1. Le témoin
Né en 1886 à Uzeste en Bazadais (Gironde). Il est titulaire du brevet élémentaire et entre sur concours dans les Postes. C’est ainsi qu’il est affecté à Lens dans le Pas-de-Calais. Son service militaire le conduit à Paris en 1906, au Mont Valérien, et il est ensuite détaché à la TSF de la Tour Eiffel. Suite à une hospitalisation, il termine son service actif comme secrétaire du Médecin Major Robert Micqué. Lors de la mobilisation générale, il occupe les fonctions de secrétaire du directeur de la Poste de Montauban. Sa spécialité civile explique qu’il soit incorporé au 8e Génie, comme sapeur télégraphiste. A ce poste, il recueille de nombreuses informations ; comme correspondant de guerre, il note les déplacements de troupes, les combats, mais il décrit aussi ce qu’il voit autour de lui. Cité le 20 février 1915, il est nommé caporal le 7 mai 1915. Décoré de la croix de guerre le 21 août 1915, il termine la guerre comme sergent, grade auquel il est promu le 5 avril 1918.
2. Le témoignage
Torlois Roger, Carnets de route de P.G. Barreyre – Poilu girondin, CDDP d’Aquitaine, édition critique, 1989, 120 p.
Les pages de cet ouvrage contiennent des extraits des trois carnets rédigés du 1er août 1914 au 23 mars 1919.
3. Analyse
Le témoin note avec précision et détails de l’ambiance, des faits qu’il constate au cours de ses déplacements ainsi que sa perception de la guerre :
– le 3 août 1914 : [A Bordeaux] Train décoré, enguirlandé, inscriptions aux portières : « train de luxe pour Berlin » ou bien « Les Bordelais à Berlin ».
– les gares parisiennes et le saccage des magasins allemands.
– 8 septembre 1914 : une dame offre des tartines aux blessés indistinctement (allemands ou français) ; quelques personnes réprouvent ce geste, d’autres au contraire applaudissent.
– 25 décembre : Dans la matinée depuis nos tranchées, nous entendons les Allemands chanter. Ils causent très fort : « Messieurs ne tirez pas, nous nous raccorderons ensemble ».
Sur le voyage via le front, le témoin complète des informations déjà connues. Là où Pierre Barreyre a un point de vue plus intéressant c’est dans la manière dont il évoque son quotidien. Tel un correspondant de guerre, il raconte tout ce qu’il voit, les faits relatant aussi bien la vie et l’exode des civils, le comportement des gradés et le lien entre les ordres du GQG et leur transmission pour action à la troupe. Les fusillés ou les mutilés volontaires sont évoqués dans son récit, de même que des fraternisations à Noël 1914. Certaines informations sur les outils techniques utilisés sont également précises, tel le périscope. Il parle également des maux des soldats : gales, poux ou le manque de nourriture.
Marie Llosa, avril 2009
Petit ajout sur la période des mutineries: PG Barreyre mentionne en juin 1917 l’indiscipline des permissionnaires (vitres des wagons brisées, chant de l’Internationale…) dans les gares de l’intérieur (Langon, Bordeaux, Libourne, Angoulême…).