Kaputt
LebelLigneLimoger
MarcherMarmite / MarmitageMéliniteMercantiMidisMineMinen / MinenwerferMonterMutilation volontaire
Nettoyage / Nettoyeur de tranchéesNo Man’s Land
ObservatoireObusiteOrdre du Jour
Pain K.K.Pal’s BattalionsParallèle de départParapetParadosPare-éclatsPatrouilleP.C.D.F.PelotonPépèrePercéePercutantPériscopePerm / Perme / PermissionPetit PostePiècePinardPlaque d’identitéPoiluPopotePoste de SecoursPréparation d’artilleriePruscos

—- K —-

Kaputt

Adjectif allemand qui signifie cassé, abîmé, ou, plus familièrement, foutu. Employé par les combattants français souvent de manière moqueuse à l’adresse des ennemis.
Citation :

  • « Le fusil claque, plus d’homme; seul le calot qui a sauté en l’air d’un bon demi-pied, retombe sur le parapet et s’y pose. Tous rient et battent des mains: « Ah! il en a, des Boches, sur la conscience! » Et Pécou redescend, ses petits yeux clignotant de contentement, en disant: « Kamarad, kapout! » Il le répète deux ou trois fois en regagnant sa place, où de nouveau il épluche son œuf en silence. » ( Lieutenant E.R. (Capitaine Tuffrau) [Paul Tuffrau], Carnet d’un combattant, Paris, Payot, 1917, p. 171-172)

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—- L —-

Lebel

Fusil qui équipe les armées françaises. Conçu en 1886 et modifié en 1893, son calibre est de 8 mm. Il est à la fois robuste, précis, et légèrement dépassé en raison de la lenteur de chargement de son magasin. Ses équivalents allemand et britannique sont respectivement le Mauser G98 et le Lee-Enfield Mark I. La longueur du fusil Lebel (1,80m) le rend d’usage très peu pratique dans les tranchées souvent étroites de la guerre de position.
Renvois : Chauchat, VB
Bibliographie : Jean Huon, Les armes françaises en 1914-1918, Chaumont, Crépin-Leblond, 2005, p. 21-22
Citations :

  • « Soudain les Lebel crépitent : c’est l’assaut ! » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, Journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 78)
  • « J’espère que tu dois commencé à savoir te servir de Mademoiselle Lebel » (Lettre de Joseph Papillon à son frère Lucien, « Si je reviens comme je l’espère » Lettres du front et de l’arrière 1914-1918, Paris, Grasset, 2004, p. 77)

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Ligne (1ere, 2e, etc.)

Le creusement des tranchées à l’automne 1914 amène à distinguer en « lignes » les zones du front et les tranchées qui y sont creusées. La première ligne est ainsi celle qui fait directement face aux lignes adverses, c’est la zone la plus dangereuse, où les combattants font des séjours généralement brefs (de l’ordre d’une semaine) hors des grandes batailles qui conduisent à rester longtemps en « ligne ». L’intervalle entre les lignes est variable, et la communication se fait par des boyaux. Une fois la guerre de tranchée installée dans la durée, le réseau défensif s’organise en profondeur. Chaque ligne est une suite continue de tranchées ou de fortins, et un ensemble de ligne constitue une position. Dans la plaine de Reims, au moment de l’offensive du Chemin des Dames, il y a souvent trois positions allemandes successives, chacune constituée de plusieurs lignes.
Renvois : Boyau, Sape
Bibliographie : Michel Goya, La chair et l’acier. L’armée française et l’invention de la guerre moderne (1914-1918) , Paris, Tallandier, 2004, p. 271.
Citation :

  • « Notre première ligne n’était qu’une ligne brisée avec des intervalles entre sections et compagnies qui allaient jusqu’à quatre cents mètres » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p.289)

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Limoger

Le terme date des débuts de la guerre et signifie envoyer un officier supérieur, que l’on considère comme inefficace et incompétent, dans un commandement subalterne, qui n’est forcément Limoges. Il s’applique d’abord à la grande vague de généraux démis par Joffre dans le contexte de la retraite de 1914 et de la bataille de la Marne puis devient courant : Le mot s’est étendu a toute forme de renvoi par une autorité supérieure, tel qu’il est employé aujourd’hui.
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, p. 69.
Citation :

  • « Je profitai de mon enquête pour obtenir le limogeage [du général] Duchêne » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 303, 30 juillet 1918)

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—- M —-

Marcher

C’est une des activités traditionnelles du fantassin. Même dans la guerre des tranchées, on marche pour aller d’un cantonnement à l’autre, des lignes vers les positions de repos, et là on marche en guise d’exercice. Le mot signifie aussi « obéir aux ordres ». La Chanson de Craonne dit : « Person’ ne veut plus marcher ».
Renvoi : Descendre, Monter
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, p. 72
Citation :

  • « Nos hommes sont exténués. Ils marchent toutes les nuits, ou deux nuits sur trois, souvent inutilement. (Louis Birot, Carnets. Un prêtre républicain dans la Grande Guerre, Albi, FSIT, 2000, p. 236, août 1916).

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Marmite / Marmitage

Dans l’argot des combattants, désignation des projectiles allemands par les soldats français, en particulier des Minenwerfer sans doute en raison de leur forme et de leur poids.
Renvois : Minen
Citations :

  • « J’entendis arriver une grosse marmite qui me parut m’être destinée. Je piquai une tête dans le boyau, tête première. Il était temps, elle éclata derrière moi, sur le parapet, me couvrant de terre et de débris. ». (Xavier Chaïla, C’est à Craonne, sur le plateau. Journal de route 1914-1919, Carcassonne, F.A.O.L., 1997, p.68)
  • « Une marmite s’est écrasée sur le parapet, enterrant mes fusées, brisant un fusil-mitrailleur, blessant plusieurs hommes. Les autres se disent commotionnés, ils sont surtout abrutis, apeurés. » (Jean-Pierre Biscay, Témoignage sur la guerre 1914-1918 par un chef de section, Montpellier, Causse, 1973, p.77)
  • « Mon Commandant, je ne salue que les marmites quand elles passent ». (caporal anonyme du 174 e RI, juin 1917, rapport du commandant Brique, le 7 juin 1917, SHDT 16 N 1521)
  • « Favigny devina que « marmite » signifiait quelque chose de dangereux; mais au « dépôt » on ne leur avait pas enseigné ce que cela voulait dire » (Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone, 2000 [1 e éd. 1920] , p.26)

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Mélinite

Explosif brisant à base d’acide picrique, mis au point en 1885 par le chimiste Eugène Turpin. Elle est de couleur jaune paille, d’où son nom (« méli », miel en grec). Son pouvoir de destruction a conduit à la remise en cause des forts dits Séré de Rivière souvent déclassés pour cette raison en 1914.
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004
Citation :

  • « Notre grande arme demeura les pétards à la mélinite que l’on jette à la main après en avoir allumé l’amorce. » (Marc Bloch, « Souvenirs de guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006, p.152)

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Mercanti

Mot à connotation péjorative, utilisé par les combattants français pour désigner les civils commerçants ou improvisés commerçants qui vendent, à proximité du front, des boissons ou d’autres produits à des prix exagérément élevés.
Renvois : Embusqués
Citations :

  • « Nous sommes dans Fismes, la ville des suprêmes dé­bauches. Tous les rez-de-chaussée sont les épiceries qui débordent sur la voie. Nous n’avons jamais vu de telles pyramides de charcuteries appétissantes, de boites aux éti­quettes dorées, un tel choix de vins, d’alcools, de fruits. Peu d’objets : ici on n’achète pas ce qui dure. Mais partout de la boisson et de la nourriture. Les mercantis nous trai­tent comme des chiens et nous annoncent les prix d’un air de défi. Nous n’avons jamais payé aussi cher et les soldats murmurent. Les vendeurs leur lancent un regard froid, implacable, qui signifie : à quoi vous servira votre argent si vous n’en revenez pas ? C’est vrai ! Une détonation plus forte décide les plus économes ; ils se chargent les bras et tendent leurs billets. Buvons donc, bouffons donc ! A en crever… Puisqu’il faut crever! » (Gabriel Chevallier, La Peur, Paris, Stock, 1930, p 210, Fismes après le 16 avril 1917)
  • « Ce village, quoique situé à peine à quelques kilomètres des lignes allemandes, n’avait jamais été bombardé ; la population civile était rassurée et se livrait sans scrupules à son odieux trafic de mercanti, qui consiste à voler le poilu sous prétexte de lui fournir les matières de première nécessité. » (Georges Caubet, Instituteur et sergent, Mémoires de guerre et de captivité, présentés par Claude Rivals, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », 1991, p. 13, près de Verdun, février 1916).

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Midis

Désignation des soldats méridionaux, qui peut prendre une tournure péjorative, notamment avec le scandale causé en 1914 par la mise en cause du comportement des troupes méridionales du XVe corps lors de la bataille de Dieuze.

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Mine

Charge d’explosifs que l’on amenait sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des galeries souterraines (v. Fourneau), creusées à cette fin par des troupes spécialisées, les sapeurs. Par extension, on désigne comme la « mine » l’ensemble du cheminement souterrain creusé par l’assaillant jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine. Ce type de guerre était très craint des combattants, comme de ceux chargés de placer les mines. Des entonnoirs (par exemple à Massiges, Marne ou à Vauquois, Meuse) et des galeries de mine (à la Chapelotte, Vosges) sont encore visibles dans le paysage.
Renvoi : Entonnoir
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004
Citation :

  • Le soldat du 2e génie Pierre Guiraud écrit à ses cousins en mai 1918 à ce sujet « ses le plus sale travail que l’en fait en et plus dangeureus que en car cam on travail a se metre desou la terre et que eu vous font sauter la mine vous éte sur dit raister » (correspondance inédite)

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Minen / Minenwerfer

Nom des pièces d’artillerie de tranchée allemande, et, par extension, désignation des projectiles qu’elles envoient.
Renvois : Crapouillot, Marmite
Citations :

  • « Les vilains « Minenwerfer », lourdes torpilles, laids crapouillots, étaient encore choses inconnues dans ce secteur » Carnets de L. Barthas, p.100.
  • « C’est un sujet contre lequel les soldats récriminent le plus. Il serait heureux que notre artillerie lourde puisse museler rapidement les Minen dès qu’ils se mettent en action et que nous soyons dotés d’engins aussi puissants et aussi précis. » (combattant du 369 e RI fin 1917, cité dans Nicot Jean, Les poilus ont la parole, p.65, n.5)
  • « C’est là que j’ai pu voir leur redoutable Minenwerfer, bombe de 60 kilos dont le trou qu’elle fait en tombant contiendrait dix hommes. Aussi, si ça tombait sur un gourbi, il n’existait plus rien de ce qui auparavant nous servait d’abri. » (Fernand Tailhades, « Souvenirs », dans Eckart Birnstiel et Rémy Cazals éd., Ennemis fraternels 1914-1915, Toulouse, PUM, 2002, p. 170, Vosges, mars 1915).

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Monter

Pour les combattants français, le verbe monter devient durant la guerre synonyme d’« aller aux tranchées », en raison notamment de l’organisation du « système-tranchées » (F. Cochet) qui fait alterner dans le temps des séjours dans des espaces (arrière, arrière-front, front-arrière, zone de feu) plus ou moins dangereux. On « monte » vers le feu et les tranchées de première ligne. Inversement durant les mutineries les combattants refusent de « monter ».
Renvois : Descendre, Marcher
Citations :

  • « On «  monte » toujours aux lignes, bien qu’elles soient souvent dans un bas-fond. Ce n’est pas qu’on y respire l’air léger des sommets (…) mais c’est qu’il est plus malaisé de monter que de suivre un chemin dans la plaine et qu’on n’arrive pas dans les tranchées de combat sans un rude et tragique labeur » (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p.13)
  • « Les régiments d’infanterie en ont complètement marre et une grande partie refuse de monter; c’est à cause de cela que Paul est au mont Haut, ceux qui devaient y aller ayant refusé de monter.»(Fernand Maret, Lettres de la guerre 14-18, Nantes, Siloë, 2001, p.211)

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Mutilation volontaire

Blessure infligée sur lui-même par un soldat afin d’échapper au front ou au service actif. Il s’agit souvent de coups de feu que l’on se tire sur un membre, et parfois d’ingestion de substances provoquant des maladies, mais à la toxicité limitée. Les mutilations volontaires semblent avoir été particulièrement nombreuses au début de la guerre, les soldats étant désemparés devant les conditions que le conflit leur imposait. Le commandement assimila la mutilation volontaire à un abandon de poste en présence de l’ennemi et de nombreux soldats ont été condamnés ou/et exécutés pour ce délit.
Renvois : Conseil de guerre, Cour martiale
Bibliographie : Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la grande guerre et la mémoire collective, 1914-1999, Paris, Odile Jacob, 1999 ; André Bach, Fusillés pour l’exemple, Paris, Tallandier, 2003.
Citation :

  • « Quand j’arrive incident très grave. Le major Merlat est occupé avec un autre médecin à réviser les plaies suspectes de la main gauche. Dans un grand nombre de cas la mutilation volontaire est évidente. » (Louis Birot, Carnets. Un prêtre républicain dans la Grande Guerre, Albi, FSIT, 2000, p.32, août 1914)

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—- N —-

Nettoyage / Nettoyeur de tranchées

Mise hors d’état de nuire des ennemis restés dans les tranchées en deçà de la progression des troupes d’assaut. Très importante puisqu’elle consiste à s’assurer qu’on ne laisse d’ennemis dans son dos, la mission de nettoyage de tranchées a donné lieu à toute une série de récits sanglants ou de mythes plus ou moins conformes à la réalité. Des unités étaient spécialisées dans ces opérations qui se faisaient à l’arme de poing, à la grenade ou plus rarement au couteau.
Renvois : Baïonnette, Corps francs
Bibliographie : Thierry Hardier, Jean-François Jagielski, Combattre et mourir pendant la Grande Guerre, (1914-1925), Paris, Imago, 2001, p. 74.
Citation :

  • « Les vagues d’assaut franchiront les tranchées conquises sans s’y arrêter. Les «  nettoyeurs », comme leur nom l’indique, « feront le ménage » c’est-à-dire neutraliseront les occupants à coups de pistolets, de grenades et même de couteaux ! C’est ce qui explique cette distribution d’armes nouvelles. Quelques-uns brandissent leur coutelas en exécutant une espèce de danse du scalp, mais malgré cette exubérance, beaucoup répugnent à l’employer et presque tous le jetteront au départ. « Nous ne sommes pas des assassins ! » disent-ils. » (Émile Morin, Lieutenant Morin, combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, p. 89, septembre 1915).

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No Man’s Land

Littéralement: « la terre de personne ». Ce terme désigne l’étendue de terrain ravagée et inhabitée située entre les deux lignes de tranchées adverses.  Son premier emploi attesté se trouve dans une dépêche d’Ernest Swinton, militaire et correspondant de guerre anglais, le 21 décembre 1914 : « Beyond, of width varying according to the nature of the fighting and of the ground, is neutral territory, the no-man’s-land between the hostile forces. It is strewn with the dead of both sides, some lying, others caught and propped in the sagging wire, where they may have been for days, still others half buried in craters or destroyed parapets » [« Au-delà, de largeur variable suivant la nature du combat et du terrain, c’est le territoire neutre, la terre de personne entre les forces adverses. Il est jonché des morts des deux camps, certains étendus, d’autres pris dans les fils barbelés, où ils peuvent se trouver depuis des jours, d’autres encore à moitié enterrés dans des cratères et des parapets détruits »] Clair et évocateur, le terme est largement repris par la suite, y compris par les combattants francophones. Il reste peu répandu parmi ceux d’origine populaire qui parlent plutôt de « bled ».
Renvois : Bled, Cratère, Parapet
Citation :

  • « Les patrouilles de surveillance montent la garde en avant des réseaux, s’assurent qu’ils sont intacts, sillonnent le no man’s land, le « pays de personne », qui sépare des nôtres les réseaux boches. » ( Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 32)

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—- O —-

Observatoire

Position élevée permettant d’avoir une vue sur le champ de bataille, particulièrement utile pour permettre les réglages d’artillerie. En 1917, on nomme parfois « bataille des observatoires » l’ensemble des combats de l’été et de l’automne sur le Chemin des Dames, entre l’offensive Nivelle d’avril-mai et celle de la Malmaison fin octobre (l’enjeu militaire est alors de s’assurer la maîtrise de la ligne de crête du Chemin des Dames).

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Obusite

Nom donné en France aux affections psychologiques consécutives à l’expérience du bombardement.
Renvoi : Shell-Shock

Bibliographie : Louis Crocq, Les traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob, 1999.

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Ordre du Jour

Moyen dont dispose la hiérarchie militaire pour s’adresser à la troupe et aux subordonnés. Il est daté, porte un numéro et se caractérise par sa brièveté et son intention de frapper l’imagination de ceux qui vont le lire et l’entendre car un ordre du jour se lit plusieurs fois aux rassemblements des hommes. Il vise à les encourager ou à les mettre en garde contre les comportements attentatoires à la discipline. Plusieurs ordres du jour sont restés célèbres, comme ceux dont un extrait figure ci-dessous.
Citations :

  • « Au moment où s’engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. » (Général Joffre (commandant en chef), ordre du jour du 6 septembre 1914, bataille de la Marne)
  • « La journée du 9 avril est une journée glorieuse pour nos armes. Les assauts furieux des soldats du Kronprinz ont été partout brisés. Fantassins, artilleurs, sapeurs, aviateurs de la II e armée ont rivalisé d’héroïsme. Honneur à tous ! Les Allemands attaqueront sans doute encore, que chacun travaille et veille pour obtenir le même succès qu’hier. Courage, on les aura ! » (Général Pétain (commandant le secteur de Verdun), Ordre du jour du 10 avril 1916, bataille de Verdun)
  • « L’heure est venue. Courage et confiance. Vive la France » (Général Nivelle (commandant en chef), ordre du jour du 15 avril 1917, bataille du Chemin des Dames)

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—- P —-

Pain K.K.

Pain de rationnement allemand (Kleie und Kartoffeln – son et pommes de terre) qui a donné lieu en France à de multiples allusions scatologiques, dans la logique de la dévalorisation de l’ennemi. Ainsi trouve-t-on ce dialogue sur une carte postale de février 1915 :
« Le Petit Boche : « Maman ! K-K ! K-K !!… »
La Mère Boche : « Voyons ! Est-ce de manger que tu as envie ou bien de… le contraire !  »
(voir Laurent Gervereau, Images de 1917, Paris, MHC/BDIC, 1987, p.157)

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Pal’s Battalions

« Bataillons de copains » : Désignation des unités de volontaires de l’armée britannique dont le recrutement local en 1914 (à l’échelle de l’usine, du village par exemple) permettait la transposition des liens de camaraderie civils au front.

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Parallèle de départ

Espace aménagé parallèlement à la tranchée de première ligne, permettant de concentrer les combattants d’une vague d’assaut en vue d’une offensive

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Parapet

Rebord de la tranchée qui fait face à la tranchée adverse. Il constitue à la fois une protection (renforcée par des barbelés et des sacs de sable) et un obstacle à escalader lors des attaques ou des départs pour patrouilles et coups de main. Une des règles primordiales de la guerre des tranchées consiste à ne rien exposer à l’adversaire au-dessus du parapet.
Renvois : Créneau, Parados, Pare-éclat
Citations :

  • « Des coups de sifflet, des hurlements, « En avant ! » Et c’est l’escalade des parapets, disciplinés, lentement, masque pendant. » (attaque du 16 avril 1917, témoignage de Roger Dantoine, cité par Rémy Cazals, Claude Marquié et René Piniès, Années cruelles, 1914-1918, Villelongue d’Aude, Atelier du gué, 1998, p.120)
  • « Nous arrivâmes au moment où, dans la pénombre, les derniers voltigeurs des bataillons de tête enjambaient les parapets dans un bruit de gamelles et de baïonnettes. » (attaque du 16 avril 1917, André Zeller, Dialogues avec un lieutenant, Paris, Plon, 1971, p.114)
  • « De temps à autre, je glisse un coup œil au-dessus du parapet et ne vois toujours devant moi que la masse vert sombre des bois que tiennent les Boches, et la partie inclinée du terrain qui descend vers le ravin où se cache le village de Tahure. » (Jacques Meyer, La Biffe, Paris, Albin Michel, 1928, p.58)
  • « Une balle soudain, frappe sur le parapet, avec un claquement dur qui nous fait sonner les tympans. » (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points », p.218)

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Parados

Protection par un monticule de terre en arrière de la tranchée.
Renvois : Parapet, Pare-éclats

Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.

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Pare-éclats

Élément de protection placé de manière transversale dans une tranchée ou un boyau afin de limiter les effets de l’explosion d’un obus en arrêtant ses éclats.
Renvois : Parapet, Parados
Citation :

  • « Et les tranchées elles-mêmes, en quel état nous les trouvions ! Celle où je me tenais était une sorte d’étroit sillon, à fleur du sol, toute droite, sans pare-éclats, si bien qu’une bombe éclatant à une de ses extrémités pouvait atteindre de ses fragments l’extrémité opposée » (Bloch 2006, p.141)

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Patrouille

Opération le plus souvent nocturne pratiquée en avant des tranchées de première ligne par un petit nombre de combattants, généralement dans le but de reconnaître et repérer les défenses adverses. Les patrouilles sont très risquées.
Renvoi : Coup de main
Citations :

  • « Notre mission consistait à maintenir par des patrouilles la liaison avec les troupes qui tenaient les pentes en face, mais ces patrouilles ne se faisaient que sur le papier, par des compte rendus fictifs, car en réalité au bout de trois jours les patrouilles auraient cessé faute de patrouilleurs. » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p.288)
  • « La patrouille, c’est la chasse où l’on est chasseur et non plus seulement, dans le flot qui roule, une goutte d’eau parmi le torrent. Je sais que nous trouverons, presque au hasard, des hommes qui sauront suivre la trace du fauve d’en face et discerner ce qui défend sa tanière. » ( Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990 , p.34)

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P.C.D.F.

Abréviation de « Pauvres couillons/cons du front », désignant les fantassins. Elle est employée au cours de la guerre par les combattants eux-mêmes et dénonce implicitement les « embusqués » qui arrivent à échapper au front et au danger.
Renvois : Biffe/Biffin
Citation :

  • « On ne saurait mesurer la part qu’ont eues aux récentes mutineries des p.c.d.f. (pauvres cons du front) le récit par Le Petit Parisien des soviets des soldats russes. » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p.237)

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Peloton

1) Dans l’infanterie correspond au regroupement de deux sections sous un commandement unique. Dans la cavalerie le peloton correspond à ce que dans l’infanterie on appelle une section.
2) Peloton d’exécution, unité militaire chargée de fusiller les condamnés à mort lors des exécutions capitales.
Citations :

  • « Le 24 septembre, notre compagnie se divisa. Le premier peloton s’en alla occuper les tranchées de repli. Le deuxième peloton, où je servais, demeura toute la journée derrière un petit bois tout près de la ferme du Moulinet où nous avions couché. » (Bloch 2006, p. 136)
  • « Lorsque les types sont attachés aux poteaux et que les 4 pelotons d’exécutions couchent les types condamnés en joue, il semble alors que la cadence du cœur devient folle pour s’arrêter quand la salve part… » (Témoignage sur l’exécution des mutins de la 77e DI, cité par Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, p.256-257)
  • « Il y en a un qui faisait partie du peloton qui est tombé en tirant son coup de fusil et qui est resté malade. Il ne voulait pas qu’on lui parle. Il disait : « Laissez-moi, je suis un assassin » » (Témoignage sur l’exécution des mutins de la 77e DI, cité par Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, p.256-257)

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Pépère

1) Comme adjectif : se dit d’un secteur tranquille et considéré comme peu dangereux.
2) Comme nom : désigne les soldats territoriaux les plus âgés.
Renvois : Filon, Secteur, Territoriaux
Bibliographie : Albert Dauzat, L’Argot de la guerre, d’après une enquête auprès des officiers et soldats, Paris, A. Colin, 1918.
Citation :

  • « Nous recevons en renfort trois servants de la territoriale provenant d’une colonne de munitions dissoute. Ils portent les écussons du 5e lourd de Joigny. Les trois pépères sont rutilants, leur paquetage obèse. Ils s’assoient à côté de nous, tout tristes de leur nouveau sort. Un quart de jus bien chaud leur est servi par le cuistot. Mais ils sont « fatigués ». Leur chef me demande, sans rire, où est la chambre à coucher. « Mais vous y êtes, cher ami », lui dis-je en lui montrant la paille étendue. Habitués à dormir tous les jours dans de bons cantonnements, très à l’arrière, souvent dans de vrais lits, ils sont tout déconcertés. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 70-71, 8 février 1915)

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Percée

Ce terme désigne la rupture du front adverse que l’on attend d’une offensive. Rendue presque impossible par la supériorité, dans le cadre de la guerre des tranchées, des défenseurs sur les attaquants, et par la difficulté de faire avancer renforts et artillerie sur le terrain conquis mais bouleversé par les obus, elle reste un objectif du commandement français jusqu’en 1917 (offensive Nivelle au Chemin des Dames).
Citation:

  • Dans son roman, significativement intitulé La percée, Jean Bernier écrit à propos de l’hiver 1914-1915 : « L’ère de la percée commençait […] Les grands chefs s’obstinèrent à vouloir enfoncer le front allemand et durant tout le premier hiver, sans la moindre organisation, sans le plus médiocre soucis de la vie, de la mort, des souffrances de leurs soldats. » (Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone, 2000 [1ère éd. 1920], p.46)

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Percutant

Type d’obus qui éclate lors du contact avec le sol.
Renvois : Fusant, Tirs d’artillerie
Citation :

  • « Je viens de passer un petit quart d’heure sous les obus, des percutants 105 et 150. Ils font de gros trous de trois mètres dans la chaussée. J’ai été encadré par eux ; il m’en est tombé à quatre, à quinze, à vingt pas. J’en ai mal à la tête. J’ai senti leur vent. Mes hommes me regardaient d’une grange et m’ont cru perdu. » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 326, lettre du 23 septembre 1914)

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Périscope

Instrument optique composé de miroirs obliques, créé afin de pouvoir observer l’extérieur de la tranchée en direction des lignes adverses sans s’exposer aux tirs. Il existe de nombreux modèles de périscopes plus ou moins improvisés et artisanaux.
Bibliographie : Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre, Amiens, C.R.D.P., 1995, p. 29.
Citation :

  • « Premier réglage de tir au périscope. Cet appareil est nouveau pour moi. Je découvre des coins inexplorés dans la tranchée ennemie. La visibilité est parfaite. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.100)

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Perm / Perme / Permission

dessin de Pierre Dantoine

La permission est une autorisation d’absence provisoire (d’une durée habituelle de huit jours) accordée aux combattants français à partir de juin 1915. Suscitant de vastes débats et une organisation matérielle conséquente, elle est attendue et espérée avec impatience par les soldats dont elle vient à constituer un ressort de la ténacité, en même temps qu’elle permet de rétablir un lien complexe avec l’arrière.
Bibliographie : Emmanuelle Cronier, « Permissions et permissionnaires », in Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre, Paris, Bayard, 2004, pp.591-599
Citation :

  • « Je pars en permission sans avoir pu écrire aux miens pour les prévenir de mon arrivée. (…) Personne à la maison. Je me débarbouille. Ma femme arrive du marché, elle est toute saisie et pleure de plaisir. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 103, 16 octobre 1915)
  • « Le temps de ma permission écoulé, je me retrouve le 13 juin au soir sur le quai de la gare de Bayon. A l’aller, comme au retour, j’ai été frappé par l’indiscipline qui règne dans les trains de permissionnaires et les gares régulatrices. » ( Fernand Laponce, Journal de marche d’un artilleur de campagne, première période: la guerre de position, 1915-1917, Bois-Colombes, F. Laponce, 1971, p. 213, été 1917)

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Petit Poste

Poste avancé devant la première ligne de tranchée dont la fonction est de surveiller l’adversaire et de prévenir ses attaques surprises. Parfois, le petit poste est une position bien aménagée et reliée à la tranchée par un boyau. Mais d’autres fois, c’est un simple trou d’obus isolé et aménagé sommairement. Dans tous les cas, les soldats n’appréciaient guère les séjours qu’ils faisaient dans ces lieux isolés et particulièrement exposés.
Citations :

  • « De semaine en semaine le réseau essentiel des tranchées se complète : petits postes tendus comme des antennes vers l’ennemi » (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 24)
  • « Un petit poste de la 4ème compagnie aperçoit également un détachement d’infanterie passant à proximité sur un chemin. Il ouvre le feu, quelques hommes tombent et sont emportés par leurs camarades qui gagnent les bois. » (Récit d’Emile Maline, du 20e BCP, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 122, 20 août 1914)

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Pièce

Synonyme de canon, ou tube. La pièce de 75 est commandée par un maréchal des logis chef de pièce. Elle est servie par six soldats : le maître pointeur qui, au moyen d’un collimateur, vise la direction voulue ; un tireur qui marque la distance demandée et qui tire les obus ; un chargeur qui place l’obus dans la culasse ; un déboucheur qui dispose d’un débouchoir pour régler la hauteur d’explosion des obus ; deux pourvoyeurs qui apportent les obus au chargeur.
Renvois : Batterie, Servant
Citation :

  • « La troisième pièce, qui présentait un gonflement, a vu son canon éclater. Les trois servants et le chef de pièce ont été affreusement blessés. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.79)

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Pinard

Vin en argot militaire.
Renvois : Gnôle, Jus
Citation :

  • « Ce sacré pinard, c’est encore lui qui nous fait oublier notre cafard, c’est notre meilleur copain ; c’est pas une chose avouable, mais c’est comme ça ; gare à ceux qui ne pourront pas s’en déshabituer après la guerre » (extrait d’une lettre cité dans Jean Nicot, Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918 , Bruxelles, Complexe, 1998 , p. 48-49)

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Plaque d’identité

Destinée à permettre l’identification des morts et des blessés, elle indique le nom et le prénom, la classe, le bureau de recrutement et un numéro matricule. Plusieurs modèles existeront avant que soit mise au point la plaque d’identité en deux parties dont une détachable, permettant de laisser sur le corps sa référence.
Citation :

  • « C’était la compagne inséparable du Poilu qui devait la porter en double exemplaire, suspendus à son cou par un petit lacet noir. Mais, le plus souvent, il la portait fixée au poignet par une chaînette-bracelet. » (Émile Morin, Lieutenant Morin, combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, p.325).

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Poilu

Désignation des soldats français dès le début de la guerre de 1914-1918. L’origine du terme est plus claire qu’on ne le croit souvent, puisqu’il est attesté dès le xix e siècle, pour désigner un soldat endurant et courageux, dans l’argot militaire, ainsi chez Balzac (Le Médecin de Campagne, 1833) les pontonniers de la Bérézina en 1812. Il arrive souvent que le poil soit signe de virilité, de courage ou d’expérience. L’usage massif du terme en 1914-1918 tient en outre à plusieurs éléments liés : la difficulté effective, à l’hiver 1914, de se raser, le caractère rudimentaire de la toilette au front ; l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache, la simplicité de la désignation qui permet aux journaux et à l’arrière de mettre en scène la familiarité et la proximité avec les combattants. Le terme peut être employé dans des sens très différents, d’un combattant à un autre, certains le rejetant tandis que d’autres se l’approprient. Il est fréquent que les officiers l’emploient dénotant ainsi la distance qui les en séparent. Plus généralement, le terme semble employé indifféremment, comme synonyme de soldat.
Renvois : Biffe/Biffin, P.C.D.F.
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, presses universitaires du Mirail, 2003, p. 89.
Citations :

  • « Le capitaine vint vers moi et me félicita, disant à mes hommes qu’ils pouvaient me suivre avec confiance et ajoutant que j’étais un vrai poilu. » ( (Marc Bloch, « Souvenirs de guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006, p.147)
  • « Animal intermédiaire entre l’homme et le chimpanzé que le XXe siècle a révélé à lui-même – le Poilu, ce monstre d’une civilisation à rebours, loque qui n’a d’humain que la faculté de souffrir. » ( Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, 9 avril 1915 p.366-367)
  • « (…) nous attendîmes patiemment qu’on eut trouvé de quoi nous loger. Il fallut attendre une grande heure. Certes ce n’était pas le temps qu’il fallait pour loger les vulgaires poilus que nous étions, mais pour Messieurs les Officiers c’était une autre affaire. » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p.109)

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Popote

Dans l’argot des combattants, désigne à la fois la cuisine roulante, et le fait de cuisiner. Par extension, la popote est la réunion des personnes qui mangent en commun.
Renvois : Jus, Roulante, Singe
Citations :

  • « La popote, ce soir, est bruyante. Les nouvelles s’y précipitent : décidément nous changeons de secteur » (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points », p.244.)
  • « J’avais choisi pour compagnons un mineur du Pas-de-Calais et un ouvrier parisien, deux braves garçons avec qui je m’entendais bien. Nous faisions ensemble une confortable petite popote. » (Marc Bloch, « Souvenirs de guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006, p.148)
  • « Le capitaine et ses chefs de section font popote commune. Jusque-là j’avais presque toujours partagé la cuisine de mes hommes ; j’avais vécu de leur vie. Je les quittais maintenant [en raison d’une promotion] » (Marc Bloch, « Souvenirs de guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006, p.149)

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Poste de Secours

Lieu établi pour recueillir les blessés et leur donner les premiers soins, non loin des zones de combat. C’est la première étape de la chaîne sanitaire. Les blessés sont ensuite envoyés vers l’ambulance (formation sanitaire divisionnaire).
Renvois : Ambulance, Brancardiers

Bibliographie : Antoine Prost, « Le désastre sanitaire du Chemin des Dames », in Nicolas Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames, de l’événement à la mémoire, Paris, Stock, 2004, pp. 137-151.

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Préparation d’artillerie  :

Ensemble des tirs d’artillerie lancés avant une offensive, destinés à préparer celle-ci par la destruction des défenses (barbelés, tranchées, obstacles) adverses et par l’épreuve infligée aux fantassins. La durée et l’intensité des préparations d’artillerie varie au cours du conflit suivant l’importance que les tacticiens attribuent à la surprise (la préparation est alors courte ou absente) et à la destruction.
Citation :

  • « Le colonel nous réunit tous pour nous faire le speach d’usage avant chaque casse-gueule: « Dernière bataille… Victoire assurée… Préparation d’artillerie telle que les Boches seront tous tués, etc. » Je veux bien le croire et irai encore de bon coeur faire tout mon devoir. Mais, plus d’excentricités, hein! » (Lucien Laby, Les carnets de l’aspirant Laby. Médecin dans les tranchées 28 juillet 1914-14 juillet 1919 , Paris, Bayard, 2001, coll. « Hachette Littératures/Pluriel », p.228)

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Pruscos

Dans l’argot des combattants, désignation des Allemands, par déformation des « Prussiens ». Expression héritée de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, assez rapidement supplantée par « Boches ».
Renvois : Boche, Fritz

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