La Grande Guerre aux Journées nationales de l’APHG

JOURNEES NATIONALES DE L’ASSOCIATION DES PROFESSEURS D’HISTOIRE-GEOGRAPHIE

AGORAS REIMS 2008

27-30 OCTOBRE 2008

Avec, le 30 octobre, 
Comment et pourquoi enseigner la Grande Guerre ? par Frédéric Rousseau, Professeur à l’Université de Paul Valéry Montpellier III

Le 90ème anniversaire de l’année 1918 et la question de la mémoire de la Grande Guerre par Serge Barcellini, Contrôleur Général des Armées, Conseiller auprès du secrétaire d‘Etat à la Défense et aux Anciens Combattants pour le 90e anniversaire de 1918.

Voir le site de l’APHG

Contact : Yohann Chanoir

Du nécessaire recours aux sources pour guider la mémoire

Décidément les Français ne sont pas prêts d’avoir une présentation historiquement apaisée des guerres passées si l’on en juge par deux réactions  apparues dernièrement suite à la déclaration de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants selon laquelle la situation des fusillés de 14-18 serait réexaminée.  L’historien n’intervient pas dans cette polémique mais il se doit de relever les approximations qui émaillent çà et là l’expression de ces opinions. Yves Lemoine  dans la série Rebonds de Libération du 29 Mai en commet quelques-unes. Dire qu’avant Pétain les poilus n’avaient qu’une permission de 36 h tous les 6 mois  est faux. Les permissions établies depuis juillet 1915 étaient de 7 jours tous les quatre mois et c’est d’ailleurs ce non-respect durant la préparation de l’offensive Nivelle qui fut un des aliments des contestations de 1917.

L’armée n’était pas composée comme décrite par Yves Lemoine de gamins de 16 à 20 ans, mais de  toute la population active de 20 à 45 ans qui était alors appelée sous les drapeaux; Mangin n’était pas polytechnicien, et les soldats « Tués par le feu trop court des canons de notre artillerie, avant que d’être fauchés par la mitraille allemande » ont difficilement pu être en même temps des fusillés…

Jean-Jacques Becker, d’un ton plus modéré, appuyé sur sa vaste connaissance de l’histoire de la Grande Guerre, défend toutefois une thèse qui mérite, après consultation des archives, d’être nuancée. Dans une lettre du 21 Mai 2008 à Jean-Marie Bockel, dont un extrait est paru sur le blog « La République des livres » de Pierre Assouline. Il affirme en effet : , je crois qu’on doit éviter d’employer la formule fusillés « pour l’exemple » historiquement fausse. Sauf de façon tout à fait marginale, il n’y a pas eu de condamnés  pour « l ‘exemple »

Mes recherches m’ont permis de constater que ce terme «  pour l’exemple » a eu officiellement cours durant la guerre, employé par les généraux sans qu’aucune remarque ne leur soit faite par le Haut Commandement ou l’exécutif. La fréquence d’emploi de ces termes  a certes décru à partir de 1917 mais sans disparition.

Pour appuyer mes dires, voici quelques exemples, naturellement non exhaustifs, repris majoritairement des archives du SHD à Vincennes

1914

31 Août 1914 :  Le Général Sarrail commandant la 3° armée, s’adressant au général Paul Durand qui lui parle de l’épuisement de ses hommes :

« Pas de si, pas de mais, vous attaquerez. Pas de repli, tenir jusqu’au dernier ; Faites des exemples ! » (Cité dans le cours du général Blanc à l’Ecole Supérieure de Guerre.)

1916

Juillet 1916

Il est absolument nécessaire de réprimer impitoyablement ces  défaillances pour 1 ‘exemple, pour la discipline des combats futurs , pour le renom de la Division.

Le Général L… cdt la 40ème DI    (SHD 19 N 41)

11 juillet  1916

Avis sur demande recours en grâce P…… ( La justice doit suivre son cours. Récidiviste. La situation générale exige des exemples pour le salut du pays)

Signé de Maud’huy (SHD 19 N 300)

3 août 1916

Demande grâce pour L…. : Avis défavorable à toute mesure de clémence pour l’exemple nécessaire.

Général Baret Cdt 14° Corps d’armée (SHD 19 N 300)

IIème ARMEE

N° 5.731/J

s.c. N° 3844

Exécution de la Note n° 4.724 du GQG du 5 février 1917

AVIS DU GENERAL COMMANDANT LA IIème ARMEE

Sur la proposition de Loi adoptée le 3 octobre 1916

Par la Chambre des Députés relativement

Au Code de Justice Militaire

« Ce n’est pas tant le coupable que l’on veut punir, c’est sur le moral vacillant de ceux qui l’entourent que l’on veut agir […]

Ceux qui ont connu les heures sombres du début de la guerre ne peuvent pas oublier la nécessité et l’efficacité des exemples qu’il a fallu faire, quoi qu’il en ait coûté. Qui peut répondre qu’il n’en sera pas encore de même à certains moments.

Signé Guillaumat( SHD 19 N 300)

VI°  ARMEE                                    QG le 3 Juin 1917

Etat-Major   18 N 37

3me Bureau

N° 2665/3  SECRET

Il est permis d’espérer toutefois que cette effer­vescence qui parait être un  moment de vertige, sera passagère. Des mesures énergiques sont prises pour arrêter un certain nombre de meneurs et faire des exemples. Je vous tiendrai au courant.­

Signé: Général MAISTRE, Cdt la VI° Armée ( SHD 18 N 37)

Exécution des prescriptions de la Note 6ème Armée n° 8520/1 du 12 juin 1917

27° Division                       QG le 15 Juin 1917

Etat-Major  19 N 991

1er Bureau

N° 102 P

Le caporal Truton a été incontestablement un des meneurs. Des exemples impitoyables sont nécessaires en ce moment.

Le Général R…. Commandant la 27ème DI ( SHD 19 N 991)

Un livre à paraître à l’automne aux éditions Autrement intitulé Eugène Bouret, le fusillé innocent de 1914 de Didier Callabre et Gilles Vauclair est à conseiller à ceux qui veulent avoir un aperçu un peu plus poussé sur cette question, ainsi que la lecture des ouvrages déjà parus Les fusillés de la Grande Guerre et Fusillés pour l’exemple.

André Bach

Actualité des « fusillés »

Les fusillés et les mutins de la Grande Guerre restent présents dans l’actualité et la mémoire.
Le 16 avril 2008, le Conseil Général de l’Aisne adoptait une résolution sollicitant la reconnaissance par la République, et l’inscription sur les monuments aux morts, des « fusillés pour l’exemple ».
Lire la résolution du Conseil Général.
Lire l’analyse par Nicolas Offenstadt. qui souligne l’aspect incertain, sur le plan mémoriel et juridique, de cette démarche qui prolonge des combats déjà menés dans l’entre-deux-guerres.
Enfin, il se dit que l’Elysée songe à une telle opération juridique (voir l’appel de l’article sur Mediapart).

Quel hommage pour quel poilu ? Réponses à Ivan Levaï.

De « grandiloquentes funérailles ». Dans Le Monde du 16/17 mars, Francis Gouge et Benoît Hopquin soulignent la pompe prévue pour l’hommage au dernier poilu demain lundi 17 mars et rappellent en miroir le rejet par Lazare Ponticelli de ce genre de cérémonie (« le vieux Monsieur aurait-il aimé voir ça ? »). Interrogé par Benoît Hopquin, j’ai donné mon point de vue, qu’il a – c’est le jeu – rendu en résumé : « C’est une cérémonie d’adhésion, de glorification, plutôt qu’un moment de réflexion, assure l’enseignant de Paris-I. Il y a le même déploiement que dans la lettre de Guy Môquet. »

Ivan Levaï s’en indigne sur France Inter ce 16 mars :

« Serait-ce trop ? Oui, selon Le Monde qui juge ce cérémonial grandiloquent. Et trop, selon l’historien Nicolas Offenstadt, spécialiste de la Grande Guerre, qui enseigne à Paris I. Selon lui, il faudrait redouter, au lendemain des élections municipales, une nouvelle polémique, sur la récupération de la mémoire.

« Je regrette, dit-il en page 10 du Monde aujourd’hui, cet usage de l’Histoire. On propose une cérémonie d’adhésion et de glorification, au lieu d’un moment de réflexion. Il y a le même déploiement que pour la lettre de Guy Môquet.» Et badaboum, c’est reparti pour un tour. Le second est déjà annoncé pour mardi prochain, au plateau des Glières où Nicolas Sarkozy doit honorer les héros de la Résistance.

Résumons : Guy Môquet, shoah, dernier poilu, résistance en Haute-Savoie, interdiction au chef de l’État de dire quoi que ce soit. (…)

L’Histoire aux historiens… et silence et justification imposés aux témoins? »

Cet ensemble de confusions par un chroniqueur pressé amène à quelques précisions. Il ne s’agit pas d’en faire « trop » mais de faire ringard, traditionnel et très conservateur. Par ailleurs l’article du Monde juge en regard de ce que voulait le dernier poilu. En ce sens, il rappelle légitimement que l’État rebâtit ici à sa manière le rituel qui a failli lui échapper parce que les deux derniers poilus ont d’abord refusé les obsèques nationales, sans compter le profil atypique du der des ders (un italien engagé dans la légion qui combat à partir de 1915 dans l’armée italienne)…

Ce qui me frappe, en tant qu’historien, n’est évidemment pas ce dont parle Ivan Levaï. La parole des témoins est notre matériau et un matériau essentiel. En revanche, la mort du dernier poilu étant envisagée de longue date, elle aurait pu être l’occasion, en effet, d’un « moment de réflexion ». Cela impliquait d’ouvrir un espace de discussion (sous forme d’une site ressource par exemple), de mettre les artistes à contribution, qui ont tant fait pour les mémoires de la Grande Guerre : Pourquoi ne pas prévoir des diffusions sur écrans de plein air de films marquants ou une semaine du cinéma de 14/18 ? Pourquoi ne pas organiser dans les écoles une représentation théâtrale autour de la Grande avec tant de pièces qui permettent de parler de la guerre avec modernité (on pense par exemple aux formidables Mémoires d’un rat mises en scène par Christine Bussière), plutôt qu’un cours solennel dans les classes sur tout le territoire de la République comme c’est envisagé (et cela rappelle bien l’affaire Guy Môquet, voir le site du CVUH), ou bien des lectures, pour tous, par des comédiens, de témoignages des combattants ? Lorsque sur le Chemin des Dames, par une belle journée d’été de juin 2007, lors d’un hommage aux tirailleurs sénégalais qui fut marqué par l’inauguration d’une oeuvre évocatrice de Christian Lapie, Manu Dibango joua quelques notes de saxophone et que fut lu avec talent le poème de Senghor aux tirailleurs sénégalais, l’hommage y était, l’émotion et la réflexion aussi. Et ce n’était qu’une cérémonie modeste à l’échelle du Chemin des Dames…

Pourquoi ne pas innover, inventer des formes commémoratives contemporaines, pour parler aux contemporains, plutôt que l’éternelle cérémonie aux monuments aux morts, les honneurs militaires et la pose d’une plaque dans un lieu qui en compte déjà des dizaines en mémoire des combattants de 14/18 (voir les galeries à l’étage dans la cour centrale) ? En 1998, Jean-Pierre Masseret, secrétaire d’État aux anciens combattants, qui n’était pas un révolutionnaire de la mémoire, avait déjà prôné de nouvelles formes commémoratives pour la Grande Guerre… Autrement dit, lundi, on risque bien, de nouveau, de voir se déployer l’éternel grand récit national, l’appel à une citoyenneté d’adhésion et non pas à une citoyenneté de réflexion qu’auraient encouragé des lieux de débats ou de déploiement artistique. Voici précisées ces quelques lignes du Monde.

Nicolas Offenstadt

Université de Paris I Panthéon-Sorbonne/Crid 14-18

La Grande Guerre aujourd’hui, Mémoire(s), Histoire(s) (Agen, novembre 2008)

Appel à communication –

Journée d’étudessamedi 14 novembre 2008, Agen (Lot et Garonne).

La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire(s), Histoire(s)

Dans le cadre des commémorations du 90e anniversaire de la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen et l’association les Amis du Vieux Nérac organisent une journée d’études autour de la Grande Guerre, et en particulier sur les thématiques des mémoires et de ou des histoire(s) de ce conflit majeur qui reste très marqué dans l’espace public aujourd’hui.

Quelles sont ces mémoires liées à 14-18 : mémoires de familles dont les membres ont été décimés par la guerre, mémoires des combattants, mémoires des civils, mémoires des « indigènes » mobilisés dans l’armée nationale ? Autant de destins, autant de mémoires qui ont circulé jusqu’à nous par le biais des témoignages, des objets pieusement conservés, des monuments érigés lisibles dans le paysage actuel des départements, dont celui du Lot et Garonne. Quels aspects particuliers rapprochent ou opposent ces mémoires du conflit, et comment l’historien s’appuie sur elles pour en élaborer l’histoire? Ces questions essentielles pour qui veut mieux comprendre la Grande Guerre et son écho seront au cœur de cette journée d’études.

Axes de travail :

A partir de cette problématique générale, cette journée d’études se propose d’explorer les mémoires de la Grande Guerre, son ou ses histoire(s) selon deux axes différents mais complémentaires :

– Traces de 14-18 : quelles sont aujourd’hui les traces de l’événement, lisibles dans les familles ou l’espace public qui servent de support aux mémoires et à l’écriture de l’histoire du conflit. Témoignages publiés ou conservés encore dans les armoires familiales, photographies, archives officielles des autorités civiles ou militaires, monuments aux morts, cimetières, objets fabriqués au front… Autant de supports vecteurs d’une perception du conflit, de mémoires plurielles et de sources pour l’historien.

Les départements du Sud Ouest et celui du Lot et Garonne en particulier pourront être particulièrement étudiés dans le cadre de ce premier axe.

– La place de la Grande Guerre dans l’espace public local et national 90 ans après l’armistice : comment le conflit est-il présenté aux Français aujourd’hui, à la fois dans les médias et à l’école, quelles mémoires sont privilégiées et à l’inverse, quels événements ont du mal à trouver leur place ? Par ailleurs, tant il est vrai que « l’histoire, c’est ce que font les historiens » comme le rappelle Antoine Prost, l’historien étant fils de son temps, quelles grandes questions dominent la recherche aujourd’hui, comment ont-elles évolué depuis la guerre elle-même ? Autant de questions qui mettent en relief la perception contemporaine de la Grande Guerre.

Procédure de communication

Afin de porter sa candidature à l’attention des organisateurs, il s’agit de faire parvenir au comité scientifique dont l’adresse est précisée ci-dessous le titre et la présentation de leur projet de la communication (1500 signes maximum) avant le 1er mai 2008. Les candidats retenus se verront alors contacter et préciser les modalités de présentation du texte final et de leur intervention. A l’issue de la journée, l’ensemble des communications sera publié dans les meilleurs délais conjointement par les Amis du Vieux Nérac et l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen.

Comité scientifique

Pour cette journée d’études, le comité scientifique est composé d’Alexandre Lafon, Professeur d’Histoire et Géographie et doctorant à l’Université de Toulouse II – Le Mirail ; de Céline Piot, Professeur d’Histoire et Géographie, doctorante à l’Université de Bordeaux III et présidente des Amis du Vieux Nérac; de David Mastin, professeur d’Histoire et Géographie, doctorant à l’Université Paris X- Nanterre, de Bertrand Solès, vice-président de l’Académie des Sciences, Art et Lettres d’Agen.

Contacts et renseignements

Journée d’études : « La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire(s), Histoire(s) »

– Lafon Alexandre – 0553877824 – carpediem16@wanadoo.fr.

La mort du « dernier poilu », Lazare Ponticelli


On apprend le décès à 110 ans de Lazare Ponticelli, dernier survivant connu de la Première Guerre mondiale en France, et pour cela désigné partout comme le « dernier poilu » depuis la mort de Louis de Cazenave en janvier dernier.
Ce peut être le moment de réécouter les récits confiés à une journaliste de Libération en 2005 et dont le Forum du Crid 14-18 s’était fait l’écho.
C’est aussi l’occasion de réfléchir aux usages publics qui seront fait de cet « événement » : on se souvient que ces anciens soldats avaient refusé l’idée d’un hommage ou de funérailles nationales, et, partant, les récupérations ou instrumentalisations politiques qui pouvaient s’y opérer. L. Ponticelli avait fini par accepter le principe d’une cérémonie à condition qu’elle soit simple et n’oublie pas tous les autres combattants. Il ne fait guère de doute qu’une telle opération aura lieu: la nouvelle du décès a ainsi été annoncée par l’Elysée.
On renvoie pour comprendre ces enjeux à l’article de Nicolas Offenstadt, « Le pays a un héros: le dernier poilu », dans l’Histoire de mai 2007, à son entretien dans l’Express, et à son analyse sur notre site.

Mise à jour du 16 mars: nouveau texte de Nicolas Offenstadt sur « une anticipation du dernier poilu en 1938 »

Mise à jour : Réponse à Ivan Levaï, « quel hommage pour quel poilu? »

André Loez

Débat: la « culture de guerre » (24 janvier 2008)

Table ronde dans le cadre des « Lundis de la BDIC »
Jeudi 24 janvier 2008

Existe-t-il une culture de guerre ? A propos d’un conflit d’interprétation autour de la Première Guerre mondiale

Peut-on expliquer la « brutalisation » et la durée du conflit par l’intensité du sentiment national et la haine de l’ennemi ? Peut-on opposer à la notion de « culture de guerre » une « culture de paix » ?

Table ronde avec le général André Bach, auteur de Fusillés pour l’exemple, 1914-1915 ; Jean-Jacques Becker, historien, Université Paris-X ; Gerd Krumeich, historien, Université de Düsseldorf ; Nicolas Offenstadt, historien, Université de Paris I.

Modérateur : Aldo Battaglia

Attention : cette séance a lieu au Musée d’Histoire Contemporaine (MHC-BDIC), Hôtel national des Invalides

17h – 19h

Journée d’étude: « Relire les témoins », 12 décembre 2007

Relire les témoins :
la mémoire de la Grande Guerre

Dans la France de ces dernières années, une place importante a semble-t-il été accordée aux témoins directs de la Grande Guerre (publication de carnets de combattants, de lettres…). Cette tendance éditoriale est peut-être un effet de mode ; elle est en tout cas concomitante de la disparition des témoins directs (le « dernier poilu ») et elle pourrait être une façon de conjurer la fatale relégation dans l’oubli d’une évènement déjà ancien, et, de bien des manières, déjà dépassé. Cette tendance semble par ailleurs témoigner d’une volonté de renouer avec une mémoire « humaine », vécue, immédiate, par delà les récits nationaux, les re-présentations des historiens — voeu pieux, quand on sait ce que cette guerre doit au mythe, à la fiction, dès ses débuts? Il ne s’agit pas ici de ranimer les querelles sur les témoins, mais bien plutôt d’interroger la mémoire de cette guerre dans le présent. Cette journée d’études voudrait réunir des spécialistes d’histoire, de littérature, de cinéma, d’histoire de l’art afin de voir si le témoignage a le même sens (la même valeur?) dans ces champs divers : il voudrait aussi s’ouvrir à une perspective comparatiste.

Journée d’études organisée par le département Littérature et langages de l’École normale supérieure

Mercredi 12 décembre 2007

École normale supérieure – 45, rue d’Ulm- 75005 PARIS
Salle d’Histoire (escalier D, premier étage)

Matinée
9 h Accueil par Michel Murat, directeur du département.
Introduction par Déborah Lévy-Bertherat (ENS) et Corinne François-Denève (University of Liverpool)

9 h 30 Rémy Cazals (Université de Toulouse II-Le Mirail / Crid 14-18)
« Chercher, publier, exploiter les témoignages de 1914-1918 »

10 h Luc Rasson (Université d’Anvers)
« Quand l’animal témoigne »

10 h 30 Discussion

11h 20 Carole Matheron (Université de Paris III-Sorbonne nouvelle)
« Témoins juifs de la Grande Guerre en Europe orientale »

11h 50 Christophe Mileschi (Université de Grenoble III-Stendhal)
« Le témoignage des « grands » écrivains italiens de la Première Guerre mondiale: silence, enthousiasme et remords. »

12h 20 Discussion

Après-midi

14 h 30 Philippe Dagen (Université de Paris IV-Sorbonne)
« Photographie de guerres : de la preuve au pieux mensonge. »

15h 00 Clément Puget (Université Bordeaux III (ARTES))
« D’Abel Gance à Bertrand Tavernier. (Re)lire les témoignages filmiques/filmés ».

15 h 30 Corinne François-Denève (University of Liverpool)
« Blackadder goes forth, Ben Elton, Anne Perry : témoignages de la Grande Guerre et culture populaire anglaise »

16 h 00 Discussion

16 h30 Conclusion de la journée (Corinne François-Denève et
Déborah Lévy-Bertherat)

Contacts :
Corinne François-Denève : c.francois-deneve@tiscali.fr
Déborah Lévy-Bertherat : levybert@ens.fr