Péret, Benjamin (1899–1959)

Résumé de l’ouvrage :

Benjamin Péret, Mort aux vaches et au champ d’honneur, Paris, Eric Losfeld éditeur, 1967, 127 p.

Par sept chapitres de styles très différents, Benjamin Péret, chantre du surréalisme, dresse des tableaux divers mettant en espace et en mots des personnages loufoques, militaires comme politiques qui rêvent, discutent ou s’écrivent sur des sujets multiples, divers, sans débuts ni fins. A pieds joints est un dialogue entre deux personnages, La main dans la main est une suite de 249 phrases surréalistes, Ici l’on rase gratis est le verbatim d’un dialogue « entendu » « A la chambre des Députés ». Dans le 4ème chapitre Qui perd gagne, on retrouve un dialogue entre des personnages. Dans Les parasites voyagent, il s’agit de la relation d’un fait narré dans une langue mêlant idiotismes et argots débutant par la réception d’un éclat d’obus dans la tête. Mes belles histoires se suivent mais ne se ressemblent pas, sixième chapitre 6, reproduisent une suite de lettres à des personnages divers, dont des ministres. Le dernier chapitre, l’éléphant à billes, relate un épisode début dans un cinéma. Le tout a été écrit à l’hiver 1922-1923.

Commentaires sur l’ouvrage :
La biographie Wikipedienne Benjamin Péret — Wikipédia (wikipedia.org) de Benjamin Péret (Rezé, 4 juillet 1899 – Paris, 18 septembre 1959) indique que c’est sa mère qui le fait engager comme infirmier pendant la Grande Guerre mais on ne connaît pas son parcours exact dans le conflit. L’auteur est en fait résolument un surréaliste du milieu dadaïste, participant au procès de Maurice Barrès en y tenant le rôle du Soldat Inconnu. L’édition de 1967, par Eric Losfeld éditeur, de ce « Mort aux vaches et au champ d’honneur » étudiée ici est le modèle d’un ouvrage évoquant, doublement, dès la couverture un livre traitant de la Première Guerre mondiale tant par le titre que par l’image, représentant un piou-piou de 1914, le Lebel à la main, à l’allure déterminée. Pourtant, s’agissant d’un opuscule purement surréaliste, même si écrit à l’immédiat après-guerre, peu de références à celles-ci sont présentes dans l’ouvrage, n’en atteignant nullement le statut de témoignage. Si Poincaré (p. 14) et le général Pau (p. 82), « Gros doré » sont convoqués dans cette suite loufoque, si Péret rend hommage aux « services rendus au pays par la bicyclette-boomerang dans la guerre mondiale. Il est incontestable que l’adjonction d’un boomerang au guidon de la bicyclette a rendu de grands services, puisque le cycliste bien lancé n’avait plus à faire aucun effort pour revenir à son point de départ, ce qui a évité à un grand nombre de soldats d’être capturés par l’ennemi » (p. 62), si la lettre de Lohengrin à Mlle Demolie rappelle qu’ « en temps de guerre (…) l’assassinat est non seulement toléré, mais encouragé et glorifié sous le nom d’exploit héroïque » (pp. 99-100), l’ouvrage est fidèle à son genre, qui semble avoir été écrit sous substance. Ce livre, à la lecture parfaitement inutile à l’Historien, apparaît comme une suite sans queue ni tête d’un verbiage abscons, propre à lui-même, sur fond d’une Grande Guerre dont le filigrane léger a peut-être une influence sur un contenu à décrypter. A réserver aux affidés du genre.

Yann Prouillet – juin 2024

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