Le plus jeune des trois frères Fangeaud d’Oran engagés dans la Première Guerre mondiale (voir les notices de François et Émile Fangeaud). Cinq lettres de lui à ses parents sont reproduites, avec quelques photos, dans La Lettre du Chemin des Dames n° 34, mars 2015, p. 21-23. Après François, tué près de Soissons le 8 janvier 1915, Jules est mort le 10 mai 1917 au Mont des Singes. Peut-être à la suite des conseils de ses frères d’éviter l’infanterie, il avait choisi de s’engager en juillet 1915 au 2e régiment de cuirassiers. On le retrouve au 40e régiment de tirailleurs sénégalais à Dakar et en Guinée, puis au 23e colonial dans la Marne. Il aurait été cassé de son grade de caporal lors de l’offensive de la Somme en 1916. Les cinq lettres reproduites précèdent de peu sa mort.
Le 12 avril 1917, en décrivant les « vraies montagnes d’obus » en prévision de l’offensive Nivelle, il pense que « la victoire nous est certaine », d’autant que les Allemands crèvent de faim jusqu’à manger les chiens. Le 19 avril, l’offensive ayant échoué, le ton est moins optimiste : « Nous avons eu des pertes, je vous raconterai tout cela lorsque j’irai en permission. » Le 24 avril : « Nous en avons tous marre car nous ne voyons que jamais cela finira. » Le 4 mai : « Comme nous sommes des régiments d’élite (les coloniaux), il faut que nous fassions plus d’attaques que les autres, mais je crois que cela ne va pas durer car on en a déjà tous marre et un de ces jours ça va barder. » La lettre du 7 mai signale que les prisonniers allemands disent eux aussi qu’ils en ont marre. « J’ai toujours espoir de revenir de cette guerre », conclut-il. Jules Fangeaud est tué trois jours plus tard.
Rémy Cazals, avril 2016
Creugnet, Georges
La Lettre du Chemin des Dames de mars 2015 (n° 34) a publié des documents concernant les frères Fangeaud d’Oran. Georges Creugnet y figure (p. 19-20) comme l’auteur de lettres adressées à Émile Fangeaud à propos de la mort de son frère François (voir la notice François Fangeaud). Ces six lettres, du 9 janvier au 4 février 1915, sont un bon exemple de la façon de faire connaitre une mauvaise nouvelle avec des ménagements. Ainsi, le 9 janvier, annonce-t-il que François a été blessé et qu’il ira le voir à Soissons où il a été évacué. Le 12 janvier, il écrit qu’il vient d’aller voir François, que sa blessure « est affreuse ». Le 13 janvier, le blessé serait à la dernière extrémité, mais il reste encore un espoir. Les autres lettres reconnaissent finalement que François a été tué dans l’attaque du 8 janvier. Le 4 février, Creugnet ajoute à l’intention du jeune frère en âge de participer à la guerre : « Ne fais pas l’imbécilité de venir. » Il rejoint ainsi une expression de François dans sa dernière lettre à Émile : « Ne fais pas l’imbécilité d’être volontaire en quoi que ce soit. »
On sait seulement que Georges Creugnet, d’Alger, était le caporal de l’escouade de François Fangeaud.
Rémy Cazals
Fangeaud, François (1893-1915)
Les trois frères Fangeaud, d’Oran, sont venus combattre en France. La Lettre du Chemin des Dames de mars 2015 (n° 34) a publié plusieurs documents les concernant, avec quelques photos (p. 16 à 23). Voir les notices Fangeaud Émile, Fangeaud Jules et Creugnet Georges.
François était commis postier vers 1910. En 1913, il faisait le service militaire dans le Génie à Montpellier. Après un séjour à Timgad, il s’embarque pour Marseille et arrive au 2e Génie vers Soissons. Il est tué le 8 janvier 1915 à Vauxrot, au premier jour de la bataille de Crouy.
Sa lettre du 9 décembre 1914 évoque la proximité des deux lignes ennemies et la peur éprouvée sous les balles et les obus. Le 25 décembre, il décrit un colonel donnant ordre à quelques soldats de sortir de la tranchée pour aller couper les fils de fer en préalable à une attaque : « Ils hésitent un peu car c’est la mort certaine qu’ils voient devant eux, le colonel leur renouvelle l’ordre et les menace de les faire fusiller sur le champ. » Les camarades sortent et sont fauchés par les mitrailleuses, de même qu’une deuxième équipe : « Notre attaque a complétement échoué et bénéfice net une centaine de blessés et une trentaine de morts. »
Le repas du 1er janvier, grâce aux colis reçus et mis en commun, apporte un dernier moment de joie. Le 7 janvier, il écrit à son frère Émile qu’il s’agit peut-être de sa dernière lettre car une attaque est prévue pour le lendemain « au petit jour » : « Je vois la peine que vous aurez s’il m’arrivait malheur, j’ai eu jusqu’à présent du courage et j’en aurai jusqu’au bout car je suis algérien et avant tout français et je tiens à défendre mon pays lâchement attaqué par cette maudite race teutonne. » Et il donne la liste des personnes à prévenir en cas de décès.
Il peut cependant écrire encore à son frère le lendemain matin : « J’en ai marre d’être dans les tranchées depuis près d’un mois sans y sortir ; ce n’est pas le filon et j’ai un conseil à te donner : si tu peux rester à Hussein-Dey, restes-y, ne fais pas l’imbécilité d’être volontaire en quoi que ce soit ; demande plutôt d’aller à Ghardaïa ou à Biskra que de venir en France, car le plus mal que tu puisses être dans le bled, tu seras bien mieux qu’à ma place car ce n’est plus une vie que nous menons, étant à chaque moment exposés aux plus grands dangers ; lorsque nous étions à Kouba, il nous tardait de partir, mais maintenant que l’on y est il nous tarde de revenir. »
La contradiction de ton entre les deux dernières lettres s’explique par le fait que celle du 7 janvier, destinée à être lue par toute la famille, doit conserver une dimension patriotique affichée. Celle du 8 décrit la réalité de la situation et des sentiments de François et s’adresse uniquement à son frère afin de lui donner des conseils de sauvegarde personnelle.
Une série de lettres de Georges Creugnet, camarade de François Fangeaud, adressées à Émile entre le 9 janvier et le 4 février 1915, constitue un bon exemple de la façon d’annoncer avec précaution une mauvaise nouvelle (voir la notice Creugnet). En fait, François Fangeaud a été tué sur le coup le 8 janvier vers 10 heures, au cours de l’attaque.
Rémy Cazals
Duhamel, Marcel (1885-1970)
Quatorzième et dernier enfant d’une famille de cultivateurs normands demeurant à Brionne, dans l’Eure, Marcel Duhamel quitte très jeune sa famille pour aller travailler à Paris. En 1914, il est devenu propriétaire d’un magasin de cycles et motos situé dans le 17e arrondissement, au 16 de la rue Jouffroy.
Mobilisé le 3 août, célibataire, il doit fermer son magasin pour rejoindre le 22e Régiment d’artillerie à Versailles. Son grade de maréchal des logis lui permet d’être choisi comme agent de liaison cycliste pour l’état-major du groupe.
Débarqué à la gare de Laon, le régiment équipé de canons de 75 se dirige vers la frontière belge, jusqu’au pont de Solre-sur-Sambre atteint fin août. Commence ensuite la retraite harassante vers le sud jusqu’à Villers-Saint-Georges, près de Provins. À partir du 8 septembre, le régiment remonte vers le nord et s’arrête devant Berry-au-Bac, où il reste dix-sept jours. Se retrouvant sans directives après la mort de ses chefs, Marcel Duhamel laisse sa fonction de cycliste et prend d’autorité la place de chef de la 7e pièce (3 caissons, 18 hommes, 20 chevaux) de la 24e batterie.
D’octobre 1914 à mai 1915, il est cantonné dans le secteur de Suzanne-Maricourt, près de Péronne. Par amitié pour un brigadier, il accepte d’échanger sa place de chef de la 7e pièce pour devenir chef de la 3e pièce, à la batterie de tir. Une attaque contre les positions allemandes menée en décembre se solde par un échec. En mai 1915, il quitte ce secteur pour participer à l’offensive d’Artois. Dix des douze canons y seront détruits. En septembre 1915, il participe à l’offensive de Champagne et, en juillet 1916, à l’offensive de la Somme. Le 7 juillet, fortement commotionné et atteint de surdité, il est mis au repos dans une unité anti-aérienne.
C’est seulement à la fin de sa vie, vers 1968, que Marcel Duhamel rédige ses souvenirs des années 1914-1916 à la demande de son fils. Publié par la famille en 2014, le récit est complété de divers documents (photos, citation attribuée le 15 juillet 1916, carte retraçant l’itinéraire de son régiment). Rien n’est dit de ses années d’après-guerre sinon qu’en 1956 il était le président des Anciens Combattants de Brionne.
Le titre de la publication, Ça jamais, mon Lieutenant !, reprend un cri du cœur exprimé par Marcel Duhamel pendant la retraite de 1914 : un lieutenant lui demandait d’utiliser son revolver pour empêcher les fantassins (épuisés de fatigue et ne pouvant plus marcher) de s’asseoir sur les caissons de l’artillerie tirés par des chevaux ; certains s’endormaient, tombaient et passaient sous les roues des voitures suivantes. La réponse vigoureuse de Marcel Duhamel décontenança le lieutenant. La description de la retraite rapportant l’épuisement des hommes et des chevaux, le manque de ravitaillement et de sommeil, les villages incendiés, correspond au témoignage donné par Paul Lintier, maréchal des logis au 44e RAC, dans Ma pièce.
Plusieurs remarques mentionnent les souffrances endurées par « les pauvres fantassins » ; ainsi, pour réconforter un canonnier : « Je le consolai de mon mieux et lui remontai le moral en lui faisant valoir la chance qu’il avait de ne pas avoir été versé dans l’infanterie ». Il note l’efficacité du matériel allemand, comme les obus explosifs, ou l’importance du réseau de barbelés que les Allemands mettent en place la nuit en toute sécurité contrairement aux Français, vite repérés par les fusées éclairantes allemandes. Il relate un malheureux tir, qui a tué un fantassin français dans la tranchée de première ligne ; l’erreur résultait de ce que les obus, à poids égal, n’avaient pas tous la même puissance de tir selon qu’ils provenaient de tel ou tel fournisseur. À la fin de ses souvenirs, il ironise sur les officiers qui restaient dans leurs abris pendant les canonnades, et s’indigne de l’attribution des médailles à des soldats non méritants : « Puis j’ajoutai que, de ce jour, je considérais que la Croix de Guerre avait été instituée, non pour récompenser, mais pour décourager les meilleures volontés. »
Issu du monde rural, Marcel Duhamel a conservé un regard bienveillant sur les vaches ou les chevaux, et note l’intelligence d’un cheval rentré seul aux échelons, signalant ainsi la mort du lieutenant qui le montait.
* Marcel Duhamel, ça jamais, mon Lieutenant ! Guerre 1914-1918, Paris, L’Harmattan, « Mémoires du XXe siècle – Première Guerre mondiale », 2014, 77 p.
Isabelle Jeger, avril 2016
Planté, Alban (1882-1919)
Né à Valence-sur-Baïse (Gers), le 16 avril 1882. Études au séminaire d’Auch. Curé de Margouet-Meymes. Nommé à Cassaigne le 18 avril 1914, il ne peut occuper son poste que pendant quelques mois car il est mobilisé et affecté à la 17e section d’infirmiers militaires de la 67e division de réserve (celle du docteur Voivenel, voir ce nom).
Henri Faget a retrouvé dans sa famille et autour les lettres envoyées à ses paroissiens notables par le curé devenu soldat (« déguisé en soldat », comme il le dit lui-même dans sa lettre du 28 août 1914, lettre qui demande aussi des nouvelles de « Monsieur Maurice », Maurice Faget, fils de ses correspondants principaux, et père d’Henri). Voir la notice Faget Maurice. Les lettres sont réunies dans un petit livre à compte d’auteur d’Henri Faget, publié sous le titre Alban Planté, Lettres d’un prêtre-soldat à ses paroissiens, avril 1914-décembre 1916, chez l’auteur (henri.faget459@orange.fr), 2014, 102 p.
Dans ses lettres, le curé emploie un ton de respectueuse et amicale plaisanterie. Il se préoccupe de la décoration de sa chère église ; il lance quelques piques à certains confrères à propos du denier du culte. Il demande l’envoi de son calice pour pouvoir dire la messe, mais il doit y renoncer car le paquet risquerait de s’égarer. De Cassaigne, ces dames lui envoient une étrenne qu’il utilise pour venir en aide à une famille éprouvée (p. 46 et 50). Lors des grandes fêtes chrétiennes, il adresse des lettres pastorales à ses paroissiens pour les réconforter.
Au début de la guerre, il passe quelque temps à Toulouse (p. 10), mais il arrive à Suippes en Champagne le 16 août, il gagne l’Argonne, puis se replie vers Verdun avant que la victoire de la Marne ne rétablisse la situation (p. 88). Il écrit : « Les services de la voirie n’ont plus de secrets pour moi, puisque j’ai passé un peu par tous : j’ai raclé la boue, cassé des cailloux, curé des fossés, enlevé des fumiers, déchargé du sable et du ciment, charrié du gravier avec la brouette pour la reconstruction d’un pont. […] Enfin, le 8 décembre, j’étais à ma grande joie affecté comme infirmier-major à la salle des fiévreux dans notre ambulance de Sommedieue. » Il lui arrive de dormir dans un grenier infesté de souris et de rats (p. 30-31), mais il est souvent accueilli dans des couvents (p. 20 et 38) car « les bonnes sœurs n’ont pas voulu que je couche dans le foin ».
Les lettres contiennent une fois l’expression « maudite guerre » (13 novembre 1914, p. 30), et reconnaissent l’existence du « cafard » qui est l’équivalent du spleen ou de l’ennui (p. 35). Mais il ne cesse de dire que la santé morale de l’armée est bonne (30 octobre 1914), que les soldats sont étonnants d’enthousiasme (17 janvier 1915), alors que les Allemands connaissent la faim (d’après la lettre d’un prisonnier qui aurait écrit : « assi lou pan coummenço à manca »). D’un autre côté, c’est Dieu qui dirige les opérations : « les fautes de la France pèsent bien lourd dans un plateau de la balance de Dieu », mais cela peut être compensé par les pleurs, les prières, les sacrifices (p. 25). Dans tous les cas, le Christ aime les Francs (p. 43) et Dieu ne voudra pas imposer à la France des épreuves trop dures (p. 47). Quant à la religion, « elle nous réconforte en ce sens qu’elle nous apprend à accepter la souffrance de la main de Dieu (p. 49).
La lettre pastorale pour être lue le 25 décembre 1915 (p. 75-80) revient sur « le courage incontestable de nos valeureux soldats et le génie incontesté des chefs qui les commandent ». Elle expose les raisons de ne pas faire la paix « dans l’état actuel des choses » et elle souhaite « que notre Patrie sorte de l’épreuve actuelle grandie moralement aux yeux du monde entier ».
La lettre du 5 avril 1916 est envoyée de Dax où le curé Planté est soigné par les Pères Lazaristes. Son état de santé s’est dégradé à un tel point qu’il a été évacué. De là, il s’insurge contre la « rumeur infâme » exposée par un journal de Toulouse (La Dépêche, dont il ne cite pas le titre) qui prétend que les prêtres ne font pas leur devoir militaire de Français. « Tous les prêtres-soldats de France ont magnifiquement rempli jusqu’au bout le rôle qui leur a été départi au début de la campagne. » Que les journalistes qui font la guerre à Toulouse viennent passer quelque temps dans les tranchées !
La dernière lettre retrouvée, de décembre 1916, envoyée aux paroissiens, évoque son départ pour l’armée d’Orient. Il en profite pour faire l’histoire des premières années du siècle, ouvertes par l’Exposition universelle et les affirmations de « Science, Civilisation, Progrès ». Mais « la principale préoccupation était le plaisir ». Puis on a voulu chasser les congrégations et imposer la loi de Séparation « pour étrangler l’Église de France ». C’est le danger de la Patrie et la guerre qui ont fait retrouver l’union.
Henri Faget nous informe qu’aucune autre lettre n’a été retrouvée. Revenu à son presbytère de Cassaigne, Alban Planté y est mort le 5 avril 1919.
Rémy Cazals, avril 2016
Gavrilenko, Stéphane Ivanovitch (18..-1968)
Originaire de Taranov, village cosaque du Kouban. Caporal dans le corps expéditionnaire russe envoyé combattre en France en 1916. Il avait une certaine instruction lui permettant de rédiger un carnet bien développé, d’écrire des poèmes et une courte pièce de théâtre. D’après Rémi Adam, il serait le seul homme de cette troupe dont les carnets de guerre nous sont parvenus. Il s’agit de trois cahiers qui rendent compte de la période du 1er janvier 1916 au 27 mai 1917 ; la pièce de théâtre est datée de l’automne 1917. Ces textes montrent l’évolution de sa pensée, depuis une adhésion totale au tsar jusqu’à la révolte. Le texte, traduit du russe, est présenté par Rémi Adam, avec l’aide de Jean Gavrilenko, fils de l’auteur : Rémi Adam, Le journal de Stéphane Ivanovitch Gavrilenko, Un soldat russe en France 1916-1917, Toulouse, Privat, collection « Destins de la Grande Guerre », 2014, 189 pages, illustrations.
Rémi Adam donne d’abord une introduction « didactique » sur l’histoire du corps expéditionnaire russe : sa formation ; le voyage, l’arrivée en France, le front ; la chute du régime tsariste ; l’offensive d’avril 1917 et la décomposition du corps expéditionnaire ; la manifestation du 1er mai 1917.
La première partie du journal concerne le voyage de Saratov au camp de Mailly (43 pages du livre) : « l’immense Sibérie » ; les traces de la guerre russo-japonaise en Extrême-Orient ; le périple en mer ; les rues de Colombo ; la mer Rouge ; le canal de Suez. On assiste à des manifestations de fidélité au tsar (« Longue vie à Sa Majesté Impériale Nicolas Alexandrovitch ») ; on chante à la messe avec ardeur. Le 12 avril, le bateau arrive en France, et les Russes reçoivent un accueil chaleureux de « la merveilleuse Marseille ». Puis c’est en chemin de fer qu’ils découvrent la « beauté » et la « splendeur » de la France, toujours ovationnés par la population. Le 15 avril, au camp de Mailly, il note : « Nous n’avions aucune envie de sortir de ce rêve féerique qu’avait été notre voyage. »
La période qui va jusqu’en février 1917 constitue une seconde partie. Peu après l’arrivée à Mailly, on célèbre par une parade la fête patronymique de Sa Majesté l’Impératrice Alexandra Feodorovna, puis une visite de Poincaré, puis encore « le jour du couronnement de Leurs Majestés Impériales », et la fête de la Sainte-Trinité. Mais un poème de mai 1916 est consacré à la triste mort d’un soldat russe « en terre étrangère » et un autre aux belles années de sa jeunesse qui « sont restées en Russie ». Des descriptions plus terre à terre sont également présentes : les maisons closes près du camp ; les exercices, les vaccinations ; l’attribution de marraines de guerre ; le système des tranchées, les bombardements, les attaques. La période est entrecoupée par un séjour à Paris autour du 14 juillet. Les Russes font du tourisme, découvrent le métro et le tombeau de Napoléon. La fin de 1916 est marquée par des critiques de plus en plus dures des officiers, lâches et brutaux, et des Français qui traitent les Russes comme des chiens (p. 127). Dès lors, un poème dit clairement « On en a marre ». Il faut fêter Noël en pays étranger, loin de sa famille, pour mener une « guerre ruineuse et insensée » (p. 130). En février, il s’élève contre les chefs, buveurs du sang des soldats.
Lorsque les soldats russes en France apprennent l’abdication du tsar, celui-ci n’est plus « Sa Majesté Impériale » mais « le souverain russe Nicolas II ». Pour Stéphane Ivanovitch, le gouvernement provisoire « s’efforce d’établir pour les Russes la liberté et la citoyenneté ». « Un tel événement nous causa de la joie. Nos chefs au contraire étaient mécontents à un point qu’on ne peut décrire. » Ces derniers doivent s’incliner devant le comité de soldats qui prend position contre les punitions. L’offensive désastreuse du 16 avril aggrave le mécontentement. Les comités réussissent à organiser une grande manifestation, le 1er mai, où les orateurs, simples soldats, exaltent la liberté de la Russie et obligent un colonel à demander pardon pour son attitude passée. Le 17 mai, lorsqu’on leur donne l’ordre de reprendre les exercices avant de retourner au combat, les comités décident de ne pas obéir « aussi longtemps qu’on n’aurait pas amélioré les conditions de vie du soldat et ses lieux de cantonnement ».
Le journal de Stéphane Ivanovitch ne va pas au-delà du 27 mai ; la courte pièce de théâtre qu’il a écrite et qui a été jouée devant ses camarades à l’automne 1917 se termine pas ces mots « Défends à fond ton comité ».
« En guise d’épilogue », Rémi Adam évoque le corps expéditionnaire russe après la révolte du 1er mai 1917, la mutinerie du camp de La Courtine et sa répression, le devenir des soldats russes. Stéphane Ivanovitch accepte de travailler en France comme cultivateur en Haute-Saône. Le rapatriement est tardif. Gavrilenko reste en France, se marie et devient ébéniste dans la région de Belfort. En 1967, avec son fils, il peut retourner pour la première fois au Kouban où il rencontre des membres de sa famille. Il meurt en janvier 1968.
Rémy Cazals, avril 2016
Buat, Edmond (1868-1923)
Bergey, Daniel Vivien Michel (1881-1950)
Né le 19 avril 1881 à Saint-Trélody, près de Lesparre, dans le Médoc, département de la Gironde. Fils d’un bordier (salarié agricole) et d’une domestique. Vicaire de son oncle à Saint-Émilion en 1906, il lui succèdera comme curé en 1920 et le restera jusqu’à sa mort. Avant 1914, militant actif contre la loi de Séparation des Églises et de l’État et contre la franc-maçonnerie. Aumônier à la 36e DI pendant la guerre, blessé en janvier 1915 sur le Chemin des Dames. Créateur, principal auteur et éditeur du journal de liaison des poilus de Saint-Émilion et des environs (au sens large), Le Poilu St Émilionnais. Le premier numéro du journal n’est pas daté ; la première date apparaît avec le numéro 4, le 3 juillet 1915 ; son « tirage intermittent » le porte jusqu’en février-mars 1919, numéro qui annonce sa « mort joyeuse » puisque les combats ont cessé.
Le journal contient d’abord une série d’articles de fond, la plupart écrits par l’abbé Bergey lui-même. Ils établissent les bases du patriotisme ; ils défendent la famille et toutes les valeurs chrétiennes. Si certaines choses vont mal dans la guerre, ce n’est pas de la faute des chefs militaires, mais des hommes politiques. Amour de Dieu et Amour de la France ! Honneur au poilu et Honte aux embusqués ! On donne des nouvelles des poilus, vivants, blessés, prisonniers, et de la vie à Saint-Émilion. On signale les morts, en reproduisant parfois leur photo. Pour faire supporter les mauvaises conditions de vie pendant la guerre, des articles disent « mort au cafard ». On plaisante sur la nourriture et la boisson. À partir du n° 7, du 25 octobre 1915, le dessin-titre en première page montre un poilu agitant une bouteille de saint-émilion vers les lignes ennemies où les Boches paraissent prêts à se rendre pour venir en boire (variante du thème des Allemands qui se rendent pour une tartine de confiture). Des caricatures agrémentent les pages, ainsi que de petites histoires à l’humour appliqué signées de pseudonymes hilarants comme K. Lotin ou K. Rafon (on trouve même Bismuth comme pseudonyme !). À partir de Noël 1917, apparaissent des textes en basque, en patois béarnais et en patois du Médoc, mais la grande majorité des pages sont en français.
Ce journal conçu sur le front peut-il être qualifié de « journal de tranchée » ? D’une part, il est imprimé, et bien imprimé, à Bordeaux. D’autre part, si on estime son tirage à 200 exemplaires d’abord, puis peut-être 500, on ignore s’il était principalement lu dans les tranchées ou du côté de Saint-Émilion. On ne distingue sur les pages aucune trace de censure extérieure mais, bien sûr, l’autocensure du rédacteur est évidente. Il ne dit rien qui puisse fâcher les autorités militaires et il ne parle surtout pas des mécontentements profonds des soldats et des mutineries.
C’est une initiative très originale de la mairie de Saint-Émilion (Gironde) que d’avoir réuni en un volume de format 21 x 27 la collection complète en fac-similé du journal du front édité par l’abbé Bergey de 1915 à 1919, ainsi que ses suppléments Nos Filleuls et Le Rayon. Le livre a pour titre Le Poilu Saint-Émilionnais, présenté par Mireille Lucu, Saint-Quentin-de-Baron/Saint-Émilion, Les Éditions de l’Entre-deux-Mers/Ville de Saint-Émilion, 2014, 460 p. Le livre est présenté par un texte de 55 pages de Mireille Lucu, agrégée d’histoire. Il est bien documenté sur l’histoire locale de Saint-Émilion et sur la 36e DI en guerre, résumé qui n’occulte pas les mutineries de 1917. Le projet a reçu le label et le soutien de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale.
Rémy Cazals, mars 2016
Bonfils, Louis (1891-1918)
Né à Montpellier le 12 décembre 1891 d’un père tailleur de pierres et d’une mère sans profession. Félibre, il écrit en 1911 la pièce Jout un balcoun en collaboration avec son ami Pierre Azéma, du même âge. Les deux amis auraient également été membres du Sillon. Le témoignage disponible est la transcription par Azéma des lettres en occitan que lui adressait Bonfils, dit Filhou. Les originaux ont disparu. On sait qu’Azéma a effectué des coupures. On ne sait pas s’il a apporté des modifications. Bonfils a commencé la guerre comme sergent au 163e RI, au milieu de Méridionaux, en Alsace, dans le Nord, puis dans les Vosges. Son évacuation pour maladie à l’hôpital de Toul en août 1915, et sa convalescence à Montpellier, lui ont permis d’échapper à la sanglante offensive de septembre. À Nuits-Saint-Georges, il a visité les caves et rencontré des demoiselles à marier. En novembre, il est envoyé au 319e RI à Coeuvres, Port Fontenoy et Nouvion. C’est un régiment normand et il doit faire du « félibrige sans la langue ». Il compare le Méridional, qui est son propre maître, au type du nord de la Loire employé dans les « usinasses ». Il est blessé en avril 1917. Promu capitaine en mai 1918, il est tué dans la retraite le 11 juin. Ses lettres sont écrites dans une très belle langue occitane ; les paysages, même du nord ou de l’est de la France, sont magnifiquement décrits (p. 30 du livre, p. 40). Toujours il cherche à défendre le Midi et les Méridionaux, en particulier contre la légende noire issue du fameux article du sénateur Gervais dans Le Matin.
« L’officier le plus emmerdant de la division »
Les lettres de Filhou sont publiées dans un livre qui porte le titre Me fas cagà ! La guerre en occitan, Louis Bonfils dit Filhou, Éditions Ampelos, 2014. Titre un peu excessif puisque l’expression n’apparait qu’une seule fois, p. 70. Les non-Méridionaux, sans en comprendre le sens, l’auraient répétée en croyant que c’était une façon de se dire bonjour. On pense aux mots que les jeunes camarades de Louis Barthas ont appris aux filles du Nord qu’ils courtisaient ou à la réponse « Qué crébé ! » que faisait Gustave Folcher, PG en Allemagne de 1940 à 1945, au salut « Heil Hitler ! », réponse bientôt reprise par tous les prisonniers et tous les travailleurs polonais. Titre un peu excessif, donc, mais qu’on peut accepter car Bonfils ne cesse de protester. Dès le 22 août 1914 contre les fautes commises par les haut-gradés mais que de simples élèves caporaux auraient évitées. Le 4 novembre contre le fait d’avoir laissé mourir quantité de blessés « faute de soins ou par la crapulerie de majors incapables ou brutaux ». Le 5 décembre, contre les gens de l’est, germanisés, qui préfèreraient recevoir des Prussiens que des Français du Midi. Le 19 février 1915, contre les trop beaux officiers tirés à quatre épingles. Le 7 juillet, il affirme qu’il est bien vu de ses hommes et qu’il emmerde ses supérieurs, incompétents. En février 1916, après avoir commandé une compagnie, voici que sa place est prise par un autre qui critique les Méridionaux ; altercation ; le conseil de guerre lui donne raison. En mars, il avoue qu’il a passé son dernier séjour en première ligne à s’engueuler avec tout le monde et il conclut : « Soui counougut couma l’ouficié lou mai emmerdant de touta la divisioun. » En octobre, suivant un cours pour devenir commandant de compagnie, il remarque qu’on prétend leur apprendre en théorie ce qu’ils font en pratique depuis deux ans. Enfin, en mars 1917 et en janvier 1918, après des permissions à Montpellier, il s’en prend aux plaintes abusives des civils, aux embusqués, aux commerçants profiteurs.
Des remarques d’authentique poilu
– 29 août 1914, Vosges : sous le bombardement, à quoi te sert un fusil entre les mains ?
– 7 février 1915 : faute de tirebouchon, utiliser la baïonnette pour trancher le col d’une bouteille.
– 3 avril : marre de cette vie, ça dure trop longtemps.
– 2 juin : un héros peut être tué par un lâche qui a tiré de bien loin un coup de canon (remarque faite aussi par Jean Norton Cru).
– 7 juin : les journaux que certains appellent aujourd’hui « journaux de tranchées » sont faits en arrière, dans les ambulances ou les états-majors, même si leurs auteurs se prétendent des hommes du front. Et pourtant, ce sont eux, les parfumés, cirés et poudrés, qui pourront dire qu’ils ont fait la guerre parce que, nous, nous serons en train de pourrir au fond d’une fosse, six pieds sous terre.
– même jour : rencontre d’une jeune fille qui lui dit, en français, que sa patrie c’est son village et pas plus.
Mais des passages héroïques étonnants
– début septembre 1914, au col de La Chipotte, la compagnie a eu un mort et deux blessés mais a tué une centaine d’Allemands sans compter les blessés qu’ils ont emportés.
– vers la Noël, une tranchée est prise et nettoyée à la baïonnette, tout est couvert de sang.
– 24 avril 1915 : dans une lutte inégale, à 1 contre 5, les hommes de Bonfils sèment la mort dans les rangs ennemis ; ils ne sont jamais lassés de lutte et de victoire.
– 27 mai : la race latine est là, et la race germanique va pouvoir s’en rendre compte.
– 7 juillet : les félibres savent se faire tuer.
– 26 décembre : quel orgueil de commander de tels hommes ! Ils se plaignent parce que c’est la mode, mais ils sont aussi contents de monter aux tranchées que d’être relevés.
Qui a lu des témoignages de fantassins ne peut qu’être surpris de tels propos. Sont-ils le fruit de l’exubérance ? s’agit-il d’artifices littéraires ? Le destinataire des lettres les aurait-il « embellies » en les transcrivant ?
L’introduction de Guy Barral
En général, dire en 26 pages ce qu’on va trouver ensuite dans le texte du témoin, n’est pas de bonne méthode ; mieux vaut dire rapidement qui il est, et lui laisser la parole. Ici, il s’agit cependant d’un cas particulier : l’introduction, en français, sera utile aux lecteurs non familiers de l’occitan. On peut reprendre deux ou trois points. Je pense que les poilus languedociens ne jugeaient pas inconvenant d’écrire en occitan, mais personne ne leur avait appris à le faire. Les accusations du sénateur Gervais contre les troupes de « l’aimable Provence » ne sont pas de l’automne 1914 mais du mois d’août. Ce n’est pas lors de la répression des mutineries de 1917 que la justice militaire a été la plus sévère, mais au cours de la première année de la guerre. Enfin, une question et un regret. La question : Guy Barral affirme que les lettres de Filhou sont parties par la poste civile : quelle preuve en a-t-on ? Le regret : j’aurais aimé voir un portrait de l’auteur.
Rémy Cazals, mars 2016
Roux, Jean-Louis (1882-1970)
Jean-Louis Roux, dit Loys, est né à Buxy (Saône-et-Loire) le 12 novembre 1882, fils du receveur des postes, quatrième d’une famille de cinq enfants : Marie-Louise (1877), Jean Désiré (1879), Joseph (1881), puis André (1898). Après des études au petit et au grand séminaire de Lyon, Joseph et Loys, accèdent à la prêtrise quand la guerre se déclenche. Vicaires à Lyon, ils se portent volontaires pour monter au front dès la mobilisation. Ils sont affectés à Lure à l’ambulance 13/7, qui arrive dans les Vosges dès août 1914. Fixée dans le secteur de Saint-Dié à partir de la cristallisation du front, les deux frères vont rester dans cette formation, occupant les fonctions de brancardiers et participant à l’exhumation des soldats morts lors de la bataille des frontières, pour les regrouper dans des cimetières. Mais cette position de relative inaction leur pèse et ils aspirent à exercer leur ministère dans une formation combattante. Ayant appris que les officiers du 23e RI « tiendraient » à avoir un prêtre, ils demandent à être versés dans cette unité, qu’ils intègrent le 1er mai 1915 dans le secteur de La Fontenelle. Ils ne quitteront plus ce régiment. Joseph meurt le 22 décembre suivant sur les pentes du Hartmannswillerkopf et le caporal brancardier Loys fait toute la campagne, occupant tous les secteurs (Vosges, Alsace, Somme, Argonne, Champagne, Verdun, Lorraine, Flandres, Chemin des Dames et Belgique), avant d’être démobilisé en mars 1919. Il meurt le 17 juillet 1970 à Vermaison (Rhône).
Un prêtre-brancardier dans le « régiment des photographes »
Loys pratique la photographie bien avant le déclenchement de la Grande Guerre. C’est donc tout naturellement qu’il se munit de son appareil. Pendant toute la guerre il réalise plus de 1500 clichés qu’il légende précisément et répartit dans deux albums couvrant la période 1914-1922. Il nous renseigne lui-même en frontispice de son monumental travail, qu’il intitule « Ma collection de photos de guerre », sur son parcours militaire et sur l’origine des photos : « Quand au bas de la photo il n’y a pas de nom d’auteur, c’est qu’elle est de mon frère l’abbé Joseph ou de moi. De l’abbé Joseph, 372, de moi 1547. Il y a deux albums, ceci est le premier. Soit un total de 1919 qui est le chiffre de l’année de la démobilisation. » Outre ce volumineux corpus, le docteur Frantz Adam réalise quant à lui environ 600 clichés et Joseph Saint-Pierre (voir ces noms) à peu près autant. C’est le volume photographique global le plus important d’une unité, le 23e RI, que l’on peut surnommer aujourd’hui « le régiment des photographes ». En fait, les deux albums de Loys Roux forment un véritable journal photographique de guerre, un témoignage considérable sur le soldat du front-arrière à la tranchée. Car Loys, dès son arrivée au 23e RI, intègre la première ligne auprès des combattants, suivant même les combats au plus près pour exercer ses « ministères », le sanitaire et le religieux. Accompagné en permanence par son appareil, il couche sur la pellicule tout ce qui, à ses yeux, a une importante testimoniale, et surtout il légende ses images de manière très précise, commentant les sujets, l’intérêt des détails mais aussi les dates, heures et conditions météorologiques, en véritable professionnel, voire même dans certaines circonstances (attaques ou bombardements) en véritable reporter. Il fait des essais de pellicules pour améliorer encore sa technique et pratique la photo au magnésium, plus délicate. Ainsi trouve-t-on quelques rares clichés de nuit, devant Reims bombardée. Parfois, il y ajoute des commentaires ironiques qui confirment une démarche de recomposition chronologique du témoignage pratiquée après-guerre. À plusieurs reprises, il photographie dans des conditions qui mettent sa vie en péril ; le souffle de la guerre se ressent dans ses images, et leur qualité témoigne quelquefois de ces circonstances (clichés floutés par les vibrations du canon de 400 ou la trépidation des convois sur une route, épreuves dégradées par les conditions de vie au front). Comme Marius Vasse (voir ce nom), il dit avoir vendu certains clichés à L’Illustration. On trouve ainsi une messe à La Fontenelle en double page du numéro du 11 décembre 1915, un cliché de l’attaque du 16 avril 1917 paru dans le numéro du 9 mai – et « payé 50 frs » –, un du 13 octobre suivant dans un camp à Suippes – et « payé 150 frs ». Enfin le nombre de clichés montrant des sujets jusqu’alors peu représentés voire inédits est impressionnant. Nous citons parmi les plus représentatifs : un soldat haranguant les hommes du 23e, présenté comme « un sergent prétendu retour d’Allemagne. Il nous engage à tuer les prisonniers. Pas de succès », le 13 juillet 1916 à Quiry-le-Sec (Somme) ; des soldats allemands se rendant en courant ; la capture d’un soldat allemand noir, un « nègre boche », le 16 avril 1917 près du Moulin de Loivre, devant Reims.
Par contre, les mutineries sont les grandes absentes de ses clichés alors que le 23e et toute la 41e division sont très touchés par ce phénomène. Loys n’évoquant pas ce manque, la raison de cette énigme semble éclairée par les paroles de Frantz Adam, dans son ouvrage, Sentinelles… Prenez Garde à Vous… : « Ces photos prises par un infirmier furent saisies et servirent de pièces à conviction devant le Conseil de Guerre. » Cet infirmier-photographe est très vraisemblablement Loys Roux.
Yann Prouillet
*Jean-Louis Roux, Un prêtre-brancardier dans le régiment des photographes, Carnet photographique de guerre de Loys Roux, 1914-1919, Moyenmoutier, Edhisto, 2013, 400 p.