Brefs souvenirs 5/12 Deux colloques dans le département de l’Hérault
Les 20 et 21 novembre 1998, se tenait à Montpellier le colloque publié ensuite en 2002 : La Grande Guerre 1914-1918 : 80 ans d’historiographie et de représentations, sous la direction de Jules Maurin et Jean-Charles Jauffret, Montpellier, UMR 5609, Université Paul Valéry, 2002, 412 p. Parmi les intervenants, Frédéric Rousseau et Rémy Cazals ; parmi l’auditoire, Marie Llosa et François Bouloc ; tous quatre futurs membres du CRID 14-18.
On était en pleine période de tension entre certains historiens actifs à l’Historial de Péronne et d’autres qui allaient fonder le CRID. Les participants se souviennent de ces vifs affrontements dont il ne sera pas question ici.
Juste un souvenir ponctuel. Dans sa thèse, Jules Maurin avait montré que, si les volontaires s’engageaient en 1914 dans l’infanterie, ceux qui devançaient l’appel au cours des années suivantes, ayant pris conscience que l’infanterie subissait des pertes considérables, optaient pour l’artillerie et des situations moins exposées au danger. Un intervenant avait alors annoncé avec autorité que les « recherches récentes » contredisaient Jules Maurin. Or, lisons justement le résultat de ces recherches récentes qui étaient en cours pendant le colloque de Montpellier. Il se trouve dans le livre de Philippe Boulanger, La France devant la conscription. Géographie historique d’une institution républicaine 1914-1922 (Paris, Economica, 2001). Il écrit à propos de statistiques établies au niveau national : « Force est de constater que ces résultats corroborent l’analyse effectuée sur les engagements volontaires durant la guerre en Lozère et dans l’Hérault par Jules Maurin. »
Jules Maurin que l’on va retrouver lors du colloque organisé à Béziers du 29 septembre au 2 octobre 2010, publié en 2012 : Histoire militaire, études de défense et politiques de sécurité des années 1960 à nos jours, sous la direction de Hubert Heyriès, Paris, Economica, 2012, 498 p. Le CRID 14-18 avait été fondé en 2005 à Soissons, et ma communication rappelait cette création, les objectifs et les méthodes du Collectif, intervention venant à la suite de celle de Jean-Jacques Becker sur l’Historial de Péronne. Dans le même volume, deux membres du CRID, Julien Mary et Frédéric Rousseau, donnaient un papier sur « Les musées militaires : objets d’histoire et de mémoires ».
C’est au cours de ce colloque de Béziers que ses collègues ont dévoilé et offert le livre Combats. Hommage à Jules Maurin, sous la direction de Jean-François Muracciole et Frédéric Rousseau, Paris, Michel Houdiard, 2010, 492 p. Dans ce volume sont intervenus Rémy Cazals (« L’armée vue par Jaurès dans ses articles de La Dépêche 1887-1914 »), André Loez (« Pour en finir avec le « moral » des combattants »), et Frédéric Rousseau, dont l’article est particulièrement remarquable : « Penser la Grande Guerre avec ou sans Jules Maurin. Retour sur Armée-Guerre-Société : soldats languedociens (1889-1919) ».
Précisons enfin que le fameux livre de Jules Maurin a été réédité à la veille du Centenaire : Armée-Guerre-Société, Soldats languedociens (1889-1919), préface d’André Loez et Nicolas Offenstadt, Paris, « Les classiques de la Sorbonne », 2013, 750 p. (voir l’illustration de cette chronique).
Rémy Cazals
Prochaine chronique : Brefs souvenirs 6/12 Craonne