Séminaire : Première Guerre mondiale : nouvelles approches anthropologiques et sociales

Dates retenues pour l’année universitaire 2024-25 :

  • Mardi 15 octobre 2024 de 14 h à 17 h : Maurice Carrez : présentation du projet. Raphaël Georges sur « Les soldats alsaciens de la Première Guerre mondiale : guerre et après-guerre ».

Le mardi 15 octobre s’est tenu le premier séminaire issu du partenariat entre le CRID 14-18 et l’UMR 7069 LinCS de l’Université de Strasbourg consacré à la Première Guerre mondiale.

Maurice Carrez, professeur émérite de cette université et président du CRID 14-18 a présenté les objectifs du Collectif et de ceux de ces séminaires : évoquer l’histoire de ce conflit sous tous les aspects et sensibiliser les étudiants actuels sur une grande diversité de thématiques liées à cette guerre. Il a rappelé que depuis la fin des commémorations, cette thématique intéresse toujours les étudiants en master puis en doctorat. Dans sa charte scientifique, le CRID 14-18 a pour vocation de « travailler au progrès de la connaissance historique sur la Première Guerre mondiale ». Dès sa création, le groupe a souhaité créer des enquêtes collectives, in situ, sur les lieux mêmes des combats et avait son siège à Craonne (Aisne). De même, ses membres ont développé des actions et partenariats avec des instances portant ce sujet : musées, centres d’archives et ce aussi bien en France métropolitaine ou ultramarine, en Europe et ailleurs. Depuis sa création en 2005, cet esprit de diversité et de confrontation des points de vue perdure.

Ces séminaires souhaitent relancer ces actions auprès des historiens de demain et les inciter à s’intéresser à cette période qui a bouleversé l’histoire de nos nations.

Dans un second temps, c’est Raphaël Georges, docteur en histoire, membre associé de l’UMR 3400 de l’Université de Strasbourg, nous a parlé de son sujet de thèse  « Les soldats alsaciens de la Première Guerre mondiale : guerre et après-guerre ». Son propos a pu balayer un sujet fort intéressant axé sur les questions de leur statut pendant et après la guerre. Passant du camp des vaincus à celui des vainqueurs. Leurs parcours entre ces deux entités a été bien retracé avec l’évocation de leur expérience combattante, le traitement spécial dont ils ont bénéficié après la guerre identique à celui des anciens poilus et leur assimilation progressive dans la société française d’après-guerre.

  • Mercredi 15 janvier 2025 de 14 h à 17 h : Marie Llosa sur « Les industries alimentaires au service de l’alimentation du soldat durant la Première Guerre mondiale en France »
  • Jeudi 6 mars 2025 de 14 h à 17 h : Thierry Hardier sur les graffitis rupestres des combattants de la Première Guerre mondiale et leur interprétation.
  • Mercredi 4 juin 2025 de 14 h à 17 h : Rémy Cazals & Yann Prouillet sur l’écriture et la publication des témoignages de combattants du front occidental.

Lieu où auront lieu les séances :

Maison Interuniversitaire des Sciences de l’homme d’Alsace (MISHA), salle de la Table ronde (rdc). Depuis la gare centrale, prendre le tram C jusqu’à l’arrêt Observatoire, le bâtiment est dans le prolongement du Collège doctoral européen.

Traces rupestres de combattants (1914-1918) par Thierry Hardier

Ouvrage de 448 pages comprenant 580 illustrations couleur

Pendant la Grande Guerre, les combattants occupent durablement des carrières souterraines dans l’Aisne et dans l’Oise qui leur servent d’abris et de cantonnements. Ils réalisent sur leurs parois calcaires des milliers de graffiti, gravures et bas-reliefs. Cent ans plus tard, notre recherche entendait interroger cet énorme gisement de témoignages rupestres qui nous autorise à l’élever à la fois au rang de phénomène et de source directe.

Quelle est la nature de ces traces, leur intérêt, leur originalité mais aussi leurs limites ? Contribuent-t-elles à porter un regard nouveau, dans les domaines de l’histoire sociale et culturelle qui questionnent les combattants de la Grande Guerre ? Et dans ces domaines, mettent-elles en lumière des différences significatives entre Français, Allemands et Américains ?

De nombreux auteurs de traces furent d’abord animés par une préoccupation de nature existentielle en s’identifiant dans la guerre, dans le temps, dans l’espace ou dans la société, essentiellement par le biais de graffiti linguistiques identitaires.

Des combattants s’affirmèrent également dans la guerre en l’illustrant ou en montrant le sens et les ressorts de leur engagement dans le conflit. Les traces rupestres apportent aussi des éléments de réponses à l’une des questions que pose la Première Guerre mondiale : comment expliquer que des hommes aient « tenu » pendant quatre ans malgré des conditions de vie et des expériences souvent pénibles voire épouvantables ? Ces témoignages mettent ainsi en évidence le recours à « des béquilles » qui ont parfois aidé les hommes à traverser les difficiles épreuves du conflit. Il s’agit des liens sociaux tissés avec les camarades au sein des groupes primaires, de l’esprit de corps qui exalte la fierté d’appartenir à une communauté d’armes, du patriotisme et du recours à une foi parfois teintée de superstition.

Une dernière grande préoccupation a été, pour une partie des auteurs, de chercher une échappatoire à la guerre, d’oublier pour quelques instants leurs difficiles conditions de vie. S’échapper de la guerre s’oppose a priori à une volonté de s’affirmer à travers elle, mais cette échappatoire peut également contribuer à comprendre comment ces combattants ont réussi à traverser les difficiles épreuves qu’ils rencontrèrent. Des combattants exprimèrent sur les parois des creutes leurs rêves, leurs fantasmes, leurs frustrations ou une simple façon de se détacher de la réalité vécue, sans doute aussi pour mieux l’accepter et la supporter.

bon de commande et dossier de presse

Thierry Hardier est docteur en histoire, enseignant et membre du CRID 14-18