Très inspiré par l’ensemble des travaux du CRID publiés depuis presque deux décennies, ce petit ouvrage écrit par deux historiennes du CRID, Christine Delpous-Darnige et Helena Trnkova, rend compte de la traversée du conflit par les quelques 5000 habitants, anciens et nouveaux, de Frontignan, capitale du muscat, petite ville industrielle et chef lieu d’un canton littoral languedocien.
Il s’appuie amplement sur la multitude de pépites d’archives apparues à la faveur des manifestations du Centenaire constituée de fonds d’archives municipaux progressivement ouverts pour l’occasion et de très nombreux lots de sources privées qui pour l’instant échappent largement aux radars de la Grande collecte.
La guerre fut une épreuve, la somme de stratégies mises en œuvre pour s’y adapter n’en finit pas d’étonner aujourd’hui. C’est ainsi par exemple que dès le 13 novembre 1914, la municipalité d’alors décidait de mettre en berne le drapeau de l’Hôtel de Ville, pour honorer chaque enfant de la commune mort au combat et aussi de leur élever un monument qui nommerait chacun d’eux. Elle envisageait ainsi le conflit comme appelé à durer. Permettre en bien des lieux, même les plus minuscules, de revisiter l’histoire des uns et des autres au plus près des individus avec d’autres sources pour dessiner quelques lignes de force, représente aujourd’hui un des intérêts aussi majeur qu’inattendu de cette période commémorative de quatre ans. Dans cette approche, il s’agissait de donner largement la parole aux soldats comme à tou.t.e.s les civil.e.s, resté.e.s dans leur commune ou celles et ceux venu.e.s d’ailleurs, pour tenter de mesurer ce que leur fit la guerre et ce qu’ils-elles lui firent dans une mise en récit accessible au plus grand nombre.
Les références :
Christine Delpous et Helena Trnkova, 1914-1918, Frontignan la Peyrade : une société dans la guerre, 2018, Mairie de Frontignan, 10€.