Vendredi 28 novembre 2008 à 18h30
à l’Ancien collège (2, rue du Collège) – Montauban
Marie Llosa, doctorante à l’Université Toulouse Le Mirail, animatrice culturelle.
Que reste-t- il à Montauban de la Guerre de 14-18 en 2008?
En août 1914, les casernes ont accueillis de nombreux soldats et le passage de ces troupes de 1914 à 1919 a laissé des traces dans la ville. Un square, une avenue, portent le nom de personnalités de cette époque. De même, dans certains lieux publics, les monuments construits en la mémoire des disparus, font partis intégrante du paysage. 90 ans plus tard, les empreintes de cette période sont assez nombreuses. Ces traces visibles s’effacent au gré du temps et deviennent muettes pour l’éternité, comme le dit si bien Roland Dorgelès dans Les Croix de Bois : « On oubliera. Les voiles du deuil comme les feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement…Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. ». Nous avons choisi de faire un tour d’horizon de ces témoignages laissés dans le paysage urbain pour rappeler 90 ans plus tard l’histoire de ce que fut la Grande Guerre à Montauban.
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Rémy Cazals, Professeur, Université Toulouse Le Mirail (Framespa – CNRS)
« Témoignages écrits de la Grande Guerre »
Chaque année, et pas seulement en 2008, sont publiés des témoignages écrits (lettres ou carnets) de combattants de 14-18. D’autres sont seulement transcrits dans le cadre familial ou mis en ligne. Le phénomène est intéressant à plusieurs titres. Il montre la présence actuelle de la Grande Guerre dans « l’espace public ». Comme il s’agit souvent d’écrits provenant de familles de milieux populaires, ils viennent rétablir un équilibre dans une documentation disponible qui faisait jusqu’ici trop de place aux intellectuels et aux officiers. Face à cette abondance de sources nouvelles, l’historien doit utiliser ses méthodes critiques pour établir le contexte de chaque témoignage : qui écrit ? quel âge avait l’auteur ? quel était son niveau d’études ? où se trouvait-il pendant la guerre ? Ainsi fera-t-il progresser la connaissance de ce phénomène d’une extrême complexité que fut la Grande Guerre.
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Cédric MARTY, Doctorant à l’Université Toulouse II Le Mirail, enseignant,
« Vaincre, c’est attaquer, planter sa baïonnette dans le ventre de l’ennemi :
Histoire d’un axiome (1870-1914) »
« Vaincre, c’est attaquer, planter sa baïonnette dans le ventre de l’ennemi. » Cet axiome du combat, posé par le capitaine breveté Billard en 1913 (Éducation de l’Infanterie), est pleinement en accord avec le règlement de manœuvres d’infanterie alors en cours. Pourtant, la guerre de 1870 avait mis l’armée française devant la prépondérance du feu au combat et la difficulté d’une troupe à progresser sous les tirs ennemis. Au moment où l’usage de l’arme blanche au combat se raréfiait et où l’on découvrait progressivement le visage meurtrier de la guerre moderne, la présence de la baïonnette au cœur des réflexions militaires de cet entre-deux guerres peut paraître curieuse. La Grande Guerre fera d’ailleurs de cette arme l’un des symboles des illusions d’avant-guerre.
Comment s’est construite une telle illusion? Telle sera la question à laquelle nous tenterons de répondre, pour comprendre comment les jeux de pouvoirs entre les différents pôles de réflexion et de décision de l’armée française, le poids de la tradition, du contexte culturel et de contraintes pratiques dans l’instruction des recrues, ont pu déboucher sur l’idée ainsi formulée par le règlement de manœuvre de l’infanterie à partir de 1913 : « la baïonnette est l’arme suprême du fantassin. Elle joue le rôle décisif dans l’abordage vers lequel doit tendre résolument tout mouvement offensif, et qui, seul, permet de mettre l’adversaire hors de cause. »
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Benoist COULIOU, Doctorant à l’Université Toulouse II Le Mirail, enseignant,
Nous serons de retour pour les vendanges. Genèse d’une illusion tragique (1870-1914).
Qu’elle soit considérée comme une simple éventualité ou une quasi-certitude, la menace d’un nouveau conflit contre l’Allemagne est omniprésente au tournant des 19e et 20e siècles en France. Après les désillusions de l’ « année terrible » vécues en 1870, il appartient aux militaires, et notamment à l’Etat-major, de préparer au mieux cette guerre annoncée. Des milliers de pages sont alors rédigées pour tenter de donner l’image la plus exacte possible des conditions dans lesquelles les armées en viendront à s’affronter. Et dans ce cadre, une certitude, très largement partagée, émerge : la guerre future sera de courte durée. « Le sort de la guerre sera décidé moins d’un mois après l’ouverture des hostilités » écrit ainsi le général Bonnal.
Quels arguments, militaires, économiques, politiques, ou encore psychologiques a-t-on développé pour contribuer à ancrer cette prédiction? A-t-il existé des voix discordantes, et si oui, pourquoi n’ont-elles pas été écoutées? Quel sort les terribles combats de l’été 1914 ont-ils réservé à cette croyance d’un conflit de courte durée?
Si l’argumentation en faveur d’une guerre courte s’appuie essentiellement sur des arguments « rationnels », on verra aussi tout ce que cette idée doit à l’imaginaire d’un groupe social, celui des officiers de l’armée française. Imaginaire pour lequel les premiers affrontements constitueront une douloureuse mise à l’épreuve.
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Les interventions seront ponctuées de lectures de témoignages locaux de la Première Guerre mondiale par des comédiens et de projections de documents et d’archives. Elles seront suivies d’une dédicace d’ouvrages.