1. Le témoin
Né à Peyriac-Minervois le 9 juin 1881, fils de François Hudelle et de Marguerite Mourlan. Famille de propriétaires aisés. Etudiant en Lettres à Toulouse, il devient un actif militant socialiste. Candidat aux Législatives de 1910 dans l’Aude, il est largement battu par le radical. Il succède à Vincent Auriol, lui-même élu député en 1914, comme rédacteur en chef du Midi socialiste créé en 1908. Par ailleurs, passionné de rugby. Lieutenant de réserve en 1912, capitaine en septembre 1914, il ne monte pas plus haut dans la hiérarchie malgré blessures et citations. Il obtient cependant la Croix de guerre et la Légion d’Honneur après sa deuxième blessure en février 1918. Resté célibataire, il reprend son métier de journaliste après la guerre. Un pacifisme désespéré, fruit de son expérience de la Grande Guerre, le conduit à approuver Munich en 1938 et à poursuivre la publication de son journal sous Vichy, jusqu’en 1944. Il a quelques ennuis à la Libération. Mais ces dernières informations n’ont pas à être prises en compte pour aborder son témoignage de 14-18.
2. Le témoignage
Le carnet personnel de Léon Hudelle porte quelques renseignements, mais l’essentiel de son « témoignage » se trouve dans la collection de 132 photos ramenées du front, et dans 200 articles envoyés au Midi socialiste entre la mobilisation de 1914 et l’armistice de 1918. Carnet et photos originales sont déposés aux Archives de l’Aude, cote 23 Fi. Voir La Grande Guerre 1914-1918. Photographies du capitaine Hudelle, présentées par Rémy Cazals, Carcassonne, Archives de l’Aude, 2006, 128 p., volume dans lequel sont reproduites toutes les photos, sont donnés des extraits des articles, et sont rappelées les pages du caporal Barthas qui se trouvait dans le même régiment, le 280e RI, en Artois à la fin de 1914 et en 1915.
3. Analyse
La plus grande partie des photos concerne justement les secteurs de Vermelles, Annequin, Loos, en Artois, jusqu’à la première blessure du capitaine Hudelle en juin 1915 : ruines, tranchées et abris, popote et rugby, rencontre des Britanniques… Revenu sur le front, au 80e RI, Hudelle combat du côté de Soissons, à Verdun, en Argonne en 1916, à nouveau à Verdun en 1917, en Haute Alsace où il est blessé le 23 février 1918. Les articles concernent d’une part la politique internationale, les fissures de l’union sacrée, l’hostilité au ministère Clemenceau, de l’autre la vie des combattants dans les tranchées. L’article « Poilu » du 26 décembre 1915 a été reproduit dans plusieurs journaux socialistes et a été fort apprécié des combattants. Certains l’avaient recopié et conservé dans leur portefeuille. La censure a amputé quelques-uns de ces articles.
4. Autres informations
– Registre matricule, Archives de l’Aude, RW 532.
– Alain Lévy, Un quotidien régional, Le Midi Socialiste, mémoire de DES, Faculté des Lettres de Toulouse, 1966.
– Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, Maspero, 1978 pour la 1ère édition.
– Notice dans Les Audois, dictionnaire biographique, sous la dir. de Rémy Cazals et Daniel Fabre, Carcassonne, 1990, p. 193.
– Mémoire de maîtrise de Marie-Pierre Dubois, Léon Hudelle, journaliste socialiste et combattant 1914-1918, Université de Toulouse-Le Mirail, 1997, 124 pages + deux volumes d’annexes reproduisant la totalité des articles de Hudelle, du 1er janvier 1914 au 31 décembre 1918.
– Photo dans 500 Témoins de la Grande Guerre, p. 262.
Rémy Cazals, 11/2007, complété 05/2016