Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

L’auteur rappelle à juste titre qu’avec l’espoir d’une guerre courte, le concept d’Union sacrée n’avait pas vocation à être « une formule durable mais (…) une attitude liée à une situation temporaire et urgente ». Faisant le tour des différentes formations politiques qui s’opposaient parfois violemment à la veille du conflit, il montre que leur degré d’adhésion à l’idée d’Union sacrée n’allait pas a priori de soi, notamment pour ce qui concerne les socialistes. Analysant les positions de leur leader Jaurès, l’auteur pense que les socialistes furent rapidement convaincus que la France était victime d’une agression et que donc le chemin à accomplir pour entrer dans l’Union sacrée fut beaucoup plus court qu’il n’y paraissait de prime abord. Un réflexe national – la défense de la patrie agressée – permit de dépasser les divisions idéologiques. Cependant, le modèle d’Union sacrée tel qu’il prévalut au début du conflit s’éroda. A partir du moment où la guerre devait durer, le modèle initial s’altéra et donna naissance à une Union sacrée « deuxième version ». En 1917, les socialistes quittèrent le gouvernement et manifestèrent jusqu’à la fin de la guerre une vive opposition au gouvernement Clemenceau. Si officiellement l’Union sacrée subsistait, qu’en était-il dans la réalité des faits ? Avec le temps, le concept politique subit une altération mais perdura dans ses grandes lignes, y compris dans le monde ouvrier comme le montre l’attitude des grévistes en 1918. Le processus ne parvint pas à se maintenir au-delà du conflit même si un certain nombre de candidats du Bloc national affirmèrent vouloir prolonger l’Union sacrée aux élections législatives de novembre 1919. Le discours de certaines associations d’anciens combattants s’efforça toutefois d’en faire perdurer des avatars.

J.F. Jagielski