Fusillés en 14-18, pour l’exemple ? Journée d’étude du 3 novembre 2012 (Vic-sur-Aisne)

Depuis le discours de Lionel Jospin à Craonne en 1998, la question d’une réhabilitation des fusillés de la Grande Guerre fait l’objet de débats ou de demandes plus ou moins formelles. A l’approche du centenaire du début de la Grande Guerre le débat tend à s’amplifier avec des prises de paroles de plus en plus nombreuses et souvent confuses. Les soldats exécutés sont tous qualifiés de fusillés pour l’exemple, sans se soucier des motifs réels de leurs condamnations. Coupables d’abandons de postes du début de la guerre, déserteurs de 1916, mutins de 1917, droits communs de toute la guerre sont considérés comme des victimes d’une répression aveugle. Parfois même, ils sont assimilés à des mutins héros. Avec l’ouverture des archives en 2008, pour donner une résonance à leurs «  révélations » certains chercheurs ou médias prennent connaissance des dossiers et affirment que ce sujet a été occulté jusqu’à aujourd’hui en dépit de la publication de nombreux articles et ouvrages*.

L’association Soissonnais 14-18 a pour objectif l’inventaire et la sauvegarde du patrimoine 14-18. Depuis sa création, il y a vingt-cinq ans, elle s’est aussi impliquée dans le maintien du souvenir de certaines affaires emblématiques : Vingré, Bersot, Leymarie. Elle s’est aussi investie en faveur de l’inscription sur les monuments aux morts des soldats Flourac à Saint Ybars, Leymarie à Seilhac et Lasplacettes à Aydius et dans la plaque du souvenir du cimetière de Maizy. Elle a aussi appuyé le vœu formulé par le Conseil général de l’Aisne en faveur de l’inscription des fusillés sur les monuments aux morts. Ces différentes actions lui donnent donc une légitimité pour organiser une journée d’étude sur ce sujet.

La journée d’étude qui sera organisée le 3 novembre prochain n’aura pas pour objet de donner un avis sur la question d’une réhabilitation éventuelle. Elle visera à faire un état des lieux en recueillant les avis de ceux qui ont une connaissance particulière de ce sujet.

Compte-rendu de la conférence de Merano : “Italia, Austria e Russia nella Grande Guerra. La memoria tirolese” (en italien)

“Italia, Austria e Russia nella Grande Guerra. La memoria tirolese”

Merano, 21-22 giugno 2012.

Recensione di Irene Guerrini

Il 21 e 22 giugno si è tenuto nella città termale sud tirolese di Merano questo convegno internazionale, promosso e organizzato (molto bene) dal “Centro Russo Borodina” di Merano e dal “Centro della gloria nazionale” di Mosca, con la partecipazione di studiosi dell’Accademia delle Scienze russa e dell’Associazione degli storici russi della prima Guerra Mondiale, dell’Università di Innsbruck, dell’associazione “Croce nera” per le onoranze ai caduti dell’esercito austro-ungarico, di studiosi italiani.

Il convegno si è posto l’obbiettivo di avviare un’analisi comparata sul conflitto mondiale, ponendo a confronto alcune esperienze di ricerca e il livello di elaborazione storiografica in tre Paesi che furono tra i principali protagonisti della Grande Guerra: Italia, Austria e Russia, appunto. In particolare è stato interessante il confronto con la scuola russa, che solo negli ultimi venti anni è ritornata ad analizzare la Prima guerra mondiale in modo autonomo, separandola dallo studio della Rivoluzione di Ottobre. Anche in questa occasione si sono potute apprezzare, nelle analisi condotte dagli studiosi russi, le diverse impostazioni e sensibilità relative a questo snodo storico fondamentale per la storia di quel Paese. Di particolare interesse le analisi sulla storiografia sovietica e russa relativa al conflitto di Vjacheslav Shatsillo e Evgeny Sergeev.

Uno degli argomenti cardine della conferenza è stato quello relativo ai prigionieri di guerra russi concentrati dagli austro-ungarici in Tirolo, su cui Evgeny Sergeev condusse uno studio pionieristico già nel 1993, che ebbe come corrispettivo italiano l’indagine sui prigionieri austro-ungarici di lingua italiana catturati dall’esercito zarista realizzata, negli stessi anni, da Marina Rossi, anch’essa presente a questa Conferenza.

In particolare, si è analizzato l’uso che di questi prigionieri fu fatto dalla Duplice Monarchia per costruire fortificazioni e linee ferroviarie nella provincia di Bolzano, in particolare la ferrovia della Val Gardena. L’articolazione organizzativa della Conferenza, che prevedeva appunto lo svolgimento di una sessione a S. Cristina di Val Gardena, ha consentito di coinvolgere anche studiosi locali, appartenenti alla comunità ladina che abita da sempre quella valle. In tal modo è stata analizzata la sedimentazione, nella memoria della comunità, dell’esperienza di convivenza tra le popolazioni locali ed i prigionieri di guerra. In sostanza è emersa la comune esperienza di lavoro obbligato, dato che anche gli abitanti rimasti nella valle (donne, anziani e giovanissimi) furono costretti a contribuire alla costruzione di strade, ferrovia e funivie. Da questa esperienza sembra essere nata una memoria solidale, nella quale i prigionieri russi vengono ricordati più come vittime che come nemici.

Gli organizzatori della Conferenza hanno il duplice obbiettivo di ampliare lo studio dell’impatto della guerra negli ambiti sociali, e in particolare sulle condizioni di vita degli strati più deboli (prigionieri, malati, comunità locali) e di dimostrare l’interdipendenza di tutte le regioni a diverso titolo coinvolte nel conflitto, per cui le cui conseguenze di un singolo evento influirono sulla vita quotidiana e sulla storia di comunità anche molto distanti e diverse tra loro. A tal fine si propongono di dare continuità all’iniziativa di quest’anno proponendo anche per il futuro, e in particolare per il 2014, l’organizzazione di iniziative internazionali di studio.

Questo progetto è di grande significato anche per il fatto di svolgersi, con l’appoggio dei poteri locali, in una provincia che in un ancor recente passato fu sede di dure contrapposizioni tra la comunità di lingue italiana e quella di lingua tedesca e che oggi ha invece l’ambizione di presentarsi, in un contesto europeo attraversato da tensioni e contrasti, come un luogo di riflessione e di elaborazione comune sulla storia del continente.

Parutions : colloque de Béziers / Mélanges Jules Maurin

Les Actes du colloque de Béziers (septembre-octobre 2010) viennent de paraître sous la direction de Hubert Heyriès, Histoire militaire, études de défense et politiques de sécurité, des années 1960 à nos jours, Paris, Economica et Institut de Stratégie et des Conflits, 2012, 497 pages, index, avec la participation de CRISES, Université Paul Valéry Montpellier 3. L’ouvrage est divisé en cinq parties : “L’histoire militaire en centres de recherche” ; “L’histoire militaire hors de France” ; “L’histoire militaire en arme” ; “L’histoire militaire sous d’autres cieux” ; “L’histoire militaire en marche”. Dans la première partie, on pourra lire la communication de Rémy Cazals sur “Le CRID 14-18”, faisant évidemment état de la situation du CRID à la date du colloque. Dans la quatrième partie, un texte de Julien Mary et Frédéric Rousseau, “Les musées militaires : objets d’histoire et de mémoires”. La conclusion générale est de Jules Maurin. Rappelons que, lors de ce colloque, a été remis à Jules Maurin le livre d’hommage intitulé Combats, préparé par Jean-François Muracciole et Frédéric Rousseau (Paris, Michel Houdiard éditeur, 2010, 492 pages) qui contient, entre autres, deux textes fondamentaux : “Pour en finir avec ‘le moral’ des combattants” par André Loez, et “Penser la Grande Guerre avec ou sans Jules Maurin, Retour sur Armée-Guerre-Société : soldats languedociens (1889-1919)”. Parmi les autres contributions touchant à la guerre de 14-18 dans ce livre d’hommage, notons celles de Rémy Cazals, Jean-Jacques Becker, Odon Abbal, Gérard Cholvy, Jean-Claude Hélas, Elie Pélaquier, François Cochet, Yves Pourcher, Rémy Pech, Giorgio Rochat, Antoine Prost.

Journée de débats sur le patrimoine de la Grande Guerre (Sedan, 22 juin)

Le patrimoine de la Grande Guerre en débat. Ouvert à tous. 

A Sedan (Ardennes) vendredi 22 juin à l’amphithéâtre Mendès-France.

LE PATRIMOINE DE LA GRANDE GUERRE A SEDAN ET AILLEURS.
QUELS ENJEUX ?

Après-midi de débat de 14 h – 18 h, organisée par la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais, l’Université de Paris I- Panthéon/Sorbonne et la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (Ministère de la Défense)

Première partie : interventions

Séance présidée par Antoine Prost, Professeur à l’Université de Paris I

– 14 h La question du Monument de Sedan, histoire et enjeux par Sébastien Haguette (SHAS) et Nicolas Offenstadt (Maître de conférences à l’Université de Paris I), lecture d’un message de Gerd Krumeich, (Professeur à l’Université de Düsseldorf)

– 14h30 : Nicolas Charles (agrégé d’histoire, doctorant à l’Université de Paris I) : Les Allemands dans les Ardennes en 14-18. Etat des savoirs

– 14h50 : Thierry Hardier (Historien CRID1418) Quelle politique monumentale pour les Allemands dans la France occupée en 14-18 ?

15h10 Discussion sur les interventions

Deuxième partie : Echanges

– 15h30 -16h30 Table ronde : Que faire du patrimoine allemand 14-18 en France aujourd’hui ? Avec Arndt Weinrich (Chercheur à l’Institut historique allemand) Denis Rolland (Société historique de Soissons), Frederick Hadley (Historial de la Grande Guerre).
Table-ronde animée par Nicolas Offenstadt.

– 16h30 – 17h30 Table ronde : Quelle politique du patrimoine 14-18 à l’aube du centenaire ? Avec Antoine Prost (Professeur à l’Université de Paris I), Joseph Zimet (Directeur général de la Mission du Centenaire) et Philippe Olivera (Historien, CRID1418).
Table ronde conduite par André Loez, Historien, Professeur de Lettres Supérieures.

17h30 – 18h. Discussion générale.

Monument allemand de Sedan en péril

Une forte mobilisation de la communauté historienne sur la Grande Guerre est en cours afin d’éviter la destruction programmée du monument allemand du cimetière Saint-Charles à Sedan. On peut lire un article de la presse locale qui en rappelle les enjeux.On trouvera ci-dessous le courrier adressé au maire de Sedan par des historien/nes à l’initiative de Nicolas Offenstadt, ainsi qu’un descriptif du monument par Nicolas Charles.

Contact : nicolas.offenstadt@univ-paris1.fr

Lettre adressée au maire de Sedan
Monsieur le Maire,

Historiens et chercheurs, spécialistes de la Grande Guerre nous avons appris que la ville avait décidé de détruire le monument allemand 14-18 du cimetière Saint-Charles avec l’accord des associations patriotiques pour construire un ossuaire français. Nous nous permettons de vous écrire pour vous faire part de notre indignation et vous demander de reconsidérer cette décision afin de préserver un lieu de mémoire très significatif de la Grande Guerre. Cette décision nous paraît peu justifiable pour plusieurs raisons
–    D’abord l’architecture du monument et le témoignage qu’il porte sur cette période de l’histoire sont à la fois riches et originaux. Son ampleur permet aussi d’en faire un témoin visible et aménageable dans une intention pédagogique.
–    Enfin à l’heure de la « mémoire partagée », à l’approche du centenaire de la Grande Guerre qui sera à l’évidence franco-allemand, européen et international, on ne peut concevoir que les autorités françaises détruisent un patrimoine allemand si important au lieu de veiller à sa préservation.
–    Une telle politique de préservation se justifie d’autant plus que cette période suscite des interrogations et un intérêt certain dans un très large public, comme en témoignent les innombrables activités de mémoire autour de la Grande Guerre.

Avec tous nos remerciements pour l’intérêt que vous voudrez bien prêter à notre requête, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de notre respectueuse considération

Vincent Auzas, doctorant à l’Institut d’histoire du Temps Présent, Sylvette Boyer, Professeure au Lycée de Nouméa, Philippe Boulenger, Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise, Rémy Cazals, Professeur à l’Université de Toulouse, Yohann Chanoir, Professeur au Lycée de Reims, Nicolas Charles, Professeur au collège de Monthermé, Christian Chevandier, Professeur à l’Université du Havre, Rémi Dalisson, Professeur à l’Université de Rouen, Mourad Djebabla-Brun Professeur adjoint au Collège militaire royal du Canada (Kingston, Canada), Irene Guerrini, Chercheuse à Gênes (Italie), Benjamin Gilles, Conservateur à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, Thierry Hardier, Professeur au collège de Noyon, Charles Heimberg, Professeur à l’Université de Genève (Suisse), Anne Hertzog, Maîtresse de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, Elise Julien, Maîtresse de conférence à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille, Gerd Krumeich, Professeur à l’Université de Düssledorf, Alexandre Lafon, Professeur au Lycée d’Agen, Michel Litalien, Directeur, Réseau des musées des Forces canadiennes, Marie Llosa, doctorante à l’Université de Toulouse II, André Loez, Professeur de lettres supérieures, Paris, Nicolas Mariot, Chercheur au CNRS, Valériane Milloz, doctorante à l’Université de Paris I, Julien Mary, doctorant à l’Université de Montpellier, Philippe Nivet, Professeur  à l’Université d’Amiens, Nicolas Offenstadt, Maitre de conférences à l’Université de Paris I, Philippe Olivera, Professeur au Lycée de Marseille, Jean-Paul Pellegrinetti, Maître de conférences à l’Université de Nice, Stéfanie Prezioso, Professeure à l’Université de Lausanne (Suisse), Antoine Prost, Professeur à l’Université de Paris I,  Marco Pluviano, Chercheur à Gênes (Italie), Yann Prouillet, Société philomatique vosgienne, Jean-Louis Robert, Professeur à l’Université de Paris I, Denis Rolland, Société historique de Soissons,  Frédéric Rousseau, Professeur à l’Université de Montpellier, Arndt Weinrich, Chercheur à l’Institut historique allemand, Paris

Monument commémoratif allemand du cimetière Saint-Charles de Sedan.

C’est au cimetière Saint-Charles que se dresse le plus important monument commémoratif érigé par les Allemands dans les Ardennes durant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, il est également l’un des plus imposants de tous ceux réalisés par les troupes de Guillaume II dans les territoires français passés sous leur domination entre 1914 et 1918.
Les Allemands décident dès septembre 1914 de créer un carré militaire dans le cimetière municipal de Sedan pour enterrer leurs soldats morts dans le secteur. Sur le mur du fond, les Allemands ont fait graver sur des plaques de marbre le nom des soldats morts. Au centre du mur est créée une croix en or entourée de deux couronnes vertes. Celle-ci n’existe plus, tout comme le mur du fond. Les plaques se trouvant tout autour du monument, où étaient aussi inscrits des noms de soldats morts ne se trouvent plus sur place, seuls leurs emplacements sont encore présents.
A partir de 1915, les occupants décident de sacraliser cet espace en construisant un grand monument destiné à rendre hommage aux troupes tombées au champ d’honneur. Lony, professeur à l’école d’architecture de Trèves, et officier délégué, fit les plans de cet édifice. La construction s’étale de juin à octobre 1915, elle est réalisée par des soldats d’une division sanitaire stationnée à Sedan. Pour les matériaux, le choix de l’architecte se porte sur le fer et le béton, matériaux novateurs pour ce genre d’édifice : c’est un des premiers monuments réalisés en béton armé.
L’architecte fait construire un mur pour délimiter le carré Allemand du reste du cimetière. Il décide d’utiliser la pente en construisant deux terrasses. Au centre, il place un monument important : 9,3 mètres de long et 5, 35 mètres de large. L’édifice a des allures de monuments antiques avec ses quatre colonnes doriques. Celui-ci semble être une porte d’entrée vers le ciel, selon les souhaits de son concepteur. Sur chaque côté est ménagée une entrée. Les deux piliers principaux aux angles de la façade sont couronnés par des fruits stylisés. La façade principale porte une inscription de quatre lignes, texte poétique de Joseph von Lauff :
Kämpfend für Kaiser und Reich, nahm Gott uns die irdische Sonne ;
Jetzt vom Irdischen frei, strahlt uns sein ewiges Licht.
Heilig die Stätte, die ihr durch blutige Opfer geweiht habt!
Dreimal heilig für uns durch das Opfer des Danks.

Combattant pour l’Empereur et pour l’Empire, Dieu nous a pris le soleil terrestre.
Maintenant, libérés de toutes choses terrestres, sa lumière éternelle nous illumine.
Sacrée soit cette place, que vous avez consacrée par des victimes sanglantes.
Trois fois sacrée pour nous par le sacrifice du remerciement.

À l’intérieur, sur le plafond, trois couronnes végétales entourent deux croix de fer. Au centre, l’ordre « pour le mérite » est représenté.
Son implantation à Sedan n’est sans doute pas le fruit du hasard. C’est une des villes importantes de l’arrière front où sont cantonnés un grand nombre de soldats au repos ou en convalescence. La ville abrite aussi un important camp de prisonniers (l’un des plus importants du front occidental) dans le château fort. Mais Sedan est surtout pour les troupes impériales un lieu fondateur de leur nation. C’est là que le 2 septembre 1870 Napoléon III signe la capitulation de son armée face aux troupes de Guillaume Ier. Quelques mois plus tard, le grand-père de Guillaume II fonde à Versailles le IIème Reich allemand.
Le monument est aujourd’hui isolé au milieu du cimetière civil puisque toutes les sépultures allemandes ont été enlevées et déplacées vers plusieurs cimetières militaires germaniques des Ardennes (notamment celui de Noyer-Pont-Maugis qui se trouve à quelques kilomètres). Il est l’un des derniers témoignages dans le département des Ardennes des nombreux monuments commémoratifs qu’avaient construit les Allemands.

Nicolas CHARLES
Sources :
Archives privées de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais (images et documentation).
LAMBERT J. et WEISS R., Occupation, Besatzungseiten, les Ardennes (1914-1918) et la Rhénanie (1919-1930), Terres Ardennaises, Charleville-Mézières, 2007, 427 p.

Le centenaire de la Grande Guerre: parution du rapport de préfiguration, par J. Zimet

Le ministère de la Défense (Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives) a mis en ligne récemment (nov. 2011) le rapport de préfiguration du centenaire de la Grande Guerre, réalisé par Joseph Zimet: « Commémorer la Grande Guerre (2014-2020) : propositions pour un centenaire international »

On peut consulter ici la page de présentation.

Le rapport est téléchargeable ici (au format .pdf)

Ce travail substantiel propose un tour d’horizon très riche des manifestations prévues pour 2014 et pour la période s’ouvrant jusqu’après 2018 (dont les travaux et activités du Crid 14-18), formule des propositions, et constitue désormais le point de repère indispensable pour tous ceux que la présence contemporaine de la Grande Guerre intéresse. C’est notamment l’occasion de saisir les différentes manières dont le centenaire se prépare dans tous les pays ex-belligérants (p. 31-45), révélant de nets décalages dans les rapports entre les sociétés et leur passé.

Compte-rendu de la journée d’étude « Témoigner de la Grande Guerre », Noyon, 6/11/2009

Journée organisée par l’action culturelle de l’académie d’Amiens (rectorat d’Amiens), le service éducatif « patrimoine et musées » de Noyon et la conservation des musées de Noyon (ville de Noyon).

Problématique autour du thème:  publier les témoignages.

Pour commencer, deux constats concernant la Grande Guerre :

–  c’est le premier conflit dans l’histoire à impliquer autant de combattants. Pour la France : au total 8 millions d’hommes mobilisés dont 4 millions à être effectivement dans la zone de l’avant.

–  C’est le premier conflit dans l’histoire à impliquer des populations masculines ayant atteint en moyenne un aussi fort taux d’alphabétisation (école obligatoire, etc.).

La conjonction de ces deux faits va générer une masse de productions écrites, inconnue jusqu’alors. Ainsi chaque jour, des millions de lettres vont être échangées entre « l’avant » et « l’arrière ». Par ailleurs, très fréquemment face à une situation exceptionnelle, la guerre, les hommes vont également avoir un comportement exceptionnel par rapport au quotidien de leur vie civile. Ces hommes, pas tous évidemment, vont se mettre à tenir des carnets de route encore appelés  journaux de campagne.

A partir de quand des témoignages sur la Grande Guerre ont-ils été publiés ? Quelles formes ont les témoignages publiés ? Peut-on établir une sociologie du témoin ? Toutes les catégories socio-professionnelles sont-elles représentées ? Pourquoi publier des témoignages ? Peut-on évaluer la quantité de témoignages publiés ?

Yann Prouillet : Membre du CRID 14-18, Yann Prouillet habite les Vosges où il est directeur d’édition. Il a entrepris depuis longtemps d’établir une base de données des ouvrages traitant de la Grande Guerre. Celle-ci avoisine actuellement les 15 000 titres.

Quelles observations a-t-il pu tirer de sa base de données ?

Conférence faite par Yann Prouillet.

Historiographie générale de la Grande Guerre : un essai de bibliographie exhaustive.

Télécharger au format .pdf

Bernard Devez : Bernard Devez est un ex consultant en marketing et sociologie. Il est bibliophile et bibliographe amateur de la Grande Guerre. Il possède la plus grande bibliothèque privée française de livres consacrés à la Grande Guerre. Sa collection s’élève à près de 10 000 titres. Il va nous présenter ses réflexions concernant la publication de témoignages relatifs à la Grande Guerre.

Conférence faite par Bernard Devez.

Les témoignages dans la bibliographie générale de la Première Guerre mondiale.

Télécharger au format .pdf

André Sinet : André Sinet habite à Aulnois-sous-Laon dans l’Aisne. Il vient du publier à compte d’auteur le témoignage de son grand-père, Henri Romagny. Ce témoignage mérite, par sa qualité, sa précision et son honnêteté, une attention particulière.

Conférence faite par André Sinet

Un exemple de publication récente : le témoignage de mon grand père, Henry Romagny.

Télécharger au format .pdf

Thème de l’après-midi : les témoins de la Grande Guerre.

Problématique

Quel est l’intérêt des témoignages émanant des combattants de la Grande Guerre ? Nous reprenons plus largement un questionnement déjà posé par Frédéric Rousseau : « comment écrire l’histoire tragique du XXe siècle ? Est-ce en soupçonnant le témoignage ou en se mettant à son service ? Quel vérité l’historien détient-il par rapport au témoin ? »

Conférence faite par Frédéric Rousseau : le cas Jean Norton Cru.

Frédéric Rousseau a repris dans ses grandes lignes son ouvrage publié au Seuil  en 2003 : Le Procès des témoins de la Grande Guerre, l’affaire Norton Cru. Nous renvoyons donc à cet ouvrage.

Rémy Cazals

Rémy Cazals est professeur émérite de l’Université Toulouse-Le-Mirail. Il a publié en 1978 les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier dans la vie civile et caporal d’infanterie durant la guerre, carnets qu’il a préfacés. Depuis 1978, ce livre a été constamment réédité et l’ensemble des éditions atteint lui-même aujourd’hui un tirage de  75 000 exemplaires. Il faut noter que de nombreux extraits de ces carnets ont été et sont encore publiés dans différents manuels scolaires d’histoire. Rémy Cazals nous évoque deux fantassins dans la Grande Guerre, l’un Languedocien, combattant dans l’armée française et l’autre alsacien, Dominik Richert combattant dans l’armée allemande. Cette conférence est suivie d’une « suggestion pédagogique», qui peut très bien être reprise par des professeurs d’histoire-géo dans leurs classes.

. Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, Maspero, 1978 (La Découverte poche 1997 et 2003)

. Traduction française de Beste Gelegenheit zum Sterben. Meine Erlebnisse im Kriege, 1914-1918, de Dominik Richert, sous le titre : Cahiers d’un survivant. Un soldat dans l’Europe en guerre,La Nuée Bleue, 1994.

PLAN :

Deux hommes, deux soldats, deux livres

Deux paysans formés à l’école primaire

Deux fantassins de 1914 à 1918

Deux écrivains sans le savoir

L’Alsacien et le Languedocien

La question des langues

Dominik Richert est un soldat allemand

Le pays, c’est le village

La vie au front et les souffrances des combattants

La vie

La mort

Leur réflexion sur la guerre

Contre le militarisme, contre la guerre

Consentement, contrainte, engrenage.

Suggestion pédagogique:

Télécharger au format .pdf

La Grande Guerre aujourd’hui – conférences dans le XIe arrondissement, par N. Offenstadt (18 novembre, 12 décembre, 5 janvier)

La guerre de 14-18 – Conférences-débats
Vendredi 18 novembre, la Mairie du 11e vous invite à une conférence, au Palais de la Femme, sur le thème «La grande guerre aujourd’hui. Une mémoire mondiale?», dans le cadre d’ un cycle de rencontres qui abordera cette guerre et sa place dans les mémoires contemporaines.

La guerre de 14-18 aujourd’hui, la Grande Guerre dans les mémoires contemporaines.

Comment comprendre la Grande Guerre aujourd’hui ? Quels en sont les héritages ? Quelle présence a-t-elle encore dans le monde contemporain, dans les différents pays qui y furent engagés ? Ce cycle de conférences invitera à la réflexion.

Quel lieu, mieux que le Palais de la Femme, pouvait accueillir ce cycle de conférences. En effet, en 1914, la Grande Guerre le vide de sa population composée d’hommes célibataires appelés à se battre. Par la suite, il deviendra, provisoirement, un hôpital de guerre.

Vendredi 18 novembre
La Grande Guerre aujourd’hui. Une mémoire mondiale ?
Cette première conférence étudiera comment les traces de la guerre aujourd’hui diffèrent grandement d’un pays à l’autre mais aussi quels sont les traits communs qui peuvent ou pourraient former une mémoire commune en 2014-2018.

Lundi 12 décembre
Les combattants de 14-18 et le souvenir de la guerre. Comment fixer les mémoires du « sacrifice » ? Comme dans une chronologie inversée, il s’agira de s’interroger sur la manière dont les anciens combattants de la Grande Guerre ont voulu donner un sens à leur combat et comment ils en ont perpétué le souvenir.

Jeudi 5 janvier
Paris a-t-il perdu, aujourd’hui, la mémoire de 14-18 ? Au coeur du Paris de 14-18, où sont les traces et les mémoires du conflit dans la capitale des années 2000 ? Quels en sont les enjeux ?

Conférences données par Nicolas Offenstadt, maître de conférences d’histoire du Moyen Âge et d’historiographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918.

Entrée libre à 20h
Palais de la Femme
94, rue de Charonne
75011 Paris
Tél. : 01 46 59 30 00

Parution : 1914-1918, Identités troublées (Actes du colloque de novembre 2010)

En 1914-1918, des millions de soldats sont « morts pour la patrie », dans une guerre qui semble avoir poussé à son paroxysme l’affrontement des nations. Mais ces combattants, comme les hommes et les femmes en arrière du front, ont de multiples identités antérieures : Français ou Allemands, mais aussi Alsaciens, Bavarois ou Parisiens ; nobles, intellectuels, paysans ou artisans ; ils vivent en république, sont sujets d’une monarchie ou d’empires autoritaires ; ils ont des convictions et des engagements politiques et syndicaux, quelquefois pacifistes. Comment la guerre transforme-t-elle ces appartenances ? La loyauté à la nation efface-t-elle les identités sociales, sexuelles, régionales qui ont été construites avant 1914 ? Quelles ruptures la guerre introduit-elle dans la façon de se percevoir et de percevoir les autres ? Quelles tensions opposent, sous le vernis des unions sacrées, les membres des sociétés en guerre ? Sous l’uniforme, quel est le sens de la guerre pour tous ceux, Alsaciens-Lorrains, Corses ou Amérindiens, dont l’appartenance nationale est plus qu’ambiguë ?

Ce volume présente les Actes du colloque de novembre 2010 tenu à Laon et Craonne et organisé par le Crid 14-18.

François BOULOC, Rémy CAZALS et André LOEZ (dir.), 1914-1918, Identités troublées. Les appartenances sociales et nationales à l’épreuve de la guerre, Toulouse, Privat, 2011, 387 p., 25 €.

SOMMAIRE

INTRODUCTION p. 7

PREMIÈRE PARTIE : LES CLASSES SOCIALES SOUS L’UNIFORME

André LOEZ et Nicolas MARIOT

Brassage des corps et distances sociales : la découverte du peuple par la bourgeoisie intellectuelle dans les tranchées de 1914-1918 p. 17

Alexandre LAFON Être camarade. Identité(s) et liens de sociabilité dans l’armée française (1914-1918) p. 33

Bertrand GOUJON Insertion et distinction nobiliaires parmi les combattants français de la Grande Guerre p. 47

Benoist COULIOU Ulysse et Damoclès. L’identité sociale des combattants français et leur perception de la durée (août 1914-décembre 1915) p. 61

Cédric MARTY Le corps à corps au prisme des identités sociales p. 73

François BOULOC La part des aspirations démocratiques dans la parole et l’expérience combattantes p. 85

DEUXIÈME PARTIE : COMBATTANTS ENTRE DEUX APPARTENANCES

Yohann CHANOIR Deutschland uber alles La Vaterland à l’épreuve des identités régionales durant la Grande Guerre p. 101

Raphaël GEORGES L’identité tourmentée des soldats alsaciens-lorrains au sortir de la guerre p. 115

Jean-Paul PELLEGRINETTI Les combattants corses dans la Première Guerre mondiale p. 129

John Paul NEWMAN Les héritages de la Première Guerre mondiale en Croatie p. 141

Thomas GRILLOT Mémoire de la Grande Guerre et négociation identitaire chez les Indiens des États-Unis p. 153

TROISIÈME PARTIE : MÉTIERS ET MILITANTISMES À L’ÉPREUVE DE LA GUERRE

Christian CHEVANDIER Gardiens de la paix dans la Grande Guerre p. 169

David AUBIN, Hélène GISPERT et Catherine GOLDSTEIN Les mathématiciens français dans la Grande Guerre p. 183

Sylvain BERTSCHY Grande Guerre et infirmité : la fin des inutiles au monde ? p. 199

Vincent VIET Médecins et médecine de guerre : les origines confisquées de la politique de santé publique en France p. 213

Alain BOSCUS La perturbation des identités syndicales et militantes p. 227

Sean BRADY Les manifestations populaires et l’expérience italienne de la Grande Guerre : la province sicilienne de Catane (mai-juin 1917) p. 243

Anne-Marie SAINT-GILLE Mutations des identités pacifistes allemandes entre 1914 et 1918-1919 p. 255

Béatrice PISA L’évolution de l’identité féminine en Italie au cours de la Grande Guerre p. 269

Stéfanie PREZIOSO Identités militantes et identités nationales dans le débat italien d’après guerre p. 283

QUATRIÈME PARTIE : LES AMBIGUÏTÉS DES IDENTITÉS « NATIONALES »

Maurice CARREZ Première Guerre mondiale et identité nationale en Finlande p. 299

Caoimhe GALAGHER Neutralité éclatée : la réaction de la presse suisse à l’invasion de la Belgique p. 313

Rémi DALISSON Journées de guerre et fêtes nationales : une politique culturelle au service d’une légitimation identitaire (1914-1918) p. 327

Marie LLOSA Le poilu, outil de marketing patriotique p. 341

Philippe SALSON Des identités sociales en crise. Les effets de l’occupation militaire dans le champ social à travers les journaux de civils de l’Aisne p. 355

Stéphane BEDHOME Formation et dynamiques sociales d’une identité : les « sinistrés » du chemin des Dames (1919-1939) p. 369

CONCLUSION p. 383

Identité et Grande Guerre.

Les combattants corses durant la Première Guerre mondiale.