Compte-rendu « La Première Guerre mondiale et le monde moderne » des 26 et 27 mai 2010 à Moscou

International Scientific and Practical Conference

World War I and the modern world.

The Conference “World War I and the modern world” has been organized by the I.I.U.E.P.S. University, a private institution, and it was held in Moscow on 26 and 27 May 2010. The Department on the Great War of the Russian Academy of Science’s Institute of World History granted its scientific cooperation.

The first day there were two plenary sessions at the State Historical Museum (on the Red Square), and the second day was devoted to parallel sessions at the University’s main building (title of the sessions: International relations on the eve and during the First World War; Russia and the First World War; Problems of training and use of armed forces in the First World War; The First World War and the creation of the new world order; Human dimension of the Great War; Demographic and socio-environmental consequences of the First World War).

The scholars that brought in the papers came from twelve different Countries. The main focuses of the Conference were devoted to the change produced by the war in the different societies and States, in the public opinions, and to Russia’s evolution before revolutions.

The speakers studied a lot of different aspects of the human life and activities. On one side health and medical activities (military and civil hospitals, nursing, Red Cross’s activities development); railways; industrial organization and scientific researches; life in the POW’s camps; evolution and changes in the Army’s organization and strategy (especially the Russian one, but not only) were among the subjects of the reports. On the other side, there were a good number of scholars devoting their works to the Russian society’s evolutions and changes during the war, to the fighting Countries’ foreign policy, and to the relationships between some specific Countries. The frame that linked the majority of the papers was the concept that Great War was the great drive of XX century’s change, because it was “the prologue of the XX century” (as titled the opening report of Evgeny Sergeev). The speakers gave obviously different interpretations about these changes. A particular attention received the subject of the consent and of the change in the people’s attitude in front the war. One of the papers was devoted to the (changing) peasants’ notion of justice and sacrifice, and to its obvious relationships with the revolutionary movements. As it happens all over Europe, the reports have shown different approaches between the supporters of the union sacrée and the backers of a more critical analysis of social and politic attitudes inside the societies in war. These different interpretations have a clear significance about the reading of the following events, especially the Russian revolutions. Some speakers and attending people also devoted a lot of attention to the different interpretations of the social, politic and disciplinary conflicts (natural crisis of consent versus subversion), both in the Army and in the society.

On the whole, the Conference has had a very rich program and there was a good participation of scholars, students, and non academic people. Often, there was a very interesting and lively debate. During the two days there were some presentations of books, magazines, and movies. These last were particularly interesting, because they were edited films shot during the war.

This Conference has confirmed the growth of the studies about Great War in Russia. A good number of international conferences had been held in Moscow and in other Russian cities since 1994, with universities and Russian Academy of Science’s sponsorships. In 20 years the studies have reached a very good standard and there is a wide network of scholars all around Russia attending them. Today, many Russian scholars devote their studies both to a comparative analysis, and to the study of foreign countries.

Many Russian speakers have spoken about the needs to establish a museum fully devoted to the history of WWI; one of the reports has explained a project planned in 1926 to create the “Museum of the First World War history” inside the State Historical Museum. Up till now the interested people can visit the rooms devoted to Great War and revolutionary years in the State museum of modern history in Russia (former Museum of the Revolution), and a little Great War Memorial in a public park in the Sokol neighborhood (this place was a military cemetery with graves of Russian and foreign soldiers, before the building of the park).

Marco Pluviano

Université de Gênes

Exposition « Raoul Berthelé – Vision de guerre, Aisne 1917 »

Du 18 au 20 juin à la Chapelle Saint-Charles, 9 rue de Panleu,  à Soissons seront présentés des clichés de Raoul Berthelé.

Horaires d’ouverture de 14h à 18h – entrée libre.

Lien internes :

– Voir la notice sur Raoul Berthelé : Fiche témoignage

– Voir le descriptif de l’ouvrage :Images de l’arrière front

– Le fonds conservé aux Archives municipales de Toulouse : Fonds Raoul Berthelé

Parution: Inventaire des sources de la Première guerre mondiale. Préface par André Bach.

La BDIC annonce la parution d’un indispensable instrument de travail, préfacé par le général André Bach (lire la préface ci-dessous), qui complète le très riche dossier pédagogique et les numérisations de Journaux de tranchée, accessibles ici.
 
Aldo BATTAGLIA, Archives de la Grande Guerre. Inventaire des sources de la Première guerre mondiale conservées à la BDIC
Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest / BDIC – 443 p.
Prix : 20.00 €
ISBN : 978-2-84016-061-8
4e de couverture :
Personne ne lit un catalogue d’archives du début à la fin. Heureusement ce guide des archives sur la première Guerre mondiale n’en est pas un.
Les matériaux, issus de quelque 150 fonds distincts conservés à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine – Musée d’Histoire Contemporaine y ont été découpés afin de permettre une lecture thématique d’une société en guerre totale. On la découvre ici en fonction d’un éloignement progressif du front, de l’avant à l’arrière, des zones de combat, à l’endroit où l’on produit les certitudes patriotiques.

Au fil des chapitres, consacrés à la guerre vue de près, aux zones occupées, à l’enseignement, à la politique et à la diplomatie, on découvrira des témoignages, des notes, des documents en tout genre qui pourront contribuer aux travaux des chercheurs sur la Grande Guerre, que ce soit dans le domaine de l’histoire politico-diplomatique, militaire ou de l’histoire des mentalités.
Commande :
Brigitte GRATIA (BDIC) : 01.40.97.79.98 / brigitte.gratia @bdic.fr
Préface, par le général André Bach

L’Avenir : L’Inventaire thématique

Il faut saluer l’apparition de cet inventaire mis au point par Aldo Battaglia et qui vise à permettre aux chercheurs de bénéficier  de la richesse des fonds de la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine. On peut s’interroger sur les raisons qui ont fait que la BDIC ne s’est attelée à cette tâche que si longtemps après s’être retrouvée dépositaire de fonds traitant du premier conflit mondial. La question n’a désormais plus d’intérêt puisque cette absence de réactivité initiale nous permet de découvrir un inventaire, qui outre sa richesse quantitative, bénéficie d’un saut qualitatif.

La pratique bien ancrée en matière de technique archivistique privilégie en effet traditionnellement la mise en inventaire en fonction des organismes producteurs de ces dernières, à savoir souvent les administrations. Par ce moyen, la neutralité des archivistes est préservée, puisque ces derniers, ce faisant, s’effacent totalement devant les institutions. Le procédé n’est pas mauvais et a permis à des générations d’historiens de pouvoir accéder aux archives dans de bonnes conditions, tâche leur étant laissée de mettre ensuite en questionnement les documents consultés issus de diverses origines. De plus en plus les archivistes s’enhardissent et sortent de leur confortable neutralité pour imaginer de produire des inventaires aptes à faire gagner du temps aux historiens. Pour cela, après avoir pris la mesure de l’ampleur et de la complexité des documents qu’ils sont chargés de faire connaître, ils procèdent, selon les méthodologies en vigueur dans la recherche historique, à une première opération qui consiste à discerner les lignes de force, les thèmes, qui sourdent de ces archives. Ceci étant, et heureusement cela ne les arrête pas, ils encourent le risque de se faire reprocher de sortir de leur cadre de travail et d’imposer aux chercheurs une lecture thématique de leur cru, propre à les influencer dans la construction de leurs champs de recherche. Le risque est minime au regard du gain escompté. Tout d’abord les archivistes ont une formation telle que leur incursion dans le travail initial des historiens est tout à fait légitime. La distinction entre archivistes et historiens n’a, en effet, pas beaucoup de sens dans la grande majorité des cas dans une profession confrontée en permanence au traitement des sources primaires de l’histoire. Elle l’est d’autant moins qu’elle est amenée très fréquemment à se poser le genre de questions auxquelles se heurtent les historiens,  et qu’elle est armée pour y répondre eu égard à la solidité de la formation scientifique initiale  de ses membres et au fait qu’elle intègre sans difficultés  en son sein du personnel qui a débuté sa carrière comme chercheur en matière historique.

Aldo Battaglia, responsable de l’établissement de ce riche inventaire, n’a pas reculé devant l’aventure thématique. Il a décelé, dans son vaste corpus,  comme lignes directrices quatre champs d’observation, qui, à mes yeux, sont très pertinents à singulariser quand on s’intéresse aux questions en rapport avec le conflit de 1914-1918.  Ces champs définis, il a regroupé sous ces différents thèmes les sources institutionnelles en les faisant voisiner avec celles collectées ou élaborées par les acteurs privés.  Ces quatre champs ont la particularité de se retrouver proches deux par deux.

Le premier regroupement renferme  deux sous-ensembles intitulés : «  La guerre vu de près » et «  Zones occupées ». Le chercheur intéressé pourra ainsi entrer rapidement dans l’univers archivistique qui traite de la vie de ceux qui ont subi la guerre sans pouvoir véritablement influer sur elle. Par opposition, le deuxième regroupement  traite de la superstructure étatique  au sens large du terme, de la minorité qui a eu à décider la guerre, la gérer, qui a contribué à s’assurer de l’adhésion  ou du non rejet des populations, populations  dont le ressenti et le vécu  apparaissent dans le premier regroupement. Cette dichotomie me paraît opérationnelle pour les chercheurs. Aldo Battaglia a subdivisé ce monde des décideurs,  en deux entités respectivement intitulées : «  Education, Enseignement, Université et questions intellectuelles » et «  Guerre, Politique et Diplomatie : les beaux quartiers ». Passons sur ce dernier qualificatif : «  les beaux quartiers », espèce de petite provocation facétieuse pour rendre moins austère ces têtes de chapitre et examinons le bien fondé de cette classification. Le thème «  Guerre, Politique, Diplomatie » est incontournable et tout chercheur se doit de prêter attention aux sources qui traitent de la gestion des guerres, qui sont des conflits interétatiques par essence en des périodes où l’Etat pèse énormément sur l’évolution du conflit et  sur les libertés publiques. Lui associer le thème » : «  Education, Enseignement, Université et questions intellectuelles » est d’une grande pertinence. Comme l’a démontré récemment et brillamment  l’historien Alan Kramer[1] ;

« La mobilisation des esprits a été essentielle pour résoudre et assurer la résistance au front et à l’arrière ».  Cette  œuvre a été orchestrée par les pouvoirs publics, qui ont veillé, en la couplant avec l’utilisation de la censure et à l’emploi d’une certaine dose de répression, à la diffusion des « bons » messages dans le système éducatif, tandis   que dans leur grande majorité les Intellectuels, sans incitation formelle étatique, ont anticipé et bien accueilli la guerre et joué un rôle moteur dans la mobilisation de la culture et des esprits.  Ils ont en effet rendu populaire l’idée de la guerre pour défendre la civilisation (Alliés) ou défendre une culture (Allemands), et, toujours selon Alan Kramer : «

La plupart ont maintenu jusqu’au bout les certitudes patriotiques de la mobilisation de temps de guerre, en particulier ceux qui ont joué un rôle dans la dissémination des valeurs culturelles (universitaires, clergé, académiciens) »

Ainsi Guerre sainte, croisade, guerre de défense, devoir moral, tâches qui plaisent à Dieu ont été parmi les principaux  thèmes  insufflés, surtout à l’arrière, durant toute la guerre.

Le regroupement de tout ce qui touche aux questions intellectuelles est donc non seulement pertinent mais aussi d’une grande aide pour permettre aux chercheurs  de mieux saisir les réalités de cette guerre où l’effort financier, économique, industriel a fait passer le conflit d’une lutte entre armées  à une guerre totale, à mort, entre peuples. Mobilisés physiquement les peuples ont été maintenus dans le conflit par le biais de leurs classes intellectuelles qui ont contre vents et marées proclamé  la nécessité d’aller jusqu’au bout.

On trouve donc dans ce sous inventaire des traces de cette action à l’œuvre ainsi que l’identification d’une partie de ceux qui ont concouru à cette entreprise.

L’élite intellectuelle s’est impliquée totalement dans la recherche de la victoire et le résultat de ses efforts se trouve recueilli ici.

Pour s’informer de ce que les combattants ont pensé de cette guerre, il faut changer de rubrique et dépouiller les sources décrites dans «  La Guerre vu de près »

Sans surprise, on y retrouvera des thèmes que Alan Kramer a énuméré sans affirmation d’exhaustivité : Entraînement militaire à obéir aux ordres, peur des punitions, des humiliations publiques, adaptation à une communauté solidaire, pression des pairs, aide aux camarades dont on dépend, fascination chrétienne de la souffrance, fatalisme, espoir de survivre, sens du devoir, acceptation de la mort, souffrance mais aussi désir d’avancer, de battre un ennemi invisible….

C’est faute d’avoir prêté assez peu d’attention aux témoignages des combattants de base et s’être focalisé sur les productions des intellectuels à l’arrière que certains chercheurs en sont arrivés à prendre les réflexions de ces derniers  pour celles des combattants. Il y a naturellement porosité entre ces sous parties de l’inventaire  et les opposer les unes aux autres n’a pas de sens  S’intéresser aux unes en négligeant les autres ne peut conduire  de même qu’à de fausses synthèses et à des conclusions, sinon totalement erronées, du moins à  valeur explicative insuffisante.

La constitution du sous-ensemble «  Zones occupées «  a elle aussi son importance. Si ce regroupement existe, c’est que les sources en rapport avec ce thème  sont fournies. En temps normal, noyées au milieu des archives institutionnelles, elles n’attirent pas de prime abord l’attention.
Pourtant la France est un des rares pays avec la Belgique et aussi la Serbie à avoir une la totalité ou une partie notable de son territoire occupé  et exploité par son adversaire.

Les populations qui l’ont subie ont mené durant quatre ans une vie misérable qui n’a pas été pour rien dans l’exode massif qui s’est produit en 1940. L’occupation a été très rigoureuse avec la volonté  de l’occupant de tirer du sol occupé tout ce qui pourrait servir l’effort de guerre germanique, le manque de docilité entraînant immédiatement des conséquences graves quant au déroulement des activités quotidiennes. Des travaux existent sur cette question mais l’abondance des sources doit inciter à approfondir la connaissance historique de la vie des populations sous la férule allemande. A un moindre degré l’amélioration de la connaissance de la vie des populations dans ce qui fut la zone de stationnement de l’armée britannique pourra se faire grâce à ces archives.

On peut admettre que ce dernier sous-ensemble constitue un regroupement un peu à part mais tout jeune chercheur qui débute  ses investigations sur la Grande Guerre doit naviguer  obligatoirement  au moins entre les trois sous-ensembles qui concernent respectivement l’activité étatique, l’activité de la strate intellectuelle et celle des combattants du front et s’obliger à des allers et retours entre ces trois gisements de sources regroupées par un effort intelligent d’analyse. C’est en croisant en permanence ce type de sources désormais regroupées en trois domaines incontournables qu’un garde-fou s’installera progressivement pour empêcher la surestimation ou la surexploitation d’archives ne relevant que de deux ou d’un seul domaine.

Ces conseils donnés, il ne reste qu’à souhaiter les recherches les plus fructueuses aux jeunes historiens attirés par l’approfondissement des connaissances sur le premier conflit mondial, recherches qui seront accélérées et facilitées par la décision de la BDIC de leur fournir des inventaires mûrement pensés et soigneusement élaborés.
Bonnes découvertes à tous

André Bach

Ancien chef du Service Historique de l’Armée de Terre


[1] Alan Kramer, Dynamic of Destruction, Culture and Mass Killing in the First World War, Oxford University Press, 2007, 414 pages. Voir en particulier le  chapitre 5 : «  Culture and War »

Moscou 26-27 mai 2010 : « La Grande Guerre et le monde moderne »

Irène Guerrini et Marco Pluviano, membres du CRID 14-18, participent à la conférence organisée les 26 et 27 mai prochain à Moscou, sur la thématique « La Grande Guerre et le monde moderne ».

Elle est organisée par :  the International Independent University for Ecology and Politology, Russian Association of  WWI Historians, Russian State Historical Museum, Russian State Archive of Military History, Polish Academy of Sciences’ Permanent Representative at the Russian Academy of Sciences, Tibbits Historical Foundation (USA).

Table ronde sur les apports de l’archéologie à la connaissance de l’alimentation du combattant pendant la Première Guerre mondiale, 26-27 mars 2010, Sarreguemines

Depuis quelques années, les recherches sur l’alimentation du combattant pendant la Première Guerre mondiale se sont développées (opérations archéologiques, publications et  travaux universitaires). L’objectif de la table ronde de Sarreguemines est de permettre aux chercheurs travaillant ou intéressés par ces problématiques de se rencontrer pour la première fois afin d’engager une réflexion commune. Après une présentation des recherches développées sur l’alimentation des troupes allemandes, un rapide état de la documentation
et de la recherche sera présenté pour chaque région et pour chaque belligérant.

Voir le programme détaillé (format .pdf)

Parution: intégrale des articles de Jaurès dans La Dépêche

Les éditions Privat viennent de publier (septembre 2009) la totalité des 1312 articles écrits par Jean Jaurès dans le journal toulousain d’importance nationale La Dépêche, entre le 21 janvier 1887 et le 30 juillet 1914, la veille de l’assassinat du député de Carmaux au café du Croissant à Paris. C’est un livre de près de mille pages, avec textes de présentation des diverses périodes par Jean Faury, Alain Boscus, Georges Mailhos, Jean Sagnes, Rémy Pech et Rémy Cazals, avec index des thèmes, des noms de personnes et des noms de lieux. On peut trouver le livre dans toutes les bonnes librairies ou le commander aux éditions Privat (05 61 33 77 04).

Conférences: Témoigner de la Grande Guerre (6 novembre 2009)

Cycle de conférences organisé par le service éducatif « Patrimoine et musées » de la ville de Noyon.

6 novembre 2009, Noyon, auditorium du Châtelet. Entrée libre.

Matin : 9h30 – 12h00 : « Publier les témoignages »
– Frédéric Rousseau, professeur à l’université Paul-Valéry Montpellier III
(modérateur)
– Yann Prouillet, bibliographe
– Bernard Devez, bibliographe
– André Sinet (éditeur du journal de son grand-père)
Interventions entrecoupées de lectures de témoignages par Françoise Massoutier, professeur
de français
Après-midi : 14h – 16h30 : « Témoins de la Grande Guerre »
– Thierry Hardier, enseignant d’histoire-géographie, service éducatif « Patrimoine et Musées », ville de Noyon (modérateur)
– Frédéric Rousseau, professeur à l’université Paul-Valéry Montpellier III, Le cas Jean Norton Cru.
– Rémy Cazals, professeur émérite de l’université Toulouse-le-Mirail, Une comparaison des témoignages de Louis Barthas et Dominique Richert.

Clôture : 18h : « Jaurès et Barthas », par Rémy Cazals professeur émérite de l’université Toulouse-le-Mirail

Parution : Carnets de guerre d’un hussard de la République (Marc Delfaud)

Septembre 1914. « À celui qui trouvera le présent carnet, prière de le faire parvenir à Mme Delfaud, institutrice à La Barde par Saint-Aigulin, Charente-Inférieure. » Cette sobre phrase inscrite en tête du premier des 18 carnets de guerre de Marc Delfaud nous avertit : ce jeune marié, instituteur dans le civil, parti à la guerre sans même avoir pu embrasser sa femme, tient à lui laisser une trace de son passage dans cette machine à broyer les hommes. C’est pour elle, avant tout, qu’il tient son journal. Tel le miroir que Stendhal promenait au bord du chemin, son témoignage est toujours minutieux, spontané mais documenté. Et Marc Delfaud est un observateur digne de confiance : pacifiste, il est aussi un
patriote que l’on ne peut soupçonner d’aucun secret défaitisme. S’il a tenu à partager les misères de la piétaille des tranchées alors que son niveau d’études lui aurait permis de prendre du galon, ses opinions progressistes ne l’aveuglent en rien. Il n’y a nul sectarisme chez cet observateur lucide, qui sait que le peuple n’est pas exempt de tares et de vices, au front comme ailleurs. Delfaud, affecté au peloton des téléphonistes, est en permanence au contact du commandement, dont il observe la conduite sans complaisance. Il rend hommage à la valeur et l’humanité de nombreux officiers, mais il est révolté par l’arrogance de certains gradés et les brimades stupides infligées à des hommes qui ont les plus grandes chances de finir déchiquetés par les obus. On n’oubliera pas de sitôt ces portraits au vitriol : le colonel qui force les hommes à passer dans les mares de boue sous prétexte qu’ils sont déjà sales, cet autre qui lève sa cravache sur le soldat qui ne se dérange pas assez vite. Cet autre encore qui expédie chez lui, par malles entières, le butin pillé dans les villages évacués…
Marc Delfaud vérifie ses informations et les recoupe. Et quand elles ne sont pas de première main, il cite ses sources. Témoin intelligent, il sait lire entre les lignes les ordres et les bulletins, et en tire souvent des conclusions exactes. Le front, il le montre bien, est aussi le reflet d’un monde en pleine évolution. Face aux sous-officiers et officiers de carrière, encore empreints de routine bureaucratique et de préjugés de classe, les mobilisés sont désormais des citoyens, formés par l’école publique de la IIIe République ; ils veulent bien accepter de sacrifier leurs vies, mais non d’être insultés, combattre, mais non crever comme des cloportes dans des trous fangeux et puants.
Il ne faudrait cependant pas croire que Marc Delfaud n’est qu’un observateur froid à force d’être lucide. S’il absorbe toutes les informations, son œil demeure sensible à ce qui reste de beauté dans cet univers de feu et de folie : le ciel et ses nouveaux oiseaux de métal, dont on peut oublier, quand on les voit de loin, qu’ils sont aussi des moyens de destruction ; les bribes de paysage, les objets miraculés, l’indestructible aptitude de l’homme à créer la beauté jusqu’en
enfer. En témoigne sa rencontre avec ce curieux musicien, en mars 1915, qui « sort de son sac un archet fait avec un morceau de bois et des crins de cheval, et un violon dont une boîte à cigares et un manche à balai ont fait tous les frais », et qui en tire des sonorités insoupçonnées qui font oublier aux Poilus, l’espace d’un instant, la guerre et la mort qui rôde.
Frappé par la finesse et la qualité littéraire du récit de Marc Delfaud, le général André Bach, ancien chef du Service historique de l’Armée de terre qui, depuis plus de dix ans, réfléchit sur le premier conflit mondial à partir des archives militaires et de son expérience d’officier, voit en ce livre l’un des très rares documents mis au jour récemment qui soit capable de changer notre vision de
la Grande Guerre, Les notes et l’apparat critique très complets qu’il a rédigés pour cette première édition en font bien davantage qu’un témoignage : une source historique à part entière.

(Présentation de l’éditeur)

Marc Delfaud, Carnets de guerre d’un hussard noir de la République, éditions italiques, 2009. Ouvrage édité par André Bach et préfacé par Antoine Prost.

Parution: Actes du Colloque d’Agen/Nérac – 14, 15 novembre 2008 La Grande Guerre aujourd’hui : Histoire(s), Mémoire(s).

En quelques décennies, grâce à l’apport de recherches nouvelles et à l’étude de témoignages de combattants, le regard porté sur la Grande Guerre a considérablement changé : un temps présentés comme « les résidus d’un monde qui avait failli » (Maurice Genevoix), les poilus jouissent aujourd’hui d’une image positive. Le conflit de 1914-1918 est massivement commémoré et devenu un objet historique fascinant. La vigueur des débats actuels entre historiens nous montre d’ailleurs qu’il n’a pas encore fini de nous interpeller.

Quels enjeux se cachent derrière cette évolution ? Quelles questions posent l’écriture et la transmission de l’histoire de la Première Guerre mondiale ? À partir de quelle(s) mémoire(s) ? Et pourquoi, quatre-vingt-dix ans après les faits, ce conflit suscite-t-il un tel engouement ?

C’est à toutes ces questions que le colloque « La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire(s), Histoire(s) », organisé à Agen et à Nérac en novembre 2008 par l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen et la société historique des Amis du Vieux Nérac, a tenté de répondre en mettant au cœur de la thématique les diverses représentations de 1914-1918 : mémoires dominantes ou oubliées, individuelles ou familiales ; mémoires artistiques investies par le cinéma, la gravure, la littérature jeunesse ; perception du conflit par les historiens, les programmes et les manuels scolaires… Et comme l’histoire et la mémoire ne peuvent plus être cantonnées dans une seule réflexion franco-française, certaines contributions donnent au colloque un caractère ouvert et international.

Les auteurs proposent par conséquent des sujets originaux présentant « les destins des combattants », « les mémoires oubliées et/ou conflictuelles », « la Grande Guerre dans les productions artistiques » et « la Grande Guerre comme enjeu pédagogique ».

Plusieurs membres du Crid 14-18 ont contribué à l’organisation et aux riches interventions publiées ici, mettant l’accent sur une approche sociale et « pédagogique » de l’histoire de l’événement Grande Guerre et des mémoires qui lui sont liées.

– Autour de la publication :

Présentation officielle des actes au Conseil général de Lot-et-Garonne le mercredi 21 octobre 2009 à 18h à l’hôtel du département, en présence de plusieurs intervenants du colloque.

– Questions et discussions autour des actes lors des 2e Journées du livre d’histoire de Nérac, samedi 24 octobre 2009, Nérac, Caves du Château, 17h, entrée libre.

Prix : 18 euros (chèque à l’ordre des « Amis du Vieux Nérac ») sans frais d’envoi.

Contact : Céline PIOT, Chemin des Aiguillons 47230 Lavardac,  celine.piot@netcourrier.com

Lisbon conference on the Great War/Compte-rendu du colloque de Lisbonne, par/by Marco Pluviano (en anglais)

Marco Pluviano fait pour le Crid 14-18 le compte-rendu du colloque organisé en juin dernier à Lisbonne.

International Conference « From the trenches to Versailles. War and memory ».

From 22 to 26 of June the Universidade Nova de Lisboa (U.N.L.) has organized a Conference about: « From the trenches to Versailles. War and memory ». The Conference was held in the U.N.L.’s campus in Campolide.

The Conference’s program was very rich, with contributions from all around Europe. The papers were devoted both to the main fighting Countries and to the Portuguese war experience. This last had been intertwined with the birth of the Republic and with its very difficult life.

Some papers had pointed out that for many Portugueses the war was a « Republican war », because Lisbon new leadership’s war-aims were both international (defence and growth of the African colonies) and internal (Republic’s strengthening against monarchic nostalgia). Republican leadership also hoped to stop Country’s decadence, and to gain more autonomy by the traditional « protector »: Great Britain. Republican propaganda stressed the subjects of freedom, democratic solidarity and fighting against reactionary monarchies. Portuguese intervention had a double character: the European, in the Flanders’ fields, and the African, in Angola and Mozambique. While the first didn’t receive a general support (conservative and clerical milieu didn’t like the war against the Central Empires), the second had received the support from all the political sides. Portugueses felt that their colonial empire could be threatened by Germany, but also by some British and South African circles’ aims.

The Conference’s program was focused on two main fields: the memory of the war; the Paris Peace Conference.

About the first subject the contributors have explored both the intellectuals’ and the common people’s attitudes, with a special attention for the birth of the « civic and political religions and cults », both in the democratic Countries and in the reactionary regime. For these last, they analysed the transition from the post-war Liberal leaded governments’ « civic religions » to the building of the « political religions » by the reactionary governments (especially Italian Fascism and Portuguese Estado Novo). There also were papers about the war memory’s repression in some countries (for instance, Ireland and Turkey), because it was linked with oppressive and colonial regimes. Also military justice in the main fighting Countries had been considered.

About Paris Peace Conference and immediately post-war years, some papers had been presented about the different Countries’ strategies at the Conference, and about their attitude towards the worldwide public opinion. Also, there were papers about the « long demobilization » and the post war turmoils and conflicts.

In a nutshell, the Conference was able to draw an interesting picture about the building of war’s memory, and about the difficult to make this in some Countries experiencing heavy political divisions. It also showed as the Liberal governments tried to establish a less intrusive and more inclusive memory, with a less rhetorical and nationalistic attitude.

The papers were also able to explain some national leaderships’ efforts to use the war experience to establish new national and ethnical identities and to build a new model of society and social relationships. Also the extension of memory’s subsidence had been highlighted.

The main limits of the Conference were the inadequate space devoted to the Central Empires heirs States’ efforts to build a national memory; and to the worldwide building of a pacifist « alternative memory ».

Notwithstanding, the Conference was very interesting and stimulating, and it has had the great merits to have began to deal with the Versailles subject at European level, using both diplomatic and cultural and memorialistical sources.

Marco Pluviano