Chronique – Brefs souvenirs 8/12 Cinq thèses de doctorat

Brefs souvenirs 8/12 Cinq thèses de doctorat

Les thèses de doctorat de membres du CRID 14-18 ont été nombreuses. Ici, je vais en retenir cinq qui constituent un important apport à la connaissance de notre période.

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Parution : La crise de La Courtine (mai-septembre 1917)

Le livre de Maxim Chiniakov, maître de conférences à l’université pédagogique d’Etat de Moscou, vient de sortir, en russe (ISBN 978-5-94845-281-4). La traduction du titre est : La crise de La Courtine (mai-septembre 1917). Monographie, 308 pages. En français, une table des matières et un résumé permettent d’en comprendre le sens général et l’articulation. Un premier chapitre décrit ce qui précède la crise de La Courtine. Il présente le corps russe envoyé en France (soldats et officiers), la révolution de février, les soviets de soldats, la bataille du Chemin des Dames… Le chapitre 2 porte sur les phases successives de l’affrontement à La Courtine. Le chapitre 3 en expose les suites : les pertes humaines, l’enquête, la conscience révolutionnaire, et il donne la biographie de quelques leaders de la révolte. Les sources russes consultées sont abondantes. La bibliographie inclut de nombreux ouvrages en français, parmi lesquels le livre collectif du CRID 14-18 sur le Chemin des Dames, les colloques du même collectif, la thèse d’André Loez sur les mutineries, le témoignage de Louis Barthas, le journal de Gavrilenko, etc.

Rémy Cazals

Evénement : Les deuxièmes Rencontres du web 14-18.

La Mission du Centenaire organise pour la deuxième fois une journée d’échanges et de rencontres sur « La Grande Guerre numérique » durant laquelle interviennent des archivistes, des historiens, des designers, des blogueurs et des généalogistes. 9 ateliers pratiques vous sont proposés en parallèle.

Le 17 mars 2017 de 9h à 17h dans les locaux de NUMA (39 rue du Caire 75002, Paris). Métro : Sentier (ligne 3).

Le programmehttp://centenaire.org/sites/default/files/references-files/flyerrencontresduweb.pdf

Pour plus d’informationshttp://centenaire.org/fr/autour-de-la-grande-guerre/web/les-rencontres-du-web-14-18-2e-edition

Compte-rendu des Rencontres du web (2015), par D. Chavaroche : ( https://www.univ-paris1.fr/fileadmin/IGPS/observatoire-du-centenaire/Chavaroche_-_Web_2.pdf

 

 

 

Mise au point historiographique sur les mutineries de 1917

André Loez, auteur de 14-18. Les refus de la guerre,  vient de rédiger une brève synthèse très éclairante sur l’historiographie des mutineries de 1917, à la demande du Conseil scientifique la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. En voici les premières lignes :

Les mutineries sont des refus collectifs d’obéissance. Elles apparaissent en 1917 dans les armées françaises, mais aussi russes et italiennes. Elles accompagnent d’autres formes de protestation dans la société civile : grèves, manifestations contre la hausse des prix, meetings pacifistes, qui témoignent de la lassitude et des tensions suscitées par la prolongation de la guerre dans des populations déjà endeuillées par d’énormes pertes. Elles s’inscrivent dans un mouvement d’indiscipline et de désobéissance plus ancien qui prend diverses formes : soldats qui se mutilent eux-mêmes ou désertent, crient « à bas la guerre » ou chantent l’Internationale, retards de permission, refus d’obéissance, trêves et fraternisations, rares mais non limitées à Noël 1914. Ces manifestations, individuelles ou collectives, restaient généralement isolées et concernaient de faibles effectifs avant 1917. Mais la guerre dure, les morts s’accumulent, le refus de la guerre monte. Les mutineries qui le traduisent dans l’armée française sur le front ouest, revêtent une tout autre importance. Elles ont fortement inquiété les autorités et laissé une trace profonde dans la mémoire.

– L’armée française est ainsi affectée en mai-juin 1917 par une vague de désobéissance qui se manifeste au grand jour par trois types de phénomènes : des protestations individuelles, des désertions plus nombreuses, et, fait nouveau, des manifestations collectives extrêmement variées. Pour ces dernières, on a pu recenser 113 incidents différents, étalés du 29 avril au 5 septembre 1917, avec un pic d’intensité autour du 1er juin où surviennent une quinzaine de manifestations collectives de désobéissance.

– Ces événements, pour ceux qu’on sait localiser, ont lieu dans une assez large aire géographique : 55 dans l’Aisne, 25 dans la Marne, 6 dans les Vosges, 5 dans la Meuse, et quelques-uns dans l’Oise, la Somme, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, sans oublier tous les faits impliquant des permissionnaires et militaires en déplacement, dans des trains et des gares très loin à l’arrière (Paris, Nantes, Quimper, Limoges, Aurillac, Lyon, Nîmes, Béziers…).
– Les mutineries elles-mêmes ne se produisent presque jamais en premières lignes où le refus est impraticable, mais dans les cantonnements de l’arrière-front, où des soldats rassemblés peuvent esquisser un mouvement social, souvent à l’annonce de leur remontée aux tranchées, ou encore dans les dépôts militaires, les baraquements et les gares.
– Le nombre des mutins ne peut être connu avec certitude : quelques milliers pour les révoltés les plus actifs et revendicatifs, des dizaines de milliers si l’on inclut tous ceux dont la désobéissance est plus ponctuelle ou furtive. Par rapport aux combattants des divisions en ligne, seuls véritablement concernés, la proportion est peut-être de l’ordre d’un sur quinze ou sur vingt.

Ces faits n’ont pas tous laissé de sources permettant de bien les connaître, mais des rapports d’officiers, des témoignages, des extraits de lettres figurant au contrôle postal et des procédures judiciaires ont permis aux historiens d’apporter de nouveaux éclairages[1]. Il n’est plus possible de réduire les mutineries à un seul aspect, une seule « essence », une nature unique ni d’en donner une explication simple. Plusieurs affirmations courantes méritent d’être révisées.

Lire la suite sur le site de la Mission Centenaire

Parution : La Grande Guerre des sciences sociales

Frédéric ROUSSEAU (dir.), La Grande Guerre des sciences sociales, Athéna éditions, Outremont (Québec), 2014

Frédéric Rousseau réunit plusieurs doctorants et docteurs de l’Université Montpellier 3, la plupart membres du CRID 14-18, pour réfléchir à ce que les sciences sociales apportent à la compréhension de la Première Guerre mondiale :

14-18, retrouver les sociétés en guerre. À rebours d’une histoire «culturaliste» souvent trop oublieuse du politique et du social, La Grande Guerre des sciences sociales expose et propose aux chercheurs et au grand public un certain nombre de pistes, de questionnements et de concepts largement inspirés des sciences sociales pour penser à nouveaux frais l’histoire de la Grande Guerre.
Porté collectivement par de jeunes chercheurs, docteurs et doctorants de l’Université de Montpellier (France), ce nouveau regard participe d’un front pionnier de la recherche qui bouleverse en profondeur notre appréhension des hommes, des femmes et des sociétés en guerre, et au-delà, celle du fonctionnement effectif de nos sociétés confrontées à des crises extrêmes, hier comme aujourd’hui.

Recension par Erwan Le Gall :

« Paru à la fin de l’année 2014 aux éditions Athéna, une excellente maison québécoise publiant notamment quantité de remarquables ouvrages d’histoire militaire, cette Grande Guerre des sciences sociales dirigée par Frédéric Rousseau est incontestablement un livre qu’il faut connaître. Bien entendu, tous les lecteurs n’en partageront pas nécessairement toutes les vues mais quiconque prétendra dans les mois à venir connaître l’historiographie de la Première Guerre mondiale ne pourra faire l’économie de ce volume… (lire la suite sur le site de la revue En Envor) »

Sommaire :

Préface de Jules Maurin

Introduction : 14-18, retrouver le monde social en guerre. « Oser penser, oser écrire »… (Frédéric Rousseau)

Chapitre 1 : De l’engagement et des échafaudages identitaires en guerre. L’exemple austro-hongrois (Helena Trnkova)

Chapitre 2 : Refuser la guerre. Les mutineries de l’armée française (1917) comme mouvement social (André Loez)

Chapitre 3 : La prise en charge des blessés et malades de l’armée : genèse d’un problème public et mise en scandale du Service de santé militaire (Sylvain Bertschy)

Chapitre 4 : Démêler l’écheveau des espaces sociaux pour repenser les occupations. Les civils de l’Aisne occupée durant la Grande Guerre (Philippe Salson)

Chapitre 5 : Féminin et masculin à l’épreuve de la Grande Guerre : les femmes dans le Service de Santé français (Françoise Kern)

Chapitre 6 : Obéir = consentir ? Hier comme aujourd’hui : questionner le oui et le non (Frédéric Rousseau)

Chapitre 7 : Quand deux historiographies dialoguent. Fait colonial et fait guerrier : Algériens et Français au miroir de la Grande Guerre (Julien Mary)

Parution: La vie au quotidien dans les tranchées de 1914-1918

Rémy Cazals, André Loez, La vie au quotidien dans les tranchées de 1914-1918, Pau, Cairn éditions, 2008, 296 p., 20 €.

4 de couverture :

Alors que tous les combattants français de 1914-1918 ont disparu, ce livre s’attache à faire revivre et comprendre leur expérience. Pendant la Grande Guerre, tous les mobilisés n’ont pas combattu, tous les soldats n’ont pas vécu dans les tranchées face aux tranchées allemandes. Ce livre s’intéresse aux hommes des tranchées, les fantassins ; il explore tous les aspects de leur terrible quotidien. Une telle plongée dans l’univers du conflit est rendue possible par les nombreux témoignages que ces hommes ont laissés, carnets, souvenirs et lettres, et qui sortent depuis quelques années des tiroirs où ils dormaient. Ce livre veut donner la parole à ces hommes, directement ; ils ne seront pas vus ici par leurs chefs, par des observateurs prudemment restés à l’arrière, ou par ceux qui étaient sur le front avec l’intention de produire une œuvre littéraire. Ces hommes ordinaires disent avec précision, parce qu’ils l’ont vécue, l’horrible réalité de la vie matérielle, dans la boue, sous les obus ou face aux balles des mitrailleuses, leurs réactions à la violence commandée et subie, l’expression de leurs sentiments, de leurs espoirs, de leur désespoir. Ce qu’ils pensent de la guerre et de la paix, de leurs chefs et des gens de l’arrière. Comment ils se comportent vis-à-vis de leurs ennemis. Les valeurs qui apparaissent dans leurs récits sont celles de la vie civile en temps de paix, confrontée aux exigences d’une guerre inhumaine.

Pour répondre à ces intentions, seront développés les points suivants :

– La « découverte » de la guerre des tranchées, une guerre inattendue, qui a surpris les survivants de la guerre de mouvement de l’été 14, puis les renforts et les jeunes classes mobilisées par anticipation.

– Les formes du combat, la mort à affronter. Les moments les plus critiques : subir les bombardements, sortir de l’abri précaire des tranchées pour passer à l’attaque, « nettoyer » les positions prises à l’ennemi. On évoquera le sort des cadavres, les blessés et le service de santé qui les prend en charge, le moment de la capture, les disparus.

– La vie des tranchées est aussi faite de travail de terrassement pour les construire et les entretenir, de corvées de transport de matériaux, munitions, ravitaillement ; la boue est alors l’ennemi n° 1.

– Vivre dans les tranchées demande une forte capacité d’adaptation à des formes de vie inhumaines (les comparaisons animalières sont fréquentes) ; dormir, manger, boire, se laver… ; vivre au sein d’une nouvelle famille, l’escouade, en conservant un lien ténu mais extrêmement important avec la vraie famille restée « au pays ».

– Ces combattants vivent et meurent sous le regard des autres. Eux-mêmes, les hommes des tranchées, portent un regard parfois confiant, souvent critique sur les chefs, sur l’arrière où l’embusqué est à la fois détesté, méprisé et envié, sur les femmes désirées et absentes. Quant aux relations avec l’ennemi, elles vont des flambées de haine, ponctuelles, aux fréquentes trêves tacites et même, parfois, jusqu’à la fraternisation.

– Dans les tranchées, on cherche à donner du sens à cette vie qui semble n’en avoir point. Lorsque cela devient impossible, on s’effondre, on cherche à échapper de toutes les manières, jusqu’aux refus d’obéissance qui ont pris un caractère collectif en 1917.

– Les hommes des tranchées ont eu le souci de garder trace écrite de leur expérience traumatisante et de la transmettre aux autres et à la postérité, afin de condamner tous les bourrages de crâne qui insultaient leur misère.

– La force et l’originalité de ce livre tiennent à la connaissance solide que les auteurs ont de leur sujet, et à l’utilisation de dizaines de témoignages d’authentiques hommes des tranchées, souvent inédits.

Rémy Cazals et André Loez, historiens, ont écrit de nombreux ouvrages sur la Grande Guerre. Tous deux membres fondateurs du CRID 14-18, ils ont organisé et publié d’importants colloques internationaux d’histoire. Ils nous livrent ici le résultat de leurs recherches, à destination du plus large public.