André Bach, L'armée de Dreyfus. Une histoire politique de l'armée française de Charles X à "l'affaire", Paris, Tallandier, 2004
Présentation de l'éditeur
L’Histoire a surtout retenu un sabre brisé, un exil sur les terres du diable, un écrivain épris de justice qui fit couler l’encre à l’époque où beaucoup auraient préféré le sang… L’Affaire Dreyfus, un imbroglio militaro-judiciaire digne du théâtre de Guignol qui a déchaîné les passions et provoqué une profonde scission dans la société française.
Dreyfus coupable, Dreyfus innocent, tout a été dit et son contraire, analysé, discuté, décortiqué. Une piste, pourtant, n’avait pas encore été véritablement explorée dans ce dossier : l’armée. Cette armée de la République qui a accueilli Dreyfus, qui l’a formé, qui l’a accusé, qui l’a condamné, qui l’a enfin réhabilité.
Une histoire politique de l’armée française pour expliquer l’Affaire, voilà le caractère novateur de cet ouvrage qui opère un véritable renversement de perspective par rapport à ce drame national.
Le général André Bach, ancien chef du service historique de l’armée de terre, s’emploie à rechercher dans l’évolution socioculturelle de l’armée française, durant la seconde moitié du XIXe siècle, les éléments qui ont favorisé la réticence de ses membres à admettre l’innocence de Dreyfus en son temps, et peut être encore pour certains d’entre eux, aujourd’hui. Il dresse un vaste bilan des pratiques et structures de l’armée française, brosse le portrait des officiers généraux qui ont fait le choix de sacrifier le capitaine Dreyfus. Il se penche également sur les conflits politiques et idéologiques qui ébranlaient alors la société, le profond traumatisme de la défaite de 1870, les luttes de pouvoirs aux plus hauts niveaux de l’état-major, les liens trop étroits entre politiques et militaires…
Ouvrage appelé à marquer l’historiographie de cette époque, L’Armée de Dreyfus s’appuie sur une multitude de sources – circulaires, mémoires, correspondances, documents privés –, et sur le fameux "dossier secret" dont bon nombre de pièces n’avaient jusqu’ici jamais été portées à la connaissance du public.