Il est né à Mansle (Charente) le 23 mai 1892. Ses parents sont instituteurs. Après le bac, il prépare le concours de l’école normale supérieure de la rue d’Ulm et il est reçu en 1913. Aspirant au 115e RI, il termine la guerre au grade de capitaine. Il se marie en août 1918, il obtient l’agrégation de lettres classiques en 1919 et devient professeur au lycée Clemenceau de Nantes jusqu’à la retraite. Mobilisé à nouveau en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et libéré en 1941 comme ancien combattant de 14-18. Il participe à la Résistance. Il écrit divers livres, mais ne réussit pas à publier ses récits de la Première Guerre mondiale. (Ces renseignements biographiques sont donnés par les éditeurs du livre dont il va être question.)
La persévérance de sa fille et de ses petits-enfants aboutit en novembre 2013 à la publication du texte : Gérard Chaumette, Le Casque bleu, Mémoires des tranchées sortis de l’oubli, Editions Les 2 Encres, 277 p. Le texte proprement dit est précédé d’un bref rappel du contexte historique et d’un glossaire qui se réfère à celui du site du CRID 14-18. Mais l’appareil critique ignore les témoins en dehors de Dorgelès.
Le texte de Gérard Chaumette est subdivisé en tableaux thématiques dont le titre est souvent précédé de l’article défini : Le Poilu, Le Cuistot, Le Grenadier, Le Coup de main ; La Patrouille, La Montée en ligne, La Mine. Beaucoup n’ont ni date, ni localisation ; ceux qui sont un peu plus précis sont mélangés : un tableau daté du 22 juin 1916 vient après un autre d’octobre 1918. L’écriture est lissée, pour mieux correspondre aux demandes supposées du public, mais sans doute est-il allé trop loin dans ce sens et dans la livraison de clichés trop attendus (par exemple sur le cuisinier). Dans le détail des descriptions, le Poilu est énergique et gouailleur ; il est beau « jusque sur son fumier et dans sa crasse » ; la Patrie est divinisée ; un lieutenant seul à sa mitrailleuse « tenait tête à la horde qui le cernait », criant : « Un Français ne se rend pas ! »
Un des tableaux décrit une exécution à laquelle l’auteur semble avoir assisté, mais son titre, « L’Exécution capitale » ne donne aucune précision ni de lieu ni de date. Mais Chaumette ne parle ni de fraternisations ni de mutineries. Pourtant, Pierre Roullet (voir ce nom) a signalé des incidents au 115e RI ; apparemment peu graves, ils ont été cependant repérés par Denis Rolland et André Loez.
On peut imaginer le conseil qu’aurait donné Jean Norton Cru à Gérard Chaumette : ne cherchez pas à définir LE Poilu, LA Guerre ; donnez-nous plutôt votre carnet de notes quotidiennes si vous en avez tenu un.
Rémy Cazals, juillet 2014