Cette nouvelle notice remplace l’ancienne qui était incomplète et entachée d’une erreur sur le lieu de naissance.
Né à Digoin (Saône-et-Loire) le 7 février 1896. Études musicales à Paris. Après la guerre, il devient professeur de violoncelle à Saint-Étienne. Marié, sans enfant. Mort à Firminy à 90 ans. Il a mis au propre ses notes de guerre d’avril 1915 à avril 1919 (semble-t-il en les lissant) en 1968 pour le cinquantenaire de l’armistice, illustrées de quelques photos. La source est la propriété de Mme Antoinette Mazeau. La première moitié du manuscrit a été publiée dans Lettres comtoises, n° 10, septembre 2005, p. 121-158, présentation de Marie-Thérèse Dupuis ; la deuxième partie reste inédite.
Mobilisé en avril 1915 au 109e RI de Chaumont. Dans le Pas-de-Calais en décembre. Il fait partie d’un contingent qui vient renforcer le 170e RI à Verdun en mai 1916. Il décrit l’arrivée parmi les hommes de son escouade : « Je suis très impressionné par la gravité de leurs regards et de leur comportement. » Au
lieu de monter en ligne, le régiment quitte le secteur en camions, ce que les poilus arrosent au pinard. En juin, comme musicien, il est affecté à la CHR. Il
est brancardier devant le fort de la Pompelle. En juillet, dans la Somme, il admire l’équipement et l’organisation des Anglais. Il nous livre les descriptions classiques des bombardements, des corvées, de l’arrivée difficile du ravitaillement, du plaisir quand enfin on peut se laver et changer de linge…
Après la prise d’une tranchée, « les prisonniers filent au pas de course vers l’arrière ». Le travail du brancardier : « Nous continuons toute la nuit à transporter nos blessés, ensuite les blessés allemands, puis les morts. » En septembre, devant le talus de la route de Bouchavesnes, toute une vague de camarades de la classe 16 a été fauchée par les mitrailleuses, marquant le terrain de ses capotes bleues. Fin septembre, lors d’une permission, en passant à Paris, il rage devant l’indifférence des civils « qui prennent paisiblement leur apéritif », devant les « embusqués fringants, bien astiqués ». Quelques jours en famille, mais il faut sans cesse répondre à l’instituteur qui demande dans quelles circonstances est mort son fils : « Il a sans doute été tué devant la route de Bouchavesnes, et dans la nuit où nous relevions nos blessés, je suis sans doute passé près de cette capote bleue, étendue parmi tant d’autres. »
Avant l’offensive du 16 avril 1917, stationnant près d’un terrain d’aviation, il peut recevoir le baptême de l’air. L’offensive Nivelle est bien perçue comme un échec, une boucherie inutile. Il assiste à la fuite d’une division de l’Est, dite d’élite, à la mutinerie d’un régiment, à la décision de chasseurs de partir de leur propre initiative « en permission ». Commandés pour s’opposer au passage de mutins, les hommes de son régiment refusent. Sylvain décrit encore les creutes humides dans lesquelles tout moisit, un secteur calme dans les Vosges, l’attaque allemande de 1918 sur le Chemin des Dames, les Américains au Bois Belleau. Il est blessé en juillet 1918 et évacué vers Albi (Tarn).
RC, 2013