Ouvrage de 448 pages comprenant 580 illustrations couleur
Pendant la Grande Guerre, les combattants occupent durablement des carrières souterraines dans l’Aisne et dans l’Oise qui leur servent d’abris et de cantonnements. Ils réalisent sur leurs parois calcaires des milliers de graffiti, gravures et bas-reliefs. Cent ans plus tard, notre recherche entendait interroger cet énorme gisement de témoignages rupestres qui nous autorise à l’élever à la fois au rang de phénomène et de source directe.
Quelle est la nature de ces traces, leur intérêt, leur originalité mais aussi leurs limites ? Contribuent-t-elles à porter un regard nouveau, dans les domaines de l’histoire sociale et culturelle qui questionnent les combattants de la Grande Guerre ? Et dans ces domaines, mettent-elles en lumière des différences significatives entre Français, Allemands et Américains ?
De nombreux auteurs de traces furent d’abord animés par une préoccupation de nature existentielle en s’identifiant dans la guerre, dans le temps, dans l’espace ou dans la société, essentiellement par le biais de graffiti linguistiques identitaires.
Des combattants s’affirmèrent également dans la guerre en l’illustrant ou en montrant le sens et les ressorts de leur engagement dans le conflit. Les traces rupestres apportent aussi des éléments de réponses à l’une des questions que pose la Première Guerre mondiale : comment expliquer que des hommes aient « tenu » pendant quatre ans malgré des conditions de vie et des expériences souvent pénibles voire épouvantables ? Ces témoignages mettent ainsi en évidence le recours à « des béquilles » qui ont parfois aidé les hommes à traverser les difficiles épreuves du conflit. Il s’agit des liens sociaux tissés avec les camarades au sein des groupes primaires, de l’esprit de corps qui exalte la fierté d’appartenir à une communauté d’armes, du patriotisme et du recours à une foi parfois teintée de superstition.
Une dernière grande préoccupation a été, pour une partie des auteurs, de chercher une échappatoire à la guerre, d’oublier pour quelques instants leurs difficiles conditions de vie. S’échapper de la guerre s’oppose a priori à une volonté de s’affirmer à travers elle, mais cette échappatoire peut également contribuer à comprendre comment ces combattants ont réussi à traverser les difficiles épreuves qu’ils rencontrèrent. Des combattants exprimèrent sur les parois des creutes leurs rêves, leurs fantasmes, leurs frustrations ou une simple façon de se détacher de la réalité vécue, sans doute aussi pour mieux l’accepter et la supporter.
bon de commande et dossier de presse
Thierry Hardier est docteur en histoire, enseignant et membre du CRID 14-18