COCHET François, « 1914-1918, l’alcool aux armées. Représentations et essai de typologie », Guerres mondiales et conflits contemporains, n°222, avril 2006, pp. 19-32.
Dans un article d’une réelle clarté, François Cochet tente de sortir des représentations, des topoï forgés après guerre sur la consommation d’alcool au front par les soldats, et notamment les combattants. Si il note d’emblée la réalité d’une consommation importante, il se penche à partir de document issus des états-majors et des témoignages sur les pratiques de cette consommation, en les replaçant dans un contexte à la fois culturel et social hérité d’avant guerre, en prenant en compte celui induit par la guerre elle-même, et la diversité des expériences vécues. Il dégage ainsi une typologie de la consommation d’alcool et de ses prétextes. Dépassant uniquement les seules représentations, il permet de saisir la « complexité des mondes du front », la diversité des pratiques vécues aux regards de la situation des acteurs et du cadre ‘construit’ par la guerre (cadre militaire et pression du combat). L’étude mériterait d’être approfondie, notamment du côté du rapport entre les différentes situations relevées qui conduisent à l’absorption d’alcool, le niveau d’ivresse réel et les actions entreprises alors (boire avant de sortir des tranchées ne veut pas dire forcément se rendre incapable de tenir un fusil…). D’autre part, on aimerait connaître plus finement s’il existe un rapport à l’alcool identique suivant les grades, suivant les armes, suivant les groupes formés au front et quel rôle a-t-il pu jouer dans les rapports entre ces groupes (dons, cadeaux de soldats à officiers et inversement…)
Alexandre Lafon.