Brittain, Vera (1893-1971)

1. Le témoin

Vera Brittain naît le 29 décembre 1893 à Newcastle-under-Lyme dans une famille d’industriels où la foi dans le progrès, alliée au conservatisme victorien, entraîne un style de vie austère, que la future auteure ne manquera pas de dénoncer dans son récit autobiographique, Testament of Youth, paru en 1933. Arthur Brittain, le père de Vera, est allergique à la littérature et à la culture en général, ne se préoccupe que de politique locale et proclame avec fierté qu’aucun de ses ouvriers n’est syndicaliste. Vera est bonne élève et peut envisager des études supérieures. L’université d’Oxford ayant ouvert ses portes aux étudiantes en 1875, elle espère pouvoir s’y inscrire, mais pour cela il lui faut combattre les conventions de son époque. Son père considère que les études ne sont d’aucune utilité pour les filles. C’est Edward, le jeune frère, qui ira à Oxford. Vera est scandalisée par cette inégalité de traitement et devient féministe. Cette revendication de l’égalité entre hommes et femmes n’est pas seulement une réponse à une situation personnelle. Elle deviendra le combat de toute une vie. Dotée d’un fort tempérament, Vera ne baisse pas les bras et finit par obtenir de son père l’autorisation d’étudier à Oxford.
Vera entre à l’université à l’automne 1914 et se consacre aux études sans se soucier de ce qui se passe de l’autre côté de la Manche. Mais quand son frère Edward et son ami Roland Leighton décident de s’engager, elle commence à ressentir un décalage entre l’univers académique d’Oxford et le monde sanglant où les êtres proches risquent leur vie à tout instant. La correspondance avec celui qu’elle refuse d’appeler son fiancé, par principe féministe, l’amène à s’intéresser de plus en plus à la guerre et à regretter que les femmes en soient écartées. Au printemps 1915, elle décide d’arrêter ses études pour devenir infirmière bénévole.
Vera Brittain commence son parcours hospitalier dans un établissement du Devonshire avant de le poursuivre à Londres. Elle trouve une certaine sérénité dans cette vie de soins hospitaliers, qui lui permet de s’impliquer dans la réalité de la guerre et de se sentir ainsi plus proche de Roland. Les deux permissions de ce dernier affermissent leur lien. Vera et Roland sont deux jeunes intellectuels pétris d’ambition qui échangent leurs vues sur la littérature, la religion et la politique. Mais les lettres, si précieuses, produisent aussi de l’insatisfaction. Vera s’aperçoit que la guerre a changé Roland. Il est devenu distant et énigmatique. Elle attend avec impatience sa prochaine permission pour Noël. Mais Roland est tué le 23 décembre 1915 à Hébuterne.
Après la mort de Roland, Vera Brittain veut partir soigner les blessés à l’étranger. Affectée à Malte, où stationne la base arrière des troupes britanniques du front d’Orient, elle peut pendant quelques mois retrouver une certaine stabilité émotionnelle. De retour en Angleterre, elle reprend du service dans un hôpital londonien puis est affectée à Etaples. La mort de son frère Edward, en 1918, est suivie d’une nouvelle période de deuil, qui la déstabilise encore plus qu’en 1916. Après l’Armistice, elle reprend ses études à Oxford mais n’arrive pas à réintégrer le cours normal de la vie. Vera ne comprend pas cette faculté qu’a la société à oublier. Si les morts de la guerre sont officiellement commémorés et ont droit à leurs cérémonies standardisées, dans la vie quotidienne il n’est pas de bon ton de vivre le deuil de façon trop marquée.
Après Oxford, Vera s’attelle à l’écriture. Elle publie deux romans dans les années 20 et travaille pour la section britannique de la S.D.N., née du traité de Versailles. Convaincue que l’amitié et la coopération entre les peuples peuvent empêcher une nouvelle guerre, elle veut agir politiquement et se rapproche du parti travailliste. Ces activités l’aident à reprendre petit à petit confiance en elle. Mais c’est surtout l’amitié de Winifred Holtby, étudiante rencontrée à Oxford, qui la sauve. Les deux femmes deviennent inséparables. Toutes deux sont militantes féministes et ont l’intention de mener de front une carrière de journaliste et d’écrivain.
A trente ans, Vera épouse George Catlin, un professeur spécialiste de science politique. Deux enfants, John et Shirley, naissent en 1927 et 1930. George enseigne dans une université américaine mais Vera ne souhaite pas vivre aux États-Unis. Le couple vit une sorte de mariage à mi-temps. A Londres, Vera et Winifred font vie commune. Et quand George revient s’installer en Angleterre, Winifred habite sous le même toit que le couple. Cette situation génère des commentaires ironiques dans le milieu littéraire. Aujourd’hui, les milieux lesbiens font de Vera et Winifred des icônes de leur cause, mais les deux femmes de lettres ont toujours démenti une relation homosexuelle.
A la fin des années 20, Vera entreprend d’écrire son autobiographie centrée sur la Grande Guerre. Souhaitant profiter du regain d’intérêt qu’a le public pour la littérature de guerre, elle rédige Testament of Youth, qui se veut à la fois un récit personnel et une étude de la société britannique des années 1910-1925 vue sous l’angle de la femme. Le succès dépasse toutes ses espérances. Elle devient du jour au lendemain un nom qui compte sur la scène littéraire britannique. Les ventes du livre aux États-Unis lui permettent de franchir régulièrement l’Atlantique pour donner des conférences dans les grandes villes américaines. Mais au milieu des années 30, le malheur la frappe à nouveau. Winifred Holtby meurt à l’âge de 37 ans. En qualité d’exécutrice littéraire, Vera fait publier le dernier roman de son amie : South Riding, qui connaîtra le succès en librairie et sera adapté au cinéma.
A partir de 1936, le contexte international pousse Vera Brittain à épouser la cause du pacifisme. Comme un certain nombre de combattants de la Grande Guerre, elle veut agir pour empêcher une nouvelle guerre mondiale. Elle milite au sein de mouvements pacifistes, notamment quakers, et écrit plusieurs essais sur le sujet. Ses romans des années 30 et 40 traitent également des conséquences de la Première Guerre mondiale et sont autant de portraits d’une génération meurtrie qui refuse que l’on commette les mêmes erreurs que par le passé. Quand la guerre éclate, elle ne renonce pas au pacifisme, et intensifie même son action. Celle-ci prend d’autres formes : la lutte contre le blocus allié qui affame les populations européennes et la dénonciation des bombardements de masse sur l’Allemagne. Avec courage, elle s’oppose à la stratégie alliée et se retrouve mise à l’index.
Après la guerre, la notoriété de Vera Brittain décline, surtout aux États-Unis, où ses prises de position contre les bombardements dits stratégiques ont laissé des traces. Sa carrière littéraire suit également une pente descendante. Elle continue malgré tout de publier régulièrement des essais, des romans et des ouvrages autobiographiques mais sans jamais renouer avec le succès. A sa demande, ses cendres seront dispersées dans le cimetière italien où repose Edward.

2. Le témoignage

En 1933, Vera Brittain publie Testament of Youth, témoignage de guerre qui rencontrera un large public et établira durablement la renommée littéraire de son auteure. Une adaptation pour la télévision est diffusée sur la BBC en 1979 et un film sort en salles en 2015 sous le titre Mémoires de Jeunesse. Dans les années 80 et 90, le journal de guerre de Vera Brittain, Chronicle of Youth, est publié, ainsi que sa correspondance. Ces trois ouvrages constituent une documentation précise et ample sur la façon dont les jeunes Britanniques des classes moyennes ont vécu la guerre, et dresse un tableau particulièrement émouvant de la génération perdue.

3. Analyse

Testament of Youth, récit autobiographie centré sur la Grande Guerre, a séduit le public au début des années trente parce qu’il comblait un vide dans la littérature de témoignage. Le point de vue féminin avait déjà donné lieu à des mémoires intéressants, émanant essentiellement d’infirmières ayant soigné les blessés dans les hôpitaux du front, mais aucune œuvre majeure n’avait émergé sur ce thème. De par son ampleur et son parti pris de mêler une histoire personnelle à une étude sur le rôle de la femme pendant la guerre, cet ouvrage apporte un éclairage nouveau sur les années sombres qu’a connues la société britannique entre 1914 et 1918. Vera Brittain y dresse le tableau d’une nation confrontée à la mort de masse. Sa relation avec son fiancé Roland Leighton a duré à peine plus d’un an et n’a donné lieu qu’à un nombre restreint de rencontres mais la guerre lui donne une intensité singulière. Les lettres que les deux jeunes gens s’échangent, très analytiques, les autorisent à s’exprimer avec une liberté que n’auraient pas permise des circonstances ordinaires. Vera demande à Roland de ne faire aucune rétention d’informations. Elle veut connaître la réalité combattante dans ses moindres détails.
« Ta lettre écrite les 7, 8 et 9 avril est arrivée ce matin. Tu ne peux pas savoir à quel point elle m’a touchée. Je tremble à l’idée qu’au moment où je te lis tu es peut-être exposé au terrible danger de ces canons que tu as entendu tonner au loin, et malgré cela toutes mes peurs s’effacent devant l’espoir que je place dans ton avenir. Si seulement je pouvais les partager avec toi ! Je donnerais tout pour être un homme le temps que dure la guerre, et redevenir une femme, naturellement, au moment où elle se terminera. Si je pouvais voir avec toi le feu de l’artillerie et les fusées lumineuses qui s’élèvent des tranchées allemandes au lieu de me contenter de savoir que tu vois et entends ces choses, je crois que mon exultation bannirait toute peur. Il peut paraître facile de parler ainsi, mais je souhaiterais tant éprouver les contraintes physiques, les longues marches et même les nuits de corvées après des journées déjà beaucoup trop chargées. »
Chaque lettre reçue ou envoyée devient ce qui compte le plus au monde. Rarement, l’importance du courrier n’aura été aussi évidente à la lecture de Testament of Youth et de la correspondance publiée dans les années 80.
« Rien dans les journaux, pas même les descriptions les plus réalistes, ne m’a donné une idée de la guerre comme le font tes lettres.
Les tireurs embusqués, les balles, les tranchées allemandes à 80 mètres, l’imminence d’une attaque, avec tous ces dangers il semble presque impossible que quiconque puisse en réchapper. Si jamais tu es tenté d’accorder peu de prix à ta vie, n’oublie pas que tu as laissé derrière toi deux personnes qui lui accordent, elles, le prix le plus élevé. Comment peux-tu dire : « Ne vous inquiétez pas pour moi » ?
L’idée de Kingsley selon laquelle « les hommes doivent travailler et les femmes pleurer », même si elle est fausse, me semble valable pour le temps présent. Je m’acquitte autant que possible de la première action et ne me sens que très rarement encline à la seconde, mais j’avoue que celle-ci devient possible quand tu me dis que tu embrasses ma photo. »

Vera ne supporte pas d’être mise à l’écart. Son féminisme exige la vérité. A la fin des années 20, quand elle écrit son récit autobiographique, c’est le même souci de vérité qui l’anime. Elle cherche notamment à comprendre les raisons qui ont poussé Roland à s’engager et explore la notion d’héroïsme qu’il a toujours mis en avant. Les jeunes Britanniques issus des public schools sont imprégnés de cet « héroïsme abstrait » qu’ils ne parviennent pas toujours à définir mais qui n’en reste pas moins une des motivations premières à leur engagement.

Les étapes du deuil sont nommées et analysées, notamment le processus d’idéalisation du soldat tué au combat. Affectée dans un hôpital à Malte, Vera entreprend une correspondance assidue avec son frère et deux amis de celui-ci, Victor et Geoffrey, lesquels étaient également des amis de Roland. Pendant quelques mois, elle ne vit plus que par les liens qui se sont forgés au sein de cette petite communauté d’amitié. Quand elle apprend que Victor a été blessé et qu’il est devenu aveugle, elle décide de démissionner de son poste d’infirmière bénévole et de revenir en Angleterre pour l’épouser, estimant que c’est la seule façon pour elle d’être fidèle à ses amis et à la mémoire de Roland. Mais Victor meurt quelques semaines plus tard, tout comme Geoffrey, dont le corps ne sera jamais retrouvé. Vera réintègre le circuit du bénévolat hospitalier et se retrouve à Étaples, dans un des nombreux hôpitaux de la Côte d’Opale. Les conditions y sont particulièrement difficiles, surtout à l’approche de la grande offensive allemande du printemps 1918. C’est à ce moment-là que son père lui écrit pour lui demander de revenir soigner sa mère, tombée malade. Malgré l’indépendance qu’elle a acquise au cours des trois dernières années, le poids de son éducation la contraint à revenir au pays. Le télégramme annonçant la mort de son frère Edward sur le front italien arrive en juin.
Vera connaît à nouveau le deuil et sombre dans la dépression. Comme elle l’avait fait pour Roland, elle cherche à connaître les circonstances exactes de la mort d’Edward. Cette quête quasi obsessionnelle n’aboutit qu’à de maigres résultats, le colonel commandant l’unité d’Edward se contentant du discours stéréotypé qu’on tient en pareil cas à la famille. L’état de prostration dans lequel est plongée Vera continuera bien après l’Armistice. Cette réalité de la perte, dont des centaines de milliers de famille ont fait l’expérience, n’a que rarement eu le droit de cité dans la littérature de témoignage. Vera Brittain choisit de briser le silence et de dire précisément la douleur. Le succès de Testament of Youth s’explique en grande partie par cette parole dévoilée, qui a rarement pu être exprimée.

Le témoignage de guerre de Vera Brittain n’est pas seulement axé sur le deuil. Son expérience d’infirmière bénévole (V.A.D., Voluntary Aid Detachment) est largement documentée. Ayant travaillé dans plusieurs hôpitaux sur le sol britannique, à Malte et à Étaples, elle a une pratique diversifiée des soins hospitaliers militaires et peut dresser un tableau assez complet des conditions dans lesquelles les jeunes filles britanniques ont exercé leur mission pendant la Grande Guerre.

La lecture de Testament of Youth, du journal écrit pendant la guerre (Chronicle of Youth) et de la correspondance avec Roland, Edward, Victor et Geoffrey, permet de comparer différents niveaux d’écriture testimoniale et de dégager les problématiques associées à chacun d’entre eux. En 1939, elle comparait Testament of Youth « à une forêt dont on ne distingue pas les arbres, tandis que le journal permettait au contraire de voir les arbres un par un, sans perspective certes, mais avec davantage d’immédiateté. »

Francis Grembert, octobre 2015

4. Extrait traduit (Testament of Youth) : Les prisonniers allemands de l’hôpital 24 d’Etaples

« L’hôpital était d’un cosmopolitisme assez inhabituel, abritant entre autres des prisonniers allemands et des officiers portugais. De ces derniers, je ne me souviens de rien sauf de leur habitude de sauter en marche du tram qui rejoignait le Touquet pour aller se soulager la vessie à la vue de tous. La plupart des prisonniers étaient logés – si l’on peut utiliser ce mot – dans de grandes tentes, mais un marabout était réservé aux grands blessés. En août 1917, ses occupants – que l’on devait à Messines et à l’Yser – virent arriver de nouveaux venus, blessés pendant les récentes batailles du Saillant d’Ypres, au cours desquelles la Route de Menin et la Crête de Passchendaele avaient tristement gagné le droit à la postérité.
Bien qu’aujourd’hui encore nous nous targuions, il me semble, d’avoir traité les prisonniers en toute impartialité, il faut tout de même admettre que les tentes de ces derniers étaient souvent humides et que le personnel devenait rare dans le pavillon à chaque fois qu’il y avait une offensive, ce qui était presque toujours le cas. Une des choses de la guerre dont je me souviens avec le plus de plaisir est la disponibilité des infirmières et des bénévoles du pavillon des Allemands, qui préféraient subir une surcharge de travail plutôt que de négliger les prisonniers. A l’époque de mon arrivée, l’équipe du pavillon avait passé une consigne visant à supprimer les demi-journées libres, le personnel ne s’octroyant plus qu’une heure ou deux de repos quand se présentait une accalmie dans les soins à dispenser.
Avant la guerre, je n’étais jamais allée en Allemagne, et je n’avais quasiment jamais rencontré d’Allemands, à part deux-trois enseignantes à Sainte-Monica, que la petite provinciale que j’étais détestait sans réserve pour la simple raison qu’elles étaient étrangères. Il était donc un peu déconcertant de se retrouver lâchée, seule – les bénévoles commençaient une heure avant les infirmières – au milieu d’une trentaine de représentants de la nation qui, comme je l’avais entendu si souvent, avait crucifié des Canadiens, coupé des mains aux bébés et fait subir des « atrocités » innommables à de pauvres femmes vertueuses. Quand j’avais entendu ces récits, je n’y avais pas cru, du moins me semblait-il, mais finalement je n’en étais plus tout à fait sûre. En fait, je n’étais pas loin de m’attendre à ce qu’un ou deux patients sautent de leur lit pour essayer de me violer, mais je me suis vite aperçu qu’aucun d’entre eux n’était en mesure de violer qui que ce soit, l’effort démesuré qu’ils faisaient pour s’accrocher à une vie où la balance penchait déjà fortement du mauvais côté suffisait amplement à les occuper.
Au moins un tiers des hommes étaient en train de mourir ; les soins quotidiens ne consistaient pas à changer des bandes de gaze souillées mais à stopper des hémorragies, replacer des sondes intestinales et vider puis réinsérer d’innombrables tubes de caoutchouc. Attenant au pavillon, il y avait un petit bloc où tout au long de la journée un major opérait les cas difficiles. Basané de peau, il possédait des yeux bruns houleux et savait parler allemand. D’après ce qu’on m’a dit, il avait dirigé avant la guerre un hôpital allemand dans une quelconque région tropicale d’Amérique du Sud. Les deux premières semaines, j’ai travaillé sous ses ordres en compagnie d’une infirmière-en-chef au caractère accommodant. Notre entente était parfaite. Je me demande encore souvent comment nous pouvions boire du thé et manger des gâteaux dans la salle d’opération, ce que nous faisions régulièrement. La puanteur y était extrême, la température avoisinait les 35° et nous étions entourés de tas de pansements souillés et de restes humains. Après les « cas légers » que j’avais soignés à Malte, le pavillon des Allemands fut pour moi un véritable baptême de sang et de pus. »

Sources :
Testament of Youth, 1933
Chronicle of Youth (War diary 1913-1917),1981
Letters from a Lost Generation, Vera Brittain and four friends, 1998
Vera Brittain, a life, Paul Berry et Mark Bostridge, 1995

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Gillespie, Alexander Douglas (1889-1915)

1. Le témoin

Né à Linlithgow, en Écosse, Alexander Douglas Gillespie étudie au lycée d’Edimbourg avant d’entrer à Oxford en 1908, où il se distingue notamment en latin et en grec. Après avoir décroché sa licence, il ne poursuit pas ses études de lettres classiques bien qu’on lui prédise une carrière à l’université. Il opte pour une carrière juridique. Mais avant d’entamer son nouveau cursus en droit, il voyage avec son père pendant neuf mois autour du monde, visitant l’Afrique de l’Est, la Chine, le Canada et les États-Unis.
En août 1914, il se porte volontaire au sein du régiment écossais des 2nd Argyll & Sutherland Highlanders. Arrivé en France en février 1915, avec le grade de sous-lieutenant, il écrit de nombreuses lettres à sa famille et à ses amis. L’une d’entre elles, adressée au directeur de son collège universitaire, sera publiée dans la presse nationale et attirera l’attention de Kipling. Gillespie y évoque l’après-guerre et imagine l’aménagement d’une via sacra de la mer du nord à la Suisse. Cette immense voie sacrée deviendrait un lieu de pèlerinage en mémoire de tous les combattants tués au combat : « Ces champs sont sacrés et je souhaiterais que lorsque la paix sera revenue notre gouvernement trouve un accord avec le gouvernement français pour construire une longue avenue entre les Vosges et la mer, ou du moins, entre La Bassée et Ypres, à l’emplacement du no man’s land qui séparait les tranchées. » Alexander Gillespie est un homme dont la curiosité est sans cesse en éveil, et qui se démarque par des idées innovantes, qu’il n’hésite pas à mettre en pratique. C’est ainsi qu’il demande à la mère d’un ami, Isaac Balfour (qui sera tué aux Dardanelles), de lui faire parvenir un livre de botanique. Devant un abri, il plantera des graines de fleurs envoyées d’Angleterre.
Alexander Gillespie est tué le 25 septembre 1915 au cours de la bataille de Loos, à la tête de sa compagnie. Dans le paquetage d’Alexander se trouvait un exemplaire du Pilgrim’s Progress de Bunyan, célèbre ouvrage que beaucoup de combattants avaient emporté en France. Gillespie y avait souligné le passage suivant : « J’entrai alors dans la Vallée de L’ombre de la Mort. Pendant la première moitié de mon parcours, je ne vis aucune lumière. Je pensai que l’heure de ma mort était arrivée quand le soleil se leva et je poursuivis mon chemin avec beaucoup plus de sérénité. » Son frère Thomas était tombé un an auparavant dans le même secteur.

2. Le témoignage

Publié en 1916, le recueil de lettres d’Alexander Gillespie sera remarqué par les critiques, qui souligneront la qualité de l’écriture et l’originalité du contenu. Ceci dit, la préface rédigée par l’évêque de Southwark, Hubert Burge, n’échappe pas à l’hagiographie habituelle, avec la mise en avant des notions de devoir et de sacrifice, que l’on retrouve certes dans les lettres, mais nettement nuancées.

3. Analyse

Jour après jour, de février à septembre 1915, Alexander Gillespie écrit de longues lettres à sa famille où l’évocation de la routine militaire et de la vie dans les cantonnements se mêlent aux considérations plus générales sur la guerre et aux griefs contre les états-majors, le tout dans un style précis et clair. Le volume de la correspondance, plus de 300 pages pour sept mois, est révélateur du besoin impérieux d’écrire qu’éprouvent les combattants, notamment les sous-officiers qui viennent de quitter l’université. Les considérations littéraires ne sont pas rares mais l’essentiel réside dans une narration rigoureuse de la vie militaire, toutefois ponctuée de commentaires stratégiques, politiques ou sociologiques. Pour les étudiants qui se sont engagés sous les drapeaux, l’écriture quotidienne de lettres est une façon de lutter contre une routine militaire peu propice aux spéculations intellectuelles. Une des caractéristiques les plus singulières de cet ensemble de lettres est l’absence d’ancrage géographique. Aucun nom de lieu, des descriptions de villes et de paysages réduites au minimum, comme si Gillespie avec voulu suivre scrupuleusement les consignes des autorités militaires. Etant lui-même astreint à lire les lettres de ses hommes pour les censurer si nécessaire, il ne s’est pas octroyé le droit de prendre des libertés avec la censure dans ses propres lettres. L’impression qui s’en dégage est celle d’une grande région uniforme, vouée à la guerre, dont les spécificités géographiques ont été gommées. Le titre que l’éditeur a choisi pour le recueil est révélateur : Letters from Flanders. Les Flandres semblent ici s’étaler bien au-delà de leurs frontières habituelles.
Les trois extraits qui suivent donnent un aperçu de la teneur de cette correspondance. Celui daté du 24 septembre est tiré de la dernière lettre écrite par Alexander Gillespie. Il y évoque l’esprit de Thomas, qui l’accompagnera et l’aidera, espère-t-il, dans la bataille qui sera engagée le lendemain. Quelques semaines auparavant, il avait cherché la trace du château où son frère avait passé sa dernière nuit.

12 mai 1915 Les tranchées
Je viens de voir dans un hebdomadaire une photo pleine page avec pour titre : Comment à trois ils ont combattu cinquante Allemands et remporté la victoire, et au-dessous le détail de leur haut fait. Les trois héros appartenaient à notre régiment, ce qui nous a pour le moins surpris parce que nous ne sommes jamais allés à La Bassée, où leur exploit est censé avoir eu lieu. Quand on regarde attentivement la photo, on voit que les arbres sont bien en feuilles et que les soldats portent des guêtres et des bas de Highlanders, accoutrements que l’on n’utilise plus depuis un bon bout de temps. L’un d’entre nous a reconnu notre sergent préposé à la cordonnerie. Les deux autres étaient des hommes du train, qui n’évoluent qu’en seconde ligne. Ils sont en général à plus de cinq kilomètres des tranchées. Bref, l’histoire est un mensonge de A à Z. De lire ce genre de chose ne peut qu’amplifier notre méfiance envers les journaux. La photo a dû être prise pendant notre retraire l’année dernière.

30 juillet 1915 Cantonnement
Notre système de volontariat a un inconvénient majeur. Il incite la presse à essayer de convaincre les officiers et les hommes du rang qu’ils sont des héros. Comme ils sont venus se battre ici de leur plein gré, ils méritent le meilleur traitement possible. C’est ce qui est sous-entendu. En fait, ils ne font que ce que tout Français accomplit par obligation sans se poser de questions. Je considère qu’il faut encourager les hommes à se battre et leur donner le plus d’ouvrage possible quand ils ne sont pas en ligne. Il y a trop d’immobilisme ici. On ne tire pas sur les Allemands pour qu’à leur tour ils ne nous tirent pas dessus. Il faudrait faire feu sur toutes les cibles et viser juste, c’est la seule façon de terminer cette guerre. Nous savons que lorsque nous nous en donnons la peine, nous leur sommes supérieurs.

24 septembre 1915

Mon cher papa,
C’est ton anniversaire, je crois, mais je n’ai pas trouvé de cadeau pour toi dans ma tranchée.
(…) Sous peu, nous serons au coeur de la mêlée. Si nous attaquons, ma compagnie fera partie de la première vague d’assaut, et je serai vraisemblablement celui qui la commandera. Non que j’aie été spécialement désigné, mais quelqu’un doit le faire, et je suis le plus ancien de la compagnie. Je n’ai pas d’appréhension, car je serai entouré de tous mes amis, et si l’esprit peut voyager, et se rendre aux endroits où on a le plus besoin de lui, alors Tom lui-même (1) sera là pour m’aider et me donner du courage, car il faut conserver la tête froide, sans cela aucune attaque ne peut réussir. Je sais qu’il est tout aussi vain de courir des risques inutiles que de rester tranquille en arrière. Ce sera une belle bataille, et même quand je pense à toi, je ne voudrais pas en être absent. Te souviens-tu du poème de Wordsworth, Le Guerrier Heureux ? Je ne pourrais jamais atteindre un tel degré de bonheur dans cette guerre mais sache que je suis très heureux et quel que soit mon destin tu te souviendras de cela.
Bon, tout ce que l’on écrit à un moment comme celui-là paraît bien futile, parce que la langue ne peut exprimer tout ce que l’homme ressent, mais j’ai pensé qu’il serait bien de t’envoyer ces quelques lignes griffonnées à la hâte.
Tout mon amour filial, à toi et à maman,
Bey.
(1) son frère, tué au combat un an auparavant

4. Autres informations

Le frère d’Alexander, Thomas Gillespie (1892-1914), était également étudiant à Oxford et faisait partie de l’équipe universitaire d’aviron. Il avait participé aux Jeux Olympiques de 1912, où il avait décroché la médaille d’argent. Engagé dès le début de la guerre, avec le grade de lieutenant, il prend part à la bataille de l’Aisne. Tué le 18 octobre 1914 à La Bassée, il n’a pas de sépulture connue. Son nom est aujourd’hui gravé sur le mémorial du Touret. Le corps d’Alexander n’a pas non plus été retrouvé. Il est commémoré sur les panneaux 125-127 du mémorial de Loos. Alexander et Thomas étaient les deux seuls enfants de Thomas Paterson Gillespie et d’Elizabeth Hall Chambers. Les lettres de Thomas sont incluses dans le recueil d’Alexander, dont sa dernière, également adressée à leur père, datée du 16 octobre 1914.

Francis Grembert, octobre 2015

Source :
Letters from Flanders, written by 2nd Lieutenant A.D. Gillespie, Argyll and Sutherland Highlanders, to his home people, Smith, Elder & Co, 1916 (préface de l’évêque de Southwark : An Appreciation of two brothers)
The Spectator, 8 avril 1916

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Gurney, Ivor (1890-1937)

1. Le témoin

Né le 28 août 1890 à Gloucester, Ivor Gurney est fils de tailleur. Dès l’âge de dix ans, ses talents musicaux lui valent d’intégrer le chœur de la cathédrale de Gloucester. Peu après, il prend des cours d’orgue auprès de l’organiste de la paroisse.
En 1911, il quitte Gloucester pour suivre les cours du Royal College of music de Londres. Ses professeurs louent ses dons musicaux mais le jugent réfractaire à tout enseignement. Pour compléter ses maigres revenus, Gurney devient organiste à High Wycombe, dans le Buckinghamshire, où il se lie d’amitié avec la famille Chapman. Mr et Mrs Chapman, qu’il surnomme « Le comte et la comtesse », deviennent un peu ses seconds parents. Sa vulnérabilité, alliée à un caractère jovial et exubérant, attire la sympathie.
Au début de l’année 1914, Ivor Gurney revient pour quelques semaines à Gloucester, en proie au doute et à la haine de soi. Dès cette époque, son instabilité engendre régulièrement des crises de neurasthénie. Son étrangeté ne facilite pas ses rapports avec ses semblables mais elle le démarque aussi et attire l’attention de protecteurs. Il se lit ainsi d’amitié avec Marion Scott, violoniste et musicologue, qui l’aidera tout au long de sa vie à publier ses poèmes et fera jouer ses œuvres musicales.
Quand la guerre éclate, il se porte volontaire, par patriotisme, mais aussi dans l’espoir que la discipline militaire puisse le stabiliser. Mais il n’est pas accepté en raison d’une vue trop faible. En février 1915, quand les critères sont abaissés, il peut rejoindre le régiment du Gloucestershire. Le 25 mai 1916, les Glosters débarquent au Havre. Gurney est simple soldat et le restera jusqu’à la fin de la guerre. De mai à octobre, son bataillon occupe un secteur près de Laventie. Durant cette période, il envoie régulièrement des partitions à Marion Scott. Ivor Gurney est capable de composer sans avoir accès à aucun instrument de musique. Il écrit aussi des poèmes, que l’éditeur Sidgwick & Jackson acceptera de publier quelques mois plus tard sous le titre Severn and Somme. A la fin du mois d’octobre, son unité est envoyée dans la Somme. En février 1917, elle occupe le secteur d’Ablaincourt. En mai, Gurney est blessé au bras. Après deux mois passés dans un hôpital à Rouen, il rejoint le secteur d’Arras. Envoyé sur le front d’Ypres en août, Gurney est impressionné par l’intensité des tirs d’artillerie. En septembre, à Saint-Julian, devant le saillant de Passchendaele, il se réfugie avec des camarades dans un abri abandonné, où il est gazé, du moins le prétend-il. S’il a effectivement respiré du gaz à cet endroit, l’intoxication n’est toutefois pas prononcée. Il est cependant évacué au pays et échappe au service actif pour le reste de la guerre.
A l’hôpital de Bangour, près d’Édimbourg, Ivor Gurney tombe amoureux de son infirmière, Annie Drummond, mais celle-ci le rejette. Il sombre alors dans un de ces accès de désespoir qui lui sont malheureusement coutumiers, et ce malgré les bonnes critiques que reçoit Severn and Somme. La première édition du recueil est épuisée en très peu de temps. Après une nouvelle hospitalisation en février 1918 pour problèmes d’estomac, il reprend l’entraînement à la caserne de Brancepeth Castle. Mais la neurasthénie l’assaille à nouveau. Il se sent coupable de rester au pays pendant que ses camarades se battent en France. Le 28 mars, il écrit à Marion Scott pour lui dire qu’il est entré en contact avec l’âme de Beethoven. Sa santé mentale se détériore et il est admis à l’hôpital militaire de Warrington en juin. En octobre, il est déclaré inapte au service pour commotion.
Au lendemain de l’Armistice, Ivor Gurney réintègre le Royal College of Music. Après la publication de son deuxième recueil de poèmes, War Embers, en 1919, il connaît trois années de production musicale et poétique intense. Mais en 1922 il sombre définitivement dans la folie. Interné dans un premier temps à l’asile de Gloucester, il est ensuite transféré à l’hôpital psychiatrique de Dartford, dans le Kent. Il continue à écrire et à être publié, grâce à Marion Scott, qui lui rend régulièrement visite et le trouve « si clairvoyant dans sa folie que ça vous fend le cœur. » Si ses chansons n’ont plus la même qualité qu’auparavant, il n’en est pas de même pour ses poèmes, qui gagnent en force. Son esprit habite désormais le passé. Les poèmes qu’il écrit pendant ces années d’internement possèdent une immédiateté qui laisse à penser que la guerre ne s’est pas arrêtée pour lui. Il meurt de la tuberculose en 1937.
Ce destin tragique, allié à une poésie qui ne se souciait pas de perfection formelle, lui a valu d’être considéré comme un poète plutôt négligeable. Or, on trouve dans ses poèmes de guerre un ton et un art poétique tout à fait originaux. Leur précision quasi documentaire et l’emploi de l’argot militaire ont parfois déconcerté, d’autant plus qu’il ne recourait pas à l’ironie dont usaient de nombreux poètes-combattants. Longtemps considérée comme mineure, l’oeuvre poétique d’Ivor Gurney est aujourd’hui réévaluée. Il a également écrit plus de 200 chansons et composé de nombreuses pièces instrumentales.

2. Le témoignage

Le témoignage de guerre d’Ivor Gurney est principalement composé de poèmes et de lettres. Plusieurs éditions récentes les proposent dans leur intégralité. C’est Edmund Blunden qui attire pour la première fois l’attention du public sur ce poète oublié en publiant en 1953 une sélection de ses poèmes.

3. Analyse

a) Poésie
Son poème intitulé « First time » in relate sa rencontre avec un régiment gallois et son plaisir à écouter ces soldats aux accents chantants. Le pouvoir du chant, de l’accent, de la musique propre à toute langue, capable d’oblitérer le bruit des canons, est un thème récurrent dans ses poèmes, tout comme son attachement à sa terre natale : le Gloucestershire.
« Laventie » décrit l’atmosphère des tranchées et le quotidien du soldat dans une langue simple, où le procédé d’accumulation procure une sensation de proximité avec un monde où les réalités et les perceptions diverses cohabitent dans une sorte de chaos généralisé. Sa poésie est celle du particulier, du corps plutôt que de l’esprit. Une poésie impressionniste, sans colère, sans mythe, avec toujours la surprise du détail que l’on n’attendait pas.
Ses poèmes permettent aussi de suivre son parcours et d’observer son évolution. « Ballade aux trois spectres », écrit dans la Somme, laisse libre cours au sarcasme. Mais la camaraderie l’aide à tenir le coup. Comme tous les soldats, il est très affecté par la mort de ses camarades de tranchée. « To his love », exprime cette douleur sans pathos.
En mars 1917, à Caulaincourt, il écrit « Severn Meadows », qu’il met ensuite en musique. Au pays, Marion Scott s’occupe de sa publication. Pendant les périodes de repos, Ivor Gurney continue vaille que vaille à composer de la musique et à écrire des poèmes, notamment une série de rondeaux consacrés au quotidien du soldat.

b) Lettres
Les lettres qu’Ivor Gurney a envoyées de France révèlent une personnalité qui s’accommode difficilement de la discipline militaire mais dont le souci d’observation et l’originalité du regard aboutissent à une perception inédite de la guerre. L’extrait qui suit est de ce point de vue caractéristique :

… Mais oh, nettoyer ! Je suppose que je vis le même enfer que mes camarades ; et bien que je consacre autant de temps qu’eux à astiquer et à polir, les résultats – je dois l’avouer humblement – ne sont jamais à la hauteur de mes attentes. Aujourd’hui, le colonel est venu nous inspecter. J’attendais sa venue en tremblant car je savais que la crasse et la rouille accumulées pendant mes six semaines d’hôpital et ma convalescence n’avaient pas été éliminées, loin s’en faut. J’étais là debout, à attendre, un mouton parmi les chèvres (ou, non, plutôt l’inverse), que la foudre s’abatte sur moi. Arriva alors Celui-A-Qui-On-Doit-Obéir. Il me regarda, hésita, me regarda à nouveau, hésita une nouvelle fois, puis fut appelé par le sergent-major, lequel lui dit (alors qu’ils s’étaient éloignés de quelques mètres) : « Un bon soldat, mon colonel, qui ne pose pas de problème, mais c’est un musicien et il semble avoir quelques difficultés à rester propre. » Quand le sergent-major revint pour nous inspecter de dos, il gloussa et dit : « Ah, Gurney, j’ai bien peur qu’on ne fera jamais un soldat de vous. »
Je suis bien aise qu’ils aient enfin adopté ce point de vue ; cela leur a pris du temps ! Ce sergent-major est un type bath et mérite que je lui compose un triolet…
Francis Grembert, octobre 2015

Sources :
Ivor Gurney : Collected poems of Ivor Gurney, Oxford, 1982
War letters, Hogarth Press, 1984
Stars in a Dark Night, The Letters of Ivor Gurney to the Chapman family, Anthony Boden, Alan Sutton, 1986

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Aubry, Hélène (1889-1918)

L’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique, dans ses collections (APA 2943), possède quelques lettres et photos provenant d’Hélène Aubry, gouvernante en Russie, à Saint-Pétersbourg de 1910 à 1917, dont la mère se trouve à Montargis, et la fille, née hors mariage, en nourrice dans l’Aisne. Situation fort compliquée puisqu’il s’agit d’assurer la vie de l’enfant, au moment où la guerre éclate (Française et vivant en Russie, Hélène déteste les Allemands). La révolution vient rendre les choses encore plus compliquées. Hélène épouse un marin anglais bloqué à Saint-Pétersbourg, qui réussit à l’envoyer chez lui, à Hull où elle meurt en couches, à l’âge de 29 ans.
Rémy Cazals
* Note de René Rioul dans Garde mémoire, revue de l’APA, 2011, n° 10, p. 20.

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Evrard, Georges (1877-1916)

Né le 1er mars 1877 à Bar-sur-Aube (Aube). Études de médecine. En 1904, il termine sa thèse et se prépare à se marier. Militant à l’Action catholique de la Jeunesse française, il écrit à sa femme en 1912 que « le devoir urgent à l’heure actuelle, c’est de travailler de toutes ses forces à la restauration du Règne de Jésus-Christ ». Père de six enfants., il est mobilisé dès le 2 août 1914 dans le service de santé, une ambulance dans le secteur de Verdun. Gravement blessé comme médecin aide-major de 1ère classe au 168e RI, il meurt le 22 octobre 1916 à Sens. L’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique conserve de lui deux carnets de guerre et une centaine de lettres adressées à sa femme.
Du 2 août 1914 au 23 janvier 1916, le corpus de lettres ne représente pas la totalité, puisqu’il écrivait tous les jours, exprimant amour pour sa femme et affection pour ses enfants, donnant des conseils médicaux et surtout se préoccupant de leur éducation chrétienne. L’autocensure s’exerce ; il ne décrit pas les horreurs de la guerre, mais plutôt des promenades à cheval et la pratique de la photographie ; il ne signale pas son hospitalisation en septembre 1914. Ce sont les carnets qui en disent plus. Ils sont tenus régulièrement d’août à novembre 1914, beaucoup moins ensuite, et le deuxième carnet ne va pas au-delà du 4 mars 1915, peut-être en raison de la mort d’un de ses grands amis. Les carnets expriment les mêmes sentiments catholiques que les lettres et témoignent d’une pratique assidue : messe, communion, chapelet, etc. Il fréquente de préférence les ecclésiastiques, nombreux dans le service de santé. Il espère la victoire sur l’Allemagne, et une deuxième victoire, celle du Christ en France. Il admire le courage des hommes des tranchées, vivant dans des conditions abominables. Mais il lui arrive de critiquer les chefs et même certains de ses confrères qui ne prennent pas suffisamment soin des combattants. En ce qui concerne le service de santé, comme tous les médecins du front ou de l’arrière-front, il oppose les périodes de sous-emploi à celles où on est submergé par le nombre de blessés (voir Albert Martin, Prosper Viguier, etc.).
Rémy Cazals
* Fonds de l’APA n° 3051 et 3052. Notes de Michel Baur dans Garde mémoire, 2011, n° 10, p. 25-26.

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Murat, Lucien (1895-1917)

Né le 10 novembre 1895 à Larequille (Allier). Comptable à la Compagnie des mines de Brassac (Puy-de-Dôme), il est ajourné pour faiblesse par le conseil de révision d’octobre 1914, à son grand désespoir de patriote. Il réussit cependant à partir le 8 septembre 1915 et il dit apprécier la vie en caserne, la théorie, les exercices, la nourriture, la camaraderie. En janvier 16, montée vers le front avec le 98e RI et, la vie de tranchée à peine découverte, il faut rejoindre Verdun au plus fort de l’offensive allemande, du 7 au 19 mars, journées qu’il a largement décrites dans un de ses carnets, terminant par : « Avec l’aide de Dieu, nous en sommes revenus ! Merci ! » L’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique conserve de lui quatre carnets de guerre, des notes et autres documents, des lettres à sa mère et à sa sœur, et des photos. Lucien exprime toujours ses sentiments d’affection pour les siens, de fidèle catholique et de patriote optimiste. La dernière lettre est du 10 avril 1917 ; la dernière date du carnet est le 12 avril. Il disparaît au combat devant Saint-Quentin et il est déclaré décédé en date du 13 avril (Mémoire des Hommes).
Rémy Cazals
* Fonds de l’APA n° 2941. Note d’Isabelle Valeyre dans Garde mémoire, 2011, n° 10, p. 21-22.

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Mascaras, Paul (1894-1955)

Fils unique de bijoutiers d’Albi (Tarn), il naît à Toulouse le 5 septembre 1894. Études au lycée Lapérouse d’Albi, puis aux Beaux-Arts à Toulouse. Passionné de photographie. Catholique pratiquant. Devance l’appel pour pouvoir choisir son régiment et rester près de chez lui. La guerre le trouve donc au 15e RI d’Albi, où il a obtenu le grade de caporal. Commotionné par un bombardement en novembre 1914, il est évacué vers Lourdes, puis il effectue un stage à Nice avant de remonter comme sergent mitrailleur au 1er RI, puis sous-lieutenant. Il participe aux deux batailles de Champagne en 1915. L’année suivante, il est à Verdun en mars (côte du Poivre) et dans la Somme en août et septembre (Maurepas, Combles). Son régiment subit de lourdes pertes au cours de l’offensive Nivelle à Craonne et au plateau de Californie. D’août à octobre 1917, il appuie l’armée anglaise à Passchendaele. Il demande à être muté dans l’arme aérienne et l’annonce à ses parents dès janvier 1918 : « Je n’agis pas à la légère. Souhaitez que je rentre dans l’aviation. » Mais il doit encore, fin mars-début avril 1918, combattre pour la défense de Noyon au cours de l’offensive Ludendorff. À partir du 5 avril, tout change ; il passe de l’école d’aviation militaire de Dijon à l’école de pilotage de Levroux-Vineuil (Indre), où il bousille « un zinc qui ne volera plus, je vous l’assure », à celle de Pau et enfin à l’école de tir aérien de Biscarrosse. Le 11 novembre arrive alors qu’il n’est pas encore reparti vers le front ; son petit-fils pense que le choix de l’aviation, malgré les risques, lui a sauvé la vie. Après la guerre, il reprend le petit commerce familial, mais continue à s’intéresser à l’aviation civile comme instructeur et examinateur, ainsi qu’au rugby au Sporting Club albigeois.
Son petit-fils, Pierre, a retrouvé dans le grenier de la maison familiale une malle contenant le témoignage du combattant de 14-18 : deux carnets de route ; 1200 lettres adressées à ses parents ; 200 photos. Il a utilisé ce corpus en donnant des articles à la Revue du Tarn et en organisant, avec le service départemental de l’ONAC une exposition pour le Centenaire. Certaines de ces lettres furent ouvertes par le contrôle postal militaire, notamment en mai 1917, époque des mutineries, mais il n’y avait rien à censurer. Par contre, dans une autre lettre, du 19 juin 1915, deux pages sont caviardées, mais de façon tellement maladroite qu’on peut lire tout le texte sans trop de difficulté, un récit de fraternisation en première ligne, du côté de Sapigneul : « Nos tranchées sont parfois à 6 ou 8 mètres de distance. Je viens à l’instant de causer un petit brin avec les Boches qui nous disent qu’ils en ont assez. Ils viennent de m’envoyer un boîte de cigares et mes poilus, en échange ont envoyé deux journaux, Le Matin et Le Petit Journal ainsi que quelques billes de chocolat. Nous nous voyons car personne ne se cache et ne se tire un coup de fusil. » Les photos prises par le mitrailleur représentent son équipe et son matériel, sa cagna, un groupe de prisonniers allemands blessés à Maurepas, fin août 1916, des prisonniers transportant des blessés sur un brancard, puis quelques clichés du jeune pilote.
Rémy Cazals
* Articles de Pierre Mascaras dans la Revue du Tarn n° 188, hiver 2002, p. 637-656 et n° 196, hiver 2004, p. 695-710. Catalogue d’exposition, Fragments de Vie, Paul Mascaras, un Albigeois dans la Grande Guerre, Albi, ONAC, s. d., 54 p.

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Corsain, Joseph (1888-1916)

Né à Bourg-en-Bresse (Ain) le 1er septembre 1888. En 1914, il est marié et père d’une petite fille qu’il n’oublie jamais dans ses courriers, donnant à sa femme des conseils pour l’éducation de l’enfant. 52 cartes postales ont été conservées, sur lesquelles il donne de brèves nouvelles du temps, de sa santé, des déplacements, des ravages de la guerre. Sans oublier l’interrogation de tous les poilus : « Quand donc cela finira-t-il ? » Soldat de 1ère classe au 133e RI, il meurt de ses blessures le 12 septembre 1916, à l’hôpital de Neuilly (Mémoire des Hommes).
Rémy Cazals
* Fonds de l’Association pour l’autobiographie, n° 1925. Notes d’Anne Fleurot dans Garde mémoire, 2011, n° 10, p. 19.

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Chaléat, Louis (1877-1942)

Cultivateur, marié, deux enfants, il a 37 ans en 1914 (né à Livron, Drôme, le 3 septembre 1877). Ses lettres de guerre se préoccupent de « ce qui se passe au pays » et donnent à sa femme des conseils pour le travail agricole : « Maintenant, tu me dis que vous avez avancé votre travail et que vous pourrez enfin soigner votre bétail. Vous ferez comme vous pourrez, car il ne faut guère compter sur moi. Vous engraisserez les moutons et tout à votre guise ; pour le fourrage, s’il ne vaut pas d’argent, garde bien ce qu’il faut, mais les pommes de terre, vends-les, cela te débarrassera et te fera de l’argent. Maintenant, pour l’engrais aux fourrages, vous ferez comme vous l’entendrez, mais je te conseille pas d’en mettre si tôt, surtout à la Ramière, car s’il venait m’arriver malheur et que vous ne puissiez continuer, ce serait de l’argent perdu pour vous. »
Un long extrait (3 septembre 1915) éclaire la situation et les sentiments de Louis : « Ma chère Eugénie, j’ai reçu avec grand plaisir ta lettre en m’apprenant que vous êtes tous en bonne santé. Je puis vous en dire de même, je me porte assez bien quoique ayant tous les jours les jambes raides et les reins courbaturés. L’on ne peut de moins faire : il ne fait que pleuvoir, l’on est toujours mouillés, il faut que les effets se sèchent sur toi, tu es éloigné de tout endroit habité et tu ne peux te soigner. Et par comble de bonheur, le colis que tu m’as envoyé et qui m’aurait tant rendu service, je n’ai eu le plaisir d’en profiter, l’on me l’a volé dans ma musette du temps que je n’y étais pas. Par bonheur j’avais pris un picodon [petit fromage de chèvre] et le nougat. Ils ont répudié la petite boîte de thon, mais m’ont pris le saucisson et deux picodons. Et je te jure que quand je m’en suis aperçu, j’en aurais pleuré tant cela allait me rendre service et que toi tu te sacrifies et t’en prives ainsi que les enfants pour améliorer mon sort. Mais que veux-tu, jamais il ne m’avait rien manqué, mais il ne faut qu’un bandit pour faire ces tours-là ; mais avec cela, je ferai comme si j’en avais profité et je t’en remercie bien quand même. Tu me dis sur ta lettre que tu allais battre et que tu avais bien du tourment. Tâche de ne pas t’en faire trop et te soigner le plus possible, car il faut songer que tu as deux enfants à élever et qui ont encore besoin de toi et de tes conseils. Mais ce qui me console c’est que tu es capable d’en faire de bons citoyens. »
Les diverses lettres décrivent la vie « souterraine », dans des « terriers », sous la pluie ; la boue et les pieds gelés ; les rats, les poux, les puces qui « nous vont faire la guerre autant que les Boches ». Il faut vivre en pensant « que cette maudite guerre n’a pas de fin et tant qu’il restera un homme valide cela ne finira pas. Et pour en arriver à ce but, cela va être long et je te réponds que ceux qui sont été tués au début ont eu rudement de la chance car ils n’ont pas eu la souffrance que nous avons eue » (29 juin 1915). Comme beaucoup d’hommes des tranchées, Louis exprime la hantise d’une nouvelle campagne d’hiver (17 juillet 1915). Dès le 9 novembre 1914, il avait remarqué avec un grand bon sens : « Ce sera, je le crois, le plus qui pourra résister en vivres qui aura la victoire.»
Louis Chaléat (294e RI) a combattu dans la Marne, de l’automne 1914 à l’été 1915 ; après une période d’hospitalisation et de convalescence, il est revenu en 1916 en Champagne, dans la Somme et l’Aisne. Blessé au bras droit en juin 1917, il est resté handicapé par sa blessure.
Rémy Cazals
* Je suis mouton comme les autres, Lettres, carnets et mémoires de poilus drômois et de leurs familles, présentés par Jean-Pierre Bernard et al., Valence, Peuple libre et Notre Temps, 2002, p. 283-302.

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Puech-Milhau, Marie-Louise (1876-1966)

L’âme du réseau de Borieblanque, de 1940 à 1945, était Marie-Louise Milhau, épouse de Jules Puech (voir notice précédente), désignée souvent comme « la bonne fée » aussi bien par des correspondants de la Deuxième Guerre mondiale que de la Première. Elle est née à Castres (Tarn), dans une famille bourgeoise protestante qui a eu des revers de fortune ; c’est pourquoi, titulaire d’une licence, elle accepte en 1900 un poste d’enseignement à l’université McGill à Montréal (Canada), ce qui la met en contact avec le mouvement féministe américain. Revenue en France pour se marier en 1908 avec Jules Puech, un ami d’enfance, son travail intellectuel devient inséparable de celui de son mari dans les organisations en faveur de la paix. Sa connaissance de l’anglais et de l’allemand lui permet d’assurer, dans La Paix par le Droit, les comptes rendus de livres et la « revue des revues » en langue étrangère. De 1915 à 1918, son mari étant dans l’armée, elle le remplace dans ses diverses tâches et abat un travail de secrétariat considérable. Ses archives contiennent la copie de centaines de lettres adressées à diverses personnalités, à quoi il faut ajouter la correspondance quotidienne avec Jules.
D’un autre côté, elle a reçu et conservé dans trois boîtes marquées « Soldats 14-18 » environ 700 lettres à elle adressées par 75 correspondants : des membres de sa famille mobilisés ; des anciens élèves canadiens de McGill, eux aussi sur le front (l’un d’eux lui écrit : « You belonged to the days before things have got so topsy-turvy and unreal ») ; des prisonniers en Allemagne ; des poilus ayant toute leur famille en pays envahi ; et jusqu’à un Alsacien, passé en France à la fin de juillet 1914, engagé dans l’armée française, mais qui ne sait écrire qu’en allemand (voir la notice Auguste Bernard). Tous décrivent leurs conditions de vie et la remercient de toute sorte de bienfaits. Elle leur envoie des colis de nourriture et de vêtements, des livres, des mandats, avec toujours une lettre personnelle, appréciée de ses correspondants. « J’ai vu des camarades tout déçus de recevoir des colis sans la moindre pensée, ni un mot de sympathie, tandis que vous n’oubliez ni le corps ni l’âme », lui écrit Maurice Lévêque, PG à Giessen (30 avril 1918). Elle sait s’adresser aux œuvres pour venir en aide aux soldats, et elle participe aussi directement à la Sauvegarde des Enfants. Le mélange de bonté et d’efficacité quelle que soit la situation qu’on lui expose, qui caractérisera son action sous l’Occupation de 1940-44, est déjà sensible en 1914-18. Ainsi, elle réussit à réunir les membres de familles déplacées. Cherchant des nouvelles sur le sort d’un camarade, le maréchal des logis Charles Kuentz lui écrit (19 mai 1917) : « J’avais pensé à m’adresser au général Hébert, mais j’ai préféré m’en remettre à vous qui approchez tant de personnalités influentes et qui incarnez cet esprit de charité attentive grâce à quoi les déshérités de cette guerre ne se sentent pas absolument abandonnés. » Un autre la prie d’écrire à son officier une lettre de recommandation et s’en trouve bien (26 mai 1918) : « Vous pouvez penser avec quelle joie je constate être remonté dans l’estime du lieutenant. Je vous remercie donc de la lettre que vous lui avez adressée… » Elle réussit à faire affecter dans une usine en mai 1917 un ouvrier métallurgiste de 37 ans, Émile Baudens, père de quatre enfants, sur le front depuis le début : « Sa me semble au Paradis cher Madame, au si longtemps que je vivrée je penserait à vous », lui écrit-il. Le même a besoin de son soutien moral après la guerre. Le 4 mai 1919, il avoue : « Ma petite fille n’est plus la même, elle me dit de retourner [d’]ou je vient, ici ce n’est pas ta maison, elle a 8 ans. » Il conclut : « Il nous faudra 10 ans pour revoir la vie comme en temps de paix. »
Après la guerre, Marie-Louise Puech-Milhau est secrétaire de l’Union pour le Suffrage des Femmes et préside l’Union féminine pour la SDN ; elle est membre du Conseil international des Femmes et une personnalité marquante de l’AFDU (Association des Femmes Diplômées des Universités) section française de l’International Federation of University Women. Dans le cadre de ces diverses associations, elle voyage beaucoup à travers le monde et elle pourra faire jouer tous ses réseaux de relations en faveur des intellectuelles polonaises, tchèques, juives d’Allemagne et d’Autriche réfugiées en France en 1940 et menacées par la victoire des nazis. Son action est très bien documentée grâce à la conservation de milliers de pièces d’archives personnelles. Une école de l’agglomération albigeoise porte son nom.
Rémy Cazals, juin 2015

*Les archives de Marie-Louise sont déposées aux Archives départementales du Tarn. Voir Magalie Amiel, Paroles de poilus, Lettres reçues par Marie-Louise Puech-Milhau pendant la Grande Guerre, mémoire de maîtrise, Université de Toulouse-Le Mirail, 2001, 182 p. Et Rémy Cazals, Lettres de réfugiées, Le réseau de Borieblanque, Des étrangères dans la France de Vichy, Paris, Tallandier, 2003, 471 p. [réédition limitée pour l’association Les Audois en 2016, disponible à cette adresse : Les Audois, BP 24, 11020 Carcassonne Cedex]. Voir aussi Marie-Louise et Jules Puech, Saleté de guerre ! Correspondance 1915-1916 présentée par Rémy Cazals, éditions Ampelos, 2015, 572 p. Voir l’article » Paris 1916″ sur le site de la Mission du Centenaire de la Grande Guerre. Il a été question de Marie-Louise Puech dans des colloques tenus à Paris en 2014 et à Gênes en 2015 dont les actes sont en cours de publication.

* Voir dans Cahiers d’études germaniques n° 71 (2016) les articles de Rémy Cazals, « Comment tromper la censure. Correspondance 1915-1916 de Jules et Marie-Louise Puech », p. 151-157, et de Françoise Knopper, « Un épistolier alsacien dans la Grande Guerre », p. 159-169.

* Il est également question de Marie-Louise dans les conclusions de Rémy Cazals au colloque franco-canadien de 2014 à Ottawa et 2015 à Paris : Le Canada et la France dans la Grande Guerre 1914-1918, sous la direction de Serge Joyal et de Serge Bernier, Montréal, Art Global, 2016, 650 p. [p. 633-644].

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