Hommage au général André Bach, 1943-2017

André Bach à Craonne. Photo : Chemins de Mémoire Sociale.

Le général André Bach est décédé dans la nuit du 18 mai 2017 au terme d’une maladie. Avec lui, la communauté des chercheurs et passionnés de la Grande Guerre perd un savant de premier plan et un homme remarquable. Ceux qui l’ont rencontré garderont le souvenir d’un militaire qui fut aussi un historien et un citoyen, à la fois humaniste, curieux et généreux. Le Crid 14-18 est en deuil et lui rend ici hommage.

Né en 1943 à Perpignan, André Bach sort de Saint-Cyr en 1966 comme officier d’infanterie parachutiste. Il connaît différentes responsabilités dans l’armée, aussi bien auprès d’états-majors que sur le terrain, en Nouvelle-Calédonie ou encore à Soissons, et au feu, en particulier en 1986 au Liban (bataillon français de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban). Cette même année il débute un long enseignement à l’école supérieure de guerre, nourri d’une passion précoce pour l’histoire, avant de faire partie de la direction du Service d’informations et de relations publiques des armées (SIRPA), puis de devenir le chef du Service Historique de l’Armée de Terre (devenu Service Historique de la Défense, à Vincennes) entre 1997 et 2000.

C’est là qu’il entame véritablement un parcours d’historien, au contact d’archives, en particulier celles de la Grande Guerre dont il éprouve la richesse, et dont il souhaite améliorer le classement et élargir l’accès. De très nombreux chercheurs lui doivent d’avoir pu consulter des dossiers longtemps difficilement consultables, pour la Justice militaire en particulier.

Ce domaine retient son attention pour un ouvrage majeur, paru en 2004 : Fusillés pour l’exemple (éd. Tallandier), première somme parfaitement documentée qui mesure et dévoile de façon systématique les mécanismes des exécutions militaires dans l’armée française en 1914-1915. Le livre est à la fois le fruit d’une très fine connaissance de l’institution militaire, et de l’interrogation d’un citoyen qui eut à commander des combattants sur la peine de mort en temps de guerre. L’enquête trouvera des prolongements dans un second volume tout aussi riche en citations de sources primaires, Justice militaire 1915-1916 (éd. Vendémiaire, 2013), puis dans une série de publications en ligne avec un groupe de travail composé pour partie de non-professionnels de la recherche, le « Prisme 14-18 ». Cette dernière démarche illustre aussi le souhait qui fut le sien de discuter largement questionnements et matériaux avec des chercheurs de tous horizons, au sein comme en dehors de l’université, ce qu’il accomplit aussi au sein du Crid 14-18, dont il fut l’un des fondateurs, une cheville ouvrière, et le vice-président depuis l’origine, en 2005. On doit aussi à l’historien l’une des rares synthèses sur l’institution militaire au XIXe siècle, L’armée de Dreyfus. Une histoire politique de l’armée de Charles X à l »Affaire » (éd. Tallandier, 2004). On pourra lire ici et ici deux entretiens récents qui illustrent les démarches, centres d’intérêt et méthodes du chercheur.

Par ses propres travaux d’ampleur et surtout par l’énergie mise à partager et rendre accessibles de précieux documents, stimulant pour toute une communauté savante de nouvelles interrogations, ses contributions à l’histoire de la Grande Guerre sont de première importance.

Le Crid 14-18 perd un de ses piliers, et avant tout un ami. Avec de très riches souvenirs de marches, de dialogues, de chansons, avec gratitude pour le savoir et les conseils partagés, avec surtout une profonde tristesse, l’association et ses membres s’associent à la douleur de ses proches.

Parution : dernière livraison de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps. n° 121-122

La commémoration en pratique : usages et appropriations du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Matériaux, pour l’histoire de notre temps, BDIC, n°121-122, 2e semestre 2016.

Couverture et sommaire de la revue ci-joint.

Vous trouverez l’intégralité de l’actualité des publications de la BDIC sur son site.

Couverture du n° 121-122 de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps
Sommaire du n°121-121 de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps

Parution : Minorités, identités régionales et nationales en guerre, 1914-1918.

Composées de simples citoyens ayant endossé l’uniforme, les armées de 1914-1918 s’affrontent au nom de nations au sein desquelles résonnent et s’entremêlent différents modèles de patriotisme, de nationalisme et d’identités régionales et sociale. Dès lors, que produisent les expériences de guerre sur ces groupes ? L’ouvrage propose des pistes pour la compréhension de ces frontières intra-étatiques peu visibles, redessinées par la guerre.

Sylvain Gregori et Jean-Paul Pellegrinetti (Dir.), Minorités, identités régionales et nationales en guerre (1914-1918), Presses universitaires de Rennes, 2017, 304 p.

Pour plus d’informationshttp://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4318#

Parution : La langue sous le feu

La langue sous le feu ; Mots, textes, discours de la Grande Guerre

2017 Odile Roynette, Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt (dir.)

Cet ouvrage explore le laboratoire de mots, de textes et de discours qu’a constitué la première guerre mondiale. Grâce à une collaboration fructueuse entre historiens, linguistes et littéraires, et en exploitant systématiquement de nouvelles ressources numérisées comme des correspondances de « poilus ordinaires », il scrute les transformations à l’œuvre et montre comment la guerre fut aussi une expérience de langage. Il ouvre l’analyse à la comparaison avec d’autres pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Espagne. Avec le concours du laboratoire Praxiling (UMR 5267, université Paul-Valéry Montpellier CNRS), le soutien de l’université Paris Sorbonne et celui du laboratoire ELLIADD (EA 4461) de l’université Bourgogne-Franche-Comté.

Colloque : Andreas Latzko (1876-1943). Un classique de la littérature de guerre oublié ?

Colloque international du laboratoire du CREG (Université Toulouse Jean Jaurès) du 27 avril 2017 au 28 avril 2017

« Devrais-je me guérir de ma mémoire ? Sans le souvenir dont je suis fait, que serais-je ? ».
Ecrivain austro-hongrois né dans une famille juive assimilée, Andreas Latzko demeure selon Romain Rolland « au premier rang des témoins qui ont laissé le récit véridique de la Passion de l’Homme en l’an de disgrâce 1914 ».
Le colloque qui lui est consacré s’inscrit pleinement dans la thématique du CREG « Hériter et transmettre : mécanismes et processus dans les pays de langue allemande« . Il vise entre autres :
– à explorer la transmission de l’expérience du front dans l’œuvre littéraire et journalistique,
– à étudier les mécanismes éditoriaux de la réception ou de la transmission d’une mémoire de son œuvre,
– à mieux comprendre les phénomènes de décanonisation posthume d’un auteur internationalement connu de son vivant en s’interrogeant sur la place et l’image qu’il a occupé et occupe en Hongrie et en Autriche,
– à cerner sa place dans le contexte de l’émigration allemande en Suisse et aux Pays-Bas et sa contribution aux mouvements pacifistes,
– à explorer des parties jusque là peu ou pas étudiées de son œuvre, comme son autobiographie ou ses correspondances (avec Stefan Zweig, Romain Rolland, entre autres…).

Présentation d’un catalogue d’exposition: I segni della guerra. Pisa 1915-1918: una città nel primo conflitto mondiale

(Les marques de la guerre, Pise 1915-1918 : la ville et son territoire pendant la Première Guerre mondiale), sous la direction d’Antonio Gibelli, Gian-LucaFruci& Carlo Stiaccini, Éditions ETS, Pise, 2016, 237 pages très illustrées + un DVD, 28 euros.

Ce très beau livre est le catalogue de l’exposition qui s’est tenue au PalazzoBlu à Pise en 2015. Journaux, caricatures, cartes postales, lettres, textes officiels, affiches, photos, armes, objets, tableaux de peintres constituent de très belles illustrations, classées en douze chapitres :

  1. L’Italie hésitante. Partisans de l’intervention et de la neutralité. (une caricature représente l’Italie perchée sur la tour de Pise que l’Allemagne et l’Autriche, d’un côté, la France, l’Angleterre, la Russie et la Belgique, de l’autre côté, essaient de faire « pencher » en tirant sur des cordes)
  2. Une guerre moderne. Technologie et destruction
  3. Les tranchées. La vie et la mort
  4. En guerre sans armes. Aumôniers, médecins, pédagogues
  5. Écrire pour ne pas mourir. Lettres du front et de captivité
  6. Dans le ciel de Pise. Écoles et champs d’aviation
  7. La guerre entre dans la ville. Des tranchées aux hôpitaux
  8. Une ville en guerre. Vie quotidienne et mobilisation civile
  9. Le contrôle social. Censure et propagande
  10. L’Église mobilisée. Le front intérieur du cardinal Maffi
  11. L’Université en guerre. Rites de la mémoire
  12. La guerre est finie. Bilans, hérédité, mémoire. (sur un plan de la ville sont portés les 36 noms de rues qui évoquent la guerre de 1915-1918, lieux de combats, dates, noms de personnes parmi lesquelles le pilote Francesco Baracca à qui est consacrée une notice du dictionnaire des témoins sur le site du CRID 14-18 (voir en fin d’article).

Après une introduction générale d’Antonio Gibelli, la partie catalogue est complétée par des textes d’historiens qui font le point sur les thèmes illustrés par les documents. Parmi ces textes, on peut citer celui de Fabio Caffarena sur sa spécialité qui est l’aviation (p. 104-111) ; également celui de Emanuela Minuto sur la protestation des femmes contre la guerre (p. 144-151).

Quelle que soit la nationalité du lecteur, il retrouvera dans ce livre des thèmes valables pour tous les pays belligérants.

Rémy Cazals.

Lien direct vers la fiche témoins de Francesco Baracca. Par Irène Guerrini et Marco Pluviano : http://www.crid1418.org/temoins/2016/09/29/baracca-francesco-1888-1918/

Evénement : Les deuxièmes Rencontres du web 14-18.

La Mission du Centenaire organise pour la deuxième fois une journée d’échanges et de rencontres sur « La Grande Guerre numérique » durant laquelle interviennent des archivistes, des historiens, des designers, des blogueurs et des généalogistes. 9 ateliers pratiques vous sont proposés en parallèle.

Le 17 mars 2017 de 9h à 17h dans les locaux de NUMA (39 rue du Caire 75002, Paris). Métro : Sentier (ligne 3).

Le programmehttp://centenaire.org/sites/default/files/references-files/flyerrencontresduweb.pdf

Pour plus d’informationshttp://centenaire.org/fr/autour-de-la-grande-guerre/web/les-rencontres-du-web-14-18-2e-edition

Compte-rendu des Rencontres du web (2015), par D. Chavaroche : ( https://www.univ-paris1.fr/fileadmin/IGPS/observatoire-du-centenaire/Chavaroche_-_Web_2.pdf

 

 

 

Une nouvelle ressource en ligne : les testaments des mobilisés parisiens

1ère page du testament de Marcel Etienne, Archives nationales, MC/ET/XXXIII/1865, minute du 7 novembre 1916

Une nouvelle ressource, très prometteuse, vient d’être mise en ligne par les Éditions de l’École des chartes : il s’agit de l’édition critique de testaments de guerre de Poilus parisiens (1914-1918) conservés aux Archives nationales.

Le 1er août 1914, l’ordre de mobilisation générale est décrété en France. Partant à la guerre sans savoir s’ils en reviendront, de nombreux Parisiens rédigent leurs testaments. Pour ceux d’entre eux morts au front ou de leurs blessures, ces testaments de guerre sont désormais conservés au Minutier central des notaires de Paris.
L’École nationale des chartes et les Archives nationales se sont associées pour donner la première édition scientifique et numérique des testaments des morts pour la France de trois études parisiennes, qui témoignent, dans leur forme même et leur contenu, de l’urgence de la situation et du sentiment bien présent de la mort imminente.

Pour une description de la ressource, voir le billet sur Lectures sociales de la guerre.

Écrire en guerre, 1914-1918, Des archives privées aux usages publics

Dans les actualités éditoriales, on peut noter la publication des actes du colloque tenu à Paris en janvier 2015 sur l’acte d’écrire pendant la guerre de 1914-1918. Cet ouvrage, sous la direction de Philippe Henwood et Paule René-Bazin, comporte en particulier la contribution de Rémy Cazals à propos de Louis Barthas (on peut d’ailleurs renvoyer à sa notice dans le Dictionnaire des témoignages).

Nombre de familles, en France et dans les différents pays ayant participé à la Grande Guerre, conservent des archives de cette période. Cent ans après, ces archives privées éveillent la curiosité émue des générations actuelles et retiennent l’attention des historiens. Ce livre s’adresse aux étudiants en histoire, aux chercheurs et, plus largement, à tous ceux qui ressentent le besoin d’en savoir plus sur les archives de ce conflit mondial qui a tant marqué notre histoire.

Plus d’informations :

Philippe Henwood et Paule René-Bazin (dir.), Écrire en guerre, 1914-1918, Des archives privées aux usages publics, Rennes, PUR, 2016, 198 p., ISBN : 978-2-7535-5199-2.