6e Journée du livre de Craonne, 9 novembre 2008

L’actualité bibliographique de la Grande guerre dans le cadre du 90e anniversaire  de la fin de la Grande Guerre

6e JOURNEE DU LIVRE DE CRAONNE – DIMANCHE 9 NOVEMBRE 2008

– 10h Ouverture de la 6e JOURNEE DU LIVRE DE CRAONNE par Noël Genteur,

– 10h30  Henri Romagny, Le journal d’un artilleur au Chemin des Dames en 14-18 , Editions André Sinet (02000 Aulnois sous Laon), 2008, présenté par André Sinet (son petit-fils) et Philippe Olivera, historien, Crid 14-18.

– 11h  La fabrique d´un révolutionnaire. Otto Wilhem Kuusinen.  (1881-1918). Réflexion sur l’engagement en politique d´un dirigeant social-démocrate finlandais. Editions Méridiennes, Framespa Toulouse, Janvier 2008, présenté par Maurice Carrez, Université de Bourgogne.

– 11h30  Présentation du N° de la revue Matériaux « Les Français dans la Grande Guerre : nouvelles approches, nouvelles questions » sous la direction d’André Bach, Crid 14-18 : présence de plusieurs auteurs ayant contribué à ce numéro, notamment Jean-François Jagielski, Alexandre Lafon, Frédéric Rousseau …

APRES-MIDI

14h Les profiteurs de guerre – 1914-1918 Editions Complexe , 2008  – présenté par François Bouloc, Crid 14-18.

– 14h30  Images de l’arrière-front. Raoul Berthelé, lieutenant et photographe, présenté par Rémy Cazals, Université de Toulouse Le Mirail, Collection « Témoignages pour l’histoire », Toulouse, Editions Privat, 2008.

– 15h La vie au quotidien dans les tranchées de 1914-1918, Pau, Editions Cairn, Collection « La vie au quotidien » (parution septembre 2008) – de Rémy Cazals et André Loez, présenté par André Loez, Université Montpellier III/Crid 14-18.

– 15h30 « Des Belges à l’épreuve de l’exil. Les réfugiés de la Première Guerre mondiale en France, en Angleterre, aux Pays-Bas »– Editions de l’Université de Bruxelles, 2008 – présenté par Michaël Amara, historien, Archives Générales du Royaume, Bruxelles.

-16h Présentation des Actes du Colloque Obéir, désobéir . Les mutineries de 1917 en perspective, Paris, La Découverte, Collection « Recherches », 2008, Nicolas Mariot et  André Loez (dir). Colloque organisé par le Crid 14-18  le 9 et 10 novembre 2007 à Craonne et Laon: présence de plusieurs auteurs.

-17h  Clôture de la 6e journée du livre de Craonne

Toute la journée : Dédicaces de livres sur 14/18 (livres d’histoire, albums, BD)

Les auteurs des interventions et les membres du CRID 14-18 pourront dédicacer leurs ouvrages qui seront disponibles à la vente. Des libraires présenteront également une large sélection d’ouvrages récents et anciens sur 1914-1918. Présence d’éditeurs et de bouquinistes …

Organisation : Mairie de Craonne La Cagna – Les Chemins de la mémoire sociale – Crid 14-18

Rendez-vous de l’Histoire de Blois du 9 au 12 octobre 2008

Plusieurs membres du Crid 14-18 participent aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois, où sera également présent un stand de librairie Crid / Edhisto diffusant nos ouvrages. N’hésitez pas à venir pour des discussions et dédicaces.

Débats organisés :

Vendredi 10 octobre

Café historique: Obéir et désobéir en temps de guerre.
De 20h30 à 22h30 – Café le Penalty ( 3, place de la Résistance)
Avec : Alya Aglan, maître de conférences à Paris X-Nanterre et Nicolas Mariot, chercheur au CNRS-CURAPP à Amiens.
Que représente la désobéissance en temps de guerre ? Réfléchir à la désobéissance, c’est aussi réfléchir, en creux, à ce qu’elle rompt : l’obéissance. Pour terrains d’études : les mutineries de 1917 et la Résistance durant le second conflit mondial.

Samedi 11 octobre

Pourquoi tant de guerres ?
De 10h à 11h30 – Amphi 1, antenne universitaire
De l’Antiquité au 20e siècle, l’histoire des Européens a été ponctuée de guerres de plus en plus dévastatrices. L’idéal de paix partagée, qui est à la source de la construction européenne, apparaît dans cette mesure comme une radicale nouveauté. Ce débat est consacré à la place longtemps majeure de la guerre dans l’histoire des Européens.
Intervenants : Patrice Brun, professeur d’histoire ancienne, Université de Bordeaux 3, Gerd Krumeich, professeur d’histoire moderne et contemporaine à Düsseldorf, Joël Cornette, professeur à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Nicolas Offenstadt,  maître de conférence en histoire médiévale à l’Université Paris I,  Laurent Wirth, inspecteur général de l’Education nationale.

La Grande guerre et ses représentations
De 10h à 11h30 – Amphi 3 de l’antenne universitaire
Débat proposé par les éditions Complexe à l’occasion de la publication des ouvrages Les profiteurs de guerre (1914-1918) (François Bouloc), Le Théâtre monte au front (dir. Chantal Meyer-Plantureux), Une guerre qui n’en finit pas : 1914-2008 (co-dir. Christophe Gauthier, David Lescot et Laurent Veray)
Intervenants : François Bouloc, docteur en histoire, Antoine de Baecque, éditeur, David Lescot, auteur et metteur en scène, Chantal Meyer-Plantureux, professeur en arts du spectacle à l’université de Caen, et Laurent Veray, maître de conférences à l’université de Paris-X Nanterre.
Le cinéma, le théâtre, les images en général, furent des acteurs importants de la Première guerre mondiale, qui fut ainsi un conflit des représentations, usant et abusant de la propagande par l’image, et à l’origine d’une descendance foisonnante dont le pouvoir d’évocation est encore bien présent de nos jours. Ces représentations sont les enjeux de vives querelles ou de troublants consensus, relevant indéniablement d’une forme d’identité blessée de la nation française.

Les enjeux de la Grande guerre sur Internet
De 18h à 19h30 – Amphi vert – campus de la CCI
« La Grande Guerre n’appartient à personne, pas même aux historiens ». On vérifie cette affirmation sur Internet, où les sites et ressources consacrés à 1914 – 1918 ont connu un essor spectaculaire, en France comme dans d’autres pays.
Intervenants : Daniel Letouzey, de l’APHG, André Loez, CRID 14-18, Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l’université de Paris 1, Philippe Rygiel, maître de conférences à l’université de Paris 1.

Dimanche 12 octobre

La Grande Guerre, Entre pacifisme et patriotisme
De 14h à 15h30 – Amphi 3 de l’antenne universitaire
Débat proposé par les éditions Larousse à l’occasion de la sortie du Dictionnaire de la Grande Guerre (dir. Jean-Yves le Naour)
Intervenants : Nicolas Beaupré, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Clermont-Ferrand, Jean-Maurice de Montremy, journaliste, Philippe Foro, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Toulouse II-Le Mirail, Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, André Loez Crid 14-18, maître de conférences en histoire contemporaine à Sciences-Po.
De la fleur au fusil à la der des ders, la Première Guerre mondiale est toute entière parcourue par la fluctuation des opinions publiques et des combattants. Quel est le poids réel des deux camps ? Comment les clivages ont-ils évolué ? Quelles leçons en ont été tirées par les politiques ? Et quel a été, au quotidien de l’expérience de guerre, l’impact réel de ces mots d’ordre ou de ces convictions ?

Parution: François Bouloc, Les profiteurs de guerre, 1914-1918

François Bouloc, Les profiteurs de guerre, 1914-1918, Bruxelles, Complexe, 2008.

Les profiteurs de guerre, 1914-1918

Format : 160 * 240

Nombre de pages : 380

ISBN : 978-2-8048-0152-6

EAN : 9782804801526
Prix public : 23 € TTC

Cet essai d’histoire propose la première étude sur les profiteurs de guerre, et s’empare ainsi d’un objet fortement polémique, avec le souci de n’en minorer ni les excès ni la part de réalité.

La Grande Guerre fut un temps de sacrifice légitimé en France par l’égalitarisme républicain. La réalisation de profits fut ainsi vécue comme inacceptable. La presse, la littérature et aussi les lettres de dénonciations déversent alors un flot épidermique d’invectives contre des actes d’enrichissement, réels ou fantasmés, de ceux qu’on nomme très vite les « profiteurs de guerre ». Ces attaques sont si violentes qu’elles vont jusqu’à remettre en cause le sens de l’implication de la société française dans la guerre. Mais qu’est-ce qu’un profiteur de guerre ? À la réponse immédiate – une personne physique ou morale qui réalise des bénéfices au-delà de l’admissible -, viennent s’ajouter des questions troublantes en ce temps de guerre. Où tracer la ligne entre profit acceptable et inacceptable ? Le patronat et les entreprises peuvent-ils tout à la fois s’impliquer dans la mobilisation générale et vivre de cet effort de guerre ? Grâce aux archives de la Contribution sur les bénéfices de guerre, mise en place en 1916, François Bouloc recoupe les chiffres et arguments avancés par les entreprises ou les commerçants avec ceux établis par le fisc, pour mieux mesurer la part exacte de ces profits, au-delà des fantasmes, des invectives et des justifications. On entre alors de plain-pied dans la vie économique et sociale, intime parfois, de la France et des Français dans la guerre, la nécessité de se justifier entraînant les contribuables à raconter de façon détaillée leur vie et leur activité. Cet essai d’histoire propose la première étude sur les profiteurs de guerre, et s’empare ainsi d’un objet fortement polémique, avec le souci de n’en minorer ni les excès ni la part de réalité.

La Grande Guerre aux Journées nationales de l’APHG

JOURNEES NATIONALES DE L’ASSOCIATION DES PROFESSEURS D’HISTOIRE-GEOGRAPHIE

AGORAS REIMS 2008

27-30 OCTOBRE 2008

Avec, le 30 octobre, 
Comment et pourquoi enseigner la Grande Guerre ? par Frédéric Rousseau, Professeur à l’Université de Paul Valéry Montpellier III

Le 90ème anniversaire de l’année 1918 et la question de la mémoire de la Grande Guerre par Serge Barcellini, Contrôleur Général des Armées, Conseiller auprès du secrétaire d‘Etat à la Défense et aux Anciens Combattants pour le 90e anniversaire de 1918.

Voir le site de l’APHG

Contact : Yohann Chanoir

L’histoire de France en BD avec Le Monde des 14-15 septembre

Le quotidien Le Monde daté des 14-15 septembre est accompagné du tome 15 de l’Histoire de France en Bandes Dessinées consacré à la Grande Guerre et à l’entre-deux-guerres.
Le volume est préfacé par Nicolas Offenstadt qui replace cette BD dans son contexte de réalisation (les années 1970) et par rapport aux savoirs de l’époque.

Parution: La vie au quotidien dans les tranchées de 1914-1918

Rémy Cazals, André Loez, La vie au quotidien dans les tranchées de 1914-1918, Pau, Cairn éditions, 2008, 296 p., 20 €.

4 de couverture :

Alors que tous les combattants français de 1914-1918 ont disparu, ce livre s’attache à faire revivre et comprendre leur expérience. Pendant la Grande Guerre, tous les mobilisés n’ont pas combattu, tous les soldats n’ont pas vécu dans les tranchées face aux tranchées allemandes. Ce livre s’intéresse aux hommes des tranchées, les fantassins ; il explore tous les aspects de leur terrible quotidien. Une telle plongée dans l’univers du conflit est rendue possible par les nombreux témoignages que ces hommes ont laissés, carnets, souvenirs et lettres, et qui sortent depuis quelques années des tiroirs où ils dormaient. Ce livre veut donner la parole à ces hommes, directement ; ils ne seront pas vus ici par leurs chefs, par des observateurs prudemment restés à l’arrière, ou par ceux qui étaient sur le front avec l’intention de produire une œuvre littéraire. Ces hommes ordinaires disent avec précision, parce qu’ils l’ont vécue, l’horrible réalité de la vie matérielle, dans la boue, sous les obus ou face aux balles des mitrailleuses, leurs réactions à la violence commandée et subie, l’expression de leurs sentiments, de leurs espoirs, de leur désespoir. Ce qu’ils pensent de la guerre et de la paix, de leurs chefs et des gens de l’arrière. Comment ils se comportent vis-à-vis de leurs ennemis. Les valeurs qui apparaissent dans leurs récits sont celles de la vie civile en temps de paix, confrontée aux exigences d’une guerre inhumaine.

Pour répondre à ces intentions, seront développés les points suivants :

– La « découverte » de la guerre des tranchées, une guerre inattendue, qui a surpris les survivants de la guerre de mouvement de l’été 14, puis les renforts et les jeunes classes mobilisées par anticipation.

– Les formes du combat, la mort à affronter. Les moments les plus critiques : subir les bombardements, sortir de l’abri précaire des tranchées pour passer à l’attaque, « nettoyer » les positions prises à l’ennemi. On évoquera le sort des cadavres, les blessés et le service de santé qui les prend en charge, le moment de la capture, les disparus.

– La vie des tranchées est aussi faite de travail de terrassement pour les construire et les entretenir, de corvées de transport de matériaux, munitions, ravitaillement ; la boue est alors l’ennemi n° 1.

– Vivre dans les tranchées demande une forte capacité d’adaptation à des formes de vie inhumaines (les comparaisons animalières sont fréquentes) ; dormir, manger, boire, se laver… ; vivre au sein d’une nouvelle famille, l’escouade, en conservant un lien ténu mais extrêmement important avec la vraie famille restée « au pays ».

– Ces combattants vivent et meurent sous le regard des autres. Eux-mêmes, les hommes des tranchées, portent un regard parfois confiant, souvent critique sur les chefs, sur l’arrière où l’embusqué est à la fois détesté, méprisé et envié, sur les femmes désirées et absentes. Quant aux relations avec l’ennemi, elles vont des flambées de haine, ponctuelles, aux fréquentes trêves tacites et même, parfois, jusqu’à la fraternisation.

– Dans les tranchées, on cherche à donner du sens à cette vie qui semble n’en avoir point. Lorsque cela devient impossible, on s’effondre, on cherche à échapper de toutes les manières, jusqu’aux refus d’obéissance qui ont pris un caractère collectif en 1917.

– Les hommes des tranchées ont eu le souci de garder trace écrite de leur expérience traumatisante et de la transmettre aux autres et à la postérité, afin de condamner tous les bourrages de crâne qui insultaient leur misère.

– La force et l’originalité de ce livre tiennent à la connaissance solide que les auteurs ont de leur sujet, et à l’utilisation de dizaines de témoignages d’authentiques hommes des tranchées, souvent inédits.

Rémy Cazals et André Loez, historiens, ont écrit de nombreux ouvrages sur la Grande Guerre. Tous deux membres fondateurs du CRID 14-18, ils ont organisé et publié d’importants colloques internationaux d’histoire. Ils nous livrent ici le résultat de leurs recherches, à destination du plus large public.

Parution: Les monuments commémoratifs de la Grande Guerre dans le nord-est de l’Oise

Sous la direction de Thierry Hardier et de Jean-François Jagielski,

Les monuments commémoratifs de la Grande Guerre dans le nord-est de l’Oise (cantons d’Attichy, Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt) ouvrage réalisé avec des élèves de troisième du collège Paul Eluard de Noyon. Publication avec le Souvenir français et le Crid 14-18.

L’inventaire proposé dans ce livre concerne deux catégories de monuments. D’une part, les monuments aux morts qui furent érigés pendant la guerre même par les unités combattantes : nous en avons ainsi recensé 27, dont plus des deux tiers furent érigés par les Allemands. D’autre part, les monuments commémoratifs créés après la guerre à l’initiative de familles (monuments familiaux), d’amicales d’anciens combattants (monuments régimentaires), ou encore, depuis ces dernières années, par des associations comme le Souvenir Français. Ils sont au nombre de 40 et se localisent en bordure de champ, en lisière de bois ou en agglomération, sur les lieux mêmes des combats.

Ces deux types de monuments restent relativement méconnus contrairement aux monuments aux morts communaux qui ont fait, ces dernières années, l’objet de nombreuses études et qui ne seront pas abordés dans le livre.

Cet ouvrage dresse un état des lieux de ces monuments commémoratifs. Il a également été conçu comme un guide permettant au lecteur, à partir des notices et des cartes proposées, d’organiser son propre circuit de mémoire.

Contenu du livre : Préface. Introduction. 1ère partie : les monuments commémoratifs érigés pendant la Grande Guerre, avec une note de synthèse et la description des 27 monuments inventoriés (8 monuments français et 19 monuments allemands). 2ème partie : les monuments commémoratifs érigés après 1918, avec une note de synthèse et la description des 40 monuments inventoriés (monuments familiaux, régimentaires et divers). Le livre comprend aussi 5 annexes : 1) Les plaques commémoratives de la Grande Guerre. 2) Récapitulatif des cimetières militaires dans le nord-est de l’Oise. 3) En parcourant les cimetières militaires de la Grande Guerre. 4) Tombes individuelles des cimetières de la Grande Guerre : mode d’identification. 5) Les aménagements des cimetières militaires actuels. Dans le livre, 2 cartes localisent les monuments encore existants.

Fiche technique du livre : format 16 x 23 cm, à la française. 204 pages. Livre illustré par 100 photos et cartes postales ainsi que par 2 cartes. Ouvrage avec couverture couleur.

Commander le livre : contacter le CRID 14-18

Parution: Regards du Midi sur la Grande Guerre

Le dernier numéro des Annales du Midi (tome 120, n°262, avril-juin 2008) est consacré à des « regards du Midi sur la Grande Guerre ».

En couverture, le « Monument des Basques » du Chemin des Dames.

Sommaire: Introduction

CAZALS (Rémy), D’autres pierres apportées au chantier 1914-1918.

Articles

COULIOU (Benoist), Osciller au bord de l’abîme: la crise de l’été 1974 vue par La Dépêche ( 1er mai-3 août 1914).

LLOSA (Marie), Le travail des femmes dans les usines de guerre de la France méridionale (1914-1918).

LAFON (Alexandre), La camaraderie dévoilée dans les carnets de Louis Barthas, tonnelier (1914-1918).

MARTY (Cédric), Une prise de parole : soldats du Midi, 1914-1918.

PAPFOLA (Fabrice), 1914-1918: la presse toulousaine face au discours dominant.

Diffusion: éditions Privat. 17€.

Du nécessaire recours aux sources pour guider la mémoire

Décidément les Français ne sont pas prêts d’avoir une présentation historiquement apaisée des guerres passées si l’on en juge par deux réactions  apparues dernièrement suite à la déclaration de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants selon laquelle la situation des fusillés de 14-18 serait réexaminée.  L’historien n’intervient pas dans cette polémique mais il se doit de relever les approximations qui émaillent çà et là l’expression de ces opinions. Yves Lemoine  dans la série Rebonds de Libération du 29 Mai en commet quelques-unes. Dire qu’avant Pétain les poilus n’avaient qu’une permission de 36 h tous les 6 mois  est faux. Les permissions établies depuis juillet 1915 étaient de 7 jours tous les quatre mois et c’est d’ailleurs ce non-respect durant la préparation de l’offensive Nivelle qui fut un des aliments des contestations de 1917.

L’armée n’était pas composée comme décrite par Yves Lemoine de gamins de 16 à 20 ans, mais de  toute la population active de 20 à 45 ans qui était alors appelée sous les drapeaux; Mangin n’était pas polytechnicien, et les soldats « Tués par le feu trop court des canons de notre artillerie, avant que d’être fauchés par la mitraille allemande » ont difficilement pu être en même temps des fusillés…

Jean-Jacques Becker, d’un ton plus modéré, appuyé sur sa vaste connaissance de l’histoire de la Grande Guerre, défend toutefois une thèse qui mérite, après consultation des archives, d’être nuancée. Dans une lettre du 21 Mai 2008 à Jean-Marie Bockel, dont un extrait est paru sur le blog « La République des livres » de Pierre Assouline. Il affirme en effet : , je crois qu’on doit éviter d’employer la formule fusillés « pour l’exemple » historiquement fausse. Sauf de façon tout à fait marginale, il n’y a pas eu de condamnés  pour « l ‘exemple »

Mes recherches m’ont permis de constater que ce terme «  pour l’exemple » a eu officiellement cours durant la guerre, employé par les généraux sans qu’aucune remarque ne leur soit faite par le Haut Commandement ou l’exécutif. La fréquence d’emploi de ces termes  a certes décru à partir de 1917 mais sans disparition.

Pour appuyer mes dires, voici quelques exemples, naturellement non exhaustifs, repris majoritairement des archives du SHD à Vincennes

1914

31 Août 1914 :  Le Général Sarrail commandant la 3° armée, s’adressant au général Paul Durand qui lui parle de l’épuisement de ses hommes :

« Pas de si, pas de mais, vous attaquerez. Pas de repli, tenir jusqu’au dernier ; Faites des exemples ! » (Cité dans le cours du général Blanc à l’Ecole Supérieure de Guerre.)

1916

Juillet 1916

Il est absolument nécessaire de réprimer impitoyablement ces  défaillances pour 1 ‘exemple, pour la discipline des combats futurs , pour le renom de la Division.

Le Général L… cdt la 40ème DI    (SHD 19 N 41)

11 juillet  1916

Avis sur demande recours en grâce P…… ( La justice doit suivre son cours. Récidiviste. La situation générale exige des exemples pour le salut du pays)

Signé de Maud’huy (SHD 19 N 300)

3 août 1916

Demande grâce pour L…. : Avis défavorable à toute mesure de clémence pour l’exemple nécessaire.

Général Baret Cdt 14° Corps d’armée (SHD 19 N 300)

IIème ARMEE

N° 5.731/J

s.c. N° 3844

Exécution de la Note n° 4.724 du GQG du 5 février 1917

AVIS DU GENERAL COMMANDANT LA IIème ARMEE

Sur la proposition de Loi adoptée le 3 octobre 1916

Par la Chambre des Députés relativement

Au Code de Justice Militaire

« Ce n’est pas tant le coupable que l’on veut punir, c’est sur le moral vacillant de ceux qui l’entourent que l’on veut agir […]

Ceux qui ont connu les heures sombres du début de la guerre ne peuvent pas oublier la nécessité et l’efficacité des exemples qu’il a fallu faire, quoi qu’il en ait coûté. Qui peut répondre qu’il n’en sera pas encore de même à certains moments.

Signé Guillaumat( SHD 19 N 300)

VI°  ARMEE                                    QG le 3 Juin 1917

Etat-Major   18 N 37

3me Bureau

N° 2665/3  SECRET

Il est permis d’espérer toutefois que cette effer­vescence qui parait être un  moment de vertige, sera passagère. Des mesures énergiques sont prises pour arrêter un certain nombre de meneurs et faire des exemples. Je vous tiendrai au courant.­

Signé: Général MAISTRE, Cdt la VI° Armée ( SHD 18 N 37)

Exécution des prescriptions de la Note 6ème Armée n° 8520/1 du 12 juin 1917

27° Division                       QG le 15 Juin 1917

Etat-Major  19 N 991

1er Bureau

N° 102 P

Le caporal Truton a été incontestablement un des meneurs. Des exemples impitoyables sont nécessaires en ce moment.

Le Général R…. Commandant la 27ème DI ( SHD 19 N 991)

Un livre à paraître à l’automne aux éditions Autrement intitulé Eugène Bouret, le fusillé innocent de 1914 de Didier Callabre et Gilles Vauclair est à conseiller à ceux qui veulent avoir un aperçu un peu plus poussé sur cette question, ainsi que la lecture des ouvrages déjà parus Les fusillés de la Grande Guerre et Fusillés pour l’exemple.

André Bach