« Les poilus, héros ou victimes ? ». Quelques rectifications nécessaires à l’article de Jean-Dominique Merchet paru dans Marianne, 813, 17-23 novembre (p. 74-75).

« Les poilus, héros ou victimes ? ».

Quelques rectifications nécessaires à l’article de Jean-Dominique Merchet paru dans Marianne, 813, 17-23 novembre (p. 74-75).

L’article de Jean-Dominique Merchet,« Les poilus, héros ou victimes ? » comporte plusieurs erreurs d’analyse, qui me semblent devoir être redressées :

Sur la question de la ténacité des soldats de la Grande Guerre :

–  Avec Rémy Cazals, selon vous, j’estimerais que les soldats « agirent sous la contrainte de la discipline militaire, voire sous l’emprise de l’alcool ». C’est proprement faux, en particulier pour le second membre de l’explication. Je n’ai jamais écrit rien de semblable : parce qu’ainsi présenté c’est inexact. Les motivations des soldats sont complexes, multiples et changeantes. Voilà ce que je défends, avec d’autres. Elles ne peuvent cependant, en rien, se réduire à des croyances patriotiques.

Ensuite sur les soldats exécutés en 14-18 :

– La question ne peut se réduire à une lutte de la gauche qui aurait fait de la mémoire des « fusillés » un « marqueur identitaire » (les mutins de 1917 sont loin d’épuiser, comme vous le rappelez, la mémoire des exécutions en 14-18). Dès l’immédiat après-guerre, les critiques de la justice militaire s’expriment aussi dans les mouvements de droite ancien-combattant, comme l’Union Nationale des Combattants (UNC), qui se bat pour la réhabilitation de plusieurs fusillés, et même chez le très patriote ministre André Maginot qui dénonce une justice sommaire ; pour ne citer que cela.

– Enfin absolument rien ne permet de déduire de mes travaux ou d’historiens proches, l’ouverture vers une « repentance collective », c’est-à-dire une action concrète de l’Etat en faveur des fusillés de 14-18. Je me suis toujours exprimé, au contraire en sens inverse, en expliquant qu’on ne peut rejuger l’histoire et que les enjeux de mémoire de cet ordre doivent rester, autant que possible, en dehors de la sphère du droit, et surtout que l’historien n’avait pas à donner son avis en surplomb.

Nicolas Offenstadt, 8 décembre 2012

Gaston Mourlot, un ouvrier-artisan en guerre

Un ouvrier-artisan en guerre – Les témoignages de Gaston Mourlot 1914-1919, édition Edhisto, 2012, 559 p.

Texte présenté par Jean-François JAGIELSKI, Alexandre LAFON et Marie LLOSA
Cartes réalisées par Philippe OLIVERA ; édité par Yann PROUILLET
Postface par Rémy CAZALS  aux éditions Edhisto

Gaston Mourlot, artisan-ouvrier parisien, combattant d’infanterie puis soldat du Génie mobilisé en première ligne, simple fantassin puis sergent, a laissé de sa guerre plusieurs témoignages : 10 carnets de guerre, des dizaines de croquis, des centaines de photographies mais aussi de l’artisanat de tranchée et même un herbier.
Mis à disposition d’un large public sous l’égide du CRID 14-18, ce corpus exceptionnel, révélant le parcours de guerre de Gaston Mourlot, devient un des témoignages les plus complets édités pour la période 1914-1919.

Un ouvrier-artisan en guerre est un livre de 559 pages, 315 illustrations et 4 cartes, format 21×30 cm
Prix unitaire : 25 € (port offert)

10e journée du livre de Craonne, le 11 novembre 2012

L’Histoire de la Grande Guerre  a rendez-vous à Craonne (Aisne) le dimanche 11 novembre 2012 en Mairie de Craonne

10h    Ouverture de la 10ème JOURNEE DU LIVRE par Noël Genteur,  Maire de Craonne

Matinée : L’actualité du témoignage  …

10h15 : 1914-1918 Le temps de nous aimer, Thierry Secrétan, Editions de la Martinière, 2012.

En septembre 1914 un père (62 ans) et son unique fils (26 ans) s’engagent comme simples soldats pour la durée de la guerre. Ils servent au même canon dans l’Aisne, en Champagne, en Argonne, dans la Somme, en Alsace. Thierry Secrétan, leur petit-fils et arrière petit-fils, a retrouvé intacts dessins, photographies, et correspondances.

11h : Reviens vite : La vie quotidienne d’une famille française pendant la guerre de 14, Marie Favre.

Le dimanche 2 août 1914, le mari, capitaine d’artillerie, est mobilisé. Commence alors avec sa femme une correspondance régulière qui va durer 4 ans et demi. Chronique d’une famille industrielle de l’Est de la France, notamment des Vosges. Marie Favre fait partie des 28 petits-enfants de ce couple.

11h30Écrire sa guerre : Témoignages de soldats canadiens-français, 1914-1919. Michel Litalien, Outremont, Athéna éditions, 2011

Mon journal. France-Belgique, 1915-1916 Francœur Georges-Ulric. Texte inédit, établi et annoté par Michel Litalien, Outremont, Athéna éditions, 2011.
Gestionnaire du réseau des musées des Forces canadiennes à la Direction Histoire et Patrimoine, Michel Litalien fait œuvre utile d’historien  avec ces livres présentant de rares et souvent inédits témoignages de soldats canadiens-français.

12h Un ouvrier-artisan en guerre. Les témoignages de Gaston Mourlot. 1914-1919. Moyenmoutier, Collectif CRID 14-18 Rémi Cazals, Jean-François Jagielski, Alexandre Lafon, Marie Llosa, Philippe Olivera, Yann Prouillet, Editions Edhisto, 2012.

Témoignage original d’un artisan-ouvrier parisien, qui donne à « lire » « sa » guerre à travers différentes productions : carnets, lettres, photographies, dessins et … un herbier.

Après-midi : Coup de projecteur sur un récit …

14h La bataille d’occident, Eric Vuillard, Actes sud Littérature, 2012 .

L’auteur revisite à sa manière historique, politique et polémique le premier conflit mondial: « un livre stimulant et au langage étincelant »  Le Magazine littéraire, juin 2012.

L’actualité du livre d’histoire de 14-18…

14h30 La première guerre d’Hitler, Thomas Weber, Perrin, 2012

Professeur d’histoire contemporaine (Universités d’Aberdeen et d’Harvard), l’historien britannique Thomas Weber bouscule la vulgate selon laquelle le premier conflit mondial serait la matrice de l’idéologie d’Hitler et du nazisme. Il nous invite à une relecture complète de la personnalité du Führer et de son ascension au pouvoir. Un ouvrage très documenté, un appareil scientifique irréprochable. Décapant !

15h30 Nivelle, l’inconnu du Chemin des Dames, Denis Rolland, Imago, 2012.

Présentation – Débat

Denis Rolland s’attache à retracer le parcours et la psychologie du Général Nivelle, considéré comme le responsable du désastre du Chemin des Dames. Spécialiste de la Grande Guerre et historien des mutineries de 1917, il appuie cette investigation sur une documentation militaire désormais pleinement accessible, enrichie par le recours à des archives privées.

16h30  Vivre et mourir dans les tranchées de la Grande Guerre, Rémy Cazals, André Loez, Texto, Editions Tallandier, 2012.

Ce livre s’intéresse aux hommes des tranchées, les fantassins, aux hommes ordinaires. Les valeurs qui apparaissent dans leurs récits sont celles de la vie civile en temps de paix, confrontée aux exigences d’une guerre inhumaine (voir pages suivantes).

17h Le Chemin des Dames (dir.) Nicolas Offenstadt, Editions Perrin, 2012

17 historiens, entre l’archive et le terrain, ont mené une enquête qui est un essai d’histoire totale : tous les aspects de l’expérience combattante sont passés au crible de l’analyse. Avec cette réédition, il s’agit TOUJOURS de lever et d’expliquer l’oubli qui frappa dans le passé un lieu de bataille de la Première Guerre mondiale : le Chemin des Dames (voir pages suivantes).

17h30 /18h Clôture de la  10ème Journée du livre de Craonne

Toute la journée: signatures de livres * sur 14/18 (livres d’Histoire, romans, albums, BD …). Les auteurs des interventions et les membres du Crid 14-18 dédicaceront leurs ouvrages qui seront disponibles à  la vente. Sur place, des libraires avec une large sélection d’ouvrages récents et anciens sur 1914-1918, des éditeurs, des bouquinistes …

Et … Présence de Thierry Bourcy, romancier et scénariste, qui dédicacera sa série policière « Les aventures de Célestin Louise, flic et soldat »

Boissons et petite restauration sur place.               Entrée libre et gratuite.

Parution: Le Chemin des Dames

L’ouvrage de référence sur la bataille du Chemin des Dames (1917) paraît en édition de poche, revue et mise à jour.

Nicolas Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames, Paris, Perrin, « Tempus », 2012, 12€.

« C’est l’enfer[ …]. II faut y être passé pour comprendre » écrit le simple soldat Clerfeuille en évoquant le Chemin des Dames après le début de la fameuse offensive du 16 avril 1917, Le conflit dure depuis plus de deux ans et demi et le plan grandiose du général Nivelle ne vise rien moins qu’à terminer la guerre en perçant le front à cet endroit. Malgré certaines réticences civiles et militaires, qui ne peuvent être rendues publiques, Nivelle est alors porteur des espoirs de toute la nation, à l’avant comme à l’arrière. Près d’un million d’hommes sont rassemblés pour cette immense opération qui se transforme, dès les premières heures, en un épouvantable calvaire pour les soldats, confrontés à des positions allemandes en contre-haut, bien organisées dans un dédale de galeries et de cavernes insuffisamment détruites par l’artillerie : plus de cent mille hommes sont hors de combat en quinze jours… Les assauts dans la boue et la neige, face à des pentes imprenables, transforment l’espoir en boucherie. L’échec de l’offensive ouvre rapidement la voie à de nombreux débats et discussions et rend la mémoire de l’événement particulièrement trouble. D’emblée honteuse, la bataille est difficilement baptisée ; elle est bataille de l’Aisne, bataille du Chemin des Dames, ou encore offensive Nivelle, en fonction de ce que l’on veut souligner… On nie d’abord l’échec évident du projet ; on écarte ou minimise l’événement dans l’écriture de la guerre. Son importance est pourtant considérable par les choix militaires qu’elle entraîne (la fin des grandes offensives), les mutineries qu’elle provoque (et qui sont ici revisitées), et, au-delà, par son rôle dans la construction du mythe Pétain (le « sauveur » qui redresse les erreurs de Nivelle). Pour saisir toute la portée de l’événement, une équipe d’historiens, entre l’archive et le terrain, a mené une enquête de grande ampleur abordant toutes les facettes du « Chemin des Dames », de 14-18 à nos jours : histoires, combats, traces, mémoires… Il fallait aussi entendre ces autres voix qui ont toujours fait la vigueur du récit de la Grande Guerre : celle du combattant au cœur des offensives (Paul Clerfeuille) ou celle du Chemin des Dames d’aujourd’hui (Noël Genteur), celle de l’image (Arlette Farge) ou celle du romancier (Didier Daeninckx livre ici une nouvelle inédite).

Parution : 14-18, vivre et mourir dans les tranchées

La vie quotidienne des combattants, racontée et analysée à travers leurs témoignages, au format « poche ».

Rémy Cazals et André Loez, 14-18 Vivre et mourir dans les tranchées, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2012, 9,5 €.

Alors que tous les combattants français de 1914-1918 ont disparu, ce livre s’attache à faire revivre et comprendre leur expérience. Rémy Cazals et André Loez s’intéressent aux hommes des tranchées, aux fantassins, ils explorent tous les aspects de leur terrible quotidien. Une telle plongée dans l’univers du conflit est rendue possible par les nombreux témoignages que ces hommes ont laissés, carnets, souvenirs et lettres, et qui sortent depuis quelques années des tiroirs où ils dormaient. Ce livre veut donner la parole à ces hommes directement : ils ne sont pas vus et racontés ici par leurs chefs, par des observateurs prudemment restés à l’arrière, ou par ceux qui étaient sur le front avec l’intention de produire une œuvre littéraire. Ces hommes ordinaires disent avec précision, parce qu’ils l’ont vécue, l’horrible réalité de la vie matérielle, dans la boue, sous les obus ou face aux balles des mitrailleuses, leurs réactions à la violence commandée et subie, l’expression de leurs sentiments, de leurs espoirs, de leur désespoir. Ce qu’ils pensent de la guerre et de la paix, de leurs chefs et des gens à l’arrière. Comment ils se comportent vis-à-vis de leurs ennemis. Les valeurs qui apparaissent dans leurs récits sont celles de la vie civile en temps de paix, confrontée aux exigences d’une guerre inhumaine.

Fusillés en 14-18, pour l’exemple ? Journée d’étude du 3 novembre 2012 (Vic-sur-Aisne)

Depuis le discours de Lionel Jospin à Craonne en 1998, la question d’une réhabilitation des fusillés de la Grande Guerre fait l’objet de débats ou de demandes plus ou moins formelles. A l’approche du centenaire du début de la Grande Guerre le débat tend à s’amplifier avec des prises de paroles de plus en plus nombreuses et souvent confuses. Les soldats exécutés sont tous qualifiés de fusillés pour l’exemple, sans se soucier des motifs réels de leurs condamnations. Coupables d’abandons de postes du début de la guerre, déserteurs de 1916, mutins de 1917, droits communs de toute la guerre sont considérés comme des victimes d’une répression aveugle. Parfois même, ils sont assimilés à des mutins héros. Avec l’ouverture des archives en 2008, pour donner une résonance à leurs «  révélations » certains chercheurs ou médias prennent connaissance des dossiers et affirment que ce sujet a été occulté jusqu’à aujourd’hui en dépit de la publication de nombreux articles et ouvrages*.

L’association Soissonnais 14-18 a pour objectif l’inventaire et la sauvegarde du patrimoine 14-18. Depuis sa création, il y a vingt-cinq ans, elle s’est aussi impliquée dans le maintien du souvenir de certaines affaires emblématiques : Vingré, Bersot, Leymarie. Elle s’est aussi investie en faveur de l’inscription sur les monuments aux morts des soldats Flourac à Saint Ybars, Leymarie à Seilhac et Lasplacettes à Aydius et dans la plaque du souvenir du cimetière de Maizy. Elle a aussi appuyé le vœu formulé par le Conseil général de l’Aisne en faveur de l’inscription des fusillés sur les monuments aux morts. Ces différentes actions lui donnent donc une légitimité pour organiser une journée d’étude sur ce sujet.

La journée d’étude qui sera organisée le 3 novembre prochain n’aura pas pour objet de donner un avis sur la question d’une réhabilitation éventuelle. Elle visera à faire un état des lieux en recueillant les avis de ceux qui ont une connaissance particulière de ce sujet.

Compte-rendu de la conférence de Merano : “Italia, Austria e Russia nella Grande Guerra. La memoria tirolese” (en italien)

“Italia, Austria e Russia nella Grande Guerra. La memoria tirolese”

Merano, 21-22 giugno 2012.

Recensione di Irene Guerrini

Il 21 e 22 giugno si è tenuto nella città termale sud tirolese di Merano questo convegno internazionale, promosso e organizzato (molto bene) dal “Centro Russo Borodina” di Merano e dal “Centro della gloria nazionale” di Mosca, con la partecipazione di studiosi dell’Accademia delle Scienze russa e dell’Associazione degli storici russi della prima Guerra Mondiale, dell’Università di Innsbruck, dell’associazione “Croce nera” per le onoranze ai caduti dell’esercito austro-ungarico, di studiosi italiani.

Il convegno si è posto l’obbiettivo di avviare un’analisi comparata sul conflitto mondiale, ponendo a confronto alcune esperienze di ricerca e il livello di elaborazione storiografica in tre Paesi che furono tra i principali protagonisti della Grande Guerra: Italia, Austria e Russia, appunto. In particolare è stato interessante il confronto con la scuola russa, che solo negli ultimi venti anni è ritornata ad analizzare la Prima guerra mondiale in modo autonomo, separandola dallo studio della Rivoluzione di Ottobre. Anche in questa occasione si sono potute apprezzare, nelle analisi condotte dagli studiosi russi, le diverse impostazioni e sensibilità relative a questo snodo storico fondamentale per la storia di quel Paese. Di particolare interesse le analisi sulla storiografia sovietica e russa relativa al conflitto di Vjacheslav Shatsillo e Evgeny Sergeev.

Uno degli argomenti cardine della conferenza è stato quello relativo ai prigionieri di guerra russi concentrati dagli austro-ungarici in Tirolo, su cui Evgeny Sergeev condusse uno studio pionieristico già nel 1993, che ebbe come corrispettivo italiano l’indagine sui prigionieri austro-ungarici di lingua italiana catturati dall’esercito zarista realizzata, negli stessi anni, da Marina Rossi, anch’essa presente a questa Conferenza.

In particolare, si è analizzato l’uso che di questi prigionieri fu fatto dalla Duplice Monarchia per costruire fortificazioni e linee ferroviarie nella provincia di Bolzano, in particolare la ferrovia della Val Gardena. L’articolazione organizzativa della Conferenza, che prevedeva appunto lo svolgimento di una sessione a S. Cristina di Val Gardena, ha consentito di coinvolgere anche studiosi locali, appartenenti alla comunità ladina che abita da sempre quella valle. In tal modo è stata analizzata la sedimentazione, nella memoria della comunità, dell’esperienza di convivenza tra le popolazioni locali ed i prigionieri di guerra. In sostanza è emersa la comune esperienza di lavoro obbligato, dato che anche gli abitanti rimasti nella valle (donne, anziani e giovanissimi) furono costretti a contribuire alla costruzione di strade, ferrovia e funivie. Da questa esperienza sembra essere nata una memoria solidale, nella quale i prigionieri russi vengono ricordati più come vittime che come nemici.

Gli organizzatori della Conferenza hanno il duplice obbiettivo di ampliare lo studio dell’impatto della guerra negli ambiti sociali, e in particolare sulle condizioni di vita degli strati più deboli (prigionieri, malati, comunità locali) e di dimostrare l’interdipendenza di tutte le regioni a diverso titolo coinvolte nel conflitto, per cui le cui conseguenze di un singolo evento influirono sulla vita quotidiana e sulla storia di comunità anche molto distanti e diverse tra loro. A tal fine si propongono di dare continuità all’iniziativa di quest’anno proponendo anche per il futuro, e in particolare per il 2014, l’organizzazione di iniziative internazionali di studio.

Questo progetto è di grande significato anche per il fatto di svolgersi, con l’appoggio dei poteri locali, in una provincia che in un ancor recente passato fu sede di dure contrapposizioni tra la comunità di lingue italiana e quella di lingua tedesca e che oggi ha invece l’ambizione di presentarsi, in un contesto europeo attraversato da tensioni e contrasti, come un luogo di riflessione e di elaborazione comune sulla storia del continente.

Parutions : colloque de Béziers / Mélanges Jules Maurin

Les Actes du colloque de Béziers (septembre-octobre 2010) viennent de paraître sous la direction de Hubert Heyriès, Histoire militaire, études de défense et politiques de sécurité, des années 1960 à nos jours, Paris, Economica et Institut de Stratégie et des Conflits, 2012, 497 pages, index, avec la participation de CRISES, Université Paul Valéry Montpellier 3. L’ouvrage est divisé en cinq parties : “L’histoire militaire en centres de recherche” ; “L’histoire militaire hors de France” ; “L’histoire militaire en arme” ; “L’histoire militaire sous d’autres cieux” ; “L’histoire militaire en marche”. Dans la première partie, on pourra lire la communication de Rémy Cazals sur “Le CRID 14-18”, faisant évidemment état de la situation du CRID à la date du colloque. Dans la quatrième partie, un texte de Julien Mary et Frédéric Rousseau, “Les musées militaires : objets d’histoire et de mémoires”. La conclusion générale est de Jules Maurin. Rappelons que, lors de ce colloque, a été remis à Jules Maurin le livre d’hommage intitulé Combats, préparé par Jean-François Muracciole et Frédéric Rousseau (Paris, Michel Houdiard éditeur, 2010, 492 pages) qui contient, entre autres, deux textes fondamentaux : “Pour en finir avec ‘le moral’ des combattants” par André Loez, et “Penser la Grande Guerre avec ou sans Jules Maurin, Retour sur Armée-Guerre-Société : soldats languedociens (1889-1919)”. Parmi les autres contributions touchant à la guerre de 14-18 dans ce livre d’hommage, notons celles de Rémy Cazals, Jean-Jacques Becker, Odon Abbal, Gérard Cholvy, Jean-Claude Hélas, Elie Pélaquier, François Cochet, Yves Pourcher, Rémy Pech, Giorgio Rochat, Antoine Prost.

Journée de débats sur le patrimoine de la Grande Guerre (Sedan, 22 juin)

Le patrimoine de la Grande Guerre en débat. Ouvert à tous. 

A Sedan (Ardennes) vendredi 22 juin à l’amphithéâtre Mendès-France.

LE PATRIMOINE DE LA GRANDE GUERRE A SEDAN ET AILLEURS.
QUELS ENJEUX ?

Après-midi de débat de 14 h – 18 h, organisée par la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais, l’Université de Paris I- Panthéon/Sorbonne et la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (Ministère de la Défense)

Première partie : interventions

Séance présidée par Antoine Prost, Professeur à l’Université de Paris I

– 14 h La question du Monument de Sedan, histoire et enjeux par Sébastien Haguette (SHAS) et Nicolas Offenstadt (Maître de conférences à l’Université de Paris I), lecture d’un message de Gerd Krumeich, (Professeur à l’Université de Düsseldorf)

– 14h30 : Nicolas Charles (agrégé d’histoire, doctorant à l’Université de Paris I) : Les Allemands dans les Ardennes en 14-18. Etat des savoirs

– 14h50 : Thierry Hardier (Historien CRID1418) Quelle politique monumentale pour les Allemands dans la France occupée en 14-18 ?

15h10 Discussion sur les interventions

Deuxième partie : Echanges

– 15h30 -16h30 Table ronde : Que faire du patrimoine allemand 14-18 en France aujourd’hui ? Avec Arndt Weinrich (Chercheur à l’Institut historique allemand) Denis Rolland (Société historique de Soissons), Frederick Hadley (Historial de la Grande Guerre).
Table-ronde animée par Nicolas Offenstadt.

– 16h30 – 17h30 Table ronde : Quelle politique du patrimoine 14-18 à l’aube du centenaire ? Avec Antoine Prost (Professeur à l’Université de Paris I), Joseph Zimet (Directeur général de la Mission du Centenaire) et Philippe Olivera (Historien, CRID1418).
Table ronde conduite par André Loez, Historien, Professeur de Lettres Supérieures.

17h30 – 18h. Discussion générale.

Monument allemand de Sedan en péril

Une forte mobilisation de la communauté historienne sur la Grande Guerre est en cours afin d’éviter la destruction programmée du monument allemand du cimetière Saint-Charles à Sedan. On peut lire un article de la presse locale qui en rappelle les enjeux.On trouvera ci-dessous le courrier adressé au maire de Sedan par des historien/nes à l’initiative de Nicolas Offenstadt, ainsi qu’un descriptif du monument par Nicolas Charles.

Contact : nicolas.offenstadt@univ-paris1.fr

Lettre adressée au maire de Sedan
Monsieur le Maire,

Historiens et chercheurs, spécialistes de la Grande Guerre nous avons appris que la ville avait décidé de détruire le monument allemand 14-18 du cimetière Saint-Charles avec l’accord des associations patriotiques pour construire un ossuaire français. Nous nous permettons de vous écrire pour vous faire part de notre indignation et vous demander de reconsidérer cette décision afin de préserver un lieu de mémoire très significatif de la Grande Guerre. Cette décision nous paraît peu justifiable pour plusieurs raisons
–    D’abord l’architecture du monument et le témoignage qu’il porte sur cette période de l’histoire sont à la fois riches et originaux. Son ampleur permet aussi d’en faire un témoin visible et aménageable dans une intention pédagogique.
–    Enfin à l’heure de la « mémoire partagée », à l’approche du centenaire de la Grande Guerre qui sera à l’évidence franco-allemand, européen et international, on ne peut concevoir que les autorités françaises détruisent un patrimoine allemand si important au lieu de veiller à sa préservation.
–    Une telle politique de préservation se justifie d’autant plus que cette période suscite des interrogations et un intérêt certain dans un très large public, comme en témoignent les innombrables activités de mémoire autour de la Grande Guerre.

Avec tous nos remerciements pour l’intérêt que vous voudrez bien prêter à notre requête, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de notre respectueuse considération

Vincent Auzas, doctorant à l’Institut d’histoire du Temps Présent, Sylvette Boyer, Professeure au Lycée de Nouméa, Philippe Boulenger, Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise, Rémy Cazals, Professeur à l’Université de Toulouse, Yohann Chanoir, Professeur au Lycée de Reims, Nicolas Charles, Professeur au collège de Monthermé, Christian Chevandier, Professeur à l’Université du Havre, Rémi Dalisson, Professeur à l’Université de Rouen, Mourad Djebabla-Brun Professeur adjoint au Collège militaire royal du Canada (Kingston, Canada), Irene Guerrini, Chercheuse à Gênes (Italie), Benjamin Gilles, Conservateur à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, Thierry Hardier, Professeur au collège de Noyon, Charles Heimberg, Professeur à l’Université de Genève (Suisse), Anne Hertzog, Maîtresse de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, Elise Julien, Maîtresse de conférence à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille, Gerd Krumeich, Professeur à l’Université de Düssledorf, Alexandre Lafon, Professeur au Lycée d’Agen, Michel Litalien, Directeur, Réseau des musées des Forces canadiennes, Marie Llosa, doctorante à l’Université de Toulouse II, André Loez, Professeur de lettres supérieures, Paris, Nicolas Mariot, Chercheur au CNRS, Valériane Milloz, doctorante à l’Université de Paris I, Julien Mary, doctorant à l’Université de Montpellier, Philippe Nivet, Professeur  à l’Université d’Amiens, Nicolas Offenstadt, Maitre de conférences à l’Université de Paris I, Philippe Olivera, Professeur au Lycée de Marseille, Jean-Paul Pellegrinetti, Maître de conférences à l’Université de Nice, Stéfanie Prezioso, Professeure à l’Université de Lausanne (Suisse), Antoine Prost, Professeur à l’Université de Paris I,  Marco Pluviano, Chercheur à Gênes (Italie), Yann Prouillet, Société philomatique vosgienne, Jean-Louis Robert, Professeur à l’Université de Paris I, Denis Rolland, Société historique de Soissons,  Frédéric Rousseau, Professeur à l’Université de Montpellier, Arndt Weinrich, Chercheur à l’Institut historique allemand, Paris

Monument commémoratif allemand du cimetière Saint-Charles de Sedan.

C’est au cimetière Saint-Charles que se dresse le plus important monument commémoratif érigé par les Allemands dans les Ardennes durant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, il est également l’un des plus imposants de tous ceux réalisés par les troupes de Guillaume II dans les territoires français passés sous leur domination entre 1914 et 1918.
Les Allemands décident dès septembre 1914 de créer un carré militaire dans le cimetière municipal de Sedan pour enterrer leurs soldats morts dans le secteur. Sur le mur du fond, les Allemands ont fait graver sur des plaques de marbre le nom des soldats morts. Au centre du mur est créée une croix en or entourée de deux couronnes vertes. Celle-ci n’existe plus, tout comme le mur du fond. Les plaques se trouvant tout autour du monument, où étaient aussi inscrits des noms de soldats morts ne se trouvent plus sur place, seuls leurs emplacements sont encore présents.
A partir de 1915, les occupants décident de sacraliser cet espace en construisant un grand monument destiné à rendre hommage aux troupes tombées au champ d’honneur. Lony, professeur à l’école d’architecture de Trèves, et officier délégué, fit les plans de cet édifice. La construction s’étale de juin à octobre 1915, elle est réalisée par des soldats d’une division sanitaire stationnée à Sedan. Pour les matériaux, le choix de l’architecte se porte sur le fer et le béton, matériaux novateurs pour ce genre d’édifice : c’est un des premiers monuments réalisés en béton armé.
L’architecte fait construire un mur pour délimiter le carré Allemand du reste du cimetière. Il décide d’utiliser la pente en construisant deux terrasses. Au centre, il place un monument important : 9,3 mètres de long et 5, 35 mètres de large. L’édifice a des allures de monuments antiques avec ses quatre colonnes doriques. Celui-ci semble être une porte d’entrée vers le ciel, selon les souhaits de son concepteur. Sur chaque côté est ménagée une entrée. Les deux piliers principaux aux angles de la façade sont couronnés par des fruits stylisés. La façade principale porte une inscription de quatre lignes, texte poétique de Joseph von Lauff :
Kämpfend für Kaiser und Reich, nahm Gott uns die irdische Sonne ;
Jetzt vom Irdischen frei, strahlt uns sein ewiges Licht.
Heilig die Stätte, die ihr durch blutige Opfer geweiht habt!
Dreimal heilig für uns durch das Opfer des Danks.

Combattant pour l’Empereur et pour l’Empire, Dieu nous a pris le soleil terrestre.
Maintenant, libérés de toutes choses terrestres, sa lumière éternelle nous illumine.
Sacrée soit cette place, que vous avez consacrée par des victimes sanglantes.
Trois fois sacrée pour nous par le sacrifice du remerciement.

À l’intérieur, sur le plafond, trois couronnes végétales entourent deux croix de fer. Au centre, l’ordre « pour le mérite » est représenté.
Son implantation à Sedan n’est sans doute pas le fruit du hasard. C’est une des villes importantes de l’arrière front où sont cantonnés un grand nombre de soldats au repos ou en convalescence. La ville abrite aussi un important camp de prisonniers (l’un des plus importants du front occidental) dans le château fort. Mais Sedan est surtout pour les troupes impériales un lieu fondateur de leur nation. C’est là que le 2 septembre 1870 Napoléon III signe la capitulation de son armée face aux troupes de Guillaume Ier. Quelques mois plus tard, le grand-père de Guillaume II fonde à Versailles le IIème Reich allemand.
Le monument est aujourd’hui isolé au milieu du cimetière civil puisque toutes les sépultures allemandes ont été enlevées et déplacées vers plusieurs cimetières militaires germaniques des Ardennes (notamment celui de Noyer-Pont-Maugis qui se trouve à quelques kilomètres). Il est l’un des derniers témoignages dans le département des Ardennes des nombreux monuments commémoratifs qu’avaient construit les Allemands.

Nicolas CHARLES
Sources :
Archives privées de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais (images et documentation).
LAMBERT J. et WEISS R., Occupation, Besatzungseiten, les Ardennes (1914-1918) et la Rhénanie (1919-1930), Terres Ardennaises, Charleville-Mézières, 2007, 427 p.