Colloque à Sorèze (81) : Enseigner la Grande Guerre

Les 21 et 22 octobre prochain est organisé à l’abbaye de Sorèze un colloque, sous la direction de Caroline Barrera et Rémy Cazals, sur l’enseignement de la Grande Guerre. De nombreux membres du CRID 14-18 y interviendront pour apporter un éclairage mêlant expérience d’enseignement et recherche sur la Grande Guerre.

Parution : Stefanie Prezioso, Contre la guerre 14-18. Résistances mondiales et révolution sociale

 Cet ouvrage invite à une réflexion sur la place de ce conflit dans le temps présent, et sur les questions qu’il soulève à l’échelle nationale et transnationale. Cette anthologie contribue à une histoire de celles et ceux qui ont refusé la Grande Guerre, sous toutes ses formes. Elle place au cœur de la réflexion ces voix rebelles et ce que les mondes ouvriers, les peuples opprimés, les dominés ont produit comme critiques du premier conflit mondial en tant que fait total : politique, économique, culturel et social. L’auteure nous fait parcourir les divers lieux – des États-Unis à la Chine –, les genres, les attentes et les expériences de celles et ceux d’en bas, dessinant ainsi une carte des résistances et des  débouchés révolutionnaires. Dans le panorama des publications actuelles sur ce conflit mondial, Contre la guerre 14-18. Résistances mondiales et révolution sociale est à tout point de vue novateur.

Traductions de Stéfanie Prezioso, Hans-Peter Renk et Pierre Vanek.

Stéfanie Prezioso est historienne, membre du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 (CRID 14-18) ; ses travaux portent sur la génération de 1914, les expériences de guerre dans la première moitié du XXe siècle et le fascisme ; elle est professeure associée à l’Institut d’études politiques, historiques et internationales de l’université de Lausanne.

Stefanie Prezioso, Contre la guerre 14-18. Résistances mondiales, révolution sociale, La Dispute, 2017, 424 p.

Conférence : A l’Est du Chemin des Dames. L’attaque du 16 avril, devant Reims, sous l’œil du prêtre-reporter Loys Roux

Jean-Louis, dit Loys Roux, prêtre-brancardier au 23ème régiment d’infanterie de Bourg-en-Bresse, surnommé le « régiment des photographes », est un excellent photographe. Il va réaliser un monumental témoignage photographique regroupé dans deux albums contenant 1919 photographies de sa campagne, de 1914 à 1922. Ses clichés, échangés avec ses camarades de combat, vendus à l’Illustration ou repris par la section photographique des armées sont aujourd’hui une source considérable de documentation pour l’histoire. Véritable reporter de guerre, il a « couvert » l’attaque devant Reims, des préparatifs (février à avril) à la mi-juin 1917, après les mutineries de la division ; 150 images inédites d’un épisode controversé.

Informations pratiques : vendredi 9 juin 2017 à 19 h 00,  Maison de la vie associative, Salle 101/102, 9 rue Eugène Wiet à Reims (Marne) entrée libre

Pour se souvenir d’André Bach (1943-2017), de nos travaux et de nos luttes communes au sein du Crid 14-18

Dès l’origine, André Bach fut l’un des piliers de cette curieuse bande d’historiens plus ou moins franc-tireurs qui, un beau jour de 2005, décidèrent de former le Crid 14-18 pour mener le combat contre un tour que prenait l’histoire de la Grande Guerre qui les indisposait au plus haut degré.

André était là comme par une évidence, comme historien des fusillés. Cette figure du fusillé de la Grande Guerre, durable, excessive et démesurée même – comme il le disait encore à l’occasion de la grande exposition de 2014 à l’Hôtel de Ville de Paris dont il avait dirigé la partie scientifique –, était celle à laquelle il avait consacrée l’essentiel de son travail d’historien. Et au Crid 14-18, face au courant dominant des historiens qui demandaient qu’on tourne la page des objets « brûlants » de la Grande Guerre, André Bach retrouvait ceux qui refusaient, comme lui, l’idée d’une contradiction entre l’histoire et le profond respect de ceux qui l’avaient vécue. Si les fusillés avaient à ce point occupé le terrain de la mémoire de la guerre et s’ils l’occupent encore, c’est qu’au-delà des chiffres, ils nous disent beaucoup de ce que fut la pire guerre vécue par les Français.

André avait, comme chacun de nous, ses raisons particulières pour s’intéresser aux révoltes et à la discipline. Mais de fait, il était le seul d’entre nous à avoir connu ce que voulaient dire le commandement, l’obéissance et la discipline sous les armes et sous le feu. Il en parlait très peu d’ailleurs, et pour le peu en question, avec beaucoup de pudeur. Mais en nous disant toujours combien cela avait pesé dans son intérêt d’historien pour le fusillé.

Était-ce pour cette raison d’une expérience un peu différente ? Ou parce qu’il était l’un de nos aînés ? André Bach, en tout cas, servait de point de référence lorsqu’il fallait discuter de la manière de monter au combat, puisque le Crid en était un.

Il était un peu notre sage. Qui répétait combien il fallait d’abord travailler, plutôt que de polémiquer. À ce sujet, c’était d’ailleurs un fin renard, qui nous expliquait après coup combien la stratégie de l’apaisement servait avant tout à déstabiliser l’adversaire. Car enfin, au moins autant que tous les autres membres du Crid 14-18, il menait son travail d’historien comme un combat.

Le preuve ? Alors qu’une vieille idée reçue (et bien souvent constatée) veut qu’avec l’âge vienne le temps du compromis et de l’oubli de la révolte, André a mené le chemin strictement inverse. Sans se disperser dans les effets de manche qu’il détestait, il n’a cessé d’être toujours plus intransigeant face aux personnes et aux idées en place. Ces derniers mois, il disait sans diplomatie sa profonde colère contre la vacuité des commémorations de 14-18. Il avait trouvé avec ses amis du groupe de Prisme 14-18 un lieu propice au prolongement du combat pour une histoire aussi rigoureuse qu’ancrée dans la vie.

Ces dernières années, André ne venait plus aux assemblées du Crid 14-18. En partie pour des raisons de santé. Mais il était toujours présent par l’écriture : les longs messages d’André, depuis sa « thébaïde arcachonienne » comme il disait ! Quel meilleure signe de sa totale générosité, de son optimisme indéfectible au nom des valeurs auxquelles il croyait fermement. Généralement, le message partait vers 1h50 du matin ; il nous rappelait – sans jamais faire la leçon – aux idéaux d’ouverture, de « science de plein air » comme le dit la charte du Crid qu’il aimait citer sur ce point, et d’esprit collectif. Jusqu’au bout, et même de loin, il nous faisait profiter de ce qu’il appelait son « utopie créatrice ».

Dans les mots qu’il écrivait et qui suivent, on peut remplacer avec la malice qui le caractérisait « interdisciplinarité » par « indiscipline », et retrouver toute la fougue de son combat d’historien :

L’interdisciplinarité est mon credo, j’aime embrasser l’histoire sous toutes ces facettes et dans toutes ces périodes, mais j’appelle de mes vœux un CRID regroupé, musclé, appelé à être un des acteurs de cette période où on parlera plus que jamais de 14-18, un 14-18 que j’espère dégagé de la gangue hagiographique qui l’enserre encore, dégagement auquel le CRID se devrait de contribuer.

Merci André. Et comme tu le disais à la fin de presque tous tes messages : « continuons le débat ».

P.Olivera

Hommage au général André Bach, 1943-2017

André Bach à Craonne. Photo : Chemins de Mémoire Sociale.

Le général André Bach est décédé dans la nuit du 18 mai 2017 au terme d’une maladie. Avec lui, la communauté des chercheurs et passionnés de la Grande Guerre perd un savant de premier plan et un homme remarquable. Ceux qui l’ont rencontré garderont le souvenir d’un militaire qui fut aussi un historien et un citoyen, à la fois humaniste, curieux et généreux. Le Crid 14-18 est en deuil et lui rend ici hommage.

Né en 1943 à Perpignan, André Bach sort de Saint-Cyr en 1966 comme officier d’infanterie parachutiste. Il connaît différentes responsabilités dans l’armée, aussi bien auprès d’états-majors que sur le terrain, en Nouvelle-Calédonie ou encore à Soissons, et au feu, en particulier en 1986 au Liban (bataillon français de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban). Cette même année il débute un long enseignement à l’école supérieure de guerre, nourri d’une passion précoce pour l’histoire, avant de faire partie de la direction du Service d’informations et de relations publiques des armées (SIRPA), puis de devenir le chef du Service Historique de l’Armée de Terre (devenu Service Historique de la Défense, à Vincennes) entre 1997 et 2000.

C’est là qu’il entame véritablement un parcours d’historien, au contact d’archives, en particulier celles de la Grande Guerre dont il éprouve la richesse, et dont il souhaite améliorer le classement et élargir l’accès. De très nombreux chercheurs lui doivent d’avoir pu consulter des dossiers longtemps difficilement consultables, pour la Justice militaire en particulier.

Ce domaine retient son attention pour un ouvrage majeur, paru en 2004 : Fusillés pour l’exemple (éd. Tallandier), première somme parfaitement documentée qui mesure et dévoile de façon systématique les mécanismes des exécutions militaires dans l’armée française en 1914-1915. Le livre est à la fois le fruit d’une très fine connaissance de l’institution militaire, et de l’interrogation d’un citoyen qui eut à commander des combattants sur la peine de mort en temps de guerre. L’enquête trouvera des prolongements dans un second volume tout aussi riche en citations de sources primaires, Justice militaire 1915-1916 (éd. Vendémiaire, 2013), puis dans une série de publications en ligne avec un groupe de travail composé pour partie de non-professionnels de la recherche, le « Prisme 14-18 ». Cette dernière démarche illustre aussi le souhait qui fut le sien de discuter largement questionnements et matériaux avec des chercheurs de tous horizons, au sein comme en dehors de l’université, ce qu’il accomplit aussi au sein du Crid 14-18, dont il fut l’un des fondateurs, une cheville ouvrière, et le vice-président depuis l’origine, en 2005. On doit aussi à l’historien l’une des rares synthèses sur l’institution militaire au XIXe siècle, L’armée de Dreyfus. Une histoire politique de l’armée de Charles X à l »Affaire » (éd. Tallandier, 2004). On pourra lire ici et ici deux entretiens récents qui illustrent les démarches, centres d’intérêt et méthodes du chercheur.

Par ses propres travaux d’ampleur et surtout par l’énergie mise à partager et rendre accessibles de précieux documents, stimulant pour toute une communauté savante de nouvelles interrogations, ses contributions à l’histoire de la Grande Guerre sont de première importance.

Le Crid 14-18 perd un de ses piliers, et avant tout un ami. Avec de très riches souvenirs de marches, de dialogues, de chansons, avec gratitude pour le savoir et les conseils partagés, avec surtout une profonde tristesse, l’association et ses membres s’associent à la douleur de ses proches.

Parution : dernière livraison de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps. n° 121-122

La commémoration en pratique : usages et appropriations du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Matériaux, pour l’histoire de notre temps, BDIC, n°121-122, 2e semestre 2016.

Couverture et sommaire de la revue ci-joint.

Vous trouverez l’intégralité de l’actualité des publications de la BDIC sur son site.

Couverture du n° 121-122 de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps
Sommaire du n°121-121 de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps

Parution : Minorités, identités régionales et nationales en guerre, 1914-1918.

Composées de simples citoyens ayant endossé l’uniforme, les armées de 1914-1918 s’affrontent au nom de nations au sein desquelles résonnent et s’entremêlent différents modèles de patriotisme, de nationalisme et d’identités régionales et sociale. Dès lors, que produisent les expériences de guerre sur ces groupes ? L’ouvrage propose des pistes pour la compréhension de ces frontières intra-étatiques peu visibles, redessinées par la guerre.

Sylvain Gregori et Jean-Paul Pellegrinetti (Dir.), Minorités, identités régionales et nationales en guerre (1914-1918), Presses universitaires de Rennes, 2017, 304 p.

Pour plus d’informationshttp://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4318#

Parution : La langue sous le feu

La langue sous le feu ; Mots, textes, discours de la Grande Guerre

2017 Odile Roynette, Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt (dir.)

Cet ouvrage explore le laboratoire de mots, de textes et de discours qu’a constitué la première guerre mondiale. Grâce à une collaboration fructueuse entre historiens, linguistes et littéraires, et en exploitant systématiquement de nouvelles ressources numérisées comme des correspondances de « poilus ordinaires », il scrute les transformations à l’œuvre et montre comment la guerre fut aussi une expérience de langage. Il ouvre l’analyse à la comparaison avec d’autres pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Espagne. Avec le concours du laboratoire Praxiling (UMR 5267, université Paul-Valéry Montpellier CNRS), le soutien de l’université Paris Sorbonne et celui du laboratoire ELLIADD (EA 4461) de l’université Bourgogne-Franche-Comté.

Colloque : Andreas Latzko (1876-1943). Un classique de la littérature de guerre oublié ?

Colloque international du laboratoire du CREG (Université Toulouse Jean Jaurès) du 27 avril 2017 au 28 avril 2017

« Devrais-je me guérir de ma mémoire ? Sans le souvenir dont je suis fait, que serais-je ? ».
Ecrivain austro-hongrois né dans une famille juive assimilée, Andreas Latzko demeure selon Romain Rolland « au premier rang des témoins qui ont laissé le récit véridique de la Passion de l’Homme en l’an de disgrâce 1914 ».
Le colloque qui lui est consacré s’inscrit pleinement dans la thématique du CREG « Hériter et transmettre : mécanismes et processus dans les pays de langue allemande« . Il vise entre autres :
– à explorer la transmission de l’expérience du front dans l’œuvre littéraire et journalistique,
– à étudier les mécanismes éditoriaux de la réception ou de la transmission d’une mémoire de son œuvre,
– à mieux comprendre les phénomènes de décanonisation posthume d’un auteur internationalement connu de son vivant en s’interrogeant sur la place et l’image qu’il a occupé et occupe en Hongrie et en Autriche,
– à cerner sa place dans le contexte de l’émigration allemande en Suisse et aux Pays-Bas et sa contribution aux mouvements pacifistes,
– à explorer des parties jusque là peu ou pas étudiées de son œuvre, comme son autobiographie ou ses correspondances (avec Stefan Zweig, Romain Rolland, entre autres…).