1. Le témoin
Né à Douelle (Lot) le 5 avril 1894 dans une famille de cultivateurs, fils de Augustin Pierre Baudel et de Marie Basiline Rigal, il est le frère cadet de Georges Baudel (1888-1916) et le neveu de Edmond Baudel (1881-1954) eux aussi envoyés au front.
Elie Baudel a 20 ans quand la guerre est déclarée et il part le 6 septembre 1914 dans le 7e régiment d’infanterie dont le dépôt est à Cahors. Il fait partie de l’armée active. Il est nommé caporal le 15 décembre 1914. Il meurt le 28 juillet 1917 au secteur des Eparges dans la Meuse. Il recevra la médaille militaire à titre posthume.
2. Le témoignage
Au cours de la guerre il écrit à son père et s’adresse ainsi à la famille. Son niveau d’instruction à été évalué à 3, comme son oncle, mais tout en maîtrisant l’écriture, il fait des fautes.
Ce témoignage est conservé en archives privées, mais il est presque totalement retranscrit (p. 48-239) dans le mémoire de Master 1 de Lucile Frayssinet, Un fantassin de 20 ans. Lettres d’Elie Baudel à sa famille (1914-1917), Université de Toulouse Le Mirail, juin 2007, 275 p., illustrations.
La correspondance, de septembre 1914 à juillet 1917, est constituée de 340 cartes, 58 cartes-lettres, 98 lettres et 4 télégrammes ; soit 500 envois. Il écrit surtout au crayon à papier, mais il peut lui arriver d’écrire à l’encre ou au crayon à l’aniline. Il écrit régulièrement, tous les trois jours environ et par moment tous les jours à sa famille, et il ne parle que de ce qu’il vit. Lorsqu’il rapporte ce qu’on lui a raconté, il le précise en disant qui le lui a dit et comment cette personne le sait. Parfois même il souligne la méfiance que l’on doit avoir envers les rumeurs. Son récit n’a pas pour vocation d’en faire un héros, il écrit à sa famille avant tout pour dire qu’il va bien et pour avoir des nouvelles.
3. Analyse
Dans sa correspondance, il montre son intérêt pour le travail agricole ; ce qui se fait chez lui, et où ça en est, mais aussi pour ce qu’il voit au cours de ses déplacements. Il s’efforce également d’expliquer ce qu’est la vie dans les tranchées, il évoque les attaques. Il écrit assez librement ce qu’il pense, ce qui rend sa correspondance d’autant plus intéressante. Quelques-unes de ses lettres sont accompagnées de coupures de journaux présentant des photos de tranchées et de destructions, un article, une photo. Il souhaite rapidement la fin de la guerre même s’il veut la victoire de son camp, et il croit qu’avec l’intervention de l’Italie tout sera réglé.
A travers la correspondance d’Elie Baudel, nous pouvons percevoir comment il a vécu la guerre. Ses expériences sont identiques à celles d’autres combattants, il témoigne de l’expérience d’un soldat qui n’a rien hors du commun, et qui essaye à sa façon de s’adapter aux conditions de vie difficiles. Mais, chaque individu ayant sa propre personnalité, certaines réactions lui sont propres ; ses sentiments envers la guerre évoluent ; il fait tout pour s’en sortir, quitte à émettre des revendications à la fin du conflit, afin de faire connaître la réalité du front.
4. Autres informations
Sources
Archives municipales de Douelle : état-civil
Archives départementales du Lot :
– Recensement de 1911
– Registre matricule : cote 1R RM 14
– Liste du tirage au sort et de recrutement cantonal : cote 1R 128 Classe 1914
Lucile Frayssinet, mars 2008