien » Marcel Sembat, lui aussi ministre, ou contre le « politicien » Léon Blum, son chef de cabinet, ne cesse de surprendre. Sans doute est-ce le noir privilège qu’il retire d’avoir organisé pendant deux ans la fabrication des obus, symbole de la mort infligée pendant le conflit. Presque un siècle après le conflit, la haine qui continue de se concentrer sur les « majoritaires » est pourtant toujours vivace. Elle s’appuie sur une conception anti-réformiste, anti-oligarchique, ascétique et ouvriériste des élites du mouvement ouvrier, dont François Bouloc semble partager les attendus. L’acte socialiste de 1914 pose en effet une question à la fois simple et cruciale : elle semble interdire la possibilité même de la révolte contre l’« ordre en place ». Sa défense, quand cet ordre est républicain, ne possède pas les mêmes implications que lorsqu’il est autoritaire et impérial. Sans rien retirer aux positions de Lénine ou de Liebknecht, il faut, au moyen d’un sens élémentaire de la comparaison, se souvenir qu’ils ont combattu des régimes contraires à l’idéal démocratique dont les partis sociaux-démocrates sont en principe porteurs. Si Lénine peut proclamer son défaitisme dès la fin de 1914, c’est aussi qu’il est un homme seul et réfugié en Suisse. Sans rien retirer à son génie, cela le distingue à l’évidence des soi-disant traîtres français de 1914 qu’il agonit d’injures. Il ne s’agit pas, autrement dit, d’écarter toute accusation de « trahison », mais au contraire de l’historiciser pour en saisir l’impact à l’intérieur des organisations socialistes et syndicales confrontées au fait même du conflit. C’est la seule attitude sérieuse qui permette d’échapper au jugement de valeur stigmatisant.
Il convient par ailleurs de ne pas commettre de contresens. Il est impossible d’accuser de traîtrise des hommes qui ont, avant-guerre, annoncé ou préparé les conditions d’une guerre défensive qui impliquait une participation au gouvernement. Ni Sembat, ni Thomas, ni même Jaurès, ne se sont trahis : ils ont appliqué une politique qu’ils ont élaborée face à une menace qui, sans être immédiate, se précisait. La « parenthèse » dans la lutte des classes de Jules Guesde n’est rien d’autre qu’une habile position « dialectique » pour ne pas se ranger ouvertement à l’argument de la nécessaire défense de la République dont ses adversaires de tendance faisaient la condition de survie du socialisme. De même, il ne nous semble pas avoir succombé aux mots fétiches du vocabulaire politique contemporain en soulignant la modernité des conceptions d’Albert Thomas. Il polarise une nébuleuse réformiste qui, dans la guerre, tente d’appliquer des solutions déjà testées au vif des municipalités d’avant-guerre. S’amorce ici un champ réformiste qui représente l’un des champs d’action des gauches françaises, pérenne dans les années 1920. L’une des clés du Front populaire tient à lui (8 ).

Il est faux, par ailleurs, que les socialistes se soient engagés à « tout faire » pour arrêter la guerre. On le sait : les socialistes ont voté un certain nombre de motions dans leurs congrès nationaux et internationaux pour combattre la guerre. Mais entre « tout faire » et employer « tous les moyens pour prévenir et empêcher la guerre et pour imposer aux gouvernements le recours à l’arbitrage », y compris, certes, la grève générale, tel que le proclame le dernier congrès socialiste unifié de juillet 1914, il existe une nuance sensible. L’idée qu’il fallait « tout faire » est une reconstruction morale a posteriori qui ne rend aucunement compte du fait que les socialistes se sont évertués à rompre avec les formules extrêmes. Ceux qui les avaient promues, à l’instar de Gustave Hervé et des syndicalistes révolutionnaires, les ont d’ailleurs partiellement abandonnées à la veille du conflit. En 1914, les socialistes ont fait un choix républicain ; pour la plupart, ils savaient en conscience que ce choix n’était pas socialiste. Cette béance a ouvert la voie à la plus grave crise de l’histoire du socialisme au XXe siècle, qui devait aboutir à la scission communiste (9 ). La figure de la trahison, empruntée par François Bouloc au discours zimmerwaldien puis communiste, permet ainsi de proche en proche, de condamner tout réformisme socialiste. Les majoritaires reçoivent ainsi un rôle proche du trickster des mythes amérindiens, pièce essentielle d’un récit par quoi le héros [bolchevik] acquiert ses qualités (10 ). Notre ouvrage ne voulait pas restituer l’intégralité de l’histoire socialiste pendant la guerre, mais, faisant le choix du temps court du conflit, le considérer comme un lieu de possibles historiquement déterminés où situer les pratiques des majoritaires (11 ).
Pour François Bouloc, la SFIO est un groupe censément subversif, animé d’une éthique de la responsabilité à l’égard des dominés. Cette image volerait en éclat en août 14, les citations produites appuient a posteriori sa démonstration. Au risque de le décevoir, la discussion n’a ici pas lieu d’être puisque la mise en intrigue même du compte rendu décale la réalité de l’action de la SFIO. Unifiés sur injonction de la Deuxième Internationale, les socialistes français font, depuis le Congrès de Toulouse de 1908, le pari de l’exercice du pouvoir. La SFIO conçoit son action dans l’horizon d’une République sociale, par les moyens de l’action parlementaire. Depuis les précédentes législatives, les réflexions socialistes se sont aiguisées sur la question de l’entrée au gouvernement (12 ). Sentant la difficulté de tenir la position, François Bouloc invite à une sociologie fonctionnaliste et comparatiste, choisissant le miroir allemand. Certes, mais les allusions à Liebknecht et Ebert rappellent que ce travail de compréhension doit à nouveau s’établir dans l’après-coup. Ici encore comparaison n’est pas raison : la France au sortir de la guerre ne connaît pas de situations anomiques, propices à l’émergence des figures du partisan révolutionnaire et contre-révolutionnaire. L’ordre démocratique, fut-il bleu horizon, demeure plus solide. Enfin, s’il est une scission dans la SFIO au sortir de la guerre, contemporaine du phénomène spartakiste, celle-ci se situe à la droite du parti, ce sera la France libre de Compère-Morel, Hubert Bourgin.
Reste ce qu’étreint François Bouloc à partir de références à la grève générale, au sabotage. Gardons à l’esprit que ces mots d’ordre ne sont plus opératoires bien avant l’entrée en guerre. Miguel Chueca note, dans la préface à son anthologie (13 ), que Georges Sorel théorise la pratique de la grève générale après le déclin de celle-ci (1906) ; elle devient, en bonne orthodoxie sorélienne, un mythe mobilisateur, une figure discursive. La pratique du sabotage est encore plus ancienne. Dans les années qui précèdent la guerre, l’antimilitarisme peut sembler – si l’on se situe dans l’implicite horizon d’attente de F. Bouloc – l’écho de ces pratiques. Jusqu’au tournant de 1911, Gustave Hervé polarise cet espace au sein de la SFIO, par la Guerre sociale, par l’héritage antérieur du Pioupiou de l’Yonne. L’antimilitarisme cesse lui-même d’être mobilisateur en 1912 : l’échec de la grève générale du 14 décembre 1912, mot d’ordre lancé par la CGT, le signifie (14 ). L’année qui suit vaut normalisation et progressive disparition de cette thématique au sein de la CGT comme de la SFIO ; pour l’historien américain Paul B. Miller, la gauche antimilitariste a glissé de la révolution à la citoyenneté (15 ). Aussi n’y a-t-il pas de surprise au ralliement à l’Union sacrée ; elle provient d’une reconstruction a posteriori, attisée par les feux révolutionnaires d’Octobre.
Ces quelques lignes de réponse n’ont d’autre but que de rappeler ce qu’est l’objet de notre livre : une contribution à l’histoire politique de la Grande Guerre à partir des majoritaires socialistes, que l’historiographie scientifique et militante a souvent fait parler ou constitué en figure repoussoir. La présence du recueil documentaire entend conjurer ce tropisme. Encore faut-il lire ces textes pour ce qu’ils sont ; dans le cas de Gustave Hervé cité par François Bouloc, une réponse à la pratique du Carnet B, quand l’Etat saisit la classe ouvrière, la constitue sous le seul angle criminogène. Il n’y a de surprise dans la non application au Carnet B que pour celui qui prend le Carnet B au mot (16 ). Enfin, si nous n’entendions pas proposer de nouveau cadre interprétatif de l’Union sacrée, reste que nous espérions convaincre qu’au sein de la SFIO la majorité – comme la minorité – n’est pas monolithique. La discussion porte peu sur cette question. Les figures citées dans le compte rendu (Thomas, Hervé, Liebknecht notamment) masquent ce fait, simplifiant parfois la réalité sociale de ce milieu partisan dans la guerre qu’est la SFIO. Paraphrasant Marcel Martinet (minoritaire de guerre) au détour d’une correspondance avec Jean Richard Bloch (majoritaire), on trouvera que c’est la nature des comptes rendus sur cette période que de s’écrire à la baïonnette (17 ).

Vincent Chambarlhac, Romain Ducoulombier

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Notes [François Bouloc]

1) Sur ce point, voir Yael Dagan, La Nrf entre guerre et paix, 1914-1925, Paris, Tallandier, 2008, chap. 3 & 4 notamment.

2) Gustave Hervé, La Guerre sociale, 30 juillet 1914, cit. p. 105.

3) Albert Thomas, La politique socialiste, « Les Documents du socialisme », Paris, Rivière, 1913, p. 30, cité dans Patrick Fridenson, Madeleine Rébérioux, « Albert Thomas, pivot du réformisme français », in Madeleine Rébérioux, Parcours engagés dans la France contemporaine, Paris Belin, 1999, pp. 61-76, p. 66.

4) Il y a dans Sebastian Haffner, Allemagne 1918. Une révolution trahie, Bruxelles, Complexe, 2001, des réflexions, certes souvent mêlées de beaucoup d’intuitions, qui donnent envie de chercher plus…

5) Cette approche fait partie des recherches que je mène actuellement autour des implications de 1914 pour le mouvement ouvrier, à travers les parcours de certaines de ses individualités.

6) Voir sur ce point le récent et excellent Déposséder les possédants. La grève générale aux “temps héroïques” du syndicalisme révolutionnaire (1885-1906), textes rassemblés et présentés par Miguel Chueca, Marseille, Agone, 2008.

7) Cf. Laura Lee Downs, L’inégalité à la chaîne. La division sexuée du travail dans l’industrie métallurgique en France et en Angleterre (1914-1939), Paris, Albin Michel, 2002.

Notes [Vincent Chambarlhac et Romain Ducoulombier]

8) Sur cette question, il faudrait questionner la figure de Léon Blum autant que celle d’Albert Thomas ; le premier est directeur de cabinet de Marcel Sembat. Thierry Hohl, « Du réformisme aux blumistes : socialistes au temps du Front Populaire » In Serge Wolikow (dir.), Le pain, la paix, la liberté. Expériences et territoires du Front populaire, Paris, Editions sociales, 2006.

9) Pour une interprétation renouvelée des origines du communisme en France, nous nous permettons de renvoyer à Romain Ducoulombier, Régénérer le socialisme. Aux origines du communisme en France, 1905-1925, IEP de Paris, thèse de doctorat, sous la direction de Marc Lazar, 2007.

10) L’histoire politique des gauches sur le siècle prête à la SFIC le rôle d’étalon, poursuivant ainsi sur le versant scientifique une dynamique militante. Cf. Julien Frétel, Rémi Lefebvre, « La faiblesse des partis politiques français, un lieu commun historiographique » in Michel Offerlé, Henry Rousso (dir.), La Fabrique interdisciplinaire. Histoire et science politique, Rennes, PUR, 2008.

11) Aussi, à la recommandation de François Bouloc de mener l’investigation sous les auspices du traître, peut-on opposer les propositions de Carlo Ginzburg, (Le juge et l’historien. Considérations en marge du procès Sofri, Paris, Verdier, 1997), et d’Enzo Traverso sur le présentisme (Le passé, modes d’emploi. Histoire, mémoire, politique, Paris, La Fabrique, 2005).

12) Sur ce point, Alain Bergounioux, Gérard Grunberg,L’ambition et le remords, Paris, Fayard, 2005.

13) Miguel Chueca, Déposséder les possédants. La grève générale aux « temps héroïques » du syndicalisme révolutionnaire (1895-1906), Marseille, Agone, 2008.

14) Alain Dalotel, « La CGT et la grève générale contre la guerre de 1912 », in Michel Cordillot (dir.), « Plutôt l’insurrection que la guerre ! » L’antimilitarisme dans l’Yonne avant 1914, Auxerre, Adiamos 89 / Société des sciences historiques de l’Yonne, 2005.

15) Paul B. Miller, « De la révolution à la citoyenneté : la gauche antimilitariste dans l’affaire Aernoult-Rousset » in ibid.

16) Sur le point des menées subversives vues / crées par l’Etat, cf. Alain Dewerpe, Espion. Une anthropologie historique du secret d’Etat contemporain, Paris, Gallimard, 1994. Frédéric Monier, Le complot dans la république. Stratégies du secret de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, 1998.

17) L’ensemble de cette correspondance mesure la complexité du lien majoritaire / minoritaire entre 1914 et 1918. Cf. Vincent Chambarlhac, Marcel Martinet, un parcours dans la gauche révolutionnaire (1910-1944), Thèse de doctorat, Université de Bourgogne, Décembre 2000.

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